Traitement des cancers du bas rectum

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Mini-revue
Traitement des cancers
du bas rectum
Christophe Laurent, Eric Rullier
Service de Chirurgie Digestive, Hôpital Saint-André, 1 rue Jean Burguet,
33075 Bordeaux
<[email protected]>
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
La définition des cancers du bas rectum doit être de plus en plus
précise pour affiner les choix thérapeutiques. La marge de sécurité
circonférentielle, évaluée par l’imagerie par résonance magnétique, est aussi, voire plus, importante que la marge distale pour
choisir le type de chirurgie.
La technique de résection intersphinctérienne permet d’éviter
l’amputation abdominopérinéale chez la majorité des patients
porteurs d’un cancer du bas rectum.
La chirurgie conservatrice sphinctérienne des cancers du bas
rectum ne compromet pas le pronostic local ni la survie, préserve
mieux la sexualité mais expose à des troubles fonctionnels digestifs
dont l’impact sur la qualité de vie est dépendant du patient.
Les traitements néoadjuvants améliorent le contrôle local et sont
utilisés pour sélectionner les patients pour une épargne sphinctérienne et même une épargne rectale.
La spécialité chirurgicale joue un rôle prépondérant dans la stratégie et les résultats du traitement des cancers du bas rectum.
Mots clés : cancer du bas rectum, conservation sphinctérienne, traitement
néoadjuvant
L
doi: 10.1684/hpg.2006.0002
e traitement des cancers du rectum a connu des progrès considérables ces dix dernières années grâce à la standardisation de la
technique d’exérèse du mésorectum [1] et à la codification des
traitements néoadjuvants [2]. Les cancers du bas rectum posent des
problèmes spécifiques où l’objectif fonctionnel prédomine parfois sur la
guérison [3]. Leur pronostic en général plus mauvais est dû à des facteurs
anatomiques et non pas biologiques, la tumeur très proche des organes
génitaux et de l’appareil sphinctérien va très vite envahir ces organes et
rendre la chirurgie plus difficile. L’apparition de nouvelles techniques
chirurgicales, une meilleure connaissance de l’histoire naturelle de la
maladie et de l’impact des traitements néoadjuvants sur ces tumeurs
nécessitaient une mise au point sur ce sujet en constante évolution.
Définition des cancers du bas rectum
Le rectum est défini en deux parties, ampoule rectale et canal anal, selon
les anatomistes, et en trois parties : tiers supérieur (10 à 15 cm de la
marge anale), tiers moyen (5 à 10 cm) et tiers inférieur (0 à 5 cm) par les
chirurgiens et les thérapeutes. Cette définition en trois tiers, adoptée en
Europe [1], est justifiée par les différentes stratégies pour chaque tiers. Par
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, mars 2007
45
Mini-revue
Type 1
Type 2
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Anneau
sphinctérien
Sphincter externe
Sphincter
interne
Marge anale
Type 3
Type 4
Figure 1. Définitions des cancers du bas rectum. Type I = tumeur sus-anale (marge distale < 1-2 cm) ; traitement par anastomose coloanale.
Type II : tumeur juxta-anale (marge distale 0 cm) ; traitement par résection intersphinctérienne partielle. Type III : tumeur intra-anale superficielle
(infiltrant le sphincter interne) ; traitement par résection intersphinctérienne totale. Type IV : tumeur intra-anale profonde (infiltrant le sphincter
externe) ; traitement par amputation abdominopérinéale.
exemple, une chirurgie conservatrice sphinctérienne
est recommandée pour les tiers supérieur et moyen et
un traitement néoadjuvant pour les tiers moyen et
inférieur.
La définition des cancers du tiers inférieur du rectum
nécessite cependant plus de précisions en raison de la
longueur variable du canal anal selon les individus et
leur sexe, 3 cm en moyenne, 2 cm chez la femme et
4 cm chez l’homme [4]. Les recommandations de pratique clinique du traitement des cancers du rectum [5]
rappellent l’importance de mesurer la distance de la
tumeur par rapport à la marge anale et au bord
supérieur du sphincter. En pratique, il faut effectuer un
toucher rectal avant traitement en décubitus latéral
gauche (plus confortable pour le patient et permettant
de palper les tumeurs du moyen rectum) pour évaluer
46
dans un premier temps la distance entre le bord inférieur de la tumeur (ancrage pariétal) et la marge anale
(toucher rectal statique) et, dans un deuxième temps, la
distance entre la tumeur et le bord supérieur du canal
anal (anneau sphinctérien) en demandant au patient
de contracter son sphincter (toucher rectal dynamique).
