NUMERUS N° 3 • JUIN 2004
SANTÉ
bilité simple d’avoir été hospitalisé en 2001,
et ceci jusqu’à 82 ans. Dès cet âge, les décès
sont susceptibles de considérablement di-
minuer les risques de récidive.
La situation pour les femmes est illustrée
par la fi gure 2. Le constat y est semblable
que pour les hommes, à ceci près que, pour
les patientes âgées de 24 à 34 ans, les pro-
babilités simples et conditionnelles ne sont
pas signifi cativement différentes, alors que
la probabilité simple est même supérieure
à la probabilité conditionnelle entre 27 et
33 ans. Cela s’explique par le recours accru
à l’hospitalisation pour cause de maternité,
ce groupe d’âges correspondant à la plus
forte période de fécondité des femmes.
Dès 35 ans, la probabilité conditionnelle
est toujours supérieure à la probabilité
simple, et ceci de manière signifi cative
jusqu’à 83 ans.
Ainsi, tant pour les hommes que pour les
femmes et à quasiment tout âge, la pro-
babilité d’une hospitalisation en 2001 est
supérieure s’il y a déjà eu une hospitalisation
l’année précédente. Il n’y a donc pas indé-
pendance entre ces deux événements.
…des cas plus lourds et des coûts
plus élevés
Abordons maintenant l’hospitalisation multi-
ple sous l’angle du fi nancement. Les séjours
recensés dans la statistique médicale1 sont
tout d’abord classés en APDRG (All Patient
Diagnosis Related Group), une classifi cation
médico-économique comportant 641 caté-
gories de patients. Ensuite, un costweight ou
indice de coût relatif est attribué à chaque
APDRG. Finalement, l’indice de casemix d’un
ensemble de séjours est obtenu en prenant la
moyenne pondérée des costweights attribués
à ces séjours.
La fi gure 3 montre, par âge et pour les hom-
mes, l’indice de casemix des patients hospi-
talisés en 2001 ainsi que celui des patients
hospitalisés en 2001 et déjà hospitalisés en
2000. Une analyse par sexe et âge permet
de neutraliser l’effet d’une grande partie
des différences de pathologies propres à
ces catégories. Bien que les intervalles de
confi ance soient très larges en raison de la
forte volatilité des coûts, on distingue clai-
rement que les patients qui avaient déjà été
hospitalisés en 2000 subissent, en moyenne,
des traitements hospitaliers plus coûteux que
l’ensemble de ceux des patients hospitalisés
en 2001, en particulier de 5 à 65 ans et de
manière signifi cative sur quasiment toute
cette période. En-deça et au-delà, les diffé-
rences subsistent mais ne sont en général
plus signifi catives, en raison du recoupement
des intervalles de confi ance.
La fi gure 4 reproduit la même situation pour
les femmes. Là aussi, les séjours des patientes
déjà hospitalisées en 2000 sont en moyenne
plus chers que l’ensemble de ceux des pa-
tientes hospitalisées en 2001. Cela est vrai
à quasiment tout âge, mais les différences
sont signifi catives de 15 à 85 ans.
Ainsi, tant pour les hommes que pour les
femmes, l’indice de casemix des patients hos-
pitalisés en 2001 et qui l’avaient déjà été en
2000 est plus élevé que celui de l’ensemble
des patients hospitalisés en 2001.
Améliorer le système actuel
Dès lors, la probabilité d’hospitalisation des
patients déjà hospitalisés l’année précé-
dente étant plus élevée que la moyenne,
et les coûts d’hospitalisation générés par
ces mêmes patients étant également plus
élevés que la moyenne, on pourrait théori-
quement envisager d’améliorer le système
actuel de compensation des risques entre
assureurs en tenant compte de l’historique
d’hospitalisation des assurés. Encore faut-il
pouvoir repérer les assurés qui ont subi
une hospitalisation l’année précédente. A
l’heure actuelle, les assureurs ne peuvent
répondre à cette question que pour les
assurés qui étaient déjà affi liés chez eux
l’année précédente. Or, le nombre d’assurés
qui restent chez le même assureur d’une
année à l’autre est d’autant plus faible que
la volatilité des primes d’assurance-maladie
est élevée, incitant par là même les assurés
à une plus grande mobilité. Par contre, cela
serait possible si l’historique des patients
était stocké, par exemple, sur une « carte
santé ». AO
1
Statistique médicale des établissements de santé.
Source : « Probabilité d’hospitalisation simple et condition-
nelle. Etude sur les données hospitalières suisses de 1999
à 2001 ». Mémoire de diplôme postgrade en statistique,
Alexandre Oettli, Université de Neuchâtel, mars 2004