F – C.M.R.R. -SF Bibliodemences Bulletin bibliographique critique

Institut de Santé Publique, d'Épidémiologie et de Développement
INSERM U593
Université Victor Segalen Bordeaux 2, France
F – C.M.R.R. -SF
Fédération des
Centres Mémoire de Ressources et de Recherche
du Sud de la France
Bibliodemences
Bulletin bibliographique critique sur
la maladie d’Alzheimer et les syndromes apparentés
Volume 3, Numéro 12 (décembre 2006)
Nombre de références retenues pour ce numéro : 9 + 6
La veille bibliographique est réalisée chaque semaine à partir des revues de sommaires des trois éditions des
Current Contents, éditées par Thomson/ISI : Clinical Medicine (1188 périodiques), Life Sciences (1416
périodiques) et Social & Behavioral Sciences (1688 périodiques) qui répertorient la littérature scientifique
internationale. L’équation de recherche utilisée est : Alzheimer's or dementia or mild cognitive impairment.
Accès aux documents (réservé aux CMRR et à leurs réseaux de CMP et de spécialistes) : tous les textes des
articles présentés sont disponibles en format pdf sur demande à : [email protected]
Une base de données enrichie chaque mois des informations présentées dans les bulletins est disponible sur
Internet à l’adresse suivante : http://www.isped.u-bordeaux2.fr/RIS/RISWEB.ISA, liste déroulante Search :
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Les bulletins sont archivés sur internet : http://www.isped.u-bordeaux2.f , rubrique Bibliodemences
Mots-clés. Chaque référence a été indexée, en particulier, avec ces descripteurs spécifiques : Démence,
Comprendre la maladie, Diagnostiquer, Évaluer l’impact de la maladie en Santé Publique, Imagerie, Informer le
patient et son entourage, Maladie d’Alzheimer, MCI, Neuropsychologie, Prévenir, Prescrire, Pronostiquer, Suivre et
prendre en charge le patient.
Format des références (liste présentée par ordre alphabétique d’auteur)
Auteur(s). Titre. Source.
Adresse de l'auteur référent (si disponible)
Analyse critique (titre traduit, synthèse, commentaires)
Analysé par (lecteur de l’article)
Accès au texte intégral (si disponible)
Mots-clés
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1. Buerger K, Ewers M, Pirttila T, Zinkowski R, Alafuzoff I, Teipel SJ, DeBernardis J, Kerkman D, McCulloch C,
Soininen H, Hampel H. CSF phosphorylated tau protein correlates with neocortical neurofibrillary pathology
in Alzheimer's disease. Brain 2006;129 Part 11:3035-3041.
Adresse de l'auteur référant: Buerger, K; Univ Munich; Dept Psychiat; Nussbaumstr 7; D-80336 Munich;
Germany. katharina.buer[email protected]uenchen.de
Analyse critique: La protéine tau phosphorylée du liquide céphalo-rachidien est corrélée à la pathologie
neurofibrilllaire du néocortex dans la maladie d'Alzheimer.
Synthèse
La recherche de biomarqueurs dans la maladie d'Alzheimer (MA) reste un enjeu d'actualité. Dans le liquide céphalo-
rachidien (LCR), plusieurs équipes ont montré que la concentration de la protéine tau hyperphosphorylée (P-Tau)
était augmentée chez les sujets MA. Les auteurs ont en particulier montré que la P-tau phosphorylée sur la thréonine
231 (P-tau231) avait une sensibilité supérieure à la P-tau phosphorylée sur la sérine 199. Pourtant, aucune corrélation
entre la concentration en P-tau du LCR et la pathologie neurofibrillaire n'a été publiée.
Méthodes : 26 sujets atteints de MA ont eu un prélèvement de LCR, en moyenne 1,6 ans avant leur autopsie (MMS
moyen de 2,2). A l'autopsie, 18 sujets avaient une probabilité élevée que la démence soit due à une MA, 5 une
probabilité intermédiaire, et 3 une probabilité faible. La P-tau231 a été déterminée dans le LCR et dans le cerveau.
La densité de dégénérescences neuro-fibrillaires (DNF) et de plaques séniles (PS) a été évaluée. La visualisation de
la protéine tau hyperphosphorylée (HP tau) a été faite par immunohistochimie.
