La matrice: un organe très sollicité La matrice: un

La matrice:
un organe très sollicité
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La matrice:
un organe très sollicité
Pour quun embryon puisse se nicher dans la matrice et y rester neuf mois durant, jusquà terme, il faut
que la matrice soit intacte, saine et fonctionnelle. Lisez ci-après comment cet organe central de la
fécondité est constit, quelles sont ses performances et quels sont les risques de dysfonctionnements.
jbg. Très souvent, les dysfonction-
nements et affections de la matrice
sont latents et extrêmement diffi-
ciles voire impossibles à diagnos-
tiquer, mais empêchent tout de
même la vache dentrer en gesta-
tion. Il sagit donc déviter autant
que possible ces troubles de la ma-
trice. Pour y parvenir, il faut
connaître la structure et les fonc-
tions de cet organe.
Anatomie de la matrice
La matrice de la vache se divise en
deux cornes, le corps de la matrice
et le col de la matrice, qui sépare
lorgane de lextérieur. Si la vache
nest pas portante, la matrice a en-
viron la longueur d’un avant-bras
et les cornes, selon l’âge de la va-
che, mesurent entre 2 et 5 cm de
diamètre. Elles sont enroulées de
façon typique à lespèce, soit en
forme de corne de bélier. Etant
donné que, conformément à la loi
de la gravité, les infections se ni-
chent souvent dans les pointes des
cornes qui sont difficiles d’accès,
les traitements de la matrice sont
souvent très délicats.
La matrice flotte pour ainsi dire
dans la cavité pelvienne et, selon
la taille, dans la cavité abdomi-
nale; elle est fixée par les liga-
ments larges aux ailes iliaques.
Dans le courant de la gestation,
ces ligaments sont fortement sol-
licités. En effet, juste avant la
naissance du veau, ils doivent sup-
porter quelque 100kg. Une panse
pleine sert de stabilisateur latéral
à la matrice devenue énorme à la
fin de la gestation. Si cette stabili-
sation fait défaut, en raison d’une
faible consommation de fourrage
par exemple, le risque dune tor-
sion de lutérus augmente. Notam-
ment les vaches qui ont de faibles
ligaments sont exposées à ce ris-
que. La même faiblesse des liga-
ments peut conduire à ce que la
matrice tombe en avant vers le
bas, après le vêlage, et entraîne
souvent un uro-vagin.
La structure intérieure de
la matrice
La matrice est un organe creux
(cavité); sa coupe transversale res-
semble à un tuyau. Le revêtement
interne de ce «tuyau» est une mu-
queuse pleine de replis et riche en
glandes. Les replis que forme la
matrice protègent lembryon mi-
croscopique et assurent un contact
étroit pour quil puisse s’y nicher.
Cependant, ce milieu est aussi fa-
vorable aux éventuels germes qui
se seraient introduits et rendent
tout traitement médicamenteux
plus difficile. La paroi du «tuyau»
est composée d’une musculature
multicouche extrêmement solide.
Son fonctionnement intact est in-
dispensable pour une mise-bas
rapide et une expulsion facile des
arrière-faix.
Rôle de la muqueuse
Les sécrétions de la muqueuse uté-
rine varient sous leffet des hormo-
nes qui agissent sur elle. Durant les
chaleurs, elle produit des glaires
translucides. Lorsquun corps jau-
ne situé sur les ovaires produit de la
progestérone, dans les semaines
qui suivent les chaleurs, les cellules
utérines sont reprogrammées et
produisent ledit «lait utéri, un
mucus nutritif, riche en graisses et
en protéines et qui joue un rôle dé-
cisif dans la survie de l’embryon
dans la phase précoce. Après 17
jours déjà, les embryons des vaches
qui reviennent toujours en chaleurs
ont accumulé un retard dans le dé-
veloppement, par rapport aux em-
bryons des vaches qui attestent une
bonne fécondité. Cette observation
permet d’affirmer que lapprovi-
sionnement en lait utérin du minus-
cule embryon nest pas suffisant
chez les vaches qui reviennent en
chaleurs. Divers essais ont permis
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de démontrer que
seules les vaches qui
bénéficient dune ali-
mentation optimale
sont en mesure de
nourrir correctement
leurs embryons. A titre
dexemple, des liens directs en-
tre le taux d’urée dans le sang et le
milieu de la matrice ont pu être mis
en évidence. Lembryon ne survit
que difficilement lorsque le taux
durée est élevé (> 35 mg/dl dans le
lait). De même quun excès
dacétone, de potassium, ou de
phosphore, une surcharge de nitra-
tes et un manque de sel, de béta-
carotène ou de phosphore ont une
influence négative sur les chances
de survie du très jeune embryon.
