objectif nutrition

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les nouvelles de l’Institut Danone
L’enfant face à son alimentation :
une journée de conférences-débats
Nous espérons tous qu’une bonne alimentation durant la petite enfance mettra
plus tard nos enfants à l’abri de problèmes de santé. Cette pensée altruiste ne
s'est pas toujours accompagnée d'une démarche scientifique rigoureuse, mais
les choses changent. Nombre de travaux suggèrent que l'on peut aujourd'hui
prévenir certains risques en modifiant l'alimentation des enfants. De
nombreuses questions se posent alors : pour quelles maladies, dans quelles
conditions et pour combien de temps ? À ceci s'ajoute une autre interrogation :
si l'on doit modifier durablement l'alimentation des enfants, comment s'y
prendre et que leur apprendre ?
Autant de questions qui seront abordées le 14 novembre 2002 à Paris, lors
de la journée de conférences-débats organisée par l'Institut Danone sur le
thème : “L’enfant face à son alimentation”, animée par quatre orateurs prestigieux :
le Pr. J. Ghisolfi (pédiatre, hôpital d’enfants, Toulouse), le Pr. J. Schmitz (pédiatre,
hôpital Necker-enfants malades, Paris), le Pr. J.P. Poulain (sociologue, CETIA,
Toulouse) et le Pr. D. Brasseur (pédiatre, hôpital de la reine Fabiola, Bruxelles).
Cette journée sera, par ailleurs, l’occasion de soutenir les jeunes chercheurs,
avec la remise des prix “Alimentation et Santé” 2002 et la présentation des travaux
des lauréats 2001.
Programme détaillé et inscription : www.institutdanone.org
Créé en 1991, l’Institut Danone rassemble des scientifiques, des médecins et des
personnalités du monde de la nutrition.
Il a pour mission :
- d’encourager la recherche dans le domaine de la Nutrition ;
- d’informer et de former les professionnels de santé sur tous les sujets liés
à l’alimentation ;
- de participer, par des actions d’éducation et d’information, à l’amélioration
de l’alimentation de l’ensemble de la population.
L’Institut Danone est une association régie par la loi de juillet 1901.
Ses publications ne contiennent aucune information à caractère commercial.
126, rue Jules Guesde - 92302 Levallois-Perret - Tél. : 01 40 87 22 00 - Fax. : 01 40 87 23 61
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w w w. i n s t i t u t d a n o n e . o r g
-65- Effets
SEPTEMBRE
2002
OBJECTIF NUTRITION
OBJECTIF NUTRITION
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des probiotiques
sur l’immunité
intestinale
Marie-Christiane MOREAU
INRA, Jouy-en-Josas
tribune
Le s p r o b i o t i q u e s :
une efficacité démontrée ?
Les statisticiens nous ont convaincus,
ces trente dernières années, que la
démonstration de l'efficacité d'un
produit ou d'un traitement, même
nutritionnel, passe par des essais
randomisés double aveugle sur des
échantillons représentatifs de la population ciblée : c’est la “médecine
fondée sur les preuves”. Quand un
essai randomisé double aveugle est
positif, le scientifique peut encore
douter. Il est alors souhaitable de
disposer d'essais de confirmation,
menés dans l'idéal par des équipes de
chercheurs indépendants. Une fois la
démonstration faite, il convient encore
de ne pas l’extrapoler abusivement.
L'effet positif de certains probiotiques
dans le traitement de gastro-entérites,
diarrhées aux antibiotiques, pochites
réfractaires après anastomose iléoanale, ou encore d'intolérance au
lactose, a été démontré avec un
niveau de preuve très élevé. Pourquoi
donc encore en douter ? Deux raisons
peuvent y concourir et constituent
une menace au développement
scientifique. La première est l'extrapolation abusive de résultats (communication mensongère) et la seconde
l'imperméabilité injustifiée à des résultats (étroitesse d'esprit ou parti pris).
d'autres, économisant le coût d'études,
mais exposant à la tromperie. Elle peut
aussi porter sur les effets attendus et
attribuer à une souche efficace sur une
fonction des effets bénéfiques sur des
fonctions différentes. Enfin, la nécessité
de simplifier le message publicitaire
pour le rendre compréhensible à tous
majore ce risque.