Résultats : La P-tau231 du LCR est associée à la densité des DNF et à HP tau dans les régions du néocortex (frontal,
temporal, pariétal) mais pas dans la région CA1 de l'hippocampe. La densité de PS est associée à P-tau231 dans le
frontal uniquement. Parmi les autres facteurs, seules l'ApoE et la durée de la maladie sont associées aux indicateurs
de neuropathologie. Il existe une corrélation entre la p-tau231 du LCR et du cerveau. Dans la partie frontale, la P-
tau231 cérébrale est associée aux DNF et à HP tau.
Discussion : C'est le premier travail qui permet de montrer la corrélation entre un marqueur accessible dans le LCR
et la densité de DNF et Hp tau du cerveau. Par contre, la densité de PS est corrélée à la Ptau231 du LCR uniquement
dans le cortex frontal. La P-tau231 pourrait servir de marqueur de la pathologie neurofibrillaire.
Commentaires
Cette équipe qui a beaucoup travaillé sur la protéine tau du LCR montre qu'il y a une corrélation entre la P-tau
accessible dans le LCR et les altérations cérébrales. Cette analyse repose malheureusement sur un faible nombre de
sujets, prélevés à un stade extrêmement avancé et dont la certitude de diagnostic de MA n'est pas totale.
En outre, même si les corrélations sont significatives, les figures montrent une très grande dispersion des données
avec des corrélations inférieures à 0,50.
Il est probable qu'il faudra attendre l'arrivée de plusieurs biomarqueurs du LCR pour en faire des outils utilisables en
routine.
Analysé par Luc Letenneur, CMRR Aquitaine
Mots-clés: Maladie d'Alzheimer, Protéine Tau
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2. Busse A, Angermeyer MC, Riedel Heller SG. Progression of mild cognitive impairment to dementia: a
challenge to current thinking. British Journal of Psychiatry 2006;189:399-404.
Adresse de l'auteur référant: Riedel-Heller, SG; Univ Leipzig; Dept Psychiat; Johannisallee 20; Leipzig; Germany.
Analyse critique: Progression du MCI vers la démence : un challenge pour les idées actuelles.
Synthèse
A partir des données de la cohorte Leila 75+ constituée de 1045 sujets non déments de 75 ans et plus suivis tous les
18 mois pendant 6 ans à Leipzig, les auteurs ont étudié la progression vers la démence des sujets MCI en fonction du
délai de suivi. Le MCI était défini avec quatre modalités différentes selon la présence d'une plainte mnésique ou non
et selon le seuil des performances cognitives aux tests (1 ou 1,5 déviation standard au dessous de la moyenne pour
l'âge). La batterie neuropsychologique comprenait le MMS, des tests de mémoire épisodique, d'abstraction, de
jugement, de langage, de praxies, de calcul (batterie SIDAM). Selon les modalités de définition, 91 (9,3%) à 407
(41,5%) sujets ont été classés MCI. Quelle que soit la modalité de classement, les sujets MCI ont un taux de
progression vers la démence plus important pendant les 18 premiers mois de suivi, de 14% (pour les MCI, 1SD de
seuil avec ou sans plainte) à 23%, environ le double du taux de progression ultérieur (7 à 10%). Le taux de
progression vers la démence au cours de la vie a été estimé à 60 à 65%.
Commentaires
Cette étude confirme la grande variabilité de prévalence du MCI et de taux de progression vers la démence (qui
paraît un terme plus adapté que le taux de "conversion") selon la définition de l'entité. On retrouve également dans
cette étude l'augmentation très surprenante du taux de progression au cours des premiers mois de suivi. Cette
augmentation avait déjà été notée dans les séries cliniques où elle se comprend mieux en raison de la sélection des
échantillons qui associe souvent des nouveaux cas de MCI et des cas anciens. Ici l'étude est réalisée en population
générale par tirage au sort sur un registre de population. L'interprétation de ces résultats n'est pas claire et l'effet de
primo-passation des tests, possiblement différent chez les futurs déments et les futurs non déments, est peut-être en
cause. Une autre explication pourrait être liée à une survie différente selon le risque de progression vers la démence.