C’est cette dernière distance qui permettra au chirurgien de décider de la technique opératoire.
L’apparition de nouvelles techniques chirurgicales
nécessite de définir les cancers du bas rectum en quatre
types selon la situation de la tumeur par rapport au
sphincter anal interne et externe (figure 1). Pour le
type I (sus-anal), la conservation sphinctérienne peut
être envisagée ; pour les types II (juxta-anal) et III
(intra-anal superficiel ou infiltrant le sphincter interne),
elle peut encore se discuter si on utilise des techniques
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, mars 2007
chirurgicales spécialisées ; pour le type IV (intra-anal
profond, c’est-à-dire avec sphincter externe envahi),
l’amputation reste la règle. Le toucher rectal par un
spécialiste, l’échographie endorectale et plus récemment l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permettent d’évaluer avec précision les rapports entre la
tumeur et le plancher pelvien et d’affiner la décision
chirurgicale [6].
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Nouveaux concepts carcinologiques
La marge de sécurité distale a toujours guidé le choix
de la technique chirurgicale des cancers du rectum. Les
raisons sont un risque d’infiltration carcinomateuse de
la paroi rectale en dessous de la tumeur dans 20 % des
cas. Les recommandations de pratique chirurgicale,
issues de données anatomopathologiques et de
confrontations cliniques, ont évolué avec le temps et
grâce à une meilleure connaissance de l’histoire naturelle de l’adénocarcinome rectal. Initialement, 5 cm de
marge distale étaient nécessaires pour autoriser une
chirurgie conservatrice sphinctérienne [7]. A partir des
années 1980, 2 cm étaient jugés suffisants [8]. En
2005, 1 cm de marge distale semble compatible avec
une conservation sphinctérienne, sous réserve d’une
technique d’exérèse de qualité du mésorectum et d’un
éventuel avis spécialisé pour confirmer le choix thérapeutique [5].
L’acceptation d’une marge de résection distale de plus
en plus réduite est en partie liée à l’importance prépondérante de la marge de résection circonférentielle dans
le contrôle local de la maladie. Une marge
circonférentielle < 1 mm expose à un risque de 40 %
de récidive locale contre 10 % en cas de
marge > 1 mm [9]. Le véritable risque du traitement
chirurgical conservateur des cancers du bas rectum est
donc une marge circonférentielle trop étroite plus
qu’une marge distale insuffisante, ce d’autant qu’une
marge distale saine peut toujours être obtenue en
élargissant l’exérèse au sphincter interne. Ce nouveau
concept de marge circonférentielle va progressivement
modifier les principes de la chirurgie conservatrice
sphinctérienne. Le critère de choix entre amputation
abdominopérinéale (AAP) et conservation sphinctérienne ne sera plus la distance de la tumeur par rapport
à la marge anale ou au sphincter mais l’infiltration
circonférentielle de la tumeur au sphincter externe,
suspectée cliniquement et confirmée par échographie
endoanale ou IRM [10].
Traitement chirurgical standard :
résultats et limites
L’AAP est encore le traitement standard des cancers du
bas rectum pour la majorité des chirurgiens pour des
raisons conventionnelles et historiques. En effet, une
chirurgie large enlevant le sphincter est théoriquement
plus carcinologique qu’une chirurgie passant à quelques millimètres du sphincter anal ou du rectum. Par
ailleurs, l’AAP étant la première opération proposée
pour traiter les cancers du rectum dès 1910 [11], elle
demeure aujourd’hui encore l’opération de référence à
laquelle toute nouvelle technique doit se confronter.
Les résultats de l’AAP pour cancer du bas rectum
montrent 70 à 95 % de contrôle local selon la qualité
de l’exérèse du mésorectum et si une radiothérapie a
été associée [2, 12, 13]. De façon assez surprenante
et inattendue, les limites oncologiques de l’AAP viennent d’être rapportées. L’essai hollandais a analysé de
façon exhaustive les pièces opératoires d’exérèse rectale et a mis en évidence 14 % de perforation rectale
après AAP contre 2,5 % après conservation sphinctérienne [14]. Le risque de marge de résection circonférentielle envahie était également plus élevé après AAP
qu’après conservation sphinctérienne : 29 versus
12 %. Ces observations viennent également d’être
notées en Norvège [12] et en Angleterre [15]. C’est
surtout la présence d’un taux non négligeable de
perforation rectale et de marge envahie dans les stades
précoces T1 et T2 après AAP et leur quasi-absence
après conservation sphinctérienne qui ont permis
d’incriminer la technique opératoire [14]. L’AAP apparaît comme une technique non anatomique et non
standardisée. Les temps de dissection abdominale et
périnéale ont tendance à amincir l’exérèse dès qu’on
se rapproche du canal anal, à l’origine de perforation
tumorale ou rectale qui altère le pronostic local et la
survie. Le taux de récidive locale est deux à trois fois
plus élevé en cas de perforation rectale ou de marge
circonférentielle envahie [12, 14-16].
