ECS3 Carnot Chapitre 27 — Applications linéaires. 2013/2014
Chapitre 27 : Applications linéaires.
1 Applications linéaires
1.1 Définitions
Définition 1.1.1
Soit Eet Fdeux K-espaces vectoriels. On dit que f:EFest linéaire lorsque
1. u, v E, f(u+v) = f(u) + f(v).
2. λK,uE, f(λu) = λf(u).
L’ensemble des applications linéaires de Edans Fest noté L(E, F ).
En particulier si fest linéaire, on a toujours f(0E) = 0Fcar f(0 ·u) = f(0E) =
0·f(u) = 0F.
Définition 1.1.2
Une application linéaire de Edans Eest appelée endomorphisme. On note
L(E)l’espace L(E, E)des endomorphismes de E.
– Une application linéaire de L(E, K)est appelée forme linéaire. L’ensemble
L(E, K)est souvent noté Eet s’appelle le dual de E.
Exemple. L’application EF u 7→ 0Fest linéaire. IdE:EE u 7→ uest linéaire.
RRx7→ ax est linéaire.
Exercice. Montrer que les seules applications linéaires de Rdans Rsont les x7→ ax.
Exemple. L’application R3R(x, y, z)7→ 3xyest une forme linéaire. L’application
F(R,R)Rf7→ f(1) est linéaire. De même l’application D1(R,R)→ F(R,R)f7→ f.
Proposition 1.1.1
Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f:EFest linéaire.
2. u, v E, α, β K, f (αu +βv) = αf (u) + βf(v)
3. u, v E, λK, f(u+λv) = f(u) + λf(v).
Il est souvent plus rapide d’utiliser le troisième point pour montrer qu’une application
est linéaire.
Plus généralement on a par récurrence
Proposition 1.1.2
L’image par une application linéaire fd’une combinaison linéaire est la combinaison
linéaire des images, avec les mêmes coefficients :
f(
n
X
i=1
λiui) =
n
X
i=1
λif(ui)
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1.2 Opérations sur les applications linéaires
1.2.1 Somme, produit par un scalaire
Proposition 1.2.1
L’ensemble L(E, F )est un sous-espace vectoriel de (F(E, F ),+,·).
Démonstration : En effet, la fonction nulle est linéaire et si f, g L(E, F )et λK, alors
f+λg est linéaire car si u, v Eet αK, on a
(f+λg)(u+αv) = f(u+αv) + λg(u+αv)
=f(u) + αf(v) + λg(u) + λαg(v)
= (f+λg)(u) + α(f+λg)(v)
1.2.2 Composition
Proposition 1.2.2
Si fL(E, F )et gL(F, G)alors gfL(E, G).
Démonstration : En effet, si u, v Eet λKon a gf(u+λv) = g(f(u) + λf(v)) =
g(f(u)) + λg(f(v)) = gf(u) + λg f(v)
Exemple. L’application f7→ f(1) est linéaire.
Proposition 1.2.3
Si f, fL(E, F ),g, gL(F, G)et λKalors
1. (g+g)f=gf+gf
2. g(f+f) = gf+gf
3. (λg)f=λ(gf)
4. g(λf) = λ(gf)
Démonstration : Exercice.
En général, f, g L(E)ne commutent pas. Par exemple si E=R2et f(x, y) = (x, 2x)
et g(x, y) = (0,3y+x)alors gf(x, y) = (0,7x)et fg(x, y) = (0,0). Par contre si deux
endomorphismes commutent, on a par récurrence
Proposition 1.2.4 (Formule du Binôme de Newton)
Soit nNet uL(E). Alors on définit unpar u0= IdEet un+1 =uun. Si
f, g L(E)commutent, alors
(f+g)n=X
k=0
nn
kfkgnk
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1.2.3 Réciproque d’une application linéaire bijective
Définition 1.2.1
Soit fL(E, F ). Si fest bijective, alors f1L(F, E). On dit alors que fest un
isomorphisme de Evers F. Si E=Fon parle alors d’automorphisme.
Démonstration : Soit v, vFet λK. Alors f1(v) + λf1(v)est un élément de E
et son image par fest f(f1(v) + λf1(v)) = f(f1(v)) + λf(f1(v)) = v+λv=
f(f1(v+λv)). Comme fest bijective, on a f1(v) + λf1(v) = f1(v+λv)).
Définition 1.2.2
Deux K-espaces vectoriels Eet Fsont isomorphes lorsqu’il existe un isomorphisme de
l’un vers l’autre.
Exemple. R2et Csont isomorphe puisque (x, y)7→ x+iy est un isomorphisme.
Définition 1.2.3
L’ensemble des applications linéaires bijectives de Edans E(i.e. des automorphismes
de E) est stable pour la composition. On le note GL(E)et on l’appelle groupe linéaire
de E.
1.2.4 Applications linéaires et formes linéaires
En général, on remontre au cas par cas la proposition suivante :
Proposition 1.2.5
Soit ϕL(E, K)et v0F. Alors f:EF,u7→ ϕ(u)·v0est linéaire.
Démonstration : Exercice.
Exemple. Puisque (x, y)7→ 2yxest linéaire. Avec v0= (1,1,1) on en déduit que
f:R2R3(x, y)7→ (2yx, 2yx, x 2y)est linéaire.
