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2°) leur principal partenaire - la France - s'engage résolument
dans la construction européenne;
3°) la crise qui les frappe semble avoir sérieusement altéré la
logique de la zone franc, qui apparaît à certains égards
aujourd'hui comme un élément de rigidité.
En effet, les PAS mis en oeuvre apparaissent essentiellement comme une
conséquence de la politique de crédit trop restrictive, imposée par la zone monétàire. Ne
trouvant pas à l'intérieur de la zone les ressources nécessaires, ces pays se sont endettés à
l'extérieur, s'exposant de ce fait à la contrainte de rembourser en monnaie étrangère, à des
taux d'intérêt souvent très élevés. De plus, l'existence de la zone franc semble limiter
l'impact possible des PAS, à cause de la fixité des taux de change et du fait que les Etats
membres s'opposent résolument à la dévaluation, principale mesure de ces programmes.
Enfin, en dépit de l'existence du Système Monétaire Européen, la coopération entre
la Communauté Economique Européenne (C.E.E ) et les pays* d'Afrique, des Caraïbes et
du Pacifique (A.C.P) porte essentiellement sur les domaines commercial et financier (3).
Elle n'existe pas jusqu'à présent sur le plan monétaire. Seuls les pays membres de la zone
franc ont leur monnaie (le franc CFA) rattachée à une monnaie européene (le franc
français). Et ce rattachement s'accompagne, ainsi que le notent P. et S Guillaumont (4),
<<d'une coopération monétaire doublement originale>>, entre ces Etats et la France, qui
garantit la convertibilité de leur monnaie d'une part, ces Etats entre eux d'autre part,
puisqu'à l'exception des Comores, ils sont regroupés en deux unions monétaires: l'Union
Monétaire Ouest - Africaine (UMOA) et la Banque des Etats de l'Afrique Centrale
(BEAC) (5)
On comprend dès lors leur inquiétude face à l'Union Economique et Monétaire
Européene, au moment où des voix s'élèvent ça et là (en France notamment) pour dire
que le franc CFA a fait son temps. Cette inquiétude procède sans doute de la peur de
l'inconnue que constituerait l'Union Européene et de celle de perdre les privilèges et les
avantages de la zone que sont :
*(2) Dans un rapport publié en 1981 : "Le développement accéléré en Afrique au sud du Sahara",
la Banque Mondiale dénonce la surévaluation des monnaies africaines qui, selon elle, est l'une
des causes de la faible croissance économique de l'Afrique. Cette surévaluation, précise-t-elle
en 1987, aurait été en moyenne de 75 % entre 1974 et 1984, alors que la dépréciation des
monnaies asiatiques aurait été de 26 %. Voir : Rapport sur le développement dans le monde,
1987, p. 122.