Cependant, le danger vient aussi de
blocages, parfois sévères chez certains,
dans la réception de l'information. Une
génération entière de chercheurs a
pensé que les probiotiques ne pouvaient pas être efficaces et a construit
des barrières qui les conduisent
aujourd'hui à refuser l'évidence : “les
probiotiques sont détruits dans l'estomac…”, “ils ne peuvent pas coloniser
l'intestin”…
Si vous vous reconnaissez dans l'un
de ces mouvements de pensée :
stop… Aujourd'hui, il semblerait absurde de poser la question : “les antibiotiques, une efficacité démontrée ?”
Il en est déjà de même pour les probiotiques pour lesquels la question
d’actualité est maintenant : “quels
effets ont été démontrés avec un bon
niveau de preuve et avec quel
probiotique ?”
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dossier
Effets des probiotiques
sur l’immunité intestinale
Marie-Christiane MOREAU
I N R A, Jouy-en-Josas
Parmi les multiples fonctions de
l’intestin, celles qui concernent
l’immunité sont très importantes
pour notre santé. Elles ont comme
objet de supprimer les réponses immunes
envers les protéines alimentaires permettant
une alimentation sans risque d’allergie ni
d’hypersensibilités aux aliments, et d’élaborer
des réponses immunes protectrices contre
les micro-organismes pathogènes.
Ces fonctions sont fortement influencées
par les bactéries intestinales, appartenant
à la flore résidente ou fournies par certains
aliments très riches en micro-organismes,
L'extrapolation est tentante… Elle peut
consister à attribuer à certaines
souches les bénéfices observés avec
2
Pr. Philippe MARTEAU
Hôpital Européen Georges Pompidou
AP/HP, Paris
les "probiotiques".
3
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Effets des probiotiques sur l’immunité intestinale
On sait depuis des siècles que
les laits fermentés ont une
action favorable sur la diarrhée.
Au début des années 1900,
Metchnikoff, prix Nobel, attribua la longévité et la santé
exceptionnelle des Bulgares à la
présence, en grand nombre, de
bactéries lactiques dans le
yaourt.
Ces micro-organismes, qui
pourraient agir favorablement
sur notre santé, sont appelés
"probiotiques" : "Micro-orgaFocus
nismes vivants qui,
ingérés en quantité
Certains aliments sont très
convenable, ont des
riches en micro-organismes
effets bénéfiques sur la
vivants, bactéries et levures :
santé de l'hôte en améproduits laitiers (yaourts, laits
liorant son équilibre
fermentés, fromages) mais
microbien intestinal."
aussi bières et vins. L’ingestion
Actuellement, divers produits contenant des bactéprésente pas de danger.
ries lactiques probioCertaines études suggèrent
tiques ont été développés,
qu’elle serait plutôt associée à
notamment le yaourt et
des effets positifs sur l’immunité.
d’autres laits fermentés
possédant une souche
particulière de probiotique soit
seule, soit associée avec les
ferments lactiques du yaourt (encadré 1). Cette démarche ne concerne
encore que les laits fermentés, les
micro-organismes contenus dans
les fromages n’ayant pas encore
faits l’objet de tels développements.
de ces bactéries vivantes ne
4
L’intestin, cet inconnu
L’intestin est le premier organe
immunitaire de notre organisme :
environ 60 % des cellules immunes
de l’organisme sont présentes dans
la muqueuse intestinale (figure 1).
L’intestin abrite également une
microflore imposante, 100 000
milliards de bactéries, située essentiellement dans le colon, et répartie
en groupes dominants (actifs) et
sous-dominants selon un équilibre
microbien globalement spécifique
de chaque espèce animale et de
chaque période de la vie.
Le système immunitaire associé à
l’intestin a la particularité d’être
en contact permanent avec les
protéines alimentaires et celles
des bactéries de notre flore intestinale sans déclencher de
réponses immunes contre elles,
empêchant ainsi les hypersensibilités alimentaires dont l’allergie
et les réactions inflammatoires
chroniques de l’intestin. Cette
fonction importante, la "tolérance
orale", permet de se nourrir et de
tolérer la flore intestinale résidente.
