66 Baromètre santé nutrition 2008
tion a posteriori des aliments saisis en clair,
telle qu’elle était pratiquée dans les précé-
dentes vagues de l’enquête. Le fonctionne-
ment de ce type de saisie sera décrit dans le
cadre d’une deuxième partie présentant les
modes de recueil des aliments. Les grands
principes du rappel des 24 heures seront
brièvement redonnés, puis la structure et
les détails techniques du mode de passation
mis en place pour ce Baromètre santé nutri-
tion 2008 seront exposés.
Enfin, un examen du contenu des catégo-
ries d’aliments retenues en 1996 et en 2002
a conduit à modifier légèrement le classe-
ment de certains aliments, pour l’amé-
liorer. Les détails de ces modifications et de
l’analyse des évolutions, à catégorisation
identique, seront exposés en fin de chapitre.
AMÉLIORATIONS
MÉTHODOLOGIQUES VISANT
À DISTINGUER LES NORMES
DES PRATIQUES DANS LE CAS
D’UN RAPPEL DES 24 HEURES
Au début des années 1980, sociologues et
économistes ont déployé sur les enquêtes
de consommation alimentaire une intense
activité scientifique [1-9]. Les résultats de
ces travaux ont nourri des débats métho-
dologiques dont les enquêtes actuelles
peuvent tirer profit. C’est à ces débats que
l’on doit quelques avancées méthodolo-
giques dont ce baromètre a bénéficié –
l’une d’entre elles étant de s’interroger sur
le statut des données et sur les techniques
de collecte. En effet, comment être sûr que
les données collectées correspondent bien
aux pratiques réelles des individus ? Les
recherches quantitatives sur les pratiques
alimentaires se heurtent à un obstacle lié à
l’utilisation de méthodes déclaratives pour
mettre au jour, ou au moins s’approcher au
plus près des comportements réellement
mis en œuvre par les individus. Lorsqu’on
demande, par exemple, à des individus
de décrire le repas qu’ils ont consommé
la veille et s’ils n’ont pas mangé « comme
d’habitude », ou bien s’ils ont mangé diffé-
remment de « ce qu’ils pensent qu’ils auraient
dû faire », ils se retrouvent devant une situa-
tion difficile à gérer. En effet, que répondre ?
Ce qu’ils ont réellement fait, ou bien ce qu’ils
font d’ordinaire ? Le problème est que tous
les individus n’arbitrent pas ce dilemme de
la même façon. Certains d’entre eux, respec-
tueux de la consigne, décriront fidèlement
les prises alimentaires de la veille ; d’autres,
soucieux de rendre compte de leur manière
de manger habituelle, seront tentés de
modifier leur déclaration pour réduire la
dissonance cognitive qu’ils ressentent. Tous
cherchent à traduire ce qu’ils pensent être la
réalité de leurs pratiques.
Dans le second cas, ce qui est collecté
peut correspondre davantage à des
« normes sociales » – qui sont un mélange
des prescriptions d’origines sociale et
nutritionnelle – qu’à des pratiques réelles.
Les données ainsi obtenues ont alors une
assez faible valeur empirique car ne rendant
compte ni vraiment des comportements des
individus, ni tout à fait des représentations
sociales (normes et valeurs).
Pour tenter de lever cette ambiguïté,
certaines recherches [10-12] ont permis la
mise au point d’une méthode de collecte
facilitant la distinction entre pratiques et
normes. Celle-ci s’opère en invitant dans
un premier temps les individus à dire ce
qu’ils considèrent comme un « vrai repas »,
un « vrai petit déjeuner », un « vrai repas de
midi », etc., et cela dans une situation idéale,
lorsque rien ne vient bousculer l’organi-
sation matérielle de la préparation et de la
consommation de ces différents repas. Cette
méthode s’inscrit dans le prolongement
des travaux de Mary Douglas autour de ce
qu’elle désigne en anglais par l’expression
« proper meal » [13]. Ce faisant, sont collec-
tées les normes sociales relatives aux repas
d’un individu considéré. Dans un second