L’AAP a un autre inconvénient par rapport à la chirurgie conservatrice sphinctérienne. Cette technique mutilante détruit la barrière anatomique du plancher pelvien en sectionnant les muscles releveurs de l’anus.
Ceci entraîne des plaies pelvipérinéales dont la cicatrisation, parfois longue après traitement néoadjuvant,
favorise des processus inflammatoires ou infectieux
locaux, ce qui facilite la récidive locale voire métastatique par l’intermédiaire des facteurs de croissance
cellulaire comme les cytokines [17]. Il a ainsi été
observé un taux de 33 % (10/30) de récidive locale
après sepsis postopératoire contre 8 % (5/60) sans
sepsis chez des patients traités par AAP pour cancer du
bas rectum [18]. Pour cette raison, l’AAP est considérée par Heald, chirurgien promoteur de la technique
d’exérèse du mésorectum, comme une intervention
potentiellement dangereuse [19].
En résumé, bien qu’étant considérée comme le traitement chirurgical standard des cancers du bas rectum,
l’AAP a des limites. L’association de l’ouverture du
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, mars 2007
47
Mini-revue
Tableau 1. Comparaison entre RA et AAP pour cancer du bas rectum.
RA
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Gamagami 1999 [22]
Lavery 1997 [23]
Topal 1998 [24]
Luna-Perez 2001 [25]
Enker 1997 [26]
Nissan 2001 [27]
Dehni 2003 [28]
Mc Anema 1990 [29]
Marks 1993 [30]
Léo 1994 [31]
Mohiuddin 1998 [32]
Rullier 2001 [33]
AAP
n
RL
Survie
n
164
162
41
8%
8%
21 %
78 %
70 %
62 %
31
99
41
137
148
292
165
4
14
13
15
2
85 %
82 %
85 %
56
52
55
48
43
%
%
%
%
%
RL
13
11
26
9
5
6
10
Survie
%
%
%
%
%
%
%
74
62
58
75
60
58
76
%
%
%
%
%
%
%
RA : résection antérieure ; AAP : amputation abdominopérinéale ; RL : récidive locale.
plancher pelvien et des tissus périnéaux, d’une inflammation locale et d’un risque de perforation rectale peut
expliquer le plus mauvais pronostic des amputations,
avec une perte de chance de survie estimée à 30 %
[12]. Les solutions sont une meilleure formation chirurgicale à la technique d’amputation [16] et plus de
chirurgie conservatrice sphinctérienne [20].
le sphincter externe, les releveurs de l’anus ou fixées à
la partie basse du pelvis restent du domaine de l’AAP.
Les résultats des RIS montrent que l’on peut obtenir une
marge distale saine dans tous les cas, y compris chez
les obèses, en cas de pelvis étroit et lorsqu’il existe un
envahissement du sphincter interne [36-38]. Le taux de
marge saine, dans notre expérience, était de 98 %
chez 92 patients traités par RIS pour des tumeurs
Avantages et inconvénients
des techniques conservatrices
sphinctériennes
Pour des raisons éthiques, aucun essai randomisé n’a
comparé l’AAP à la chirurgie conservatrice sphinctérienne. Cette dernière s’est imposée successivement
pour les tumeurs du haut puis du moyen rectum exclusivement à partir de séries historiques comparatives
[21]. En 2006, les données de séries comparatives et
non comparatives pour cancer du bas rectum montrent
que le contrôle local est identique entre chirurgie
conservatrice sphinctérienne et AAP (tableau 1). Dans
la plupart des séries, le taux de récidive locale varie de
5 à 15 % et la survie de 60 à 80 % pour les deux
techniques chirurgicales.
