Caractéristiques principales de la population étudiée dans l’enquête ESPASS Rouillon F 1, Leguay D 2, Gasquet I 3, Loze JY 4, Arnaud R 4, Depret-Bixio L 4, Azorin JM 5 (1) INSERM U669 Université Paris XI - Hôpital Ste Anne, Paris Faculté de médecine Université René Descartes Paris V ; (2) CE.SA.ME, Angers ; (3) INSERM U669 Université Paris XI - Hôpital Cochin AP-HP, Paris Maison des Adolescents, Paris ; (4) Bristol-Myers Squibb, Rueil ; (5) Hôpital Sainte-Marguerite AP-HM, Marseille Faculté de médecine de Marseille Introduction La schizophrénie est une maladie mentale sévère évoluant sur un mode chronique. Constituant un handicap lourd pour les sujets qui en souffrent, il apparaît primordial d’améliorer leur autonomie sociale. En dehors de la mise en place de stratégies thérapeutiques spécialisées non médicamenteuses qui ont déjà montré leur intérêt, l’optimisation du traitement antipsychotique (AP) doit également être prise en compte. Dans cette perspective, les antipsychotiques atypiques semblent présenter certains avantages en comparaison aux antipsychotiques conventionnels mais les données de la littérature restent controversées. • Efficience (échelle IAQ) : Figure 2 : Score moyen à l’échelle IAQ - échelle de 1 (absent) à 5 (très sévère) Le score IAQ moyen était de 24 ± 4. Les scores moyens observés pour les items évaluant la sévérité de la symptomatologie psychotique sont du même ordre de grandeur et sont globalement plus élevés que les items évaluant la sévérité des effets indésirables en dehors de la surcharge pondérale (Figure 2). Objectif Principal L’objectif de l’étude pharmaco-épidémiologique ESPASS est d’évaluer l’impact à 6 mois du changement ou de l’instauration du traitement antipsychotique principal sur l’autonomie sociale de patients souffrant de schizophrénie. Figure 3 : Score moyen à l’EAS - échelle de 0 (autonomie) à 6 (dépendance) Le score EAS moyen était de 46 ± 20 (score max = 102). L’autonomie sociale des patients sélectionnés semble moins bonne dans le domaine évaluant la vie affective et les relations sociales ainsi que pour les items évaluant la capacité à gagner l’argent, la capacité à organiser des sorties ou de voyager (Figure 3). Le score EAS a été analysé en fonction du traitement avant la visite de sélection. Les patients traités par APA (score moyen 45 ± 20) avaient une meilleure autonomie sociale en comparaison à ceux traités par NL (score moyen 49 ± 20) ; p<0,001. Méthodologie ESPASS est une étude observationnelle, descriptive, longitudinale, prospective, se déroulant en France (métropolitaine et DOM), qui a été mise en place auprès de 1170 psychiatres travaillant en milieu institutionnel (CHS 47%, autres hôpitaux publics 22%, PSPH 7%) et portant sur 6165 patients sélectionnés et suivis pendant une période de 6 mois. Les patients devaient présenter les critères DSM-IV TR de schizophrénie et nécessitaient le changement du traitement antipsychotique quel qu’en soit le motif ou l’instauration d’un traitement antipsychotique. Ils ne devaient ni présenter les critères d’un épisode psychotique aigu ni nécessiter un normothymique. Les données recueillies étaient : caractéristiques socio-démographiques, type de prise en charge (médicamenteuse et non médicamenteuse), caractéristiques de la maladie (typologie selon le DSM-IV TR), autonomie sociale (échelle EAS), efficience (échelle IAQ), sévérité globale (échelle CGI-S) et satisfaction vis-à-vis des soins (auto-questionnaire PASAP). Les 2896 patients répondeurs (ayant retourné l’AQ avec les 9 items principaux complétés) étaient globalement moins sévères (score moyen CGI-S plus faible), plus autonomes et plus fréquemment ambulatoires que les non répondeurs. • Caractéristiques socio-démographiques : Sur les 6165 patients sélectionnés dans l’étude, 5962 ont été analysés pour les données de la visite de sélection M0. La population à l’étude, avec un âge moyen de 37 ± 12 ans, comprenait 62% d’hommes et 38% de femmes. Si le célibat était observé chez 72% des patients, 18% étaient mariés, pacsés ou vivaient maritalement, 9% des patients étaient divorcés et 1% étaient veufs. Les patients étaient à 14% salariés en milieu ordinaire, à 13% sans ressources et près des deux tiers des patients (67%) vivaient des aides (dont 42% avec l’allocation adulte handicapé). Le traitement antipsychotique principal prescrit avant la visite M0 était pour 25% des patients un neuroleptique (NL), pour 52% un antipsychotique atypique (APA), tandis que 23% des patients n’étaient pas traités par antipsychotique au moment de la visite de sélection, dont 8% (n=471) jamais traités par AP (patients d’âge moyen 31 ± 11 ans). Le poids moyen était de 75 ± 16 kg et l’IMC moyen était de 26 ± 5 kg/m- (H : 25 ± 5 kg/m- - F : 26 ± 6 kg/m-), soit une proportion de patients obèses(1) de 16% (H : 13% - F : 22%). Figure 1 : Surpoids et obésité des patients en fonction du traitement antipsychotique principal prescrit antérieurement En moyenne les indices de satisfaction étaient élevés pour les items évaluant la qualité de la relation thérapeutique patient psychiatre et patient - équipe soignante (Figure 4). Figure 4 : Score moyen à l’AQ des patients répondeurs (n=2896) échelle de 1 (mauvaise satisfaction) à 5 (bonne satisfaction) Les indices de satisfaction étaient comparativement moins bons pour les items évaluant les bénéfices du traitement reçu et la qualité des soins reçus dans leur ensemble. Les patients traités par APA étaient davantage satisfaits vis-à-vis des soins que ceux traités par NL (p<0,001). 