Analysé par: Jean François Dartigues, CMRR Aquitaine
Mots-clés: MCI, Démence
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3. Davies RR, Kipps CM, Mitchell J, Kril JJ, Halliday GM, Hodges JR. Progression in frontotemporal dementia -
Identifying a benign Behavioral variant by magnetic resonance imaging. Archives of Neurology
2006;63(11):1627-1631.
Adresse de l'auteur référant: Hodges, JR; MRC; Cognit & Brain Sci Unit; 15 Chaucer Rd; Cambridge CB2 2EF;
England. john.hodges@mrc-cbu.cam.ac.uk
Analyse critique: Progression de la démence fronto-temporale. Mesure par IRM
Synthèse
Le taux de survie moyen dans la démence fronto-temporale (DFT) est de trois ans après émission du diagnostic. Les
auteurs cherchent à déterminer si la nature de l'atrophie initiale mesurée par imagerie par résonance magnétique
(IRM) et/ou si les caractéristiques démographiques permettent de prédire l'évolution de la variante comportementale
de la DFT (DFTc).
Méthodes. 31 patients DFTc ayant réalisé une IRM ont été suivis pendant au moins 3 ans. L'ampleur de l'atrophie
frontotemporale initiale fut évaluée en double aveugle sur 2 coupes coronariennes : lobe temporal antérieur et noyau
géniculé latéral. Le recueil des données comprenait par ailleurs une batterie d'évaluation comportementale et
neuropsychiatrique.
Résultats. Deux groupes de patients furent constitués : 16 patients constituent le groupe au pronostic favorable
(niveau de dépendance faible à 3 ans) et 15 patients constituent le groupe au faible pronostic vital (mise en institution
ou décès au cours des 3 ans). Tandis que les 2 groupes ne diffèrent pas quant aux mesures comportementales et
neuropsychiatriques, le niveau d'atrophie initial (plus faible chez le groupe au faible pronostic) constitue la seule
variable prédictrice du taux de survie ou de la mise en institution des patients.
Conclusion. Les patients présentant une atrophie frontotemporale ont un taux de survie moyen de 3 à 4 ans tandis
que les patients relativement indemnes de toute atrophie cérébrale ont une évolution plus favorable (taux de survie
moyen de 5 à 6 ans).
Commentaires
Les patients DFTc n'ayant pas de signe d'atrophie du cortex frontotemporal auraient un taux de survie prolongé. La
présence d'anomalies en imagerie ne constitue donc pas une prérogative au diagnostic. D'autre part, les symptômes
de tels patients n'ayant pas d'atrophie cérébrale ne seraient pas la conséquence d'un processus neurodégénératif.
Cette étude est remarquable car elle permet de dresser le profil d'évolution des patients DFTc à partir de l'étendu de
l'atrophie cérébrale. Mais étant donné que la DFT est une maladie hétérogène, la nature de l'atrophie cérébrale
semblerait varier en fonction des différentes variantes cliniques. C'est pourquoi, il serait également intéressant de
comparer à ce groupe le profil d'évolution des autres variantes, notamment exécutive, de la DFT.
Analysé par: Xavier Millet, CMRR Aquitaine
Mots-clés: mence fronto-temporale, IRM, Imagerie
Bibliodemences 2006;3 (12) 119
4. Engel SE, Kiely DK, Mitchell SL. Satisfaction with end-of-life care for nursing home residents with advanced
dementia. Journal of the American Geriatrics Society 2006;54(10):1567-1572.
Adresse de l'auteur référant: Engel, SE; Emory Univ; Sch Med; 215 Highland Sq Dr NE; Atlanta; USA.
Analyse critique: Satisfaction par rapport aux soins palliatifs proposés en institutions aux personnes atteintes de
démence à un stade avancé.
Synthèse
Objectif : Cette étude a pour objectif d'identifier les facteurs associés à la satisfaction des personnes ressources par
rapport aux soins prodigués à leur proche atteint de démence à un stade avancé. En effet, il semble que les soins
palliatifs dans la démence soient moins appropriés et moins structurés que dans le cadre de pathologies comme le
cancer. Il n'y a pas de données claires actuellement sur les déterminants de cette satisfaction liée aux soins.
