Economie / International

publicité
Economie / International
Perspectives économiques mondiales
(MFI / 20.09.11) La crise économique qui secoue l’ensemble des places financières
de la planète frappe le plus durement les Etats-Unis et les pays européens de la
zone euro qui sont toujours à la recherche d’une solution. Le Fonds monétaire
international tout comme la Chine, un des principaux investisseurs à travers le
monde, préconisent à la fois une meilleure concertation et une coopération accrue
pour la surmonter.
Hôte du « Forum d’été de Davos », la Chine s’est déclarée prête à investir davantage
en Europe, à condition d’être reconnue comme une économie de marché. Le Premier
ministre chinois Wen Jiabao, a ainsi appelé les pays occidentaux à mettre de l'ordre
dans leurs finances, soulignant que son pays était prêt à faire davantage pour un
rééquilibrage de la croissance mondiale. « La Chine pense que l'économie européenne
peut rebondir » et « elle va continuer d'augmenter ses investissements en Europe », at-il affirmé. Mais « j'espère que les dirigeants des principaux pays européens
envisageront avec courage leur relation à la Chine ».
« Mettre de l'ordre chez eux »
Wen Jiabao a insisté sur la demande de son pays de se voir accorder le statut
d'économie de marché par l'Union européenne. Selon le calendrier de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), ce statut ne lui sera reconnu qu’en 2016. Cela
permettrait de lever des restrictions sur les investissements et les exportations
chinoises dans l'Union européenne (UE), a affirmé le Premier ministre, qui a demandé
aux gouvernements « de prendre leurs responsabilités et de mettre de l'ordre chez
eux » par « des politiques efficaces et responsables ».
« Il faut empêcher la crise des dettes souveraines de s'étendre » et « accélérer la
réforme du système économique et financier » par une meilleure coordination entre
Etats, a-t-il dit. Des déclarations qui interviennent alors que les grands pays émergents
du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) examinent la possibilité de
venir en aide à l'UE. La Chine disposerait de plus de 3 000 milliards de dollars de
réserves de change, dont elle a investi une part en euros. Elle s'est déjà engagée à
soutenir la Grèce, l'Espagne ou le Portugal, voire même l’Italie. Pékin demande par
ailleurs aux Etats-Unis de lever leurs restrictions sur les investissements chinois sur le
sol américain et sur les exportations de technologies sensibles vers la Chine.
Christine Lagarde inquiète face à la crise
Ce forum a aussi classé les pays en termes de compétitivité : la Tunisie, par exemple, a
été classée 40è sur 142 pays examinés, premier pays africain, suivie par l’Afrique du
Sud et l’île Maurice, le Tchad étant le dernier de la classe, la Suisse, Singapour, la
Suède, la Finlande et les Etats-Unis caracolant en tête.
De son côté, la nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), la
Française Christine Lagarde, a exprimé, à la veille des Assemblée annuelles du Fonds
et de la Banque mondiale à Washington, son inquiétude face à la crise.
« Trois ans, jour pour jour, après la chute de Lehman Brothers, l’horizon économique
est marqué par des difficultés et des turbulences, à l’heure où l’activité mondiale
s’essouffle et où les risques baissiers s’intensifient. Nous avons entamé une nouvelle
phase dangereuse de la crise », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : « Sans une
détermination collective, nous ne pourrons pas faire revenir la confiance dont le
monde a tant besoin. Je suis persuadée qu’il y a un chemin vers une reprise soutenue,
un chemin bien plus étroit que par le passé et qui le devient de plus en plus. Pour le
parcourir le monde entier devra s’armer d’une ferme volonté politique et préférer la
mobilisation éclairée au catastrophisme, la coopération à la concurrence, et l’action à
la réaction ».
Les tensions financières s’accentuent
Selon elle, dans les pays avancés notamment, c’est une reprise anémique et houleuse
qui s’annonce, avec un niveau de chômage excessivement élevé. La crise de la dette
dans la zone euro s’aggrave. Les tensions financières s’accentuent. Et une fois de plus,
sans une action collective décisive, le risque est bien réel de voir les principales
économies baisser en régime au lieu d’aller de l’avant. Plusieurs pays émergents sont
confrontés à une surchauffe, marquée par des tensions inflationnistes, une forte
croissance du crédit ou bien encore la montée des déficits courants. Les pays à faible
revenu, qui ont certes connu une croissance raisonnable, restent fortement vulnérables
aux perturbations économiques exogènes — y compris celles liées à la volatilité des
cours des matières premières, dont les coûts sociaux sont extrêmement lourds, et aux
aléas climatiques comme la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, qui nécessite une
aide internationale accrue. Pour Christine Lagarde, les remèdes passent par une remise
en état de l’économie, le rééquilibrage, la réforme et la reconstruction.