La technique de résection intersphinctérienne (RIS) est
l’ultime technique chirurgicale avant l’amputation [34,
35]. Le but est d’enlever une partie (RIS partielle) ou la
totalité (RIS totale) du sphincter anal interne pour obtenir une marge distale saine et préserver la fonction
naturelle de défécation (figure 2). Les indications sont
les tumeurs juxta-anales et les tumeurs intra-anales
superficielles, c’est-à-dire respectant le sphincter
externe (figure 1). Grossièrement, ce sont les tumeurs
peu évoluées, T2 ou petit T3 à moins de 1 cm du bord
supérieur du canal anal, c’est-à-dire à moins de 4 cm
de la marge anale. Les tumeurs volumineuses, infiltrant
48
A
B
Figure 2. Résection partielle (A) et totale (B) du sphincter interne
pour cancer du très bas rectum.
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, mars 2007
Tableau 2. Résultats oncologiques de la résection intersphinctérienne pour cancer du très bas rectum.
Schiessel 1994 [34]
Köhler 2000** [39]
Braun 1992** [40]
Tiret 2003** [37]
Saito 2004 [36]
Vorobiev 2004 [41]
Rullier 2005 [38]
Schiessel 2005 [42]
n
Hauteur tumorale*
Stade
34
31
63
26
35
27
92
117
4-7
3-5
3-9
3-6
2-5
3-4
2-5
1–5
T1-4
T1-3
T1-3
T1-3
T1-3
T2-3
T2-4
T1-3
Récidive locale
13
10
11
3
3
0
2
5
%
%
%
%
%
%
%
%
Survie
79 %
62 %
81 %
-
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*Cm de la marge anale ; **RIS partielle par voie abdominale pure.
situées à 3 cm (extrêmes 1,5 à 4,5) de la marge anale
dont 20 % de tumeurs intracanalaires [38]. Les résultats oncologiques des RIS montrent un taux de récidive
locale entre 2 et 13 % et une survie entre 60 et 80 %
(tableau 2). On peut donc conclure que la chirurgie
conservatrice sphinctérienne des cancers du bas rectum, qu’elle soit conventionnelle pour les tumeurs susanales ou associée à un sacrifice du sphincter interne
pour les tumeurs juxta- ou intra-anales, ne compromet
pas le contrôle local ni la survie (tableaux 1, 2). Il
existe même un avantage carcinologique en faveur de
la chirurgie conservatrice sphinctérienne, compte tenu
des insuffisances de l’AAP conventionnelle. La chirurgie conservatrice sphinctérienne est en train de devenir
un standard pour la majorité des cancers du bas rectum
[43].
Un autre avantage de la conservation sphinctérienne
est la préservation de la fonction sexuelle. La possibilité
de poursuivre une activité sexuelle existe chez 75 %
des hommes et 90 % des femmes après exérèse rectale
avec conservation sphinctérienne, contre 63 % et
72 % respectivement après AAP [44]. Ceci est dû au
plus faible risque de traumatisme des branches distales
du plexus pelvien autonome qui sont exposées pendant
le temps périnéal de l’amputation. Préserver la fonction
sexuelle est d’autant plus important que le sujet est
jeune [45].
Les inconvénients de la chirurgie conservatrice sphinctérienne sont le résultat fonctionnel aléatoire des anastomoses basses. En effet, à long terme, un patient sur
deux a des séquelles digestives qui associent une
fréquence accrue de selles, un fractionnement des
selles, une impériosité et dans certains cas une incontinence fécale, symptôme considéré comme le plus
invalidant [46]. L’incontinence fécale significative (au
moins une fois par semaine) est présente chez 20 %
des patients après exérèse totale du mésorectum [47].
Elle est plus fréquente après exérèse du sphincter
interne [48] et après radiothérapie préopératoire [47].
Les troubles digestifs des exérèses rectales ont un
impact direct sur l’activité domestique, professionnelle
et sociale chez 20 à 50 % des opérés [47, 49].
Cependant, l’impact des séquelles digestives sur la
qualité de vie en général reste discutable. Une revue
récente de la Cochrane Database concluait à
l’absence de différence de qualité de vie entre AAP et
conservation sphinctérienne [50]. L’AAP a des avantages en termes de gêne fonctionnelle digestive (moins
de constipation et de diarrhée), alors que la chirurgie
conservatrice sphinctérienne préserve mieux la sexualité et l’image corporelle [51]. En fait, l’acceptation
d’un handicap dépend des caractéristiques sociodémographiques et culturelles du patient. Le port d’une
colostomie abdominale a un impact négatif dans les
populations d’Europe du Sud et dans les pays musulmans, alors que ce n’est pas le cas en Europe du Nord
[52, 53].
