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N° 525 - Novembre - Décembre 2008
Marketing
construits dans ce sens. Ils aident à la
compréhension des dynamiques de clien-
tèle, tout en permettant de mettre en
œuvre les politiques ad hoc justifiées par
la situation. Dans un second temps, des
enquêtes ponctuelles permettent de déce-
ler les causes de défection, de dresser des
typologies des clients de manière à
répondre de façon différenciée aux
mêmes types d’attente (mêmes soins
mais dans un environnement différent),
de mesurer de façon multidimensionnelle
le niveau de satisfaction.
Cet ensemble de démarches qui défi-
nissent ce que l’on nomme l’«orientation
marché», qui sous-tend une orientation
client, une préoccupation concurrentielle
et certes une finalité profit (que l’on pour-
rait traduire ici par une augmentation
de la performance) a matière à se fondre
totalement dans l’univers santé avec,
certes, quelques adaptations. D’un autre
côté, certaines formes de la doctrine
marketing s’adaptent parfaitement au
secteur. C’est le cas du marketing des
services, du marketing interne ou encore
du marketing relationnel. De nombreux
points s’appliqueraient avec pertinence
au côté intangible du soin, à la motiva-
tion, la culture et l’orientation «client» des
personnels, enfin à l’écoute attentive des
besoins et désirs du patient dans un
flux communicationnel continu.
Si le soin reste, en effet, le cœur de l’offre
des établissements de soins, c’est surtout
sur les services périphériques qu’il est
jugé et que s’assoit sa réputation.
Agrémenter le séjour du patient d’un
bouquet de facilités (téléphonie, Internet,
accès Wifi, cafétéria, «plus» hôteliers…)
nourrit ce schéma vertueux: les services
périphériques permettent non seulement
de lui rendre le séjour agréable, mais
aussi de nouer avec lui une relation de
confiance appelée à se décliner dans le
temps et de se positionner dans le
champ concurrentiel. Cet exercice n’est
pas méconnu du secteur privé qui a
su, et sait toujours, bénéficier des
faiblesses du secteur public. Il est main-
tenant mis en œuvre par des pays qui
comptent devenir spécialistes de
certaines pathologies.
Enfin, reconnaître le rôle d’acteur du
patient, établir avec lui une relation active,
interactive et équilibrée permet de l’in-
tégrer au plus juste dans le processus
thérapeutique. Cette démarche courante
aux États-Unis permet une meilleure
performance des soins et la réduction des
temps de séjour.
Si l’émergence du marketing dans les
établissements de santé est un
phénomène récent, son développement
est nécessaire et inéluctable.
La notion de client s’est naturellement et
progressivement imposée. Elle a remplacé
la définition du patient qui prévalait chez
le personnel public hospitalier. Le patient-
client, progressivement devenu l’insti-
gateur d’un marché de la santé, en est le
principal acteur, en raison du dévelop-
pement de son information et d’un déca-
lage ressenti entre les prestations atten-
dues et les prestations perçues.
Le marketing fait son chemin dans les
établissements de santé, et singulière-
ment dans ceux du secteur public, qui
savent identifier et analyser l’activité médi-
cale des autres établissements, se compa-
rer avec des établissements de taille ou
d’activité similaire, calculer leurs parts de
marché aux plans local et régional.
Anticipant l’offre de soins ou de presta-
tions, ces établissements sont en mesure
d’identifier leurs forces et leurs faiblesses,
emploient des prestations médicales
différenciées, des techniques médicales
ou chirurgicales innovantes pour se diffé-
rencier des autres compétiteurs.
À cet effet, ils cherchent à favoriser le
partage de plateaux techniques, favori-
sant le recentrage de l’activité en coopé-
ration avec d’autres établissements.
Ils sont en mesure d’analyser la qualité de
leurs prestations et leurs services, d’étu-
dier l’architecture de leurs établissements
pour répondre aux attentes du client, de
veiller à l’accueil et à la prise en charge
optimale du patient-client. Ils développent
des politiques et des actions de commu-
nications internes et externes, mettent en
place des plans de gestion des emplois et
de compétences du personnel.
Bref, ils développent une approche
marketing de leur offre de soins ou de
leurs prestations, avec l’objectif d’accroître
leurs parts de marché et la performance
de leur structure.
L’impact des réformes en cours – la loi HPST
mais aussi la certification qui imposera à
partir de 2010 la publication d’indicateurs
de satisfaction internes et externes qui vien-
dront relayer les palmarès établis par la
presse – va dans le sens d’un renforcement
de cette orientation. Elles accélèrent la prise
de conscience de l’intérêt primordial d’un
marketing hospitalier public, dont l’essen-
tiel reste à codifier, et à systématiser. ■
Un marketing hospitalier
à codifier et systématiser
J.-C. Andreani, F. Eleouet, E. Savart,
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revue RECEMAP: Gestion et management
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Éléments de bibliographie
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