De son côté, la nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), la
Française Christine Lagarde, a exprimé, à la veille des Assemblée annuelles du Fonds
et de la Banque mondiale à Washington, son inquiétude face à la crise.
« Trois ans, jour pour jour, après la chute de Lehman Brothers, l’horizon économique
est marqué par des difficultés et des turbulences, à l’heure où l’activité mondiale
s’essouffle et où les risques baissiers s’intensifient. Nous avons entamé une nouvelle
phase dangereuse de la crise », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : « Sans une
détermination collective, nous ne pourrons pas faire revenir la confiance dont le
monde a tant besoin. Je suis persuadée qu’il y a un chemin vers une reprise soutenue,
un chemin bien plus étroit que par le passé et qui le devient de plus en plus. Pour le
parcourir le monde entier devra s’armer d’une ferme volonté politique et préférer la
mobilisation éclairée au catastrophisme, la coopération à la concurrence, et l’action à
la réaction ».
Les tensions financières s’accentuent
Selon elle, dans les pays avancés notamment, c’est une reprise anémique et houleuse
qui s’annonce, avec un niveau de chômage excessivement élevé. La crise de la dette
dans la zone euro s’aggrave. Les tensions financières s’accentuent. Et une fois de plus,
sans une action collective décisive, le risque est bien réel de voir les principales
économies baisser en régime au lieu d’aller de l’avant. Plusieurs pays émergents sont
confrontés à une surchauffe, marquée par des tensions inflationnistes, une forte
croissance du crédit ou bien encore la montée des déficits courants. Les pays à faible
revenu, qui ont certes connu une croissance raisonnable, restent fortement vulnérables
aux perturbations économiques exogènes — y compris celles liées à la volatilité des
cours des matières premières, dont les coûts sociaux sont extrêmement lourds, et aux
aléas climatiques comme la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, qui nécessite une
aide internationale accrue. Pour Christine Lagarde, les remèdes passent par une remise
en état de l’économie, le rééquilibrage, la réforme et la reconstruction.
De leur côté les pays de la Zone franc réunis à Paris à la veille des assises de
Washington, comme le veut la tradition, ont mis l’accent sur la situation disparate des
membres africains. Ainsi, en Communauté économique et monétaire d'Afrique
centrale (CEMAC), la croissance devrait se maintenir autour de 5 % en 2011. Elle
pourrait s'établir à 2,6 % aux Comores. Les perspectives économiques de l'Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) devraient, quant à elles, marquer
un ralentissement de la croissance économique à seulement 1,4 %, du fait
essentiellement de la crise postélectorale en Côte d'Ivoire. Les ministres ont salué le
processus de reconstruction résolument engagé dans ce pays.
Résurgence des tensions inflationnistes en Zone franc
Alors que l'inflation est demeurée globalement modérée en 2010 dans la Zone franc,
ils relèvent une résurgence des tensions inflationnistes pour 2011, sous l'effet de la
hausse des prix alimentaires et de l'énergie. Enfin, les ministres et les gouverneurs ont
exprimé leur confiance dans les mesures prises pour garantir la stabilité financière et la
croissance dans la Zone euro, niant une fois de plus toute dévaluation du franc CFA, la