F. Cousin, F. Bérard, J.F. Nicolas
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°1 47
cepteur de chimiokine, appelé CCR5
parce que 5 % de la population est
soit hétérozygote, soit homozygote
délétée pour le récepteur de chimio-
kine CCR5, lequel est le co-récepteur
du virus qui permet l’entrée du VIH
dans la cellule. Donc la descendance
serait typiquement CCR5 déficiente.
Ce système immunitaire qui a été fait
pour interagir avec le monde infec-
tieux n’est plus occupé à nous libé-
rer des infections dans les pays riches,
développés, en particulier dans la
population citadine où il n’y a plus
guère d’interaction avec le monde
infectieux. Il va dès lors s’occuper de
tout ce qui pénètre au niveau de la
peau et des muqueuses. On rejoint
là la théorie de l’augmentation de fré-
quence de toutes les maladies
autoimmunes, comme les thyroïdites
par exemple. Le système immunitaire
n’étant plus occupé par les infections,
va se mettre à travailler contre tous
les antigènes.
Les allergènes sont de différents ty-
pes : pneumallergènes, s’ils sont res-
pirés, allergènes alimentaires ; s’ils
sont ingérés. S’ils sont injectés, on en
a deux exemples, les venins et les
médicaments.
Prenons un exemple d’allergène in-
halé pour arriver à la pathologie, soit
le pollen du bouleau, libéré par la
fleur de bouleau. Ce pollen va se pro-
mener dans l’air, se dégrader et libé-
rer de nombreux constituants protéi-
ques. Tout cela va arriver en contact
de l’œil, de la muqueuse ORL et,
quand on le respire, de la muqueuse
bronchique.
Chez les gens non allergiques, il n’y
a pas d’IgE spécifique et l’allergène
est capable de pénétrer la barrière
sans aucune conséquence. Par con-
tre, chez un individu allergique, le
contact avec la muqueuse provoque,
selon la muqueuse concernée, soit
une conjonctivite allergique, soit une
rhinite allergique, soit une crise
d’asthme.
(On ne sait toujours pas pourquoi,
une personne qui a un test positif au
pollen de bouleau va avoir une con-
jonctivite et une rhinite mais pas
d’asthme. On ne sait pas si c’est parce
que la particule n’arrive pas à péné-
trer la muqueuse bronchique ou si
c’est parce que les IgE spécifiques se
retrouvent en beaucoup plus grande
quantité au niveau des mastocytes
du nez ou des yeux. Il y a encore
beaucoup d’inconnues).
La maladie précédente ainsi déclarée,
ne dure qu’un temps. C’est le cas des
allergies saisonnières. Le calendrier
pollinique explique pourquoi les
patients sont malades à certaines pé-
riodes. Il nous montre, de janvier à
décembre, les différentes sortes d’al-
lergènes qui vont être produits, en
hiver, les pollens d’arbres, en été, les
pollens de graminées, en automne, les
pollens d’herbacées comme l’ar-
moise.
Outre ces variations saisonnières, on
observe aussi des fluctuations de
concentrations des pollens par exem-
ple, au cours de la même journée et
tel patient gêné à 9 heures du matin,
va être parfaitement bien à midi.
Génétique et allergie
ðBien sur, il existe un terrain généti-
que favorisant l’apparition des mala-
dies allergiques. Le problème est que,
en dehors des maladies qui sont vrai-
ment monogéniques et se transmet-
tent toujours, toutes les autres mala-
dies ont un déterminisme génétique,
qui n’explique qu’une petite partie
de la maladie. Dans les maladies al-
lergiques, il est certain que si on ma-
rie deux allergiques, on a 70 % de
chance d’avoir une descendance al-
lergique. Ainsi celui qui a un asthme
sévère a intérêt à se marier à une per-
sonne non allergique, auquel cas, il
n’a plus que 30 % de risque d’avoir
un enfant allergique.
Par contre, si aucun des parents n’est
allergique et s’il n’y a pas d’allergie
dans la famille, on aboutit quand
même à 10 % d’enfants allergiques.
L’augmentation de fréquence des
maladies allergiques ne peut cepen-
dant pas s’expliquer par la génétique,
parce que la génétique ne se modifie
pas sur une ou deux générations.
A titre d’exemple, la description de
maladie allergique a été faite par un
médecin anglais qui a recensé en
1818, dans toute l’Angleterre, 28 pa-
tients qui souffraient comme lui d’un
rhume des foins. Actuellement, on
voit ces 28 allergiques en une jour-
née dans une consultation d’allergo-
logie. On voit qu’il s’agit de maladies
vraiment récentes dont la génétique
ne peut pas expliquer l’augmentation
de fréquence.
Mode de vie et allergie
ðNotre mode de vie a énormément
changé depuis une cinquantaine d’an-
nées. Les produits chimiques sont
partout. Les aliments que l’on mange
sont traités, tout ce qu’on respire est
traité, il y a des parfums partout, donc
le monde chimique est omniprésent
dans notre vie, alors que ce n’était pas
le cas, il y a seulement vingt ans.
Prenons le cas des aliments, nous
n’avions jamais été habitués à man-
ger des aliments exotiques, comme
le kiwi, le surimi etc.. nous étions
plutôt adaptés à la soupe aux choux,
aux lentilles et autres denrées natio-
nales. Nos grands parents ne man-
geaient pas toute la journée des ara-
chides sous forme de cacahuètes tor-
réfiées. Il y avait des cantonniers pour
s’occuper des mauvaises herbes et
nettoyer le bord des routes, éliminant
ainsi l’ambroisie et l’armoise. Ces
plantes, non coupées, pollinisent et
la charge allergénique ne fait qu’aug-
menter.
Le latex est économique. Autrefois, il
subissait une dizaine de cycles de
lavage avant d’être utilisé à la fabrica-
tion des gants. Pour diminuer les
coûts de production, il est maintenant
lavé deux fois seulement et les pro-
téines qui disparaissaient au lavage
persistent maintenant, ce qui est res-
ponsable des phénomènes d’allergie
au latex, due aux protéines du lait de
l’hévéa.
Autre modèle, celui des acariens. Ils