Dépistage des sujets à risque
Des explorations complémentaires sont nécessaires chez tout sujet
atteint de l'affection ou tout apparenté porteur de mutation du gène
VHL (Tableau I) :
- IRM cérébrale et médullaire dès l'âge de 15 ans (hémangioblasto-
me du système nerveux central, tumeur du sac endolymphatique)
- Fond d'œil dès l'âge de 5 ans (hémangioblastome rétinien)
-TDM ou IRM ou Echographie abdominale (phéochromocytomes
(type2), cancers du rein, tumeurs pancréatiques) dès l'âge de 5ans
si type 2 , dès l'âge de 15 ans si type 1.
Particularités thérapeutiques des tumeurs rénales familiales [3]
Les patients atteints de VHLvivent en moyenne jusqu'à 40 à 50 ans.
Le pronostic de la maladie de von Hippel Lindau a été amélioré par
la réduction de la mortalité due aux hémangioblastomes cérebel-
leux. Il est actuellement fonction de l'évolution du cancer du rein
dont la survenue est plus tardive dans l'histoire de la maladie et
représente 30 à 50% des décès en raison de la prise en charge sou-
vent tardive. En ce qui concerne le potentiel métastatique des can-
cers du rein, il semble qu'il soit inférieur à celui des formes spora-
diques : avec une fréquence des cas métastatiques de l'ordre de 8%
contre 50% en général dans les formes sporadiques. Cependant le
traitement chirurgical des tumeurs rénales est encore controversé.
Certains auteurs ont proposé une attitude radicale d'emblée par
binéphrectomie en cas de tumeurs bilatérales [5]. D'autres prônent
une chirurgie conservatrice (néphrectomie partielle ou tumorecto-
mies multiples) avec surveillance étroite du parenchyme rénal res-
tant, en dehors des cas où le caractère diffus et bilatéral des lésions
imposent une néphrectomie bilatérale de nécessité [6 - 9]. Sur le
plan technique, CHRÉTIEN [6] souligne l'intérêt de l'utilisation de
sonde d'échographie haute fréquence (10 Mhz) pour le repérage des
tumeurs de petite taille profondes et non palpables. En ce qui
concerne les tumeurs de petite taille, < 2.5 cm [6] voire < 3 cm [10,
11] certains proposent une surveillance simple en raison du faible
risque métastatique pour les tumeurs de cette taille [12].
Pour les kystes rénaux, plusieurs auteurs proposent en cas de chi-
rurgie conservatrice pour cancer, de profiter de l'intervention pour
réaliser une résection du dôme saillant des kystes et d'en inspecter
le contenu et en cas de kyste atypique de pratiquer une kystectomie
emportant une couche de parenchyme sain.
Cancer du rein commun familial à cellules claires
Différents cas de formes familiales de cancer du rein survenant en
dehors de la maladie de VHL ou de tout autre syndrome héréditai-
re ont été publiés [3].
Particularités cliniques communes aux formes héréditaires de can-
cers du rein
Ces tumeurs ont en commun l'âge de survenue précoce (45 ans en
moyenne), la bilatéralité, la multifocalité et les récidives fréquentes
(apparition de nouvelles tumeurs après chirurgie partielle).
Aspects génétiques
Il existerait une prédisposition génétique à transmission autoso-
mique dominante à pénétrance variable en fonction de l'âge. Dans
certaines familles, des anomalies cytogénétiques constitutionnelles
à type de translocation ont été retrouvées. Elles ont fait supposer
que le gène en cause pouvait se situer aux points de cassure de la
translocation [4].
Traitement
L'attitude thérapeutique vis-à-vis du cancer du rein commun pose
les mêmes problèmes que pour la maladie de VHL (bilatéralité,
multifocalité, récidives).
Implications pratiques
Critères de reconnaissance de la maladie
Au moins 2 cas chez des apparentés du 1er degré avec un âge de
survenue précoce avant 40 ans ou des cancers bilatéraux ou multi-
focaux
Dépistage des sujets à risque
Les signes de la maladie de VHL doivent être systématiquement
recherchés chez les sujets atteints. Si aucun signe de maladie de
VHL n'est retrouvé, le dépistage de cancer par échographie rénale,
tous les 2 ans, chez les apparentés peut être débuté vers 30 ans ou
10 ans avant l'âge correspondant à l'âge de diagnostic du cas le plus
précoce dans la famille.
Confirmation par un diagnostic génétique
Des anomalies cytogénétiques constitutionnelles à type de translo-
cation ont été retrouvées chez les sujets atteints dans certaines de
ces familles. La recherche de mutations du gène VHL et un caryo-
type peuvent être proposés après avis spécialisé (contact : Groupe
d'étude Francophone de la maladie de Von Hippel Lindau)
Toute forme familiale de cancer du rein à cellules claires nécessite
une recherche de mutation du gène VHL.
Les cancers du rein dans les syndromes tumoraux familiaux
hors VHL
Des cancers du rein et d'autres tumeurs rénales peuvent faire partie
du tableau clinique de la sclérose tubéreuse de Bourneville (surtout
angiomyolipomes & hamartomes multiples, retard mental, parfois
adénocarcinomes du rein), du Syndrome de Birt-Hogg-Dube (sur-
tout oncocytomes & tumeurs bénignes cutanées, pneumothorax
spontanés, parfois adénocarcinomes du rein), de la léiomyomatose
cutanée familiale (carcinomes tubulo-papillaires du rein, léiomyo-
mes cutanés et viscéraux, léiomyosarcomes,).
Ces syndromes, une fois reconnus, nécessitent une prise en charge
spécialisée. Un diagnostic génétique est possible pour la sclérose
tubéreuse de Bourneville (mutations des gènes TSC1 et 2) et la léio-
myomatose cutanée familiale (mutation du gène FH : fumarate
hydralase).
II. CARCINOME TUBULO-PAPILLAIRE
Les carcinomes tubulo-papillaires (CTP) sont des cancers dont plus
de 75% est composés d'un contingent tubulo-papillaire. Ils repré-
sentent environ 10% des formes sporadiques de cancers du rein.
Récemment, les CTP ont été subdivisés en 2 sous-groupes : le type
1 correspondant à la forme basophile et le type 2 correspondant à la
forme éosinophile. La forme basophile serait deux fois plus fré-
quente que l'éosinophile.
Aspects cliniques
Les formes familiales des CTP sont rares et leur fréquence de sur-
venue n'est pas connue. Comme pour les autres formes familiales
des cancers du rein, l'âge de survenue est plus précoce que pour les
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