Le système immunitaire associé à
l’intestin doit également protéger
l’hôte de la pénétration des bactéries résidentes dans le compartiment systémique (translocation)
et de l’envahissement par des
micro-organismes
pathogènes,
virus (rotavirus, poliovirus), bactéries
FE R M E NTS LAC TIQU E S UTI LI SÉS POU R LA FAB R ICATION
DE S LAITS FE R M E NTÉS COM M E RC IALI SÉS
• Ferments du yaourt :
- Lactobacillus bulgaricus + Streptococcus thermophilus.
• Autres ferments utilisés pour les laits fermentés :
- Lactobacillus casei Defensis
- Lactobacillus casei Shirota
- Lactobacillus rhamnosus GG
- Lactobacillus johnsonii
- Diverses souches de Bifidobacterium…
Encadré 1
(Salmonella, Listeria, Clostridium…) et
parasites (toxoplasme) dont
beaucoup sont responsables de
diarrhées. Pour cela, il développe
des réponses immunes protectrices, dont la synthèse d’anticorps portés par une classe
d’immunoglobulines particulière,
les IgA sécrétoires, adaptées à
l’intestin et dont les rôles sont
d’empêcher la translocation bactérienne, de neutraliser les
toxines, d’inhiber la multiplication
virale dans l’entérocyte, de bloquer l’adhésion des bactéries à la
muqueuse...
Micro-organismes et
immunité intestinale
Des études comparatives entre
des souris sans germes, élevées
dans des bulles stériles à l’abri de
toute contamination bactérienne,
et leurs homologues élevés
classiquement en animalerie, ont
montré l’influence qu’exerce la
flore intestinale résidente sur la
maturation et le développement
du système immunitaire intestinal,
donc sur ses fonctions.
Lorsque la flore résidente est
perturbée (prise d’antibiotiques,
maladie, alimentation, stress, laxatifs…), le fonctionnement du système
immunitaire ne sera pas optimal.
Ainsi chez l'enfant, entre 0 et 2 ans,
la flore intestinale, peu diversifiée,
donc fragile, (une dizaine de
souches bactériennes contre 300
à 400 chez l’adulte) est très facilement perturbée et déséquilibrée.
Or l’enfant doit acquérir, le plus
rapidement possible, un système
immunitaire intestinal fonctionnel
afin de ne pas développer d’allergies alimentaires et de se
défendre contre certains germes
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d o s s i e r
Effets des probiotiques sur l’immunité intestinale
60 à 70% de nos
cellules immunitaires
fréquence de l’eczéma atopique
était de 23 % chez les enfants
traités contre 46 % dans le groupe
placebo. Les mécanismes de cette
protection ne sont pas encore
connus.
Superficie d'environ
300 m 2
Aux environs de deux ans, la
composition de la flore intestinale
de l’enfant est proche de celle de
l’adulte. En même temps, les pathologies décrites ci-dessus disparaissent
dans la majorité des cas.
L’I NTE STI N, C ET I NCON N U !
100 000 milliards
de bactéries
100 millions
de neurones
Figure 1
entéropathogènes auquel il est
très sensible, comme les rotavirus.
L’ingestion de micro-organismes
vivants présents dans l’aliment
pourrait ainsi avoir des effets
bénéfiques en palliant les insuffisances d’une flore intestinale résidente déséquilibrée. Contrairement
aux bactéries résidentes, les
probiotiques ne colonisent pas
durablement le tube digestif, ils
transitent seulement. Cependant,
il a été démontré qu’ils peuvent
exercer des effets sur l’hôte durant
ce temps de transit, à certaines
conditions : présence en grand
nombre dans l’aliment (ingestion
d’au moins 109), résistance à l’acidité gastrique et aux sels biliaires
afin de survivre en nombre convenable dans le tube digestif,
propriétés immunomodulatrices
équivalentes à celles des bactéries
intestinales résidentes…
6
Données cliniques chez
l’homme
Les études cliniques les plus
probantes concernent l’enfant chez
qui des effets curatifs et préventifs
des probiotiques ont été démontrés
envers les diarrhées à rotavirus,
avec mise en évidence d’une
corrélation entre la diminution du
temps de diarrhée et la stimulation
de la synthèse des anticorps IgA
antirotavirus (encadré 2). Quant à
l’allergie alimentaire, une étude
finlandaise récente a montré, pour
la première fois, un effet préventif
de l’ingestion de la souche L. rhamnosus GG sur l’eczéma atopique de
nourrissons issus de familles à
risque. Dans un groupe de 134
mères allaitantes, la moitié a reçu
1010 L. rhamnosus par jour, un mois
avant l’accouchement puis 6 mois
après (mère ou bébé), et l’autre
moitié un placebo. À deux ans, la
Chez l'adulte, la démonstration des
effets bénéfiques des probiotiques
est beaucoup plus difficile à faire. On
parle plus de "pistes à suivre" que de
certitudes. Les études difficiles,
onéreuses, utilisant des probiotiques
différents, réalisées sur des
cohortes d’individus souvent non
comparables, aboutissent à des
résultats parfois contradictoires.
