le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 21 - printemps 2008 53
Communications afchées
Le syndrome de l’X fragile est provoqué par la mise en
silence d’un gène, FMR1 et par l’absence de synthèse de
la protéine codée par ce gène. Bien que l’on connaisse la
cause de ce trouble et que la protéine soit bien caracté-
risée, sa fonction reste encore mal connue. Et cependant
la compréhension de son rôle est cruciale dans la mesure
où elle semble jouer un rôle fondamental dans la cogni-
tion. Cette protéine semble normalement présente dans
tout le tissu neuronal et joue un rôle dans la régulation
de la traduction des ARNm. Sa propre traduction peut
être déclenchée par l’activation de certains types de ré-
cepteurs au principal neurotransmetteur excitateur dans
le cerveau, le glutamate (Willemsen et coll., 2004).
Etude des traits autistiques
chez la souris Fmr1 KO
Notre équipe s’attache à tester la validité des souris Fmr1
KO pour la modélisation des traits autistiques par la mise
au point de tests comportementaux spéciques adaptés
aux souris.
Le modèle souris Fmr1 KO de l’X fragile a été validé pour
ce syndrome (The Dutch-Belgian Fragile X Consortium,
1994). Les souris Fmr1 KO présentent la macroorchidie
(augmentation du volume des testicules) observée chez
les hommes X Fragile et sont plus actives que les souris
contrôles. Au niveau neuroanatomique on retrouve chez
les souris Fmr1 KO une caractéristique présente chez les
personnes X Fragile : des neurones très arborisés, c’est-à-
dire qui forment plus de connections, non matures, avec
les autres neurones (Mc Kinney et coll., 2005).
Il est possible que ces souris présentent aussi des traits
autistiques (Bernardet et Crusio, 2006). En effet, il a été
observé une altération de l’extinction d’un apprentissage
dans une tâche de navigation spatiale assimilable à de
la rigidité cognitive, ainsi qu’une altération de la régu-
lation sensorielle présente dans les deux syndromes et
une susceptibilité aux crises épileptiques audiogènes.
L’augmentation de l’anxiété qui est un trait caractéristi-
que de ces deux troubles n’a pas pu être mis en évidence.
Les interactions sociales semblent présenter des parti-
cularités par rapport aux animaux contrôles et méritent
d’être approfondies. D’autres traits caractéristiques des
symptômes principaux de l’autisme, comme la commu-
nication sociale, la susceptibilité à la nouveauté ou des
symptômes variables de l’autisme, comme les comporte-
ments stéréotypés, sont en voie d’être testés.
Interaction gène et fond génétique
Nous nous intéressons également à la variation de l’ex-
pression phénotypique de la mutation de Fmr1. Bien que
lié à la mise en silence d’un seul gène, le syndrome de
l’X fragile se manifeste de façon non homogène puis-
que les symptômes de retard mental et d’autisme n’ap-
paraissent pas avec le même degré de sévérité chez tous
les individus concernés. L’interaction avec le reste du
génome, l’« arrière-fond génétique », semble également
intervenir. En effet, les deux différentes lignées pures
de souris Fmr1 KO testées (une lignée pure provient de
croisements consanguins sur plusieurs générations) pré-
sentent un prol différent. La connaissance des facteurs
d’inuence permettra de comprendre la genèse du syn-
drome de l’X fragile et peut-être d’appréhender les fac-
teurs multiples responsables du développement des trou-
bles autistiques. An de mettre en évidence cette varia-
tion de l’expression phénotypique de la mutation Fmr1,
nous travaillons sur des souris Fmr1 KO et contrôles de
deux lignées ainsi que sur les hybrides de ces lignées. Le
but de cette approche à long terme est de pouvoir faire la
relation entre les interactions inter-gènes avec les com-
portements exprimés.
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Bien que lié à la mise
en silence d’un seul gène,
le syndrome de l’X fragile
se manifeste de façon non
homogène puisque
les symptômes de retard
mental et d’autisme
n’apparaissent pas avec
le même degré de sévérité chez
tous les individus concernés.
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