La voie vaginale dans le traitement de l`incontinence

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TECHNIQUE OPÉRATOIRE
Progrès en Urologie (1995), 5, 1012-1021
La voie vaginale dans le traitement de l’incontinence urinaire d’effort
Bernard LOBEL, Frédéric STAERMAN, François GUILLÉ
Service d’Urologie, Centre Hospitalier Universitaire, Rennes
RESUME
L’incontinence urinaire d’effort chez la femme peut
toujours être traitée par voie vaginale. Elle s’associe
souvent à un prolapsus génital dont la cure doit être
contemporaine de celle de l’incontinence.
Les patientes peuvent être classées en 4 groupes
tenant compte de la position du col vésical, de la
valeur sphinctérienne et du prolapsus génital associé. A chacun de ces groupes sont rapprochées des
techniques opératoires capables de contrôler à la
fois l’incontinence et le prolapsus génital.
La pratique de la voie vaginale doit être aussi familière à l’urologue pour traiter l’incontinence urinaire d’effort et les troubles de la statique pelvienne
que l’urodynamique et la cystoscopie le sont aujourd’hui au gynécologue chirurgical.
Mots clés : Incontinence urinaire, chirurgie, prolapsus génital,
voie vaginale.
Progrès en Urologie (1995), 5, 1012-1021.
L’incontinence urinaire d’effort (IUE) chez la femme
peut toujours être traitée par voie vaginale, pourvu que
l’on y associe une incision sus pubienne courte restant
sus-aponévrotique et un contrôle endoscopique vésical
per opératoire.
Le type de la chirurgie vaginale dépend de 3 éléments
facilement appréciés avant l’intervention:
eux bénéficie d’une intervention par voie vaginale
appropriée et adaptée au status uro-génital.
Groupe 1: malposition isolée du col vésical, sphincter
compétent et prolapsus génital absent. Intervention de
Raz.
Groupe 2: malposition du col vésical et de l’urèthre,
sphinct er compétent, cystocèl e stade I ou II.
Intervention de Raz II.
Groupe 3: malposition du col vésical et de l’urèthre,
sphincter inefficace et cystocèle stade I-II. Intervention
de Raz III ou de Blaivas.
Groupe 4 : malposition du col et de l’urèthre, sphincter altéré ou non, cystocèle stade III avec hystéroptose.
Intervention de Bologna avec ou sans hystérectomie
par voie vaginale.
TECHNIQUES OPERATOIRES
COMMENTAIRES
Généralités
Les interventions par voie vaginale sont peu agressives
et conviennent aux femmes âgées. Les contre indications à cette voie sont exceptionnelles: atrophie vaginale extrême, irradiation locale par curiethérapie pour
tumeur utérine, multiples chirurgies vaginales sont des
conditions peu favorables. Le blocage des hanches par
coxarthrose rend impossible l’accès au vagin.
La préparation vaginale est simple :
Avant une intervention:
• La position du col vésical et de l’urèthre par rapport à
la symphyse pubienne en retenue et en poussée.
• La valeur sphinctérienne liée au sphincter externe, au
col vésical, à la compliance uréthrale.
• Le prolapsus génital associé et particulièrement l’hystéroptose.
Vérifier l’absence de prothèse interne. En cas de port
d’un pessaire, celui-ci sera enlevé et le vagin largement
irrigué pendant une semaine.
L’enquête clinique apprécie l’ensemble de ces éléments.
La cystomanométrie s’impose pourtant pour éliminer une
instabilité vésicale à l’origine des pertes d’urines.
Au moment de l’intervention:
Les autres explorations: UIV, cystoscopie, profil urétral
et vidéo-cystourétrogramme sont affaire de cas. L’ échographie pelvienne s’impose en cas d’hystérectomie par
voie vaginale pour s’assurer du volume utérin, de l’absence de tumeur ovarienne ainsi que les frottis vaginaux.
Les IUE sont divisées en 4 groupes. Chacun d’entre
Une préparation par oestrogènes locaux (crème ou
ovules) assouplit les tissus et favorise la cicatrisation.
Préparation vaginale la veille au soir par instillation
abondante d’antiseptiques locaux, rasage de tout le pelvis.
L’installation opératoire se fait en position de lithotoManuscrit reçu le 21 mai 1995 , accepté : septembre 1995.
Adresse pour correspondance : Pr. B. Lobel, CHRU de Rennes, Service d’Urologie,
rue Henri Le Guilloux, 35033 Rennes Cedex.
