EXTRAITS DE PRESSE
Jean-Quentin Châtelain avec sa voix si particulière, une musique, un lointain accent suisse, une
originalité puissante de tout l'être. La voix le dit, mais tout le corps, la manière d'être, de bouger, de
s'asseoir, de se coucher un moment sur la banquette de mosaïque, tout dit l'originalité et l'ultra
sensibilité. Bérangère Bonvoisin est très fine et elle a très bien conduit ce travail. Il y a un équilibre très
délicat entre la solitude et Cousin/Châtelain et le fait qu'il s'adresse à un auditoire : dans l'ouvrage il se
« livre » littéralement, sur scène, on ne peut pas faire abstraction de la présence du public.
Le comédien, fugitivement, s'adresse à nous. Il nous prend implicitement à témoin. C'est très subtil et
cela nous implique d'une manière très tendre. Jamais on a si bien entendu l'écriture même de Romain
Gary. Ce n'est pas la moindre vertu de ce spectacle. Parce que Jean-Quentin Châtelain est un comédien
exceptionnel, il nous dévoile le style même, on entend comme jamais les curiosités de la langue, les
emplois étranges que fait parfois Gary/Cousin de certains mots. Il danse avec les mots. Les phrases sont
comme d'invisibles partenaires de ce jongleur spirituel.
On rit, on sourit, on pleure, on s'esclaffe, on a les larmes aux yeux, on rit aux larmes et on est admiratif
de la performance magnifique : la sincérité formidable du « personnage » et l'engagement de
l'interprète, si grand artiste, qui de toutes ses fibres est, une heure quinze durant, Monsieur Cousin et
qui nous fait comprendre tout...
Armelle Héliot – LE FIGARO
Gros-Câlin est le nom du python qu'a adopté M. Cousin, l'homme solitaire et abandonné qui cherche
chaleur et affection dans l'enlacement de son reptile de 2,20 mètres. C'est aussi le titre du premier
roman de Romain Gary signé Emile Ajar. Une histoire loufoque et cocasse qui parle de solitude, de mal-
être, du besoin d'être aimé. Jean-Quentin Châtelain, en longue djellaba noire, est seul en scène. De sa
voix terrienne et chantante, il pénètre l'écriture de Romain Gary et touche l'âme du texte. Bouleversant
de vérité. On entend au plus près la détresse, la tendresse du personnage, dans la belle mise en scène,
délicate et sobre, de Bérangère Bonvoisin.
Sylviane Bernard-Gresh –TELERAMA
Quel est le sujet? Le python, certes. Mais surtout les anneaux que le texte déploie autour de lui et en
lui, comme s'il fabriquait et digérait, de digression en digression, sa propre matière, L'anneau de
solitude. L'anneau de tendresse. L'anneau d'amour. L'anneau du manque d'amour. L'anneau du
fantasme. Et, après et avant tout, l'anneau de littérature, souris avalée vivante, cœur battant du sujet.
Ce que donnent à vivre et à entendre pendant une heure quinze la voix suisse et le corps lourd de Jean-
Quentin Châtelain, c'est l'agilité et la sensibilité de ces anneaux. Debout, l'acteur est un éléphant aux
pieds fragiles et au cœur de porcelaine, à équidistance entre ciel, savane et cimetière. Il a une
maladresse délicate, une bonhomie blessée. Il porte une djellaba, comme Romain Gary. Un banc et une
colonne au carrelage multicolore, qui pourraient être de douche, fixent le décor (…) Est-ce une salle de
bain? Une cuisine? Les sanitaires d'un hôpital? Bérangère Bonvoisin et son scénographe ont voulu qu'on
ne puisse identifier le lieu, puisque s'y déroule une métamorphose, beaucoup plus tendre, mais non
moins désespérée, que celle de Kafka. Ce qui est certain, c'est que le corps de Châtelain s'y déplace et
transforme avec une lenteur magique, tout un émoi de la chair, caressée par ce texte daté tel un grand
cru, et le révélant comme une peau sculpte la main qui l'effleure. Lorsqu'il s'allonge sur le banc, de dos,
l'éléphant Châtelain devient lamantin: le python évoque d'autres animaux. Et il n'est plus besoin de la
mer ni du ciel pour rappeler au public que notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
Philippe Lançon - LIBERATION