Zone franc / Euro
Crise de l'euro : Quel impact pour la zone CFA ?
(MFI / 18.05.10) La crise de l'euro suscite de nombreux remous dans les pays
africains de la Zone franc sans toutefois provoquer de crise majeure parmi les
pays-membres. Des pays qui ont en commun le franc CFA, lié à la monnaie
unique européenne par une parité fixe.
« Quand l'euro baisse, c'est bon pour la Zone franc, surtout pour les exportations,
estime Jean-Michel Severino, le directeur général sortant de l'Agence française de
développement (AFD). Les pays-membres ont intérêt à rester rattachés à la zone euro
tant que cette monnaie est faible, souligne-t-il, car ils ont des échanges extrêmement
importants en dollars et en euros ».
Et de préciser à l’agence MFI que le groupe CFA a une particularité que n'a pas la
zone euro : la part des échanges dans le PIB est beaucoup plus importante, d'autant
plus que d'une manière générale les pays africains ont tendance à importer en euros et
a exporter en dollars.
Des « gens souhaitent que le CFA flotte librement »
Jean-Michel Severino n'est toutefois pas contre un assouplissement des taux de
change « pour donner des possibilités d'adaptation et de fluctuation beaucoup plus
rapprochées que les dévaluations ou réévaluations qui doivent régulièrement se
faire ». Et d’ajouter : « Actuellement, le CFA fluctue contre toutes les monnaies du
monde sauf l'euro... Il y aurait un sens, au moins pour une période intermédiaire assez
longue, à avoir une monnaie dont la parité est fixée contre un panier de monnaies, ce
qui permettrait d'amortir les chocs ». Il admet que des « gens souhaitent que le CFA
flotte librement »… mais que le sujet n'est pas véritablement à l'ordre du jour.
Les ministres des Finances des pays de la Zone franc, qui se réunissent deux fois par
an, alternativement en France et en Afrique, n’ont pas pu tenir leur dernière réunion,
prévue au Tchad… annulée en raison des cendres émises dans l'atmosphère par le
volcan islandais qui a bloqué le trafic aérien. Pour mémoire, la Zone franc regroupe
14 pays d'Afrique sub-saharienne, les Comores et la France. Les francs CFA et
comorien ont été ancrés au franc français avant de l'être auprès de l'euro. Les banques
centrales des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale ainsi que des Comores, membres de
la Zone, disposent de comptes d'opérations garantis par le Trésor français.
Des réserves estimées à 5 000 milliards de francs CFA
Des dirigeants et analystes africains ont périodiquement critiqué la dévaluation du
CFA dans les années 1990 - qui a toutefois permis de juguler l'inflation -, et ont mis en
cause le fonctionnement même de la Zone franc. La coopération monétaire entre la
France et les pays africains de la Zone franc est régie par quatre principes
fondamentaux : garantie de convertibilité illimitée du Trésor français ; fixité des
parités ; libre « transférabilité » et centralisation des réserves de change. En
contrepartie de cette garantie, les trois banques centrales sont tenues de déposer une