Plusieurs études montrent un effet
préventif notable de l’ingestion de
différents probiotiques envers les
diarrhées associées à la prise
d’antibiotiques. L’intervention de
l’immunité n’est pas certaine,
cette protection pouvant aussi
s’expliquer par les effets antagonistes des probiotiques envers les
germes pathogènes opportunistes.
Pour la diarrhée du voyageur, dont
l’origine est multiple, les tentatives
de prévention par les probiotiques
donnent des résultats contradictoires.
Dans le traitement des candidoses
vaginales, un effet bénéfique des
probiotiques semble exister, sans
que l’on en connaisse les mécanismes. Des études chez l’animal
montrent des effets préventif et
curatif de diverses souches de
bifidobactéries envers le cancer du
colon mais la démonstration est
encore floue chez l’homme.
Cependant, un effet protecteur
envers la récidive du cancer superficiel de la vessie a été montré avec la
souche L. casei Shirota. Les mécanismes impliqueraient un rôle inhibiteur des probiotiques sur la synthèse
de métabolites carcinogènes par la
flore intestinale résidente, l’intervention d’une stimulation de cellules
immunes NK (à activité antitumorale)
restant encore hypothétique. Enfin,
dans le traitement de certaines maladies inflammatoires du tube digestif
où l’on observe une réponse immune anormalement dirigée contre les
bactéries de la flore intestinale, l’ingestion de probiotiques a donné des
résultats contradictoires. Une récente
étude encourageante, utilisant une
association de huit souches de bactéries lactiques, a conduit à observer,
dans le groupe traité, une augmentation de la durée de rémission de la
poussée inflammatoire.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’action
directe sur le système immunitaire
intestinal, plusieurs études rapportent
un effet de différentes souches de
7
d o s s i e r
Effets des probiotiques sur l’immunité intestinale
PROB IOTIQU E S ET I M MU N ITÉ :
ÉTU DE S C LI N IQU E S C H EZ L’E N FANT
• Diarrhées à rotavirus : études indépendantes avec plusieurs
probiotiques
- Effet curatif : diminution du temps de diarrhée et de leur
sévérité (L. rhamnosus GG, L. casei Shirota, L. casei Defensis,
L. bulgaricus + S. thermophilus…)
- Effet préventif : diminution de la fréquence de diarrhée
dans les populations à risques (S. thermophilus + B. bifidum,
S. thermophilus + B. breve)
- Stimulation des IgA antirotavirus (L. rhamnosus GG )
• Allergies alimentaires : études sur un seul probiotique :
L. rhamnosus GG
- Effets curatif et préventif sur l’eczéma atopique du nourrisson.
aux mécanismes en cause. Ainsi, la
stimulation de la phagocytose, de
la synthèse de cytokines, des IgA
sécrétoires, de l’activité cytotoxique
des cellules NK…, sont autant
d’éléments permettant de comprendre comment les probiotiques peuvent exercer leurs
pouvoirs immunomodulateurs.
Les études ne font que commencer
chez les personnes âgées chez qui
l’on constate souvent une modification de l’équilibre de la flore
intestinale en même temps qu'un
déclin des fonctions immunes.
Encadré 2
probiotiques sur la stimulation de
l’activité phagocytaire de populations de cellules immunes circulantes qui participent à l’immunité
dite "innée". Cette forme d’immunité permet à l’organisme de se
débarrasser très rapidement des
germes opportunistes avant l’intervention plus tardive des réponses
immunes spécifiques de l’immunité
"acquise" (anticorps, réponses cellulaires). De plus, les cellules phagocytaires jouent un rôle primordial dans l’immunité acquise :
présentation de l’antigène, synthèse de molécules régulatrices des
réponses immunes, les cytokines.