40 20 32 31 30 20 20 15 10 10 Conclusion 0 Sans traitement n=1308 Surpoids (%) Traitement NL n=1445 Traitement APA n=3003 Obésité (%) La participation à un parcours d’autonomisation avant la visite de sélection concernait 26% des patients, depuis 3 ± 4 ans en moyenne. Les co-prescriptions retrouvées chez les patients traités par AP avant la visite M0 étaient : antidépresseurs (33%), anxiolytiques (48%), hypnotiques (31%), autre APA (28%), antiparkinsoniens (24%). 20% des patients n’avait aucune co-prescription. • Données Cliniques : L’âge moyen du début de la maladie était de 37 ± 9 ans (H : 26 ± 8 ans - F : 28 ± 10 ans) et l’ancienneté moyenne de la prise en charge en psychiatrie était inférieure à 5 ans pour 37% des patients et supérieure à 10 ans pour 34% d’entre eux. Le trouble schizophrénique était de type paranoïde pour près de la moitié des patients (47%), indifférencié à 19%, désorganisé à 17%, résiduel à 15% et catatonique pour 2% des patients. Les patients étaient pris en charge en ambulatoire à 62%, en hospitalisation plein temps à 33% et en hospitalisation de jour à 5%. Le niveau global de sévérité des patients, évalué par le score CGI-S, était en moyenne de 4,7 ± 1,0 sur une échelle allant de 1 (normal, pas du tout malade) à 7 (patients les plus malades). Si 3% des patients n’étaient pas du tout malade ou à la limite, 35% étaient légèrement ou modérément malades, et 62% des patients étaient manifestement malades, gravement malades ou considérés parmi les plus malades. ESPASS a permis d’évaluer 5962 patients schizophrènes. Avant la visite de sélection, le plus fort taux d’obésité est retrouvé chez les patients traités par APA. L’autonomie sociale des patients était plus limitée dans les domaines concernant la vie affective et les relations sociales et seulement _ des patients sélectionnés bénéficiaient d’un parcours d’autonomisation identifié. Leur état clinique était caractérisé par une sévérité comparable entre symptômes positifs, négatifs, niveau d’altération des fonctions cognitives et degré d’inactivité au quotidien. Parmi les effets indésirables évalués, la surcharge pondérale obtenait les scores moyens de sévérité les plus élevés. Concernant l’utilisation des auto-questionnaires, elle est possible et pertinente chez une majorité de patients schizophrènes. La satisfaction exprimée était moins bonne pour les traitements et les soins en général comparativement à celle concernant la relation avec les soignants et le psychiatre traitant. Globalement, les patients traités par antipsychotiques atypiques présentaient une meilleure autonomie sociale et exprimaient une satisfaction plus grande vis-à-vis des soins. Les résultats à 6 mois permettront de préciser l’impact respectif de ces 2 classes d’antipsychotiques sur l’autonomie sociale. (1) IMC 30 kg/m_ (classification de l’OMS) ; (2) IMC entre 25 et 29.9 kg/m_ (classification de l’OMS) ; (3) Enquête ObEpi,Roche 2006 : l’obésité et le surpoids en France. Etude réalisée grâce au support de Bristol-Myers Squibb et Otsuka Pharmaceutical France. Le data management et l’analyse statistique de cette étude ont été réalisés par ICTA PM (Fontaine-les-Dijon). - 5ème Congrès de l’Encéphale, Paris, France, 25 au 27 Janvier 2007 - rèf. : P-111 Alors que la prévalence de l’obésité en population générale est de 12,4% (3), on observe que dans l’échantillon de patients sélectionnés dans ESPASS, la proportion d’obèses atteint 16%. Toutefois, parmi les patients non traités par un antipsychotique avant M0, la proportion d’obèses n’est que de 9,9%. Sous NL, elle passe à 15,1% pour atteindre 19,8% avec les APA. • Auto-questionnaire patient (AQ) : L’AQ a été remis à 3281 patients parmi les 4604 patients sélectionnés ayant un traitement à visée antipsychotique avant M0 (71%). Parmi les 29% de patients à qui l’AQ n’a pas été remis, 16% correspondaient à un refus du psychiatre enquêteur, 30% à un refus du patient, 20% à l’incapacité du patient à lire ou remplir le questionnaire et 33% à une autre raison. Le pourcentage de retour de l’AQ était de 96% (3159/3281). Résultats de la Visite de Sélection (M0) La répartition du surpoids(2) et de l’obésité(1) des patients selon leur traitement antipsychotique principal avant la visite M0 est présentée dans la Figure 1. • Autonomie sociale (échelle EAS) :