1012
mie, les jambes reposant sur des appuis. La patiente est
sous anesthésie loco-régionale ou générale.
Le champ opératoire découvre la vulve, le pubis et la
partie basse de l’abdomen.
Un accès pour toucher rectal est prévu en cas de réparation du périnée postérieur ou d’hystérectomie par
voie vaginale.
Le matériel pour endoscopie vésicale est inclu dans le
champ opératoire. Un cathéter sus pubien sera inséré au
moment de l’endoscopie.
Une valve à poids ouvre la cavité vaginale, les grandes
lèvres sont écartées latéralement par des fils de suture.
Une sonde vésicale orthostatique vide la vessie et permet la diurèse pendant l’opération. Une pince de Pozzi
saisit le col utérin pour apprécier la mobilité utérine et
repérer la distance entre méat uréthral, col vésical positionné par le ballonnet de la sonde et col utérin.
La réfection du périnée postérieur sera toujours pratiquée lorsque s’associe au prolapsus antérieur et à l’incontinence urinaire un rectocèle. La réparation du périnée postérieur termine l’intervention en fermant la
vulve. Elle complète la stabilité du périnée.
Elle ne s’impose toutefois que lorsque le rectocèle est
important (stade II ou III). Elle a pour inconvénient
d’être longtemps douloureuse et cause de dyspareunies.
En fin d’intervention:
Mise en place dans le vagin d’une mèche inhibée d’oestrogène en crème pour 48 heures. L’oestrogène favorise la cicatrisation et diminue la sensibilité vaginale.
Figure 1. Raz II - Préparation de l’incision vaginale.
Au décours de l’intervention:
La reprise mictionnelle est contrôlée par le cathéter suspubien laissé en place tant que le résidu post-mictionnel est supérieur à 100cm3
CHIRURGIE DES GROUPES I ET II
Intervention de Raz [5-7]
RAZ a décrit plusieurs techniques opératoires, nous utilisons la technique dite Raz I ou «Raz 4 coins». Elle corrige l’incontinence urinaire et les cystocèles modérées.
La patiente est anesthésiée et positionnée selon la description sus jacente.
Temps vaginal (Figure 1)
Traction douce sur la sonde de Foley pour localiser le col
vésical. Injection de sérum salé, de xylocaïne 1% ou de
Xylocaïne adrénalinée sous la muqueuse du vagin antérieur pour décoller les plans et faciliter la dissection.
1013
Figure 2. Raz II - Décollement de l’espace latéro-vésical et
traversée de l’aponévrose pelvienne.
Figure 3. Raz III - Passage des fils de Prolène 0 aux 2 extré mités de l’incision prenant fascia pubo-vésical, tissus péri-uré thraux et paroi vaginale.
Mise en place de 3 fils repères. Le premier sur la ligne
médiane à mi-distance entre le méat uréthral et le col
vésical, les deux autres à 3 ou 4 cm en arrière sur la partie latérale droite et gauche du vagin au moment où
celle-ci se réfléchit sur le pubis. Les incisions vaginales
sont menées d’avant en arrière au bistouri incisant franchement toute l’épaisseur du vagin. L’incision droite
puis gauche commence à 5 mm en dehors du repère
antérieur tendu pour se terminer sur le repère postérieur.
• Perforation de l’aponévrose pelvienne (Figure 2)
Les ciseaux de Mayo longs sont introduits dans l’incision pour ouvrir l’espace et la berge vaginale externe
est saisie par une pince de Babcok. Les ciseaux peuvent
alors perforer l’aponévrose pelvienne en les dirigeant à
la face postérieure du pubis vers l’épine iliaque antérosupérieure.
Lorsque l’espace rétro-pubien est ouvert, I’opérateur
introduit son index dans l’incision pour libérer l’urèthre
des attaches résiduelles. Ce décollement permet de
mobiliser l’urèthre et le col vésical et il crée ultérieurement les conditions d’adhérences en bonne position du
col vésical.
• Mise en place des fils de suspension (Figure 3)
Un fil de prolène 0 est placé sur la berge interne du
Figure 4. Raz II - Passage des fils vaginaux à l’étage suspubien avec l’aide de l’aiguille de Raz guidée par l’index de
l’opérateur.
vagin aux deux extrémités de l’incision. Chaque fil
prend à 3 reprises depuis l’angle de l’incision le fascia
pubo-vésical, les tissus péri-uréthraux et la paroi vaginale à l’exception de la muqueuse. La solidité de la
prise est testée immédiatement.
