
Plus largement, les sociétés présentes sur les marchés de 
l’exploitation minière, du sucre, de la viande de bœuf, de 
la  pâte  et  du  papier  génèrent  des  recees  en  USD  pour 
des coûts essentiellement libellés en devise locale. Pour 
ces sociétés, une hausse du dollar peut se traduire par des 
marges bénéciaires supérieures. 
Quant aux sociétés dont les  recees  sont essentiellement 
libellées en devise locale, elles ne vont pas nécessairement 
avoir du mal à rembourser leurs dees. 
La plupart  des emprunteurs  émergents endeés en USD 
sont en eet notés Investment Grade. Ce qui signie que 
nombre de ces entreprises meent en œuvre des politiques 
conservatrices et transparentes de couverture du risque de 
change. En outre, la majorité des entreprises en portefeuille 
sont en mesure de répercuter une hausse de la charge 
d’emprunt sur leurs clients sans que cela n’engendre une 
baisse de leur chire d’aaires. 
Les pessimistes soulignent également l’explosion récente 
des défauts de paiement et des dégradations des notes des 
entreprises. Là encore, la situation apparaît plus mitigée. 
Si les défauts et les baisses de notation ont augmenté, ces 
dernières sont restées cantonnées aux pays et aux secteurs 
exposés à la faiblesse des cours des matières premières (le 
Brésil, la Russie et le secteur de l’énergie). 
Par ailleurs, la plupart des baisses de notation font suite à 
une dégradation de la notation des émeeurs souverains 
ou quasi-souverains. En d’autres termes, de nombreuses 
entreprises russes ont été déclassées du simple fait de 
l’abaissement de la note de crédit de la Russie en catégorie 
spéculative (pour en savoir plus, consultez le rapport In 
Wintry Russia,  signs  of a thaw  de  mars  2015,  sur  le  site 
www.pictet.com).  La  même  tendance  a  été  observée  au 
Brésil, où certaines entreprises subissent les répercussions 
des dicultés du géant pétrolier Petrobras. Si l’on isole les 
eets de la dégradation des notes souveraines, les révisions 
à la hausse ont été supérieures aux déclassements avec un 
ratio de 1,6 pour 1.2  Cee  tendance  à  l’amélioration  des 
notations est également soutenue par les ratios de crédit. 
Comme le montre le graphique n° 1, le ratio d’endeement 
brut3 des entreprises émergentes est inférieur à celui 
de leurs homologues américains sur la quasi-totalité de 
l’échelle de notes. C’est notamment pour ces raisons que le 
taux de défaut des entreprises des pays émergents devrait 
se maintenir à 3,9% cee année. 
 
GRAPHIQUE 1 - COMPARAISON DES TAUX D’ENDETTEMENT DES ENTREPRISES 
DES MARCHÉS ÉMERGENTS ET DÉVELOPPÉS PAR NOTATION
ABBB BB BCCC
Entreprises des marchés émergents 2.1x 2.4x 3.0x 4.6x 2.0x
Entreprises américaines 2.1x 2.8x 3.1x 4.1x 8.1x
Source: JP Morgan
2 Sur 12 mois. source: JPMorgan, Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch Ratings au 31/01/2015
3 Ratio dette nette/capitaux propres
Le  relèvement  des  taux  d’intérêt  par  la  Réserve  fédérale 
américaine pourrait bien s’avérer une mise à l’épreuve 
majeure  pour  cee  classe  d’actifs.  Il  se  traduira  par  des 
coûts d’emprunt supérieurs pour les entreprises du monde 
entier, et en particulier des pays émergents. 
Toutefois, d’après les dernières déclarations de sa 
présidente, la Fed ne semble pas pressée de relever ses taux. 
La courbe des prévisions des taux de la banque centrale 
indique ainsi un resserrement de la politique monétaire 
plus progressif que ce qui était envisagé il y a seulement 
quelques mois. Les taux d’intérêt vont certes augmenter, 
mais dans un avenir plus lointain. 
La  stabilité  de  la  base  d’investisseurs  dans  cee  classe 
d’actifs constitue un autre facteur positif. A la diérence des 
autres obligations à haut rendement, la dee des entreprises 
émergentes n’est pas à la merci du comportement plus 
imprévisible des particuliers qui y investissent. 
Les institutionnels locaux tels que les fonds souverains, les 
compagnies d’assurance ou les fonds de pension, représentent 
actuellement les deux tiers des investisseurs, ce qui a contribué 
à la stabilité importante du marché pendant les périodes de 
turbulences, notamment au cours du printemps et de l’été 
2013 lorsque la Fed a signalé son intention de réduire son 
programme d’assouplissement quantitatif. 
GRAPHIQUE 2 - LES OBLIGATIONS D’ENTREPRISES DES MARCHÉS ÉMERGENTS: 
DES RENDEMENTS EN NETTE HAUSSE  
0 —
100 —
200 —
300 —
600 —
700 —
JP Morgan CEMBI
Indice JP Morgan US Liquid ex EM   
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Spread, points de base, par rapport aux bons du Trésor américain
Source: JP Morgan
Malgré tous ces éléments, les investisseurs doivent rester 
prudents. Les conditions économiques ne sont plus aussi 
favorables qu’au cours des dernières années, ce qui signie 
que certaines entreprises risquent de voir leur prol de crédit 
s’aaiblir. Les obligations des entreprises des pays émergents 
se négocient toutefois à des écarts de rendement plus de 
deux fois supérieurs à ceux de leurs homologues américains 
de  la  même  catégorie  (voir  graphique  n°2),  reétant  une 
compensation plus que susante de ces risques.
2 |LES OBLIGATIONS D’ENTREPRISES DES PAYS ÉMERGENTS TIENNENT LE CAP | AVRIL 2015