Le pays reste fortement dépendant des importations pour sa sécurité alimentaire. Toutes filières de
production confondues, le niveau de productivité est faible, tout comme l'organisation des
producteurs ou la capacité de redistribution du secteur. La dégradation de l'environnement dont le
secteur agropastoral est à la fois cause et victime, fragilise la production et accroît la vulnérabilité
des populations et la pauvreté en milieu rural. Les conditions difficiles de vie et de travail, les
aléas climatiques ou la faiblesse des moyens d’exploitation et des infrastructures entraînent une
désaffection croissante vis-à-vis de l'activité agricole, et cela dans tous les compartiments de la
production, y compris l'agriculture irriguée. L'accès des populations agropastorales aux services
de base (santé, éducation, énergie) est généralement limité, tout comme les possibilités d’emploi,
ce qui favorise l'exode vers les villes ou l'étranger.
Quels que soient les systèmes de production, les facteurs limitant sont presque toujours identiques
: insuffisance ou mauvaise qualité des intrants, rareté et mauvaise qualité des infrastructures et de
moyens de production adaptés, dispersion des unités de production, faible diversification agricole
et valorisation des produits, absence d’entretien des ouvrages, insuffisance des instruments
financiers, faiblesse d’organisation des producteurs, formations technique et en gestion
inexistantes ou inadéquates.
Sur le plan institutionnel, le gouvernement a entrepris la rénovation des structures et de
l'environnement juridique et réglementaire. Cependant, des efforts importants restent à faire pour
clarifier le rôle de certaines de ces structures (et éviter les chevauchements et favoriser la
gouvernance, mais également pour assurer une réelle tutelle lorsqu’il s’agit des projets), faire
appliquer les réformes décidées en matière de décentralisation, et permettre à l'autorité de tutelle
de remplir complètement ses missions d'élaboration, de suivi et d’évaluation des politiques de
développement rural, tout en favorisant l'implication et la participation effective des acteurs, et
notamment des organisations socioprofessionnelles, qui manquent souvent d’expérience. De
même, il reste beaucoup à faire pour mettre en application la réforme foncière et sécuriser les
droits des exploitants.
Sur le plan financier, les instruments actuels (banques et institutions de crédit) sont insuffisants,
trop rigides, peu diversifiés et trop souvent opaque pour faire face aux besoins spécifiques de
différents acteurs ou d’exploitations.
Enfin, l'absence ou l'insuffisance de statistiques fiables et d’une base de données de référence
cohérente ne permet pas à l'autorité de tutelle un suivi-évaluation d’ensemble des activités du
secteur rural.
En dépit de ces contraintes lourdes, la Mauritanie dispose d’atouts qui pourraient être mis en
valeur, sous condition d’un cadre politique stable, d’une décentralisation effective, et d’une
gestion efficace et transparente des recettes pétrolières permettant de développer les
infrastructures indispensables et les services d’appui dans les zones rurales.
L'objectif global de développement pour le secteur, conformément aux priorités du Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), demeure la réduction de la pauvreté rurale grâce à
un développement économique et social équitable et durable, garantissant la sécurité alimentaire
des populations et une gestion viable des ressources naturelles.
Pour atteindre cet objectif, les quatre orientations de la Stratégie de développement du secteur
rural (SDSR) restent valables; à savoir : (i) favoriser la croissance du secteur pour assurer la
sécurité alimentaire du pays ; (ii) assurer un accès équitable aux ressources du secteur ; (iii)
accroître l'offre et la disponibilité des biens et services publics nécessaires au développement
durable du secteur et (iv) développer les capacités de gestion d’un développement durable et
participatif.