
nent néanmoins des médicaments dont l’arrêt, du moins de
manière abrupte, est inopportun (par exemple, benzodia-
zépine).
Les classes thérapeutiques impliquées dans les modifica-
tions sont celles actives sur le système cardiovasculaire, le
système nerveux central, l’appareil digestif et le métabo-
lisme, ce qui reflète les pathologies de la population étudiée
(service de médecine interne –néphrologie et neurologie).
Elles sont globalement les mêmes pour les modifications
appropriées et inappropriées, on ne peut donc pas relever
une classe thérapeutique particulière qui serait plus à risque
d’être modifiée de manière inappropriée. D’autres études
se déroulant dans des services de médecine interne ont éga-
lement mis en évidence les médicaments du système cardio-
vasculaire comme classe la plus touchée [7, 8, 11, 12].
Les médicaments concernés, en plus des caractéristiques
des médecins (spécialités, nombre d’intervenants, etc.) et
des patients (âge, sexe, durée de séjour, etc.), ne permet-
tent pas de généraliser les résultats de cette étude à d’autres
disciplines médicales.
Le nombre élevé de modifications (en moyenne 5,4 par
patient), et en particulier le fait qu’un tiers d’entre elles
soient inappropriées, génère inévitablement de la confu-
sion auprès des patients, de leurs médecins traitants et
pharmaciens quant aux traitements qu’il est nécessaire
de poursuivre ou d’arrêter après l’hospitalisation. Au-
delà de la confusion, l’impact de ces modifications en ter-
mes de survenue d’événements indésirables médicamen-
teux et de coûts ainsi engendrés (réhospitalisations,
consultations ambulatoires, duplications inutiles de traite-
ments) n’a pas fait l’objet de cette étude.
Une grande partie des patients éligibles ont été exclus
(67/93) ce qui constitue une limite à la généralisation de
nos résultats (figure 1). Au vu des principales raisons
d’exclusion, on peut supposer que la proportion de
patients concernés par des modifications inappropriées
aurait été plus importante si ces patients avaient été inclus
(absence de documentation de l’anamnèse médicamen-
teuse d’entrée dans le dossier patient, transfert dans un
autre établissement après l’hospitalisation ou barrière à
la communication). Nos critères d’exclusion étaient donc
assez restrictifs, mais cette approche prudente a permis
l’obtention de données permettant de comprendre au
mieux le processus menant aux modifications de traite-
ment.
Le traitement de référence choisi dans cette étude était
celui figurant dans le dossier patient des pharmacies de
ville. Dans les études consultées, il n’y avait pas de consen-
sus sur un gold standard représentant le traitement pris par
le patient avant son admission à l’hôpital. Certains auteurs
se sont basés sur un entretien avec les patients et/ou leurs
familles, d’autres sur les médicaments apportés par les
patients, d’autres sur les informations du médecin de
famille ou encore sur le dossier des pharmacies de ville,
certains ont combiné plusieurs de ces sources [2, 3, 6, 7,
9, 11-13]. Afin de nous baser sur des données aussi com-
plètes que possible, nous avons choisi les données des offi-
cines en incluant uniquement les patients déclarant se
rendre dans une seule pharmacie pour leur traitement sur
ordonnance.
Le traitement de référence semble fiable puisque seulement
2 médicaments (calcium et acide folique) apparaissaient,
pour un seul patient, dans l’anamnèse hospitalière sans
figurer dans les traitements de l’officine.
Perspectives
Les erreurs lors de l’anamnèse d’entrée étant le plus fré-
quemment à l’origine des modifications inappropriées,
cette étape mérite une attention particulière dans l’analyse
des opportunités d’amélioration. L’anamnèse médicamen-
teuse d’entrée pourrait être effectuée par des pharma-
ciens, pratique courante au Québec mais qui exige une
importante dotation en pharmaciens [22-24]. Des auteurs
américains estiment que le retour sur investissement est
significatif si l’on compare le coût du pharmacien pour
procéder à l’anamnèse médicamenteuse au coût engen-
dré par les événements indésirables médicamenteux ainsi
évités [13]. L’identification de patients dont le risque de
modifications inappropriées serait plus grand permettrait
une action ciblée des pharmaciens cliniciens et pourrait
faire l’objet d’une prochaine étude.
Une meilleure exploitation des données disponibles dans
les dossiers patients des pharmacies de ville serait une
autre option. Une transmission de ces données par le phar-
macien sur demande de l’hôpital, en fonction de critères
préétablis et selon une procédure déterminée conjointe-
ment par l’hôpital et les sociétés de pharmaciens de ville,
pourrait s’envisager. De même, l’amélioration de l’acces-
sibilité informatique de ces données, comme c’est le cas
par exemple au Danemark où les médecins traitants ont
accès en ligne aux données des pharmacies de ville
grâce à une signature électronique [25], serait un avan-
tage. Dans l’immédiat, des anamnèses médicamenteuses
mieux structurées et documentées constituent un premier
objectif pour l’obtention d’un traitement exhaustif à partir
de différentes sources.
Plus d’un tiers des modifications inappropriées sont dues
aux substitutions nécessaires au respect du LT, sans que le
traitement initial soit réinstauré à la sortie. La majorité des
cas concernent la substitution de générique à original ou
entre génériques. Ce problème pourrait être supprimé par
une prescription de sortie libellée en DCI (dénomination
commune internationale).
Les substitutions thérapeutiques pourraient être évitées en
poursuivant systématiquement les traitements ambulatoires
du patient durant l’hospitalisation, ce qui engendrerait par
contre des problèmes non négligeables de logistique, de
coût et de remboursement par les assurances. Une autre
option consisterait à élaborer un système manuel ou infor-
matique favorisant la reprise des traitements ambulatoires
initiaux à la sortie de l’hôpital. Cette dernière option per-
mettrait également d’éviter les oublis de médicament au
moment de la prescription de sortie.
Dans notre institution bénéficiant d’une prescription infor-
matisée, un projet de bilan comparatif informatisé, réalisé
automatiquement à la sortie sur la base de l’anamnèse et
du traitement prescrit durant l’hospitalisation est en cours.
Les modifications appropriées (ajouts, arrêts, substitutions
thérapeutiques pour raison pharmacologique) pourront
ainsi faire l’objet d’un bref commentaire qui sera transmis
aux patients et aux professionnels de santé intervenant
après l’hospitalisation.
Les outils informatiques, que ce soit pour l’anamnèse
d’entrée, pour le bilan comparatif pendant l’hospitalisa-
tion ou pour le traitement à la sortie, ne doivent cependant
pas être considérés comme unique approche. Il convient
de sensibiliser les prescripteurs et pharmaciens pour
garantir la mise à jour et la réévaluation régulière des trai-
Continuite
´des traitements me
´dicamenteux apre
`s hospitalisation
J Pharm Clin, vol. 28, n
o
3, juillet-aou
ˆt-septembre 2009 155
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