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Sociétal
N° 35
1er trimestre
2002
DOSSIER
– les jeunes entreprises, qui font
appel au capital-investissement, en
amont de la cotation ;
– les investisseurs, en premier lieu
les investisseurs institutionnels – so-
ciétés de gestion, sociétés d’assu-
rance, caisses de retraite,mutuelles,
fonds d’investissement… –, qui ont
besoin des meilleurs services en
matière de liquidité et d’exécution
sur les marchés, d’une analyse
financière compétitive, etc. ;
– les épargnants particuliers ;
– les intermédiaires financiers,
banques et intermédiaires de Bourse,
ainsi que la Bourse elle-même, qui
offrent leurs services aux émetteurs
et aux investisseurs ;
– un ensemble de professions qui
apportent aussi leurs services :
auditeurs, informaticiens, sociétés
de conseil, juristes, avocats... ;
– enfin, au sommet de l’édifice,
les autorités de tutelle des marchés,
qui jouent un rôle essentiel dans
leur organisation et leur régulation.
Même dans un monde devenu
global, les acteurs économiques ont
besoin d’une place financière de
proximité qui les aide à mettre en
œuvre leurs projets et à effectuer
leur développement international :
cela va de soi pour les grands
groupes,mais c’est encore plus vrai
pour les entreprises de taille plus
réduite,auxquelles la place offre une
meilleure visibilité internationale.
UNE FONCTION
ÉCONOMIQUE CENTRALE
La place financière fournit à
l'économie les ressources dont
elle a besoin, en particulier en
transformant l'épargne en investis-
sement. Or, on sait que le taux
d’épargne, en France, est l’un des
plus élevés du monde : autour de
16 % du revenu disponible des
ménages en 2000, contre 11% en
Allemagne et 7 % au Royaume-Uni.
Le développement des marchés
financiers en France, depuis deux
décennies, a fortement contribué
à améliorer la rémunération de
cette épargne. Aujourd’hui, la part
des valeurs mobilières dépasse celle
des actifs non financiers (logements,
terrains, etc.) dans le patrimoine
des ménages français.
Les marchés de capitaux contribuent
également à répondre aux besoins
de financement des entreprises.
En France, en 2000, l’industrie
bancaire et financière a apporté
178 milliards d’euros aux entre-
prises ; au sein de cet ensemble,
les capitaux apportés par la place
de Paris (actions, obligations,TCN)
ont dépassé 100 milliards d’euros
(contre 54 milliards en 1997), alors
que les nouveaux crédits bancaires
représentaient 78 milliards.
Aujourd’hui, le marché français
est le premier d’Europe en termes
d’encours pour les obligations
émises par les entreprises (plus
de 130 milliards d’euros). Paris est
le plus gros marché d’Europe
continentale pour les obligations
convertibles. Le marché français du
«papier commercial » est également
le plus important d’Europe, avec
un encours de plus de 80 milliards.
Depuis la création de l’euro, de
nombreux émetteurs internatio-
naux ont privilégié la place de Paris
comme plate-forme de financement
de leurs activités en Europe (17%
des émetteurs sont non-résidents).
De même, la place de Paris a su ra-
pidement mobiliser des ressources
pour financer les entreprises de
croissance. En 2000, le capital-
investissement a connu une année
record, avec près de 5 milliards
d’euros investis (soit une progres-
sion de 65% par rapport à 1999).
Ces ressources collectées ont
permis de financer plus de 4 000
entreprises.
Enfin, ce secteur est en lui-même
une source importante d'emplois
et de création de richesse. Au
plan national, l’industrie financière
emploie 660 000 personnes, soit
3,7 % de la population active. Elle
génère 4,8 % de la valeur ajoutée
du pays, soit bien davantage que
la construction, l’industrie agroali-
mentaire ou encore l’industrie au-
tomobile – qui pourtant mobilisent
davantage les hommes politiques.
La place de Paris, au sens strict,
représente environ 150 000 emplois,
à comparer à 300 000 emplois
estimés pour Londres et environ
150 000 pour Francfort. Pour la
région Ile-de-France, le poids du
secteur financier (banque,assurance,
etc.) est estimé à 6,4% de l’emploi,
soit 250 000 personnes, et à 12%
du PIB régional.
MIEUX RÉGULER
LES MARCHÉS
Les acteurs de la place financière
se sont regroupés historique-
ment autour d'une Bourse des
valeurs mobilières. Mais ces deux
entités ne peuvent plus être
confondues : la Bourse, désormais
dématérialisée,ne concerne que les
intérêts des opérateurs boursiers.
La place est aussi un pôle de gestion,
la plate-forme des centres décision-
nels des établissements bancaires,
un pôle d’émetteurs industriels.
Ainsi, dans la mesure où elle per-
met la mise en œuvre de stratégies
d'acteurs dont les intérêts sont
parfois différents, et notamment
une régulation des activités finan-
cières, une place financière peut
être un moyen efficace de répondre
de façon opérationnelle à certains
dysfonctionnements des marchés.
A cet égard, il pourrait revenir,
aujourd’hui, à la Place de Paris de
lancer des initiatives sur certains
sujets spécifiques, comme l’analyse
des différentes catégories d’inves-
tisseurs et leurs comportements
en matière de placements,l’emprise
excessive de la performance sur le
comportement des gérants, les
risques liés au «court-termisme »
des marchés et les moyens d’y
remédier, l’amélioration de la for-
mation des analystes financiers.
Si la place fonctionne bien, si elle
représente une masse critique
LE « SITE FRANCE » EN DANGER