Leur activité est donc très importante pour un bon fonctionnement du système immunitaire.
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Conclusion
Des effets à long terme ?
Le rôle des probiotiques dans la
prévention à long terme de pathologies chez l’homme n’est pas
connu. De même chez le sujet
sain, peu d'études ont été
publiées. Elles sont pourtant
intéressantes. D’une part elles ne
décrivent parfois aucun effet, ce
qui conforte l’idée que l’action des
probiotiques ne serait que
d’optimiser les fonctions immunes
lorsque cela n’a pas été réalisé par
la flore bactérienne résidente, et
non de les "surstimuler" inutilement. D’autre part, elles ne
s’intéressent pas à des pathologies
mais aux cellules immunes
concernées par les effets probiotiques, permettant d’avoir accès
Beaucoup de travaux sont encore
nécessaires pour mieux comprendre comment et dans quelles
conditions les probiotiques peuvent
agir, en particulier pour le maintien de la santé chez l’homme
sain. Leurs effets seront d'autant
plus efficaces que la microflore
intestinale, fragile ou perturbée,
n'est pas, ou plus, capable d'exercer
pleinement son action stimulante
sur le système immunitaire. D’un
point de vue fondamental, la
connaissance du rôle immunomodulateur des bactéries de la flore
intestinale résidente et des mécanismes impliqués est indispensable pour mieux comprendre l’effet des probiotiques. Elle va de pair
avec celle des propriétés immuno-
modulatrices
propres
à
chaque souche probiotique.
En effet, toutes les souches
appartenant à un même genre
bactérien n’ont pas le même
pouvoir immunomodulateur. Il
n’est guère probable qu’une
seule souche puisse stimuler
tous les aspects de la réponse
immune ! Des applications
plus ciblées pourraient être
alors envisagées, en fonction
de l’âge, du traitement d'une
pathologie ou de sa prévention à long terme.
Marie-Christiane Moreau
INRA, Jouy-en-Josas
Bibliographie
OBJECTIF NUTRITION
DA/330 - ON n° 65 6/09/02 10:31 Page 9
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Gaboriau-Routhiau V.
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2001. Probiotics in primary
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the use of probiotics. Am. J.
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9
OBJECTIF NUTRITION
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sécurité et qualité alimentaire
revue de presse
La traçabilité
Les consommateurs veulent connaître
l’origine des aliments qu’ils achètent.
Pour satisfaire cette demande et
retrouver “l’histoire” d’un produit en
cas d’accident sanitaire, les industriels ont mis en place des procédures de “traçabilité”. Selon la norme
ISO 8402, la traçabilité se définit par
“l’aptitude à retrouver l’historique, l’utilisation ou la localisation d’une entité
(par exemple un végétal, un animal,
une denrée alimentaire) au moyen
d’identifications enregistrées”.
La traçabilité permet aux professionnels de suivre la circulation des denrées et les transformations qu’elles ont
subies, de la ferme aux points de
vente, ou de remonter la filière "produit", de l’aval vers l’amont, afin de
revenir à l’origine d’une contamination
pour retirer les produits susceptibles
d’avoir été contaminés.
On parle donc de “traçabilité montante” et de “traçabilité descendante”.
La première est un outil mis au service
de bonnes pratiques de production ;
la seconde est un outil précieux pour
la mise en œuvre des procédures de
rappel ciblé d’un produit.
La réglementation européenne rend
obligatoire la traçabilité au sein de la
filière viande, de la naissance de l’animal jusqu'à la vente aux consommateurs, et impose de tenir des registres
publics sur la localisation des OGM
utilisés dans la recherche et le com-
Des cours de cuisine pour les futurs médecins
merce. Pour les autres produits, la traçabilité est une démarche “volontaire”
dont il n’est guère possible de se dispenser : c’est un passage obligé de la
gestion de la qualité pour les professionnels de la chaîne alimentaire. La
tâche peut être très complexe. On
imagine le nombre d'informations à
traiter et à stocker pour les aliments
dans lesquels entrent un très grand
nombre d’ingrédients, tels les plats cuisinés.
