POLITIQUE
L'OSP réclame un moratoire de 5 ans
pour les DRG
M K — Que signie
labréviation DRG et quel impact aura-t-elle
sur lavenir des patients ? DRG signie Dia-
gnosis Related Groups – soit en français
« forfaits par cas liés au diagnostic ».
Tout changement important au sein du
système de santé est toujours justié par une
économie de coûts. Les expériences faites
dans les pays et cantons ayant déjà introduit
les forfaits par cas liés au diagnostic révèlent
cependant que les objectifs de politique sa-
nitaire visés tels que la transparence, la com-
parabilité et léconomie de coûts nont pas
été atteints.
La Suisse souhaite néanmoins introduire
un système de DRG national encore plus ra-
dical que dans tous les autres pays. Le sys-
tème DRG devrait sappliquer sans excep-
tion à toutes les prestations (part des
investissements incluse) des soins station-
naires aigus. Ce qui représente un renforce-
ment considérable des systèmes DRG déjà
mis en œuvre dans certains cantons. Quest-
ce que cela signie pour les patients ? Voici
les trois points principaux :
. Comment la sécurité des soins peut-elle
être garantie si les patients sont transférés
le plus rapidement possible vers des insti-
tutions de soins postopératoires ? Ces ins-
titutions ne sont pas contrôlées ! Cer-
taines dentre elles se préparent dores et
déjà à accueillir les patients fraîchement
opérés. Les institutions de réadaptation
ne disposent pas, selon nous, des infra-
structures appropriées et du personnel
qualié nécessaire pour soigner des pa-
tients aigus ;
. La protection des données pose un gros
problème. Selon les experts, les caisses-
maladie ne peuvent se passer du rapport
dopération ni du rapport de sortie. Bien-
tôt, elles exigeront de consulter lensemble
du dossier médical. Contraintes
déconomiser, les caisses-maladies ris-
quent dutiliser ces informations contre le
patient. Les médecins-conseils sont em-
ployés par les caisses-maladie. Ils sont
plus proches de leur employeur que du pa-
tient. En Allemagne, les médecins-
conseils sont appelés « service médical ».
Il travaille indépendamment des caisses-
maladie. Parallèlement à lintroduction
des DRG, nous demandons également
Suite à la page suivante
pour la Suisse un service médical indé-
pendant an de résoudre le problème de
la protection des données ;
. Les répercussions sur les domaines pré-
et postopératoires seront considérables.
Ainsi, les patients qui nécessitent des mé-
dicaments onéreux seront transférés vers
lambulatoire. Nous savons que les onco-
logues établissent de nouveaux protocoles
de soins. Des cytostatiques ne seront ad-
ministrés aux patients gravement ma-
lades quen soins ambulatoires an quils
ne grèvent pas les forfaits par cas. Il est
également envisagé de transférer lim-
plantation de prothèses onéreuses – par
ex. prothèses dincontinence coûtant
francs – vers lambulatoire pour la
même raison. Ces changements vont for-
tement aecter nos primes de caisse-ma-
ladie puisque les soins ambulatoires à
lhôpital sont intégralement pris en
charge par lassurance-maladie.
Les primes des caisse-maladie vont con-
naître une augmentation massive. La collec-
tivité et le contribuable seront soulagés,
mais les coûts seront transférés et répercutés
sur les primes, frappant ainsi davantage
chacun dentre nous. Trop de questions de-
meurent sans réponse ! Cest pourquoi nous
réclamons un moratoire de cinq ans !
Nous recueillons les signatures en faveur
du moratoire de cinq ans. Vous pouvez
donner votre signature sur www.drg-mo-
ratorium.ch. •
POLITIQUE
Un modèle de Managed Care problématique
LOSP est favorable au principe des réseaux intégrés bien gérés qui appréhendent le
malade dans sa globalité. Malheureusement, le projet adopté par le Conseil national
manque de fondement et nest pas acceptable pour les patients du point de vue de
lOSP.
M K — LOSP est favorable au principe des réseaux intégrés bien gérés qui
appréhendent le malade dans sa globalité. Ils permettent en eet de faire appel en toute
facilité aux spécialistes nécessaires. Il en résulte une économie de coûts ainsi quune
prise en charge optimale des patients. Une bonne gestion de ces réseaux permet même
daccroître lassurance qualité et la sécurité des patients.
Malheureusement, le projet adopté par le Conseil national nest pas abouti ni
acceptable pour les patients du point de vue de lOSP. Si le Conseil des États ne procède à
aucune correction, lOSP soutiendra le référendum dont on a déjà agité le spectre. Le pro-
jet de loi dans sa version actuelle na aucune chance en votation populaire. Après avoir
assuré lobligation de contracter pour les cabinets individuels, la FMH laisse désormais
en plan les patients devant opter pour un modèle de Managed Care pour des raisons
nancières.