En résumé, la discussion entre conservation sphinctérienne et AAP demeure en apparence complexe. En
réalité, le choix est simple. En l’absence d’infiltration
de l’appareil sphinctérien par la tumeur, une chirurgie
conservatrice sphinctérienne doit toujours être proposée au patient en l’informant des avantages et inconvénients de chaque technique, sans oublier les possibilités thérapeutiques d’éventuelles séquelles digestives
(rééducation périnéale, myorraphie, sphincter anal
artificiel ou retour à la colostomie) [54].
Place des traitements
néoadjuvants dans le traitement
des cancers du bas rectum
La radiothérapie préopératoire fait partie du traitement
des cancers du rectum car, même si elle a peu d’impact
sur la survie, elle diminue de moitié les récidives locales
[55], y compris en cas d’exérèse totale du mésorectum
[2]. Elle est d’autant plus indiquée pour les cancers du
bas rectum que le pronostic de ces lésions est plus
mauvais [2, 56]. Un traitement néoadjuvant est recommandé pour les tumeurs localement avancées, c’est-àdire les stades II et III de l’UICC ou T3 T4 ou N+ de la
classification TNM [5]. Elle pourrait se discuter, bien
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, mars 2007
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Mini-revue
Tableau 3. Risque de métastase ganglionnaire mésorectale chez les bons répondeurs
ypT0-1.
n
Read 2004 [72]
Schell 2002 [73]
Hiotis 2002 [74]
Onaitis 2001 [75]
Bosset 2005 [71]
Rouanet 2005 [76]
Laurent 2005 [77]
Total
ypT0-1
ypN+
644
488
141
506
198
294
87
32
27*
34*
65*
36
24
3
1
4
4
6
2
0
2271
305
22
3
3
15
13
9
5,5
0
%
%
%
%
%
%
%
6%
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*pT0.
que non validée, pour les stades T2 du bas rectum,
notamment en cas de conservation sphinctérienne [57,
58].
Le deuxième objectif du traitement néoadjuvant pour
les cancers du bas rectum est la conservation sphinctérienne [59]. Les essais randomisés sur le cancer du
rectum n’ont pas permis de mettre en évidence
d’impact du traitement néoadjuvant sur la technique
opératoire. Les raisons sont l’absence de réponse tumorale en cas de chirurgie immédiate après une radiothérapie courte [2, 60, 61] et la prudence des chirurgiens
qui ne modifient pas leur décision malgré une régression tumorale après radiothérapie longue. Les trois
essais FFCD, EORTC et Polish Trial [62-64] ont montré
une augmentation de 11 à 13 % de stérilisation tumorale en ajoutant de la chimiothérapie à la radiothérapie préopératoire, sans pour autant modifier le taux de
conservation sphinctérienne. A l’exception d’un essai
utilisant une escalade de dose d’irradiation [65], seules des études rétrospectives monocentriques de chirurgiens spécialisés ont suggéré la possibilité d’augmenter la conservation sphinctérienne à l’aide d’un
traitement néoadjuvant [33, 58, 66, 67]. Ceci montre
que la chirurgie conservatrice sphinctérienne pour les
cancers du bas rectum est une décision complexe qui
dépend probablement autant de la volonté du chirurgien et de sa technicité que du traitement néoadjuvant.
La possibilité de modifier le choix d’une technique
chirurgicale après traitement néoadjuvant viendra de
l’amélioration des techniques d’imagerie médicale permettant de mieux évaluer la réponse au traitement.
Après l’épargne sphinctérienne,
l’épargne rectale
Le risque de mortalité opératoire (3 à 4 %) et surtout la
morbidité postopératoire élevée (40 à 50 %) des exérèses rectales [68, 69] justifient des alternatives thérapeutiques [70]. Une réponse tumorale complète (ypT0)
50
et subcomplète (ypT1) a été observée dans respectivement 14 % et 10 % du bras radiochimiothérapie de
l’essai EORTC de Bosset et al. [71], soit au total 24 %
de bons répondeurs après traitement néoadjuvant.