Matériel et Méthodes : Il s'agit d'une étude transversale, issue de l'étude longitudinale CASCADE. Elle porte sur 148
patients âgés de 65 ans et plus (moyenne d'âge=85±8,1), atteints de démence à un stade avancé et vivant dans treize
institutions différentes à Boston, ainsi que sur les personnes ressources de ces patients (moyenne d'âge=59,1±11,7).
La satisfaction concernant les soins en fin de vie dans la démence a été mesurée avec l'échelle SWC-EOLD, et a été
évaluée par les personnes ressources. Des analyses de régressions linéaires multivariées ont été utilisées pour
identifier les variables indépendamment associées au niveau de satisfaction de soins. Parmi ces variables, ont été
prises en compte : 1) des variables liées aux caractéristiques des patients : informations démographiques, état de
santé cognitive et fonctionnelle, confort, fait d'avoir une intubation alimentaire, planification des soins en fin de vie
(volonté de vivre, ne pas être hospitalisé…) 2) des variables relatives aux personnes ressources : informations
démographiques, état de santé, humeur dépressive, planification des soins avancés (les personnes devant mentionner
dans quelle mesure le confort est pour elles le principal objectif de la prise en charge, leur sentiment par rapport à
l'espérance de vie de leur proche, le temps de discussion lors de l'admission, consacré aux futures directives
médicales et palliatives à suivre, et le fait d'avoir eu ou non des informations par un soignant à propos du pronostic).
Résultats et discussion. Les variables relatives à la personne ressource, associées en univarié au score de satisfaction,
comprennent le nombre d'années de prise en charge comme personne ressource, le fait de considérer le confort
comme l'objectif principal de la prise en charge, et le temps de discussion avec un soignant (supérieur à 15 minutes)
sur les directives futures de soins. Les résultats des analyses multivariées montrent que les principaux facteurs
associés à une plus grande satisfaction des soins, comprennent le fait d'avoir eu une discussion de plus de 15 minutes
avec un soignant au moment de l'admission du résident, l'existence d'un certain confort du résident, l'absence
d'intubation alimentaire, et les soins prodigués dans les unités spécialisées pour les patients déments. Cette étude
démontre que la satisfaction des personnes ressources par rapport aux soins palliatifs dans la démence, est associée à
des facteurs relatifs à la communication, aux services de santé, au confort du résident et aux interventions médicales.
Les auteurs suggèrent que ces facteurs étant modifiables, les soins palliatifs dans la démence pourraient être
améliorés.
Commentaires
Les résultats de cette étude sont essentiels, étant donné le manque de données actuelles sur l'organisation des soins
palliatifs dans les structures accueillant des personnes atteintes de démence. Il me semble en effet que la
problématique relative aux soins palliatifs est maintenant bien connue en cancérologie. Qu'en est-il des soins
palliatifs dans les différentes institutions accueillant des personnes âgées atteintes de démence ? D'après le texte de
loi n° 99-477 du 9 juin 1999, "les soins palliatifs sont des soins actifs et continus, pratiqués par une équipe
interdisciplinaire, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à
sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage". On peut se demander si toutes les
institutions accueillant des personnes atteintes de démence ont réellement les moyens de proposer des soins palliatifs
tels qu'ils sont définis, avec un accompagnement des patients mais aussi des familles. Il existe beaucoup d'études
concernant le fardeau des aidants familiaux, le stress lié à la prise en charge de la démence à domicile… Différentes
données montrent aussi qu'avec l'entrée en institution, ce fardeau et ce stress ne diminuent pas, bien au contraire,
puisqu'il se rajoute un sentiment de culpabilité. Comme le souligne cette étude, il manque cruellement de données sur
la satisfaction des familles vis-à-vis des soins en institution prodigués à leur proche en fin de vie. Se sentent-elles
encore actrices de la prise en charge ? Il pourrait être utile de mieux connaître les déterminants du fardeau chez les
aidants familiaux de personnes démentes en institution, de mieux connaître leur degré de satisfaction quant à la prise
en charge proposée en institution, au moment de l'admission jusqu'à la fin de vie.
Analysé par: Valérie Bergua, CMRR Aquitaine
Mots-clés: Démence, Soins palliatifs
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