Les techniques “moléculaires” et
l'Internet s'avèrent être des auxiliaires
essentiels de la traçabilité. Les techniques “moléculaires” servent à identifier les produits d’origine biologique
au niveau des espèces (présence ou
absence de porc, de soja ou d’une
plante OGM) et même des individus
(tel rôti provient de telle vache de tel
élevage).
Quant à l'Internet, il assure la mise en
réseau des données collectées : la
transmission automatique des informations recueillies réduit au minimum
les risques d’erreur inhérents à leur saisie manuelle. Les codes-barres et les
étiquettes électroniques permettent
d’identifier et de suivre les contenants
(cartons, palettes…) et les contenus
(denrées).
Medical Students learn to cater for
healthy appetites – Payne D., The
Lancet, 2002, 359 : 1220
Les étudiants qui se destinent à devenir
médecins n’ont pas nécessairement
de meilleures habitudes alimentaires
que les autres. Pourtant, compte tenu
des relations entre alimentation et
santé, le conseil diététique représentera
une part croissante de leur pratique.
Ainsi, une enquête portant sur deux
mille diabétiques révèle que la moitié
d’entre eux n’ont jamais pu profiter de
conseils hygiéno-diététiques (alimentation, exercice physique, arrêt du
tabac) alors qu’il leur était recommandé de contrôler “leurs facteurs de
risque cardio-vasculaire”. Une étude
canadienne portant sur l’analyse de la
consommation de fruits et légumes
rapporte que les jeunes filles ayant
quitté l’école avant 18 ans et dont les
revenus sont bas, consomment plus
de fruits et légumes que les cadres
célibataires, d’âge moyen, dont les
revenus sont situés dans la tranche
supérieure. Le manque de savoir-faire
culinaire pour accommoder les
aliments peut expliquer, en partie,
cette différence de consommation.
D’où l’initiative du service d’épidémiologie et de médecine préventive de
l’université du Maryland (USA) :
proposer dans le cursus médical des
cours de cuisine “cooking classes for
healthy living”. Ces “classes de cuisine”
orientées vers la pratique ont plus
d’impact que la lecture d’une recette
diététique. Le professeur est un
authentique chef et les paillasses sont
des fourneaux. Au programme, des
"menus pour tous" visant à améliorer
l’équilibre alimentaire : par exemple,
moins de graisses saturées, plus de
fibres pour diminuer les facteurs de
risques et prévenir les maladies
cardio-vasculaires. La majorité des
vingt-cinq étudiants qui ont suivi les
cours ont déclaré se sentir alors
beaucoup plus en confiance pour
conseiller leur patients, y compris dans
le choix des ingrédients et des
recettes. Leur propre alimentation s'est
significativement améliorée, notamment la consommation de fibres. Un
exemple que d’autres universités,
comme le King’s College de Londres,
commencent à suivre.
Mais pourquoi limiter cette initiative
aux futurs médecins ? À quand les
cours de cuisine à l’école ?
Objectif Nutrition, La Lettre de l’Institut Danone.
Pierre FEILLET
INRA, Montpellier
Directeur de la publication : Pr Daniel Rigaud, CHU Le Bocage, Dijon. Rédacteur en chef :
Dr Jean-Laurent Le Quintrec, Hôpital Ste Périne, AP/HP, Paris. Rédactrice en chef-adjointe :
Sandrine Piredda, Danone France, Paris. Secrétaire de rédaction : Amandine de Francqueville,
Danone France, Paris. Comité de rédaction : Pr Jean Adrian, CNAM, Paris ; Dr Brigitte Boucher,
Paris ; Pr Pierre Bourlioux, Faculté de Pharmacie, Paris ; Pr Jean Navarro, Hôpital Robert Debré,
AP/HP, Paris ; Dr Martine Pellae, Hôpital Bichat, AP/HP, Paris ; Pr Philippe Vague, Hôpital de la
Timone, Marseille.
Conception-réalisation : Shanghaï – 28 rue de Solférino – 92100 Boulogne. Direction artistique :
Nolwenn Audoueineix. Chef d’édition : Jean-Charles Fauque. Illustration de couverture :
Stone. Mise en pages : Stéphane Gouriou. Photogravure /Impression : Diamant Graphic.
Dépôt légal : 3e trimestre 2002. Nº ISSN : 1166357 X.
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