Temps sus pubien (Figure 4)
Incision cutanée au bord supérieur du pubis de 2 cm
allant jusqu’à l’aponévrose des grands droits. Celle-ci
est libérée sur 3 ou 4 cm de chaque côté.
La double aiguille de Raz ou le passe fil de Merle
d’Aubigné (dont le passage se fera alors deux fois de
chaque côté) va depuis l’étage sus pubien aller chercher les fils vaginaux. L’index gauche de l’opérateur
est introduit dans le décollement latéro-vésical par voie
vaginale jusqu’au contact de la face postérieure du
muscle grand droit. L’aiguille est perçue à l’étage sus
pubien en dehors du col vésical et va perforer le muscle
grand droit guidée par le doigt intravaginal pour ramener les fils vaginaux homolatéraux à l’étage sus pubien.
1014
L’aiguille passe le plus près possible du col vésical et
du pubis pour ramener les fils afin d’éviter les douleurs
post opératoires induites par des fils s’appliquant sur la
partie mobile des muscles grands droits.
Temps endoscopique
La sonde vésicale est retirée et le cystoscope est introduit pour contrôler l’absence de transfixion vésicale par
les fils et le bon positionnement du soulèvement du col
lors de la traction sur les fils sus pubiens. En cas de perforation vésicale par un fil, celui-ci est retiré et replacé
en bonne position (plus externe), sans inconvénient.
Profitant du cystoscope, un cathéter sus pubien est
introduit dans la vessie sous contrôle de la vue.
Fermeture
Elle commence au niveau vaginal avant la fi xation
des fils à l’étage sus pubien, par un surj et de vicryl
2/0. Une mèche vaginale imbi bée d’un gel d’oestrogène est l aissée en place 48 h. Les fils sus pubiens
sont alors noués entre eux de façon homolatérale
entraînant une ascension de la face antérieure du
vagin en arrière du pubis. Fermeture de l’incision sus
pubienne.
Les soins post opératoires
Ils sont limités et la qualité de la reprise des mictions
est contrôlée par le cathéter sus pubien.
Commentaires
Figure 5. Raz III - Incision vaginale en U inversé et recoupe
du lambeau en A.
tocèle encore modéré. Le traitement chirurgical de l’insuffisance sphinctérienne nécessite plus que le simple
soulèvement du col vésical - bandelettes et sphincter artificiel sont classiques. Nous décrirons deux interventions
que nous réalisons de première intention: intervention de
Raz III et bandelette sous cervicale type Blaivas.
L’intervention de Raz comme les suspensions vaginale
par voie sus-pubienne donne 70 à 80% de bons résultats
à moyen terme. Les échecs surviennent surtout la première année. L’intervention est simple, mais dysectasiante et la reprise mictionnelle se fait entre 7 et 30 jours.
Seule la régression du résidu post mictionnel en dessous
de 100 cm3 autorise l’ablation du cathéter sus pubien.
Intervention de Raz III [5-8]
115 patientes ont été opérées entre 1987 et 1994 et 62
ont été revues avec un recul de 3 ans. Dans le post-opératoire immédiat 40% ont une rétention d’urine supérieure à 1 semaine et 5% au delà d’un mois (6 cas). 4
patientes dans ce groupe récupèrent progressivement
sous cathétérisme intermittent, une accepte l’auto-sondage, et l’autre est réopérée (voie endoscopique).
L’incision est réalisée à la face antérieure du vagin en U
inversé, la base du lambeau large de 3 cm est située à la
hauteur du col vésical, le sommet à 15 mm en arrière du
méat uréthral. La dissection latéro-vésicale est menée
comme précédemment en respectant le lambeau vaginal
en U et ses adhérences à l’urèthre. Le lambeau en U isolé,
est sectionné en deux parties transformant le U en A.
Dans le groupe revu à trois ans, 72% des patientes estiment avoir un excellent résultat et 11% être améliorés,
mais 24% présentent une dysurie ou une instabilité
vésicale tolérable.
• Mise en place des fils sur le lambeau vaginal qui servi ra de fronde (Figure 6)
CHIRURGIE DU GROUPE III
Elle se justifie en cas de malposition du col vésical et de
l’urèthre, alors que le sphincter est inefficace mais le cys-
Temps vaginal
Il est proche de celui décrit antérieurement. Seule la
forme du lambeau varie.
