OSP-Actualités © Keystone Édition 2/2012 Temps fort editorial Margrit Kessler, Présidente OSP Ma nouvelle mission parlementaire me permet de mieux défendre les intérêts des patients au Parlement, une possibilité qui ne m’était pas donnée jusqu’ici. J’ai formulé mes premières interventions au cours de la session de printemps. La collecte des signatures m’offre l’occasion d’effectuer un travail de persuasion auprès de mes collègues. Il est toujours intéressant de constater la réaction des politiciens envers mes thèmes de prédilection. Elle peut être bienveillante ou au contraire négative. Pour en savoir plus sur mes interventions au Conseil national, je vous invite à lire en page 2. Abandonné par les assurances Après le décès d’un homme atteint d’un cancer, sa caisse-maladie privée refuse de payer la facture de la clinique. L’OSP doit intervenir tout d’abord auprès de l’avocat de l’assurance de protection juridique, puis auprès des responsables de la caisse-maladie afin que la veuve touche ce qui est lui dû. Barbara Züst — Après le décès de son mari en octobre 2011, la septaguénaire Elsbeth Rüegg* se retrouve subitement toute seule. Pendant plus de deux mois, elle s’est occupée de son mari malade du cancer à leur domicile. Une dégradation aiguë de l’état du patient, due essentiellement à un manque de souffle croissant, rend son hospitalisation nécessaire. Assuré en privé, il entre dans une clinique privée où il décèdera à peine trois semaines plus tard. Paralysée par la tristesse et la douleur, Elsbeth Rüegg se voit confrontée à de nombreuses factures et démarches administratives qui étaient jusque là assumées par son époux. Sa fille qui travaille en Asie lui apporte son soutien du mieux possible pendant toute la période jusqu’aux obsèques, puis repart à l’étranger. Hospitalisation considérée comme « traitement palliatif » À sa grande surprise, Madame Rüegg découvre en novembre 2011 que l’assurancemaladie privée de son mari refuse de payer la facture de la clinique de plus de 15 000 francs. Elle invoque comme justification que les soins palliatifs ne sont pas couverts conformément aux dispositions générales et particulières de l’assurance. La famille ≥ Cont. Temps fort politique Cas médical évoqué au Conseil national Lukas Ott — Fin 2011, nous avions rapporté dans cette Newsletter un cas particulièrement révoltant rencontré dans la pratique de l’OSP. En plus du dommage sanitaire subi dans le cadre d’un projet de recherche, un patient avait dû également en supporter les conséquences financières. Ce n’est là malheureusement pas un cas isolé : l’OSP observe régulièrement qu’en cas de complications les médecins-investigateurs protègent les entreprises pharmaceutiques et abandonnent les patients à leur sort. Ces derniers supportent donc un risque sanitaire et, en plus, un risque financier ! Pour ces cas, l’article correspondant de la Loi sur les produits thérapeutiques (LPTh) ne propose pas de protection suffisante puisque les avis divergent fortement quant à son interprétation : selon les termes de la loi, l’art. 54, al. 1, lettre b LPTh ne stipule pas suffisamment clairement s’il s’agit d’une responsabilité causale ou d’une responsabilité pour faute. Par conséquent, les personnes lésées ont en pratique beaucoup de mal, compte tenu des hautes exigences de preuve, à apporter en cas de sinistre la preuve du dommage subi. Les conditions de responsabilité font porter à l’assuré lésé le fardeau de la preuve du dommage. Selon Swissmedic, ces difficultés d’interprétation proviennent du fait que la version allemande du texte de loi représente une responsabilité pour faute et que la version française une responsabilité causale – une situation complètement absurde ! C’est pourquoi l’OSP considère que l’article de loi doit être formulé avec la plus grande clarté dans l’intérêt des patients afin que les assurances en responsabilité civile des mandants d’études ne puissent plus échapper à leur responsabilité financière. La présidente de l’OSP et Conseillère nationale Margrit Kessler a donc soumis une interpellation au cours de la session d’hiver. Elle exige du Conseil fédéral de clarifier l’interprétation du paragraphe en question de la loi sur les produits thérapeutiques. Margrit Kessler souhaite savoir entre autres si le Conseil fédéral serait disposé à protéger de manière appropriée les sujets de recherche qui participent à des essais cliniques et à prévoir un allègement du fardeau de la preuve pour les personnes lésées (p. ex. renversement du fardeau de la preuve). L’OSP attend avec impatience les réponses du Conseil fédéral. Rüegg n’avait pas connaissance de ces conditions généralement discrètes – les