RÉSUMÉ
Le domaine de recherche scientifique sur les cyberdépendances présente de multiples
définitions de cette pathologie. À partir du matériel empirique issu des débats relatifs à la
proposition d'inclure l'addiction à Internet dans le Manuel Diagnostique et Statistique des
Troubles mentaux (DSM-V), ce mémoire vise à comprendre les processus sociaux bornant le
développement de cette pathologie au regard de la théorie de la biomédicalisation. À cette fin,
un premier travail sociohistorique retrace les voies de la biologisation progressive des
pratiques sociales de communication en ligne amorcées dès 1980. Un second travail d'analyse
de discours systématise ensuite le processus normatif se dégageant des controverses
scientifiques liées à son inclusion dans le DSM-V. La recherche menée suggère une
interprétation théorique de cet objet située à l'intersection de tendances sociales propres à la
société d'information. Le projet d'inclusion révèle la volonté d'une régulation sociale effectuée
à partir de la transformation technoscientifique du vivant selon des processus santéistes et
néolibéraux. Il donne ainsi à penser les discours scientifiques sur l'addiction à Internet comme
avant tout politiques et économiques.
Mots-clés : cyberdépendance ; Internet ; addiction ; médicalisation / biomédicalisation ;
Manuel diagnostique et statistique des Troubles mentaux / DSM-V ; science et technologie ;
société d'information ; risque ; bio - psychiatrie ; construction sociale.