De leur côté les pays de la Zone franc réunis à Paris à la veille des assises de
Washington, comme le veut la tradition, ont mis l’accent sur la situation disparate des
membres africains. Ainsi, en Communauté économique et monétaire d'Afrique
centrale (CEMAC), la croissance devrait se maintenir autour de 5 % en 2011. Elle
pourrait s'établir à 2,6 % aux Comores. Les perspectives économiques de l'Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) devraient, quant à elles, marquer
un ralentissement de la croissance économique à seulement 1,4 %, du fait
essentiellement de la crise postélectorale en Côte d'Ivoire. Les ministres ont salué le
processus de reconstruction résolument engagé dans ce pays.
Résurgence des tensions inflationnistes en Zone franc
Alors que l'inflation est demeurée globalement modérée en 2010 dans la Zone franc,
ils relèvent une résurgence des tensions inflationnistes pour 2011, sous l'effet de la
hausse des prix alimentaires et de l'énergie. Enfin, les ministres et les gouverneurs ont
exprimé leur confiance dans les mesures prises pour garantir la stabilité financière et la
croissance dans la Zone euro, niant une fois de plus toute dévaluation du franc CFA, la
monnaie commune garantie par le Trésor français qui a une parité fixe avec l’euro.
Les participants ont pris acte de l'état de la convergence des politiques
macroéconomiques au 31 décembre 2010 dans la Zone franc, qui s'est globalement
améliorée. Pour renforcer l'intégration régionale, les ministres ont convenu de
poursuivre les travaux pour mieux apprécier la convergence réelle des économies. Ils
ont notamment décidé de mandater le comité de convergence de la Zone franc pour
conduire une étude sur les gains attendus d'une plus grande intégration régionale et se
sont félicités de l'avancement des travaux du G20 sous la présidence française.
Ils ont particulièrement insisté sur le développement des infrastructures, et plus
spécifiquement des infrastructures énergétiques, et sur la mise en place de
financements innovants, notamment une taxation des transactions financières.
Les ministres et gouverneurs se sont également entretenus de la lutte contre le
blanchiment et le financement du terrorisme. La prochaine réunion des ministres des
finances de la Zone franc se tiendra à Bamako le 6 avril 2012.
Marie Joannidis
Afrique subsaharienne : Une croissance soutenue
(MFI / 20.09.11) Selon les perspectives économiques du FMI, l’Afrique subsaharienne devrait
connaître une croissance soutenue malgré les risques encourus. Elle doit cependant améliorer son
cadre politique et institutionnel, se préparer à mieux contrôler les fluctuations des cours des matières
premières et développer ses marchés financiers. Malgré cette stabilité relative, les investissements
étrangers, victimes de la crise, se font plus rares, à l’exception de pays comme le Ghana, Maurice ou
l’Afrique du Sud. La croissance prévue globalement devrait s’élever à un peu plus de 5 % en 2011 et
2012 avec toutefois des différences marquées entre régions. Les PMA africains devraient rester stables
à l’exception des pays de la Corne de l’Afrique frappés par la sécheresse, même si les investissements
se consolident au Kenya. De même, la Côte d’Ivoire ainsi que le Niger et la Sierra Leone où plusieurs
projets pétroliers et miniers sont à l’étude ont de bonnes perspectives tout comme les pays
exportateurs de brut comme l’Angola.
Les pays à revenus moyens ont été frappés quant à eux par la crise et doivent récupérer alors que leur
croissance devrait atteindre les 3,5 %. Mais une détérioration accrue de l’environnement économique
mondial risque d’avoir des effets négatifs en Afrique notamment en ce qui concerne les exportations,
l’aide publique au développement et les flux de capitaux privés. Le FMI met toutefois en garde contre
les risques d’augmentation des prix du pétrole pour les pays non producteurs, les fluctuations des
cours des matières premières et les troubles sociaux comme on l’a vu aussi dans le nord de l’Afrique,
secoué par les turbulences du « printemps arabe ».
Marie Joannidis
Téléchargement