fameuses clauses en petits caractères –, ni de l’interprétation de la notion de « soins palliatifs ». C’est sous ce terme en effet que l’employé de la caisse-maladie privée avait regroupé les prestations médicales fournies à son mari par l’hôpital. Certes, Madame Rüegg savait que les soins palliatifs correspondaient à la prise en charge des mourants. Dans le cas de son mari, les médecins hospitaliers avaient toutefois effectué plusieurs diagnostics radiologiques tels qu’une tomographie du crâne par ordinateur, etc. Même sans connaissances médicales approfondies, de telles mesures ne correspondent en aucune façon à des soins palliatifs. Affaire taxée de litige successoral Considérant que la caisse-maladie refusait à tort de payer la facture de l’hôpital, Madame Rüegg s’adresse à l’avocat de son assurance de protection juridique. Malgré les arguments avancés, l’avocat taxe à plusieurs reprises l’affaire de litige successoral et renvoie Madame Rüegg à un spécialiste des successions. Désemparée, Elsbeth Rüegg nous contacte. Dans un courrier, nous expliquons alors à l’avocat de l’assurance de protection juridique que l’affaire en question ne relève pas d’un litige successoral, mais d’un litige découlant du droit des patients et des assurances, et nous demandons une garantie de payement de nos prestations à l’assurance. Finalement, l’avocat se montre conciliant et nous remet le mandat pour clarifier le litige. Pour l’avocat de l’assurance de protection juridique, l’affaire relative au non-paiement de la facture d’hôpital relève d’un litige successoral. Nous informons immédiatement par écrit la caisse-maladie privée de l’assuré décédé qu’Elsbeth Rüegg exige le règlement de la facture de l’hôpital d’un montant de 15 000 francs puisque le traitement en question ne correspond pas à des soins palliatifs, comme l’a d’ailleurs confirmé l’oncologue responsable de la clinique privée. Peu conciliant, l’employé responsable de la caisse-maladie maintient son point de vue en invoquant l’absence de couverture d’assurance. L’OSP propose un partage des coûts Dans notre deuxième courrier à l’employé de la caisse-maladie, avec copie à la direction, nous exposons les faits exacts. Dans l’esprit d’une solution constructive, Madame Rüegg se montre disposée – sur notre recommandation – à prendre en charge la moitié des coûts et exige des responsables de l’assurance-maladie le virement de l’autre moitié s’élevant à 7 500 francs. N’ayant reçu aucune réponse à notre offre dans un délai raisonnable, nous relançons les responsables par un troisième courrier. Peu après, les responsables de la caisse-maladie acceptent notre proposition, ce qui nous permet de clore au bout de six mois ce dossier particulièrement pesant pour Elsbeth Rüegg. Par ailleurs, en épluchant la police de la caisse-maladie, la conseillère de l’OSP avait constaté que l’assurance devait aux héritiers légaux une prestation de 1000 francs en cas de décès suite à une maladie (allocation décès). Interrogée à ce sujet, la caisse-maladie ne nous fournit aucune explication convaincante. Peu de temps après, le versement de l’allocation due est effectué sans aucun commentaire. Sans notre soutien, cette prestation d’assurance serait passée à la trappe. • *nom modifié Politique Oui au Managed Care Choisiriez-vous un hôpital dans lequel il n’y aurait pas de rapports de transmission, pas de visites de l’équipe, pas de décisions prises dans le cadre d’une table ronde ? Non. Dans ce cas, est-il alors bien raisonnable de continuer à consulter un médecin de famille qui ne travaille dans l’esprit des soins intégrés ? Ce sont en effet les soins intégrés avec responsabilité budgétaire qui ont permis un développement qualité professionnel et rémunéré comme temps de travail ainsi qu’un travail d’équipe institutionnalisé. La loi que vous allez voter fixe un cadre clair à cette évolution en en éliminant les points faibles. La grande majorité des opposants – soit la plupart des spécialistes et des médecins hospitaliers – n’ont pas la moindre expérience des soins intégrés. Ils redoutent un impact négatif sur leur carrière professionnelle, pour la simple raison que leurs conditions de travail se sont détériorées ces dernières années. Par manque d’expérience et de connaissances concrètes on en arrive à attiser des peurs, ce qui constitue une mauvaise base de décision pour rejeter la nouvelle loi. Quels sont les points concrets d’amélioration pour le patient dans la nouvelle loi ? Un plus grand choix de possibilités Jusqu’à présent, le patient pouvait choisir entre quatre formes d’assurance avec réduction de prime. Une cinquième s’y ajoutera désormais : les soins intégrés. Dans ce