1.3 Image directe, image réciproque
Proposition 1.3.1
Soit fL(E, F ). Si Aest un sous-espace de Ealors f(A)est un sous-espace de F. Si
Best un sous-espace de Falors f1(B)est un sous-espace de E.
Démonstration : Comme 0EA, on a 0F=f(0E)f(A). Soit u, v f(A)et λK. Alors
u=f(x)pour xAet v=f(y)pour yA. On a u+λv =f(x+λy)f(A)car Aest
un sous-espace.
On a 0Ef1(B)car f(0E) = 0FB. Si u, v f1(B)et λK, alors f(u+λv) =
f(u) + λf(v)Bcar Best un sous-espace. Donc u+λv f1(B).
1.4 Noyau, image
Définition 1.4.1
Soit fL(E, F ).
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1. Im f=f(E) = {f(u), u E}est un sous-espace vectoriel de F.
2. Ker f={uE, f (u) = 0F}=f1({0F})est un sous-espace vectoriel de E
appelé noyau de f.
Proposition 1.4.1
Soit fL(E, F ). Alors f(u) = f(u)si et seulement si uuKer f. De plus, on a
les équivalences
fsurjective Im f=F
finjective Ker f={0E}
Démonstration : En effet, f(u) = f(u)si et seulement si f(uu) = 0 i.e. uuKer f.
Si Ker f={0}alors u=uet fest injective. Si fest injective, alors f(u) = 0 = f(0)
entraine que u= 0 donc Ker f⊂ {0}et Ker f={0}car c’est un espace vectoriel.
1.5 Exemples d’applications linéaires
1.5.1 Homothéties
Définition 1.5.1
Les homothéties sont les endomorphismes du type hα=αIdE, i.e. u7→ αu.
Proposition 1.5.1
Les homothéties commutent avec tous les endomorphismes. Si αK r {0}alors hαest
un isomorphisme de réciproque hα1.
DESSIN
1.5.2 Projecteurs
Définition 1.5.2
Soit F, G deux sous-espaces supplémentaires de E. L’application
p:E=FGE
u=v+w7−v
est le projecteur sur Fparallèlement à G.
DESSIN
Proposition 1.5.2
Soit E=FGet ple projecteur sur Fparallèlement à G. Alors
1. pL(E)
2. Im p=F
3. Ker p=G
4. Ker (pId) = {uE, p(u) = u}=F
5. pp=p
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Démonstration : Linéarité : si u, uEet λK. On décompose u=v+wet u=v+w.
Donc u+λu= (v+λv) + (w+λw)par unicité de la décomposition on a p(u+λu) =
v+λv=p(u) + λp(u).
Noyau : soit uE,u=v+w. Alors p(u) = 0 v= 0 u=GDonc Ker u=G.
Image : Im pFest trivial. Soit uF. Alors u=u+ 0 donc p(u) = uet uIm p
Invariants : Si u=p(u)alors uIm p=Fet si uFalors p(u) = u.
pp: pour tout uEon a pp(u) = p(p(u)) = p(u)car p(u)F= Ker (pId).
Définition 1.5.3
Un projecteur est un endomorphisme ftel qu’il existe une décomposition en somme
directe E=FGet fest le projecteur sur Fparallèlement à G.
Théorème 1.5.1
SoitfL(E). Alors fest un projecteur si et seulement si ff=f. Autrement dit les
projecteurs sont exactement les endomorphismes idempotents.
Démonstration : L’implication directe a déjà été montrée. Pour la réciproque, soit fL(E)
tel que ff=f. Il faut trouver deux espaces supplémentaires qui conviennent. Mais d’après
la proposition précédente, on est amené à d’intéresser à F= Ker (fId) et G= Ker f.
Alors Fet Gsont des sous-espaces. On a FG={0}. En effet, si uFG, alors f(u) = u
et f(u) = 0 donc u= 0.
De plus E=F+G. En effet, si uE, on écrit la décomposition u=f(u) + uf(u).
On a f(u)Fcar f(f(u)) = f(u)et uf(u)Gcar f(uf(u)) = f(u)f(f(u)) =
f(u)f(u) = 0. On a donc FG=Eet fest la projection sur Fparallèlement à Gcar
tout udans Ese décompose en u=f(u) + uf(u).
Définition 1.5.4
Soit ple projecteur sur Fselon G. Le projecteur associé à pest le projecteur qsur G
selon F. On a p+q= IdE.
Exemple. Comme cas particulier on a la projection sur Eselon {0}qui est l’identité et
la projection associée qui est l’application nulle.
1.5.3 Symétries — hors programme
Définition 1.5.5
Soit E=FG. La symétrie par rapport à Fselon Gest l’application
f:E=FGE
u=v+w7−vw
DESSIN
Exemple. Cas particulier : la symétrie par rapport à Eselon {0}est l’identité et la
symétrie par rapport à {0}selon Eest IdE.
Proposition 1.5.3
Soit fla symétrie par rapport à Fselon G.
1. f= 2pIdEpest le projecteur sur Fselon G. Donc fL(E).
2. ff= IdE. Donc fest bijective, de réciproque f.
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