• Incision vaginale (Figure 5)
La partie antérieure (au moins 2 cm) est laissée appliquée
sur l’urèthre alors que la partie postérieure du lambeau
est largement disséquée d’avec le col vésical et la vessie
pour retrouver les décollements vaginaux latéraux. 4 fils
de prolène n° 1 sont passés aux angles du lambeau vaginal antérieur, chaque fil prenant largement fascia périuréthral et vagin à l’exception de la muqueuse.
1015
Figure 6. Raz III - Les 4 fils de Prolène 0 sont placés aux
angles du lambeau vaginal qui servira de fronde sous-cervi cale.
Temps sus pubien - Endoscopique et Fermeture
Les 4 fils seront passés à l’étage sus pubien, le lambeau
vaginal servant de fronde au col vésical. Endoscopie et
Fermeture sont identiques aux interventions précédentes. La partie postérieure du lambeau en U largement décollée est refixée au bord de l’incision en passant en avant de la fronde.
Commentaire
La fronde ainsi réalisée est d’excellente qualité et
remonte efficacement le col vésical en jouant son rôle
dysectasiant. Cependant 2 difficultés apparaissent: la
remise en place du lambeau postérieur en arrière du
méat uréthral raccourcit la profondeur du vagin et
donne à sa face antérieure un aspect inhabituel. Enfin le
risque infectieux lié à l’enfouissement du lambeau
vaginal antérieur est réel.
5 patientes ont subi cette intervention. 2 ont présenté
une infection vaginale post-opératoire qui a nécessité
des lavage vaginaux prolongés à la Bétadine avant que
la cicatrisation complète soit obtenue. 4 patientes ont
un résultat excellent sur la continence et la statique
vaginale, une est améliorée avec un recul de 1 à 4 ans.
Intervention de Blaivas [3]
Elle réalise un équivalent de l’intervention de Goebbel
Figure 7. Intervention de Blaivas. Prélèvement de la bandelet te libre aponévrotique sus-pubienne et passage de celle-ci à
partir du vagin sous le col vésical vers l’étage sus-pubien.
Stoeckell. La bandelette aponévrotique libre est prélevée dans la région sus pubienne et passée par voie vaginale. Le contrôle endoscopique vérifie la bonne position de la fronde.
Temps sus pubien (Figure 7)
Incision horizontale sus pubienne de 10 cm permettant
de libérer la partie basse de l’aponévrose des grands
droits. Une bandelette aponévrotique de 10 cm de long
et de 2 cm de large est prélevée horizontalement à la
partie basse de l’aponévrose. Les deux berges de l’aponévrose restante sont immédiatement resserrées par un
surjet de Prolène n°l.
Temps vaginal (Figure 8)
Deux fils repères sont placés de part et d’autre de la
ligne médiane à 15 mm en arrière du méat urétral sur la
paroi vaginale antérieure. L’ouverture vaginale est cette
1016
Figure 8. Intervention de Blaivas. Bandelette aponévrotique
sous-cervicale fixée à l’aponévrose des grands droits. Incision
vaginale fermée.
fois transversale entre les deux fils repères et les deux
berges vaginales sont décollées de l’urèthre sur 1 cm .
Par l’incision, le décollement latéro-vésical droit et
gauche est réalisé comme précédemment avec des
ciseaux de Mayo. La bandelette aponévrotique libre
reçoit un fil de prolène n° 1 à chacune de ses extrémités. Cette bandelette est passée en fronde sous le col
vésical au moyen d’un passe-fil de Merle d’Aubigné.
Commentaires
L’intervention réalise par voie vaginale, celle proposée
par CUKIER [6] et BEURTON [2] par voie sus-pubienne.
Le seul problème est celui de la fixation à l’étage suspubien de la bandelette en zone relativement fixe de
l’aponévrose. Les risques infectieux sont inexistants.
Pour BLAIVAS [3] qui a opéré 19 patientes, la continence est excellente dans 80% des cas au prix d’une instabilité vésicale ou dysectasie chez 30% des opérées.
CHIRURGIE DU GROUPE IV
Ce groupe est celui où s’associent incontinence urinaire et prolapsus génital stade III. L’étoffe vaginale en
excès justifie l’intervention de Bologna qui réalise un
soutènement vésical par bandelette vaginale. Lorsque
l’utérus est peu mobile, le cystocèle seul est à prendre
en compte, il s’associe habituellement à un rectocèle à
traiter dans le même temps. Toutefois, dans notre expérience, ces prolapsus majeurs contemporains d’une
incontinence urinaire s’accompagnent de la chute du
Figure 9. Intervention de Bologna. Extériorisation du col uté rin et incision en T de Crosen.
col utérin (hystéroptose) dans 9 cas sur 10 et chez la
femme ménopausée imposent l’hystérectomie par voie
vaginale. Plus largement, lorsqu’un prolapsus majeur
justifie d’une hystérectomie vaginale, nous avons tendance à utiliser le procédé de Bologna à visée préventive, même en l’absence d’incontinence urinaire.
