L’Absent Théâtre de Geste Récompensé par le prix “Best Physicality” au BE Festival de Birmingham en 2012. "...absorbing and beautifully performed vignette" (The Times) “...a playful, poignant and subtle performance” (A Younger Theatre) “a pearl, a jewel” (Greg Hicks, Royal Shakespeare Company) www.labsent.net Synopsis Emouvant, délicat et simple. Cette courte forme nous offre un regard poignant sur la solitude. La pièce s’articule autour de la vie d’une femme en robe rouge qui a perdu celui qu’elle aimait. Il n’est plus là, pourtant les objets qui l’entourent sont encore imprégnés de sa présence. Ces objets quotidiens ont dorénavant une valeur émouvante et ambigüe. Ils sont devenus inséparables du souvenir de l’homme absent. De fait, Antonin Descampe incarne chacun de ces objets et gravite autour de la femme en rouge, s’infiltrant dans le moindre de ses mouvements. Avec finesse et délicatesse, le corps du comédien devient le fauteuil dans lequel elle se love, les pages de son livre, la lampe qui éclaire sa lecture, l’écharpe qui s’enroule autour de son cou, les volants de sa robe et même l’homme de la météo qu’elle regarde à l’écran… Toujours avec énormément de tendresse et de bienveillance. Les deux corps s’accordent parfaitement, complémentaires, inséparables. Jusqu’au moment où un autre homme entre dans l’appartement et brise l’intimité du curieux duo. L’intrus incarne la vie, l’oubli. Mais les objets sont toujours autour d’elle, presque oppressants, lui rappelant sans cesse le passé. Le deuil prend une forme tantôt doucement nostalgique tantôt rageusement douloureuse tandis que l’absent adopte tantôt la saveur d’une vague réminiscence, tantôt la présence troublante d’un souvenir presque vivant. La pièce se déroule dans un silence intense, sans paroles. Ni mime ni danse, tout est dit avec les gestes et les attitudes qui forment des images claires et puissantes pour révéler ce qui a de plus essentiel. Parfois, la voix a capella de la chanteuse intervient, comme une invitation à entrer dans l’atmosphère de L’Absent, puis à en sortir. Le chant fait vibrer certains moments de la pièce. Genèse Naissance La pièce a été créée en décembre 2009 par Antonin et Liévine, à l’occasion d’un atelier dans le cadre de leur formation à De Kleine Academie (Bruxelles). Là, ils ont l’opportunité de la jouer pendant deux semaines. Le spectacle fonctionne bien et leur donne envie de continuer le projet. Evolution En 2011, leur formation achevée, les deux comédiens reprennent le projet. Tout d’abord, la gestuelle précise et efficace de la pièce qui surprend souvent le public devient le centre de leur recherche. Trouver des images fortes et épaisses de sens, des mouvements puissants et concis, cela devient leur priorité. D’autre part, le sujet du deuil les touche, les intrigue, leur semble mériter un regard plus profond, plus intensif. Enfin, l’ambigüité du personnage de « l’absent », qui se transforme tantôt en cafetière, tantôt en écharpe, tantôt encore en fauteuil, puis soudain qui laisse apparaitre son humanité, leur donne envie d’essayer d’autres de ses possibilités. Aussi, Liane Van De Putte (chanteuse) rejoint l’équipe pour un travail sur le son. A l’origine, la pièce était totalement muette. Envol : l’Angleterre En 2012, le projet ayant été prolongé et retravaillé prend de l’ampleur. La pièce est acceptée au BE Festival of Birmingham et elle en revient avec le prix de la physicalité (physicality price). Par la même occasion, elle est sélectionnée, parmi toutes les pièces du festival, pour le “Best of BE Tour”, ce qui lui permet d’être jouée dans une douzaine de villes anglaises (Londres, Oxford, Manchester, Liverpool, Coventry, New Castle, Gateshead...). Plusieurs opportunités s’ouvrent après cela. Démarche artistique Trouver l’essence du geste Pour raconter la situation de cette femme en deuil, le changement de ses émotions et les événements qui ont lieu, nous cherchons les images et les mouvements qui soient le plus simple possible. Nous voulons toucher à l’essentiel et enlever tout ce qui est superflu. La précision des mouvements est donc cruciale. Nous suivons une sorte de partition inventée où chaque geste, chaque regard est travaillé, pour créer des images fortes, puissantes et claires. Bien sûr, le tout est que cette “partition” reste vivante. Le travail sur les sensations que nous évoquons dans le point