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[0012] A un stade plus évolué (à partir du deuxième
stade de la démence), d’autres troubles cognitifs appa-
raissent progressivement : altération du langage, des
praxies, de la motricité ou encore de la communication.
[0013] Actuellement, il n’existe aucun traitement per-
mettant de guérir les patients atteints de maladies neu-
rodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, ni mê-
me qui permette de stopper l’évolution de la maladie.
Quelques médicaments peuvent cependant retarder
l’évolution de la maladie en atténuant la détérioration ou
la perte de mémoire, du langage ou du raisonnement.
Parmi les médicaments les plus prescrits pour tenter de
ralentir l’évolution de ces maladies, on trouve notamment
la mémantine, un antagoniste des récepteurs NMDA non
compétitif, de faible affinité, voltage-dépendant. L’effica-
cité de ce médicament a été établie par des essais en
double aveugle contre placebo. Ils n’ont pas d’effet im-
médiat, mais après 3 à 6 mois d’utilisation, les patients
qui ont reçu le traitement ont des fonctions cognitives et
une autonomie meilleures que les patients qui ont reçu
le placebo. Autrement dit, par ce traitement, le déclin est
retardé mais pas traité. En effet, la faible affinité et la
cinétique rapide de retrait de la mémantine au niveau du
canal des récepteurs NMDA préserve la fonction physio-
logique de ces récepteurs qui restent activables par le
glutamate relâché suite à la dépolarisation des neurones
présynaptiques. Néanmoins, en se liant aux récepteurs
NMDA avec plus d’affinité que les ions magnésium Mg2+,
la mémantine est capable d’inhiber l’influx prolongé
d’ions calcium Ca2+. Il en résulte une protection des neu-
rones glutamatergiques liée à l’évitement de la situation
A évoquée ci-dessus et des phénomènes de nécrose
neuronale consécutifs à l’influx excessif et prolongé de
calcium dans la cellule. Les patients ayant une maladie
d’Alzheimer et prenant de la mémantine se retrouvent
donc dans la situation B discutée ci-dessus, c’est-à-dire
que la mort neuronale par excitotoxicité immédiate est
limitée mais qu’il existe toujours un influx modérément
excessif de calcium dans le neurone post-synaptique,
conduisant à un stress oxydatif des espèces réactives
de l’oxygène, du nitrogène et des radicaux libres qui
aboutit à la mort neuronale par apoptose.
[0014] Ainsi, la mémantine, si elle permet un traitement
symptomatique de la maladie d’Alzheimer, c’est-à-dire
un traitement permettant de ralentir l’évolution de la ma-
ladie, ne permet pas un traitement préventif ou curatif de
celle-ci, qui permettrait d’empêcher son apparition ou de
soigner/traiter celle-ci.
[0015] La vitamine D est une hormone stéroïde qui se
fixe sur des récepteurs stéroïdes de la vitamine D (VDR)
présents au niveau des neurones et des cellules gliales
du système nerveux central dont l’hippocampe, l’hypoth-
alamus, le cortex ou le sous-cortex. La 1,25-OHD (forme
active de la vitamine D) a précisément démontré
in vitro
des qualités de neuroprotection contre la toxicité du
glutamate grâce à des effets anti-oxydants. Cette action
de détoxification a été décrite en 2001 sur des cultures
de cellules mésencéphaliques de rat par Ibi et al. dans
un article intitulé Protective effects of 1 alpha,25-(OH)(2)
D(3) against the neurotoxicity of glutamate and reactive
oxygen species in mesencephalic culture, Neurophar-
macology 2001; 40: 761-771. Néanmoins, il n’a jamais
été décrit ni suggéré que la vitamine D permettrait un
traitement préventif ou curatif des maladies neu-
rodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, c’est-
à-dire un traitement permettant d’empêcher l’apparition
de la maladie ou de soigner/traiter celle-ci.
[0016] Ainsi, à la date de la présente invention, il n’exis-
te aucun traitement guérissant les patients atteints de
maladies neurodégénératives, ni même permettant de
stopper leur évolution.
[0017] D’autre part, les maladies neurodégénératives
décrites ci-dessus peuvent être associées à des atteintes
vasculaires ischémiques ou hémorragiques, définissant
ainsi des affections mixtes, aggravant les troubles des
fonctions cognitives. En dehors d’une atteinte dite mixte,
les atteintes vasculaires peuvent être isolées et à l’origine
de troubles des fonctions cognitives allant du stade pré-
démentiel au stade de démence sévère.
[0018] Or, il a été trouvé de façon toute à fait surpre-
nante que l’association médicamenteuse mémantine /
vitamine D apporte une solution efficace au problème de
la mort neuronale et de la perte de fonction cognitive au
cours du vieillissement pathologique cérébral, et permet
donc de soigner ou stopper l’évolution de maladies neu-
rodégénératives et ce, quel que soit le stade de la ma-
ladie. De plus, il a également été trouvé que cette asso-
ciation permettait également de prévenir et traiter effica-
cement les maladies neurovasculaires et ce, quel que
soit le stade de la maladie.
[0019] La présente invention a donc pour objet une
composition pharmaceutique comprenant deux princi-
pes actifs choisis comme étant :
-la mémantine ; et
-la vitamine D.
[0020] La composition pharmaceutique selon l’inven-
tion permet la prévention et le traitement des maladies
neurodégénératives chez l’être humain quel que soit le
stade de la maladie, y compris au stade pré-démentiel.
La composition pharmaceutique selon l’invention permet
également la prévention et le traitement des maladies
neurovasculaires chez l’être humain.
[0021] Dans le cadre de la présente invention :
-on entend par « maladie neurodégénérative » l’en-
semble des affections cérébrales neurodégénérati-
ves, la maladie d’Alzheimer, les maladies apparen-
tées à la maladie d’Alzheimer, les démences fronto-
temporales et apparentées, les démences asso-
ciées à la maladie de Parkinson, la maladie à corps
de Lewy, les démences mixtes combinant une af-
fection neurodégénérative et une atteinte vasculaire
cérébrale, quel que soit le stade du syndrome dé-
mentiel et l’âge de début des troubles ;
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