POLITIQUE
L’OSP chez le Conseiller fédéral Berset
Le Conseiller fédéral Alain Berset a récemment reçu une déléguation de l’OSP. Cette
visite de présentation était axée sur divers thèmes d’actualité en matière de politique
sanitaire, dans lesquels l’OSP utilise son droit de prise de position an de favoriser
des solutions en faveur des patients dans les textes de lois, les décrets et les ordon-
nances. Dans cette interview, la Conseillère nationale et présidente de l’OSP Margrit
Kessler ainsi que la directrice technique de l’OSP Barbara Züst prennent position
sur les dossiers actuels et les principales demandes de l’OSP.
Interview: Lukas Ott
Droits de recours pour la protection et la représentation
des patients
Pourquoi l’OSP réclame-t-elle pour elle-même et d’autres organisa-
tions de patients un droit de recours ?
Barbara Züst: La défense des intérêts des patients varie fortement
d’un canton à l’autre. Sans possibilité de recours, il nous est impos-
sible de remédier avec ecacité aux décits d’exécution concernant
les droits des patients.
Contre quelles décisions de pouvoirs publics ou d’organes est-il pos-
sible de déposer un recours ?
B. Z.: Nous n’avons pas de possibilité de recours, par exemple, contre les décisions de
l’Oce fédéral de la santé publique (OFSP) concernant l’admission étatique de médica-
ments.
Au sein de quels organes des représentants de patients devraient-ils siéger ?
B. Z.: Des représentants de patients devraient siéger dans des institutions telles que
Swissmedic (Institut suisse des produits thérapeutiques), SwissDRG SA (organe chargé
de régler la rémunération des prestations hospitalières) ou le Swissmedical Board (organe
spécialisé chargé de formuler les recommandations à l’attention des décideurs politiques
et des fournisseurs de prestations). C’est la seule manière d’intégrer de manière consé-
quente la perspective du patient et d’en tenir compte.
Débat transparent sur la médecine de transplantation
Pourquoi l’OSP critique-t-elle les nouvelles dispositions de l’ASSM ?
Margrit Kessler: Jusqu’ici, la mort cérébrale était la condition sine
qua non au prélèvement d’organes vitaux chez une personne. Désor-
mais, un prélèvement d’organes sera possible après un arrêt car-
diaque. Cette disposition accorde aux médecins le droit de provo-
quer le décès de patients gravement malades en arrêtant l’assistance
respiratoire ou les médicaments cardio-vasculaires. L’arrêt car-
diaque est provoqué, suivi de la mort cérébrale dix minutes plus
tard ; le prélèvement d’organes peut alors commencer.
Qu’est-ce que cela signie pour la révision de la loi sur la transplantation ?
M. K.: Sur ce point, la loi sur la transplantation ne doit en aucun cas être adaptée. Le
modèle du consentement étendu aujourd’hui en vigueur est tout à fait adéquat. Depuis
l’introduction de la loi sur la transplantation, le nombre des donneurs a de nouveau
augmenté. Les articles de presse négatifs ont entre-temps pratiquement disparu.
Pourquoi l’OSP exige-t-elle avec une telle véhémence une clarication des oppositions ?
M. K.: Les personnes souhaitant faire un don d’organe comptent sur le fait que le pré-
lèvement d’organe ne sera eectué qu’après leur mort certaine. Dans le cas contraire,
la volonté de faire don d’organes des personnes encore disposées à le faire disparaîtra
complètement. •
Demande de l’OSP concernant les
droits des patients
Pour une mise en œuvre ecace des droits
des patients dans la pratique, les droits de
recours pour les organisations de défense
des patients doivent être ancrés au niveau
fédéral. Les prises de décisions impor-
tantes exigent la concertation de représen-
tants de patients.
En Suisse, les droits des patients ne sont
souvent que du vent puisque des mesures
pour la mise en œuvre des revendications
font défaut dans le droit médical. Les indivi-
dus ne peuvent faire valoir leurs droits qu’en
sollicitant l’aide d’un avocat avec le risque
nancier que cela comporte. Il est donc pri-
mordial de disposer de droits de recours
pour les collectifs ou les organisations de
défense des patients qui sont confrontés de
manière systémique et institutionnelle à des
violations des droits du patient et autres
abus du système de santé.
Les organisations de défense des patients
doivent disposer de possibilités légales de
signaler des irrégularités systémiques au-
près des autorités et des organes respon-
sables sans devoir redouter des consé-
quences négatives. Par ailleurs, les or ga -
nisations de défense des patients en tant
qu’associations doivent bénécier de droits
de recours et d’opposition à l’encontre des
décisions prises par des organes ou pouvoirs
publics dans le domaine de la santé.
Demande de l’OSP concernant
la Loi sur la transplantation
Transparence dans le cadre de la révision
de la Loi sur la transplantation, notamment
sur le prélèvement d’organes après un arrêt
cardio-circulatoire induit médicalement.
À l’insu de la population, un petit comité
d’experts de l’Académie suisse des sciences
médicales (ASSM) a mis en vigueur l’année
dernière de nouvelles directives sur le dia-
gnostic de la mort qui contredisent la légis-
lation en vigueur sur la transplantation.
La chirurgie de transplantation se con-
centre désormais sur des donneurs poten-
tiels sourant d’une grave lésion cérébrale,
mais qui ne sont pas encore en état de « mort
cérébrale ». Pour ces personnes, les méde-
cins renoncent de façon ciblée – dans l’esprit
de l’euthanasie passive – à poursuivre des
mesures de médecine intensive, c’est-à-dire
qu’ils provoquent un arrêt cardio-circula-
toire contrôlé. Selon les nouvelles directives
de l’ASSM, les médecins sont autorisés à
déclarer la mort cérébrale dix minutes au
moins après qu’un tel arrêt cardio-circula-
toire a été constaté. En Allemagne, le pré-
lèvement d’organes dans de telles conditions
est interdit. L’OSP exige des processus
transparents an que la population puisse
développer la conance si nécessaire à l’aug-
mentation des donneurs d’organes.
Barbara Züst, lic.
en droit, co-directrice
et directrice technique
de la Fondation
Organisation Suisse
des Patients OSP
Margrit Kessler,
Conseillère nationale,
présidente de la Fon-
dation Organisation
Suisse des Patients OSP