Intervention de Bologna [1-4]
Temps vaginal
• Incision de Crossen (Figure 9)Extériorisation du prolapsus par traction sur le col utérin au moyen d’une pince
de Pozzi. Incision de Crossen en T à la face antérieure du
col utérin. L’incision remonte jusqu’à 2cm en arrière du
méat uréthral.
• Décollement vésico-vaginal, ouverture de l’aponé vrose pelvienne (Figures 10, 11, 12)
Dissection vésico-vaginale latérale pour exposer l’espace latéro-vésical comme dans les interventions précédentes en agrandissant le décollement au doigt.
Libération de la vessie prolabée en la disséquant d’avec
le col utérin. La vessie est refoulée dans le pelvis par 2
ou 3 bourses successives de Vicryl 1.
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Figure 11. Intervention de Bologna. Dissection vaginale et
latéro-vésicale.
Figure 10. Intervention de Bologna. Incision vaginale en T
de Crossen.
Figure 12. Intervention de Bologna. Décollement au doigt.
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Figure 13. Intervention de Bologna. Tracé des lambeaux vagi naux de 1,5 cm de diamètre.
Figure 14. Intervention de Bologna. Passage des fils à l’éta ge sus-pubien.
• Tracé des lambeaux vaginaux (Figure 13)
Les lambeaux vaginaux latéraux sont larges et permettent
de découper 2 bandelettes vaginales d’1,5 cm de large et
de 5 à 6 cm de long, pédiculés en arrière du méat uréthral.
Des fils de prolène 1 sont passés aux angles inférieurs des
bandelettes vaginales.
Temps sus-pubien et endoscopique (Figures 14 et 15)
Ils sont identiques aux cas précédents et permettent de
passer les fils des bandelettes vaginales à l’étage suspubien en s’assurant de l’absence de pénétration vésicale et du bon placement du soutènement par un contrôle endoscopique. Le cathéter sus-pubien est placé au
cours de la cystoscopie.
• Fermeture vaginale (Figure 16)
La fermeture vaginale verticale est réalisée avant de serrer les fils sus-pubiens. Fermeture sur un drainage de
l’incision sus-pubienne. Mèche vaginale pour 48 heures.
• Cas particulier de l’Hystérectomie vaginale associée
(Figure 17)
Lorsque l’hystéroptose impose l’hystérectomie, celle-ci
est réalisée avant de passer les bandelettes vaginales
dans l’espace latéro-vésical. L’incision de Crossen est
complétée en arrière du col utérin, autorisant le décollement vaginal postérieur et l’ouverture du cul de sac de
Douglas. L’index introduit dans le cul de sac de Douglas
Figure 15. Intervention de Bologna. Bandelettes vaginales en
place.
1019
Figure 17. Intervention de Bologna. Aspect du vagin en cas
d’hystérectomie.
Figure 16. Intervention de Bologna. Fermeture du vagin
antérieur horizontalement après cure de cystocèle et passage
des bandelettes avant de les tendre.
maintenir un vagin suffisant pour obtenir en fin d’intervention une fermeture aisée, une cavité vaginale correcte.
fait le tour du corps utérin pour venir saillir dans le péritoine inter-vésico-utérin qui est ouvert sur le doigt.
Section des 2 ligaments utéro-sacrés, puis des vaisseaux du ligament large (vaisseaux vaginaux, artère
utérine, vaisseaux du ligament large) pour terminer par
les annexes et les ligaments ronds.
L’hystérectomie est alors terminée et la péritonisation
est menée par 2 hémi-bourses en extra-péritonisant les
pédicules vasculaires et gardant sur pince les ligaments
ronds et utéro-sacrés. La réfection du plancher périnéal
comprend la solidarisation croisée des ligaments utérosacrés et ligaments ronds.
Les bandelettes vaginales sont passées à ce moment à
l’étage sus-pubien et fixées à l’aponévrose des grands
droits dès la fermeture du vagin antérieur.
La prévention de l’élytrocèle est assurée par la fermeture péritonéale haute, la colpectomie postérieure,
l’adossement des ligaments utéro-sacrés et leur solidarisation croisée aux ligaments ronds.