Quelque 17 jours après la féconda-
tion, lembryon et la muqueuse uté-
rine entrent en contact plus étroit et
après 28 jours seulement, la forma-
tion du placenta débute. Ce dernier
reliera le fœtus au système de cir-
culation sanguine de la mère. Etant
donné que ce processus est lœuvre
dune coordination hormonale
compliquée entre l’embryon et la
matrice, les facteurs susceptibles
de perturber la gestation sont très
nombreux. Ces problèmes ne sont
pas détectables de lextérieur. Le
seul indice permettant de conclure
que la fécondation de l’ovule a bel
et bien eu lieu, mais que le dévelop-
pement de lembryon, son approvi-
sionnement ou la prise de contact
ont été empêchés, est un cycle est
prolongé. En effet, une majorité
des vaches qui reviennent en cha-
leurs après 25 jours ou plus ont été
portantes (au moins pour un bref
laps de temps).
Les symptômes internes
des chaleurs
Pendant les chaleurs, l’hormone
des chaleurs (œstrogène) déclen-
che non seulement la production de
glaires cervicales mais aussi
dautres modifications de la matri-
ce. Ces transformations internes
sont très importantes pour le trans-
port des spermatozoïdes en direc-
tion de l’oviducte. Un mécanisme
immunologique dans la matrice -
lectionne les spermatozoïdes en-
dommagés, leur enlevant ainsi
toute chance de féconder un ovule.
De par leur composition chimique,
les glaires cervicales ont une action
désinfectante. Car labsence de
germes est décisive pour la capa-
cité de fécondation de la semence.
Leffet purifiant des chaleurs sur
lintérieur de la matrice joue égale-
ment un rôle important sur le «net-
toyage» après la naissance. C’est
pourquoi, le cycle de la vache de-
vrait reprendre aussi rapidement
que possible après la mise-bas.
Les glaires cervicales sont le moyen
de transport des spermatozoïdes en
direction de l’oviducte. Une consis-
tance filante au moment de linsé-
mination offre des conditions
optimales pour véhiculer les sper-
matozoïdes. Les contractions de la
musculature utérine pendant les
chaleurs contribuent également à
faire progresser les spermatozoïdes
vers lavant. Lors de lappréciation
de laptitude à linsémination, la
tonicité de la musculature est un
bon indicateur de la vigueur des
chaleurs. Le transport des sper-
matozoïdes est tellement efficace
que les premiers arrivent dans
loviducte après quelques minutes
seulement. Etant donné que lad-
naline empêche les contractions
musculaires, tout stress ou peur qui
pourrait provoquer la production
de cette hormone doit être évité au
moment de linsémination. Tous
ces différents canismes internes
dépendent d’une bonne circulation
sanguine durant les chaleurs. De ce
fait, les organes sexuels sont plus
fortement irrigués et les muqueu-
ses par exemple sont rouges et gon-
fles. Le flux plus élede sang peut
conduire à la rupture des fins capil-
laires des muqueuses. Le sang
ainsi libéré se mélange aux glaires
et explique les saignements qui ont
généralement lieu environ deux
jours après les chaleurs. Lorsque
les chaleurs sont très pronones et
que lirrigation est très forte dès le
début, il peut arriver qu’une vache
saigne même pendant les chaleurs
principales. Mais comme le sang
détruit les spermatozoïdes, cette
situation nest pas vraiment souhai-
table.
La musculature utérine
demande beaucoup de
calcium
Une contraction extrême de la mus-
culature utérine est nécessaire pour
pouvoir expulser le veau au mo-
ment de la mise-bas. Ces contrac-
tions violentes demandent énormé-
ment dénergie et de grandes
quantités de calcium et de magné-
sium. Les vaches qui souffrent
dacétonémie ou de fièvre du lait
latente, avant la mise-bas déjà, ont
souvent des contractions trop fai-
bles, avant même que dautres
symptômes apparaissent. Une -
faillance au niveau des contrac-
tions prolonge toujours la mise-bas.
Si elle nest pas diagnostiquée, le
veau ne survit généralement pas.
Pour le détachement et lexpulsion
du placenta, la matrice nécessite
aussi beaucoup d’énergie, de sels
minéraux et de vitamines. Les ré-
tentions placentaires, notamment
celles où les cotylédons se sont dé-
tachés mais où les chorions restent
coincés dans la filière pelvienne,
sont le signe d’alarme d’un début de
fièvre du lait. (La rétention placen-
taire et les risques inhérents d’une
métrite seront traités dans la pro-
chaine édition de TORO).
Leonard de Vinci tentait déjà de comprendre le fonctionnement
de la matrice.
Ovaire
droit
Corps de la matrice
Col de la matrice
Corne urine
droite
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