Faceàl’erreurmédicale,EthicaClinica,n°70,Juin20131
Faceàl’erreurmédicale,EthicaClinica,n°71,Septembre2013
uelleattitudeadopterfaceàuneerreurmédicale–qu’ellesoitlefaitd’un
médecin,d’uneinfirmièreouden’importequelautreintervenant?Parerreur
médicale,onentendnonpourl’actecommisparunepersonnemanifestement
incompétente,nil’actedélibérémentmalveillant–encescas,onparleraplutôtde
fauteoudedélit–maisl’acte–unsoin,unexamen,l’établissementd’undiagnostic–quiproduit
nonintentionnellementuneffetdommageablepourlepatient.Peuimportequ’ils’agissede
négligence,demauvaiseshabitudes,decontraintesd’organisation,defatigue,deproblèmede
communication,deprécipitationoud’imprévus:personneneveutnuireetpourtant,undommage
seproduit.
Enpareillescirconstances,ilarriveencoretropsouventqueleréflexepremier,ducôtédecertains
professionnelset/oudesresponsables,soitdeminimiserlesfaits,voiredelesnier.Ilspensentmoins
aupatientqu’auxennuisauxquelsunereconnaissanceexposerait:ennuisjuridiques,financiers,
problèmesdecarrière,etc.Dansunsecondtemps,ilsenvisagerontpeut‐êtreunenégociation,mais
toujoursdansl’espoird’éviterquel’affaires’ébruiteetentrainedesconséquencesnéfastespourla
réputationdel’institutionoudespersonnesimpliquées.Danscecascommedansl’autre,c’estla
peur,laculpabilitéquidictentleurloi.Mêmesionnel’approuvepas,unetelleattitudeest
compréhensible:laculturedominantelaisseentendrequelesentrepriseshumaines,quellesqu’elles
soientd’ailleurs,devraientêtreinfaillibles,quel’artmédicalestunescienceexacteetqueles
professionnelsdelasantésonttout‐puissants.Alors,effectivement,dansuntelcontexte,lemoindre
aléa,lamoindredistraction,lemoindrefaux‐passerontvécuscommeunefauteprofessionnelle,
commeunéchecpersonnel.Soitonsombre,soitondéniepoursauvercequipeutl’être.Quantau
patientet/ousafamille,ilsvivrontledommagesubicommeuneinjustice.Carenraisondecemême
contexte,commentnepasêtreconvaincuqu’ilsontétévoléd’uneguérisonquiétaitgarantiesur
facture,quidoncleurétaitdue?Silesystèmedesoinsestparfaitetquenéanmoinsunaccident
arrive,c’estque,forcément,ildoityavoiruncoupable!
Avraidire,deuxpistesméritentd’êtrecreuséespourfairefaceàdetellesépreuves.Toutd’abord,il
vadesoiqu’onnepeutseréfugierderrièreuncomportementrésigné:«ilfaudraitserésoudreàce
quedeserreursseproduisent!».Aucontraire,toutdoitêtrefaitpourleséviter.Maiscettevigilance
detouslesinstantsdoitresterlucidepournepasdevenirdésespéréeetdésespérante:ilfautlutter
contreleserreurs,quandbienmêmed’autreserreursseproduirontprobablement,ycomprisà
causedesmesuresquisontcenséesnousenprémunir.Unexemplerécententémoigne.Voici
quelquesannées,enFrance,leMinistèredelasantéademandéquetouteslesprescriptions
médicalessoientrédigéessurordinateurafind’éviternotammentleserreursdelecturepardestiers
(lepharmacien,lessoignantsvoirelepatientlui‐même).Enoutre,deslogicielsontétémisaupoint
pourattirerl’attentiondumédecinencasd’incompatibilitéentremédicamentsprescrits,ouencas
deproblèmededosagesauregarddespathologiesencodées.Danslepassé,laFrance,comme
d’autrepaysd’ailleurs,eutàdéplorerdesdécèssuiteàdesprescriptionsillisiblesoumalrédigées.
L’intentionduprojetduMinistèredelasantévadoncdanslebonsens.Or,leshôpitauxfrançais