Chez ces patients, le risque de métastases ganglionnaires dans le mésorectum (évalué à partir de plus de
2000 patients) est de 6 % (tableau 3). Il existe en effet
une corrélation entre la réponse tumorale et la réponse
ganglionnaire [72], la radiothérapie étant capable de
stériliser la plupart des ganglions < 7 mm [59]. C’est
ce très faible taux de métastases ganglionnaires résiduelles après traitement néoadjuvant qui a incité plusieurs équipes à épargner le rectum et proposer une
simple tumorectomie chez les bons répondeurs.
Le traitement néoadjuvant permet donc de sélectionner
les patients pour un traitement conservateur par simple
exérèse locale. Cinq études de phase II ont montré un
très faible taux de récidive locale et métastatique
(< 5 %) après tumorectomie chez des bons répondeurs
initialement T2 T3 du bas rectum avec près de 5 ans de
recul (tableau 4). Les avantages de la technique d’exérèse locale sont l’absence de mortalité opératoire, une
faible morbidité (rectorragie et incontinence anale temporaires) et l’absence de séquelles digestives ou génitales donc une qualité de vie préservée [81].
Un autre avantage de la tumorectomie première est la
possibilité d’exérèse rectale complémentaire immédiate en cas de mauvaise réponse anatomopathologique (pT2-3 ou marge envahie), ce qui laisse le patient
en sécurité oncologique optimale. Certains ont proposé une simple surveillance sans tumorectomie en cas
de bonne réponse [80] mais les limites de cette stratégie sont les difficultés pour définir une bonne réponse
tumorale, compte tenu de l’insuffisance actuelle de
l’imagerie [82].
Nous avons évalué à l’hôpital Saint-André la faisabilité
technique de la tumorectomie chez 10 patients après
traitement néoadjuvant pour cancer T2 T3 du bas
rectum. Aucun patient n’est décédé, la morbidité était
faible (une rétention d’urine et une rectorragie), un
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Tableau 4. Etudes de phase II de tumorectomie après radiochimiothérapie pour cancer T2T3 du bas rectum.
n
Stade
Récidive locale
Récidive métastatique
Suivi (en mois)
Schell 2002 [73]
Kim 2001 [78]
Bonnen 2004 [79]
Habr-Gama 2004 [80]
Lezoche 2005 [81]
11
26
23
71
100
T3
T2T3
T3
T2T3
T2T3
0
1
2
2
5
1
0
4
3
2
55
24
60
57
55
Total
231
T2T3
8 (4 %)
8 (4 %)
patient a présenté une récidive locale traitée par exérèse rectale de rattrapage, tous les patients sont actuellement vivants sans évolutivité de la maladie après un
recul allant de 2 à 31 mois. Un projet national intitulé
GRECCAR 2 (deuxième essai du Groupe de REcherche
Chirurgical sur le CAncer du Rectum) a pour but de
comparer la tumorectomie à l’exérèse rectale chez les
bons répondeurs après radiochimiothérapie (50 Gy
avec éloxatine et capécitabine) pour cancer T2 T3 du
bas rectum. Les bons répondeurs dans cette étude sont
définis par une cicatrice non végétante, non infiltrante
et de petite taille < 2 cm après traitement, associé à
une bonne réponse histologique après tumorectomie.
Cette nouvelle stratégie pourrait permettre d’éviter
l’exérèse du rectum chez 30 % des cancers du bas
rectum.
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Conclusion
L’évolution récente du traitement des cancers du bas
rectum est due à une meilleure évaluation de nos
pratiques (examen systématique des pièces opératoires remettant en question des dogmes), aux progrès
constants de la technologie (IRM permettant de prévoir
une radiothérapie en cas de marge chirurgicale étroite)
et surtout à la spécialisation chirurgicale. L’impact d’un
chirurgien spécialisé sur le contrôle local est plus important que celui d’un traitement néoadjuvant associé à
une chirurgie standard [83]. Un chirurgien spécialisé
(> 12 exérèses rectales par an) a un taux d’amputations plus faible (19 versus 30 %) et un taux de récidive
locale plus bas (4 versus 10 %) qu’un chirurgien non
spécialisé [84]. Cette évolution de la prise en charge
thérapeutique modifie le concept de chirurgie « large »
(AAP) comme standard des cancers du bas rectum pour
laisser la place à une chirurgie plus anatomique et
standardisée (chirurgie conservatrice sphinctérienne).
Enfin, l’émergence de nouvelles stratégies d’épargne
rectale vient de la nécessité de diminuer la morbidité
thérapeutique afin de préserver la qualité de vie des
patients dont le pronostic s’est considérablement amélioré.
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