Commentaires
La difficulté dans le tracé des bandelettes vaginales est
d’apprécier l’étoffe du vagin antérieur. En effet, il faut
L’intervention de Bologna est moins dysectasiante que
l’intervention de Raz et permet le retour spontanée des
mictions contrôlé par le cathéter sus-pubien après 5 à 7
jours.
Le passage des bandelettes vaginales dans le Retzius
entraîne dans 20% des cas une suppuration transitoire
qui se tarit après l’ablation des fils de fixation.
Nous avons opéré 47 femmes selon la technique de
Bologna, 39 ayant eu dans le même temps l’hystérectomie vaginale. 8 ont eu une infection post-opératoire
vaginale ou sus-pubienne (17%) qui a guéri au prix
d’un retard de cicatrisation ou après ablation des fils de
suspension. Le résultat sur la continence est excellent
chez 40 femmes (87% - recul variant de 6 mois à 4 ans)
mais 5 femmes ont présenté au delà de 2 ans un prolapsus du dôme vaginal qui a justifié chez 2 d’entre
elles une réintervention et 3 femmes se plaignent de
dysurie.
CONCLUSION
La voie vaginale permet de traiter toutes les incontinences urinaires d’effort et de contrôler dans le même
temps le prolapsus génital. Le contrôle endoscopique
1020
per-opératoire assure de l’absence de perforation vésicale par les fils de suspension et du bon placement du soutènement du col. L’intervention par cette voie est peu
traumatisante et bien tolérée chez les personnes âgées.
Le risque infectieux local est retrouvé dans 5 à 20% des
cas. Les résultats sur la continence urinaire sont équivalents aux autres procédés sous ou trans-péritonéaux.
La dysectasie liée à cette voie cède avec le temps au
prix du maintien d’un cathéter sus-pubien ou de l’autosondage, rarement au delà d’un mois.
Cette pratique de la voie vaginale doit être aussi familière à l’urologue pour traiter l’incontinence urinaire
d’effort et les troubles périnéo-pelviens associés que
l’urodynamique et la cystoscopie le sont aujourd’hui au
gynécologue chirurgical.
REFERENCES
1. ALLIER-PINTOS, BLONDON J. Traitement et prévention de l’incontinence urinaire d’effort par le procédé de Bologna dans les prolapsus avec volumineuse cystocèle. J. Chir., 1988, 125, 737-744.
2. BEURTON D., FONTAINE E., GRALL J., QUENTEL P. L’uréthrocervico-cystopexie par colposuspension aponévrotique : une technique originale dans le traitement de l’incontinence d’urine d’effort.
A propos de 32 cas revus à long terme. Prog. Urol., 1993, 3, 216-227.
3. BLAIVAS J.G., OLSSON C.A. Stress incontinence classification and
surgical approach. J. Urol., 1988, 139, 727-731.
4. BOLOGNA U. A new surgical procedure for the correction of urinary stress incontinence in the female. Urol. Int., 1978, 33, 150-154.
5. BREGG K.S., NITTI V.W., RAZ S. Female incontinence in urinary
incontinence. Steg Editor, SIU 1991, Churhchill Livingstone 1992.
6. CUKIER J., MANGIN Ph., CABARE H., PASCAL B. Traitement de
l’incontinence des urines à l’effort de la femme pour soutènement
aponévrotique du col vésical. J. Urol. (Paris), 1980, 86, 583-589.
7. HADLEY H.R., STASKIN D.R., RAZ S. Operative correction for
female urethral incompetence. Sem. Urol., 1986, 4, 13-18.
8. RAZ S., SIEGEL A.L., SYNDER J.A. Vaginal wall sling. J. Urol.,
1989, 414, 43-45.
____________________
SUMMARY
Transvaginal treatment of female stress incontinence.
Female stress incontinence can always be treated by a transva ginal approach. It is often associated with genital prolapse
which must be treated at the same time as the incontinence.
Patients can be classified into 4 groups according to the position
of the bladder neck, the degree of sphincter function and the
associated genital prolapse. Operative techniques designed to
simuiltaneously control incontinence and genital prolapse are
indicated for each of these groups. Urologists should be just as
familiar with the transvaginal treatment of female stress inconti nence and disorders of pelvic tone as gynaecologists now are
with urodynamics and cystocopy.
Key words : Urinary incontinence, csurgery, genital prolapse,
transvaginal approach.
____________________
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