Les tragiques sursauts des langues
Haut perché sur un lexique, un réviseur observe le monde :
Les sols tremblent sous le verbe aride et intransitif
Et le chant des calembours, en dix vagues, disjoint l’océan.
Les gratte-ciels croulent sous les ruptures de syntaxe.
Tantôt il neigeait, tantôt il brûlera;
Les journalistes dénoncent l’anacoluthe.
Non loin de là, les idiomes se gendarment réciproquement.
L’anarchie et la lutte pourfendent le sens des mots
Et courbent les colonnes de grammaire.
De la parole agrammatique naissent maintenant les enfants.
Dans les écoles, on y enseigne l’argot et la cacographie;
Dans les parcs, on désarticule même les jeux de virelangues.
Les médecins n’ont plus de vaccins pour soigner
Enfants et adolescents atteints de catégories ;
La pandémie, pense-t-on, les emportera tous…
Le réviseur… le rêveur, soudainement, se lève du pupitre,
Soutenu par l’espoir d’une grammaire nouvelle.
Tantôt il brûlait, tantôt il crépitera.