Les patients supportent les coûts supplémentaires
Pour le libre choix absolu du médecin, nous devrons tous payer une quote-part de
(probablement plafonnée à francs). Aujourdhui, cette quote-part qui sélève à
est plafonnée à francs. Une fois de plus, les coûts supplémentaires seront réper-
cutés sur les patients. Du point de vue de lOSP, la limitation du libre choix du médecin
serait acceptable si les patients pouvaient choisir un médecin entre et médecins et
plusieurs réseaux. Mais, il y a un « hic
»
. Les assurances-maladie ne sont tenues de
conclure un contrat quavec un seul réseau. Ainsi, ce sont elles qui détiennent le pouvoir !
Cette situation obligera le patient à demander au médecin de son choix avec quelle caisse-
maladie il a conclu un contrat dans un réseau intégré. Les assurés devront à lavenir choi-
sir leur caisse-maladie en fonction du contrat conclu par leur médecin. Il nexistera donc
plus de libre choix de la caisse-maladie.
Changement compliqué de caisse-maladie
Il est prévu dobliger les assurés à conclure un contrat de trois ans avec une caisse-
maladie. Si le contrat de Managed Care entre le médecin et la caisse-maladie est résilié,
les patients liés à ce quon appelle un « contrat captif
»
se retrouvent en mauvaise posture.
La caisse-maladie les obligera à changer de médecin, à acheter leur liberté ou à payer
de quote-part. Ce système exige du patient un changement de caisse compliqué. Les per-
sonnes âgées ne pourront plus sy orienter sans aide extérieure. Elles en deviendront les
victimes, ce que lOSP ne peut accepter ! •
vait plus le chemin de son service depuis lenceinte de psychiatrie et ne savait plus où aller.
Cet état de confusion aurait dû inquiéter le personnel soignant et les médecins. Peter
avait reçu mg de Temesta, mg de méthadone, mg de Truxal et mg de Zyprexa
au cours des dernières heures. Malgré cela, on lui administra encore un nouveau psy-
chotrope. Personne na prescrit ni eectué de surveillance du pouls, de la tension, de la
respiration et de la conscience. Un tel état de confusion, provoqué par une telle multitude
de médicaments qui présentent, selon la littérature spécialisée des interactions dange-
reuses, aurait dû alarmer une équipe médicale professionnelle et linciter à une sur-
veillance adéquate du patient au lieu de lui administrer des médicaments supplémen-
taires. Le avril à h , Peter a été retrouvé cyanosé et sans vie dans son lit. Malgré les
tentatives de réanimation de léquipe médicale, Peter navait plus ni pouls, ni tension ar-
térielle lorsque le service de sauvetage arriva minutes plus tard. Ce nest quau bout de
minutes de réanimation que son activité cardiaque a repris ; mais ses pupilles étaient
dilatées, un signe infaillible de mort cérébrale. Ociellement, le patient est décédé le len-
demain à lhôpital.
L'absence de surveillance n'a pas été remise en question
Ce décès exceptionnel a été examiné par la médecine légale. Un an plus tard, la mère
du défunt a présenté lexpertise à lOSP. Les analyses durine et de sang nont révélé
aucune autre substance prise par Peter pendant son séjour psychiatrique. Il est donc décé-
dé des médicaments prescrits par les médecins. Toutefois, les médecins légistes nont
constaté aucune mauvaise pratique de la part de léquipe médicale ni nont remis en ques-
tion labsence de surveillance. Le traitement à la méthadone, combiné à des benzodiazé-
pines, a été interprété comme suit par la médecine légale : « Chez les sujets non habitués à
la méthadone, des doses de à mg sont, comme dose de départ, hautement toxiques
voire létales (mortelle). Une augmentation des doses doit toujours dépendre de
lévolution clinique et être évitée en cas deets secondaires tels quune fatigue accrue. »
Cest justement ce qui na pas été fait dans la clinique : en dépit non seulement de la fatigue,
mais aussi de létat de confusion du patient, la dose de méthadone a été augmentée de
à mg.
Puisquaucune autre substance na pu être décelée chez Peter, léquipe médicale lui a
donc administré trop de médicaments. Les médecins légistes sont arrivés à la conclusion
suivante : « . . . aucun signe dune erreur médicale ou dune violation du devoir de dili-
gence de la part de lhôpital X. Les médicaments administrés étaient parfaitement in-
diqués en raison des symptômes cliniques (…) et administrés avec laccord de Peter,
donc correctement dosés. »
Comment peut-on rédiger une expertise aussi contradictoire ? Comment Peter pou-
vait-il savoir quon lui administrait une dose mortelle de médicament ? Comment aurait-il
pu y consentir ? Où est donc cette culture des erreurs tant revendiquée ? Même si cela ne
ressuscitera pas Peter, lallégation selon laquelle il aurait lui-même mis n à ses jours en
absorbant les médicaments prescrits par les médecins, est dicile à comprendre.
•
≥ Cont. Temps fort
Définition des soins intégrés
On entend par réseau de soins intégrés un groupe de fournisseurs de prestations
qui sassocient dans le but de coordonner les soins médicaux. Dans un réseau de
soins intégrés, le processus de prise en charge du patient est dirigé tout au long de
la chaîne de traitement.
Une œuvre du jeune patient doué pour l’art à qui l’on a administré une dose mortelle de médicaments
pendant sa cure de désintoxication.