modèle, l’assurance peut renoncer à toute forme de participation aux coûts et rembourser même les prestations non obligatoires sans la conclusion d’une assurance complémentaire. Indépendamment de la forme d’assurance, la grossesse et la maternité sont exemptées, par la loi, de toute participation aux coûts. Renforcement du rôle des médecins de famille Aujourd’hui, les assurances proposent des modèles de médecins de famille, dans lesquels elles choisissent de manière aléatoire et unilatérale les médecins peu onéreux et offrent aux patients qui les consultent une réduction de prime. Ces médecins traitent de nombreux patients jeunes et en bonne santé. Ce qui explique leur moindre coût. Ces caisses-maladie décident sur une base purement économique sans se soucier de la qualité des soins. Ces « pseudo-modèles de médecin de famille » pénalisent les médecins qui traitent des patients chroniques et onéreux. Un effet pervers interdit dans le Managed Care. Les soins intégrés garantissent aux médecins de famille un droit de participation et les rémunèrent pour leur travail de qualité. La prise en charge optimale des malades chroniques ou des patients onéreux s’en trouve ainsi garantie. Le spectre de la responsabilité budgétaire Chaque caisse-maladie et chaque cabinet médical gère un budget comme vous gérez votre budget personnel. Aujourd’hui, la caissemaladie peut réclamer de l’argent aux médecins onéreux ou employer elle-même des médecins en leur imposant un budget établi sur de seuls critères d’économie. Cela ne sera plus possible avec le Managed Care. Grâce à la convention négociée entre la caisse-maladie et le réseau de médecins, la marge de manœuvre budgétaire est clairement définie et liée à la qualité du traitement. Le recrutement de médecins et la participation financière aux cabinets médicaux seront interdits aux caisses-maladie. Libre choix du médecin Dans le modèle de Managed Care, vous choisissez librement votre médecin de famille ! Vous vous engagez à coordonner avec lui la consultation de spécialistes. Il vous enverra au spécialiste approprié d’un commun accord. Il pourra s’agir d’un spécialiste n’appartenant pas au réseau ou résidant dans un autre canton. Cela vaut également pour les admissions à l’hôpital. • Dr Yvonne Gilli, spécialiste de Médecine générale FMH Membre du Conseil de fondation OSP et Conseillère nationale des Verts conseils Quand une hospitalisation rend malade . . . Barbara Züst – Monika Raff* a été hospitalisée une semaine dans une grande clinique pour le traitement de l’aine. Au début, le traitement semblait se dérouler sans problème. Elle souhaitait même sortir au bout de trois jours lorsqu’elle ressent une faiblesse croissante. En quelques jours, Monika Raff souffre d’une forte toux qui provoque des troubles pulmonaires – elle a apparemment été infectée par un germe agressif durant son séjour. Des analyses complètes sont effectuées, mais restent dans un premier temps sans résultats. La thérapie antibiotique menée à titre prophylactique n’apporte pas non plus d’amélioration. Au contraire : la patiente a même dû être transférée dans l’unité des soins intensifs pour graves troubles cardiaques. En effet, l’infection bactérienne avait déjà attaqué le cœur et détruit une partie des valvules de sorte qu’une valvule artificielle a dû lui être implantée. Une infection hospitalière à l’origine Le redoutable germe multirésistant MRSA a entre-temps été détecté chez Monika Raff. Le problème de ces bactéries appelées staphylocoques dorés réside dans le fait qu’elles ont développé des mécanismes de défense contre les antibiotiques, d’où la grande difficulté pour les traiter. Le staphylocoque doré est régulièrement présent sur la peau de personnes en bonne santé ; mais il peut aussi pénétrer dans le corps et y générer des infections. En Suisse, les infections hospitalières font partie des risques que doit prendre en général le patient. Toutefois, l’amélioration des connaissances des MRSA révèle qu’une infection hospitalière – du moins théoriquement – n’est pas nécessairement une fatalité. Lorsqu’un manque d’hygiène avéré est à l’origine de l’infection – à savoir lorsque des mesures d’hygiène correctement effectuées auraient pu éviter la transmission du germe – c’est l’hôpital qui encourt la responsabilité. Théoriquement, une telle responsabilité existe, mais n’a jamais pu être démontrée dans la pratique jusqu’ici car il est pratiquement impossible d’apporter la preuve d’une hygiène déficiente. *nom modifié colonne Soins palliatifs : une plus grande qualité de vie pour les patients et les proches Judith Strupler, Conseillère OSP Zurich OSP Conseil OSP Conseil Pour toute la Suisse (pour