Trauma 2012 Document complémentaire Agence de la santé et des services sociaux du Bas-Saint-Laurent 1 Mise en situation Appel pour une femme de 82 ans, chute de sa hauteur en se levant du lit. À votre arrivée, patiente couchée au sol. Quelle sera votre évaluation? Quelle sera votre intervention? 2 Considération lors de l’évaluation et du traitement du bénéficiaire gériatrique Le système respiratoire Avec l’âge, la cage thoracique et les poumons perdent leur élasticité. La cage thoracique devient plus rigide à cause de la perte d’élasticité des cartilages thoraciques. La cage thoracique devient moins compliante à l’effort respiratoire. La fonction respiratoire devient donc plus laborieuse. À cause de la rigidité de la cage thoracique, la personne âgée utilise de plus en plus le diaphragme pour respirer. Toute augmentation de la pression abdominale nuira de façon plus significative à la respiration. De plus, les alvéoles deviennent plus petites et moins profondes. Ceci a pour effet de diminuer la surface accessible aux échanges gazeux. La courbure spinale peut aussi nuire à la respiration. Finalement, à cause de la perte d’élasticité des poumons, ces derniers se vident moins facilement à l’expiration. Une diminution de la réponse compensatoire à l’hypoxie et l’hypercapnie peut en résulter (taux élevé de Co2 sanguin). Les dents La présence de prothèse(s) dentaire(s) et autres appareils buccaux augmente la possibilité d’obstruction des voies respiratoires. L’absence de plusieurs dents change la forme de la bouche. Lors d’une assistance ventilatoire, l’étanchéité du masque sera difficile à maintenir. Si les prothèses dentaires sont bien fixées, il est préférable de les laisser en place. 3 Les vaisseaux sanguins L’athérosclérose et l’artériosclérose contribuent à l’épaississement et au durcissement des vaisseaux sanguins du corps. Ces deux phénomènes réduisent la vasomotricité et diminuent la capacité du corps à combattre l’hypotension. Le cœur Même sans maladie cardiaque, le cœur de la personne âgée présente une certaine hypertrophie. De plus, une augmentation des tissus fibreux réduit la contractilité du myocarde. Ces phénomènes réduisent la capacité du cœur à augmenter le débit cardiaque lors de situations critiques. En présence d’hypoxie, le cœur de la victime âgée présente des arythmies, une défaillance cardiaque puis l’arrêt cardiaque. Finalement, face à un traumatisme important, les réponses compensatoires sont diminuées. Le système musculo-squelettique Avec les années, les os perdent des minéraux. Cette déminéralisation est présente chez les deux sexes, mais elle est plus importante chez les femmes. La perte de masse osseuse s’accélère après la ménopause. Les femmes sont donc plus susceptibles aux fractures cervicales et du col fémoral. Chez la femme comme chez l’homme, l’énergie moyenne d’un traumatisme peut produire des fractures multiples. Entre 30 ans et 80 ans, les muscles peuvent perdre 30 % de leur masse. La douleur Les personnes âgées vivent de façon quotidienne avec la douleur de l’arthrite. Cette réalité les rend plus susceptibles à sous-évaluer la douleur d’une blessure traumatique. 4 Quels sont les principaux pièges en traumatologie gériatrique? Les fractures cervicales En raison de la relative immobilité de la colonne cervicale liée à l’arthrose, le niveau le plus fréquemment lésé se situe au niveau de C1 et C2. Même un traumatisme de faible amplitude peut provoquer une fracture cervicale chez les aînés. Cette fracture, considérée comme instable, est associée à 25 % des décès traumatiques. Les fractures costales Avec l’âge, la paroi thoracique devient moins élastique et les fractures costales surviennent plus aisément. Chez la personne âgée, les fractures isolées des côtes sont communément le résultat d’une simple chute et occasionnent un taux de morbidité deux fois plus