suivant l’explique. A la différence du mime : travail des sensations Le travail avec L’Absent ne peut pas s’assimiler à du mime. Le mime tend à “démontrer”, à “indiquer” au public, à lui “faire comprendre” ce qui est en train de se passer sur la scène. Par exemple, le comédien de mime va indiquer au public que l’objet imaginaire qu’il est en train de porter est lourd. Dans notre travail, nous faisons appel à l’imagination, pas à la démonstration. La recherche va consister en grande partie à imaginer les sensations que provoquent telle ou telle action (celle de porter un objet lourd, de prendre une douche chaude, de boire une tasse de café chaud, de s’assoir sur un fauteuil moelleux...). Nous avons réalisé que cette approche était aussi celle dont parle Yoshi Oida dans sa trilogie1. Nous pensons sincèrement que cette démarche nous rapproche d’un théâtre vivant. Le style évolue avec le deuil Pour commencer, Antonin, qui incarne l’absent, se limite à représenter les objets utilisés par la veuve. Simplement. Mais très vite, le personnage de l’absent devient ambigü. Son statut se transforme en même temps que le deuil de la veuve évolue. Plus tout à fait objet, pas complètement humain, il est parfois à deux doigts de quitter sa neutralité d’objet, de redevenir le compagnon qu’il a été. Petit à petit, il s’émancipe, il ne reste plus cantonné à son rôle d’objet. Il commence à réagir à la situation, il devient capable d’action, de sentiment, il intervient dans la scène comme acteur. Au début, les objets sont encore pleins de la présence du défunt compagnon. Chaque objet est encore chargé de souvenirs. L’écharpe porte encore son odeur, une musique ravive un moment passé… Mais le rapport de la veuve aux objets change aussi. Les souvenirs s’estompent, deviennent moins omniprésents, ils n’accompagnent plus chaque geste, chaque situation. La vie reprend le dessus, même si, parfois, un souvenir la rattrape violemment et la glace. 1 Oida Yoshi, L’acteur flottant, l’acteur invisible et l’acteur rusé, ACTE SUD. Le thème du deuil C’est le thème central de notre pièce, que nous continuons encore à approfondir au fil du travail. Voici les réflexions qui ont composé notre recherche. La vie s’arrête. D’un coup, la mort nous laisse face au vide, à l’absence, à la perte. Au chagrin. Puis, nécessairement, la vie prend le dessus. En effet, malgré tout, dehors ça continue. La vie continue : les saisons continuent à changer, les événements heureux ou malheureux continuent à se produire. La vie ne s’arrête pas. C’est cette transition de la mort vers la vie dont nous voulons parler. Quand la vie s’insinue, perfide, salvatrice, et nous force à reprendre le cap. Il faut surmonter. Il faut accepter et recommencer. Il faut oublier petit à petit et reprendre le rythme de la vie. Mais est-ce toujours possible ? Dois-je oublier ? Que reste-t-il du souvenir que j’ai du défunt ? Que devient cet être aimé à jamais absent ? Suis-je capable d’oublier ? Ai-je le droit d’oublier l’homme que j’ai aimé et qui n’est plus ? Ai-je le droit d’encore rire ? de m’amuser ? de vouloir séduire un autre homme ? de passer à autre chose ? et finalement, d’être à nouveau heureuse sans lui ? La fin de la pièce ne donne pas de réponse. Elle reste sur un état de fait. En plus de nos propres réflexions mêlées à notre expérience, des auteurs ont alimenté notre recherche. Patochka, philosophe tchèque, dans Phénoménologie de la vie après la mort, questionne le statut ontologique de la vie après la mort. Il se demande ce que devient le défunt dans la tête de ceux qui restent. Il disparaît physiquement, mais il en reste quelque chose : quel genre de présence continue-t-il à avoir ? Joan Didion, écrivaine américaine, écrit L’année de la pensée magique où elle raconte magnifiquement la première année après la mort subite de son compagnon. Elle parle de l’oubli, du souvenir, de la culpabilité… Son expérience nous intéresse particulièrement. Dans J’ai réussi à rester en vie, Joyce Carol Oates parle aussi de la terrible réalité du veuvage. Comme Joan Didion, son mari l’a quittée brusquement, la laissant face au vide du deuil. Chant et silence Depuis l’été 2012, Liane Van De Putte, chanteuse, a rejoint l’équipe. Sa voix, a capella et acoustique, accompagne quelques moments choisis de la pièce, avec un chant à consonnances juives. Son apport sonore nous est très précieux