non-membres) Téléphone 0900 56 70 48, français, Fr. 2.90 p. min. Lundi + Jeudi 9.00 – 12.00 et 13.00 – 16.30 Service de consultation OSP Zurich (Bureau) Non, tout n’était pas mieux avant. Et certainement pas le traitement et les soins des patients atteints d’une maladie incurable. Mais la majorité des personnes pouvaient mourir chez elles, dans leur propre lit, dans le cercle de famille. Aujourd’hui encore, la grande majorité de la population préfèrerait mourir chez elle ; une étude menée en 2009 a révélé que 75 % de la population suisse aimerait mourir à la maison. La réalité est malheureusement toute autre : la plupart des personnes meurent dans l’établissement médico-social ou à l’hôpital. Plus la mort approche, moins la personne peut décider de son sort. Les médecins traitants, les spécialistes et les thérapeutes prennent l’initiative, « disent ce qu’il convient de faire », décident du traitement qui pourrait encore aboutir et du type de « surveillance » appropriée. Souvent dépassés, les proches font confiance aux professionnels, soulagés que ces derniers décident à leur place. Très souvent, l’avis du mourant n’est même pas demandé. Le traitement palliatif prodigué sous la direction d’un professionnel des soins palliatifs place le patient et ses désirs au centre des préoccupations. Il prend également en considération les possibilités du contexte, intègre les proches en les soulageant de la peur de ne pas être chez eux à la hauteur face à la mort du père, de la mère ou de l’enfant. L’un des principaux aspects des soins palliatifs consiste à formuler à temps les souhaits du patient dans des Directives anticipées et – si ce dernier n’est plus en mesure de s’exprimer – de les respecter. Grâce à un programme médical précis, le traitement palliatif permet de supprimer la douleur sans rendre le patient apathique, il permet également des interventions rapides de nuit en cas d’urgence et intègre non seulement les douleurs physiques, mais également les douleurs psychiques et les peurs. Les soins palliatifs ne sont pas uniquement une forme de traitement, ils sont une attitude qui vise à améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches face à une maladie incurable. Les soins palliatifs redonnent à la personne une mort individuelle. Dans ce contexte, les médecins de famille et les organisations d’aide et de soins à domicile sont fortement sollicités. Le choix croissant de mourir chez soi implique un réseau de professionnels et de bénévoles compétents assurant une aide coordonnée à domicile. Ayant elle aussi pris conscience de cette nécessité, la Confédération exige des cantons dans la « Stratégie nationale en matière de soins palliatifs 2010–2012 » de veiller à ce que la population ait accès aux soins palliatifs sur l’ensemble du territoire. Une recommandation qui a été transmise aux cantons en 2009 et a permis aux soins palliatifs de sortir de leur sommeil de Belle au bois dormant dans une grande partie de la Suisse. De plus en plus de personnels infirmiers et de médecins de famille s’intéressent aux soins palliatifs, et quelques institutions et hôpitaux offrent même des services consacrés au traitement provisoire dans les situations d’urgence. • Häringstrasse 20, 8001 Zurich Téléphone 044 252 54 22, Fax 044 252 54 43 Lundi – Jeudi 9.00 – 12.00 et 13.30 – 16.30 Servizio di consultazioni OSP Bellinzona piazza indipendenza 1, c. p. 1077 6501 Bellinzona, Téléphone 091 826 11 28 Jeudi 9.00 – 12.00 et 13.30 – 16.30 Service de consultation OSP Berne Eigerplatz 12, 3007 Berne Adresse postale: Postfach, 3000 Berne 14 Téléphone 031 372 13 11, Fax 031 372 13 16 Lundi, Mardi et Jeudi 8.30 – 12.00 et 13.30 – 16.00 Service de consultation OSP St-Gall Rosenbergstrasse 72, 9000 St-Gall Téléphone 071 278 42 40, Fax 071 278 20 40 Lundi et Vendredi 9.00 – 12.00 et 13.30 – 16.30, Mercredi 9.00 – 12.00 Service de consultation OSP Olten Im Spitalpark, Fährweg 8 Postfach, 4603 Olten Téléphone 062 212 55 89 Mardi 10.00 – 16.00 Service de consultation OSP Lausanne Chemin de Mont-Paisible 18, 1011 Lausanne Téléphone 021 314 73 88, Fax 021 314 73 89 Lundi 9.00 – 12.00 et 13.30 – 16.30 Service de consultation OSP Genève Rue Gabrielle Perret-Gentil 4, 1211 Genève 14 Téléphone 022 372 22 22, Jeudi 9.00 – 12.00 et 13.30 – 16.30 Impressum OSP-Actualités Édition et Rédaction SPO Patientenschutz Häringstrasse 20, 8001 Zürich [email protected] / www.spo.ch Rédaction Katrin Bachofen Texte français Corinne Kissling, Anne-Marie Bollier Layout, Impression rva Druck und Medien AG, Altstätten SG « OSP Actualités » est envoyé à tous les membres de l᾿ association des donateurs. 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