important que chez le jeune adulte. Chez un patient âgé de 70 ans, une fracture de côte entraîne un taux de mortalité augmenté de 19 %. Les traumatismes cranio-cérébraux De vastes modifications fonctionnelles et anatomiques cérébrales compliquent la prise en charge du traumatisme cranio-cérébral chez le patient âgé et augmentent la morbidité de façon considérable. Le cerveau s’atrophie avec l’âge et perd environ 10 % de sa masse entre 30 et 50 ans, une diminution substantielle du volume cérébral augmente la distance entre le cerveau et l’intérieur du crâne, permettant un plus grand mouvement du cerveau lors d’un impact. Il en résulte que des traumatismes relativement bénins peuvent provoquer des saignements veineux responsables d’hémorragies sous-durales ou sous-arachnoïdiens. Le taux de mortalité est deux fois plus élevé chez le sujet âgé que le patient plus jeune lors d’un traumatisme crânien. Selon une étude (Reuter et coll.) ils ont établi un taux de mortalité de 87 % chez les patients de plus de 60 ans admis à l’urgence et dont le score de Glasgow est inférieur à 8 sur 15. 5 Fracture de la hanche Les fractures de l’extrémité supérieure du fémur surviennent préférentiellement chez le sujet âgé, diminuant le pronostic vital. Chez les personnes âgées, il peut être tout à fait mineur, il s’agit le plus souvent d’une simple chute de sa propre hauteur. La femme dont l’espérance de vie est plus longue, et l’ostéoporose plus précoce est plus touchée que l’homme. Les complications de décubitus et le syndrome confusionnel postopératoires expliquent une mortalité de l’ordre de 20 à 30 % dans l’année qui suit la fracture chez les patients de plus de 70 ans. Bibliographie Norman E. McSwain, 2007, Phtls nouvelle édition, USA, Elsevier Masson Pierre Bayard, 2005, Les urgences traumatiques préhospitalières, Canada, Collège Ahuntsic Martin Auger, janvier 2009, La traumatologie en gériatrie, Le médecin du Québec, volume 44, numéro 1 6 Mise en situation Appel pour une femme de 82 ans, chute de sa hauteur en se levant du lit. À votre arrivée, patiente couchée au sol. Quelle sera votre évaluation? Quelle sera votre intervention? A B C D E Stable vs Instable Signes vitaux Stable vs Instable Intervention Évacuation Vos idées pour minimiser notre temps sur place et atteindre le « Silver ten minute » ? : 7 Les anticoagulants « oraux » Augmentent de façon marquée le risque de saignement(s) et de décès lors de traumatisme(s) Warfarine : (Coumadin™ ) (Apo-warfarine) (Mylan-warfarine™) (Novo-warfarine™) (Taro-wafrarine™) Nicoumalone : (Sintrom™) Dabigatran : (Pradax™) Rivaroxaban : (Xarelto™) Les anticoagulants injectables (voie s.c.) pouvant être retrouvés en externe : Héparines & dérivés (HFPM) Augmentent de façon marquée le risque de saignement(s) et de décès lors de traumatisme(s) Daltéparine Danaparoïde Enoxaparine Fondaparinux Héparine Nadroparine Tinzaparine (Fragmin™) (Orgaran™) (Lovenox™) (Arixtra™) (Hépaléan™) (Fraxiparine™) (Innohep™) Mise à jour février 2012 8 Les bloqueurs des canaux calciques (BCC) & les bêta-bloquants (BB) Ces 2 classes de médicaments diminuent la réponse physiologique compensatrice lors de traumatisme(s), de tachycardie réflexe et/ou de vasoconstriction BLOQUEURS DES CANAUX CALCIQUES (BCC) : Amlodipine (Norvasc™) Diltiazem (Cardizem™) (Tiazac™) Felodipine (Plendil™) (Renedil™) Nifédipine (Adalat™) Vérapamil (Isoptin™) (Covera-HS™) BÊTA-BLOQUANTS (BB) : Acebutolol (Sectral™) Bisoprolol (Monocor™) Labetalol (Trandate™) Nadolol (Corgard™) Propranolol (Indéral™) Aténolol (Tenormin™) Carvedilol (Coreg™) Metoprolol (Lopresor™) Pindolol (Visken™) Sotalol (Sotacor™) N.B. Cette liste n’est pas exhaustive. Les formes génériques sont disponibles pour plusieurs de ces molécules. D’autres classes d’hypotenseurs peuvent également nuire à la réponse compensatrice. Mise à jour février 2012 9