et donne une réelle épaisseur au spectacle. Sa présence réelle sur scène (il ne s’agit pas d’un enregistrement) a de l’importance pour nous. En effet, Liane est en réelle osmose avec nous quand nous jouons et adapte son chant à nos mouvements. Elle apparaît comme une narratrice qui, par son chant, se propose de raconteur une histoire au public. A part ce chant, la pièce se déroule dans un étrange silence, rythmé uniquement par les mouvements précis des comédiens. Ce silence troublant attise l’attention et renforce la puissance des gestes. De plus, il convient parfaitement à la solitude du deuil qui hante l’appartement de la veuve. Le projet photographique A côté du travail théâtral, nous avons collaboré avec le photographe Koen Cobbaert. Le but était de constituer une série de photos qui reflètent l’ambiance et la situation de la pièce, de mettre en images la vie de la veuve chez elle, avec l’absence de son défunt compagnon. Nous avons donc visité plusieurs maisons ou appartements jusqu’à trouver un lieu qui puisse correspondre à la veuve en question. Nous avons trouvé finalement une maison dans laquelle avait vécu un couple qui l’avait rénovée mais qui s’était séparé au cours de la rénovation. La femme était restée seule dans la maison et l’a laissée dans un état d’inachèvement. Ce travail met en scène la vie quotidienne de la veuve. Elle est toujours seule chez elle. Le personnage de l’absent figure sur les images, comme une présenceabsence. Ce travail a été réalisé en parallèle mais est souvent entré en interaction avec le travail sur le plateau : les images nous ont plusieurs fois inspirés pour la pièce en tant que telle. Distribution Liévine Hubert (1987) a étudié le théâtre à De Kleine Academie à Bruxelles (2008-2011) et la philosophie à l’Université catholique de Louvain-la-neuve (2005-2012). Elle a participé à plusieurs projets de mouvement (Déambulations ordinaires, festival Mouvements/Sons, Bruxelles, 2010), de cirque (Pianova, festival de la Cour du Vieux Temple, 2009) et à des performances en rue (Zwerm, BRXL-BRAVO’09, Zinneke Parade, 2010). Elle est aussi pianiste et chanteuse (notamment dans un trio de chant polyphonique : Les Divas Dugazon). D’autre part, photographe (trois expositions pour un projet sur la danse : Pauses & Mouvements, 2007-10). Antonin Descampe (1979) pratique le théâtre et l’improvisation depuis 1995. Après des études et un doctorat dans le domaine scientifique, il décide de se consacrer à sa passion et commence un cursus à la Kleine Academie, dont il est diplômé en juin 2011. Il a participé à plusieurs projets de mouvement (Déambulations ordinaires, festival Mouvements/Sons, Bruxelles, 2010), et à des performances en rue (Zwerm, BRXL-BRAVO’09, Zinneke Parade, 2010). Il combine aujourd’hui plusieurs projets de création théâtrale. Il s’intéresse en particulier au travail sur le corps et le mouvement, et se tourne aussi vers les aspects plus techniques d’une création (lumières, sons, images). Liane Van De Putte (1991) a étudié la musique et la danse à l'Institut Dalcroze. Intéressée par le travail corporel, elle a ensuite suivi la formation de théâtre de création à la Keine Academie, dont elle est diplômée en juin 2012. Liévine, Antonin et Liane font partie du collectif l e Geste qui Sauve, qui regroupe des comédiens qui partagent une approche similaire du théâtre basée sur le geste. Tous issus de la Kleine Academie (Bruxelles), ils ont en commun la volonté de mettre le mouvement au coeur de leur travail. Web: www.legestequisauve.net. Fiche technique Durée - la pièce est une forme courte dont la durée est actuellement de 15 minutes. Scène • Un lieu le plus neutre et sobre possible. • Ouverture minimale : 5m • Profondeur minimale : 4m • Coulisses à cour et jardin (ou paravents noirs). Lumière • Un plein feux classique • 2 projecteurs avec découpe • 2 Ambiances tamisées : bleue et rouge • Plan de feu complet disponible sur demande Son – aucune installation sonore n’est nécessaire. Divers • 2 heures avec un technicien sont nécessaires pour le pointage-lumière et pour l’explication de la conduite. Contact • Des infos complémentaires (dates de representation, photos, extraits videos, etc) sont disponibles sur le site de notre pièce : www.labsent.net • Pour tout renseignement, merci de contacter L iévine Hubert o E-mail : [email protected] o Mobile : +32 485.82.60.42 * * *