CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LE DEVOIR DE DÉSOBÉISSANCE
La désacralisation des lois
comme nécessité démocratique
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-120
LE DEVOIR DE DÉSOBÉISSANCE
La désacralisation des lois
conférence d’Éric Lowen donnée le 23/06/2010
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Nos sociétés ont sacralisé l’obéissance. Des siècles de pensée et d’éducation ont fait de
l’obéissance une vertu, une sorte de valeur en soi, il faut obéir parce que l’obéissance est
la règle. Mais que vaut une obéissance sans réflexion éthique ? Si parfois il est légitime
d’obéir, la désobéissance est aussi un devoir, parfois plus important que l’obéissance.
Comment s’entend cette notion de désobéissance ? À quel moment finit l’obéissance et
commence le devoir de désobéissance ? En vertu de quelle éthique ?
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LE DEVOIR DE DÉSOBÉISSANCE
La désacralisation des lois comme nécessité démocratique
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Je crois que nous devrions êtres hommes d’abord et sujets ensuite. Il n’est
pas souhaitable de cultiver le même respect pour la loi et pour le bien.
Henry David Thoreau (1817-1862)
Du devoir de la désobéissance civile, 1848
I PRÉSENTATION
1 - Une question éthique fondamentale dans toute société, l’obéissance à la loi
2 - Mais prudence dans le traitement de cette question
II L’IMPORTANCE CULTURELLE DE L’OBÉISSANCE
1 - La sacralisation de l’obéissance, la diabolisation de la désobéissance
2 - L’obéissance élevée au rang de vertu
3 - Les principales expressions de cet ordre d’obéissance
4 - Ce devoir d’obéissance est d’autant plus fort dans les sociétés traditionnelles
III LES FONDEMENTS DU DEVOIR D’OBÉISSANCE ET SES LIMITES
1 - Différentes catégories d’obéissance : compréhension, contrainte, intérêt, mécanicité
2 - La notion d’obéissance en société, l’obéissance aux lois comme obligation sociale
3 - Une obéissance par le poids de l’autorité, et non en vertu du bien fondé de l’action demandée
4 - Qui tourne vite au maintien de l’ordre pour l’ordre, au respect de la loi parce qu’elle est la loi
5 - Les obéissances problématiques sont minoritaires mais éthiquement majoritaires
6 - La contextualisation de l’obéissance : elle est légitime ou illégitime en fonction des cas
7 - La volonté de l’autorité ne se confonde pas automatiquement avec l’intérêt général
8 - La subordination et infériorisation de l’individu - réduit au rang de rouage
9 - La logique de l’obéissance, “sous peine de...” et “en récompense...”
10 - Ce qui mène à l’obéissance aveugle et au sadisme en toute bonne conscience
IV LES PRINCIPES DU DEVOIR DE DÉSOBÉISSANCE
1 - La lente remise en cause de cette sacralisation de l’obéissance, vers le refus de soumission
2 - Distinguer la désobéissance égotique de la désobéissance éthique
3 - La désobéissance n’est pas ni l’anarchie ni le désordre
4 - Une désobéissance qui n’est plus motivée par l’intérêt personnel
5 - Une raison éthique comme cause et finalité de la désobéissance
6 - La remise en cause d’un ordre problématique au profit d’un ordre plus équitable
7 - Une obéissance à une éthique humaniste supérieure, relevant du droit naturel
8 - L’autorité de la conscience remplace celle de la force et de l’inertie
9 - Le devoir de désobéissance est toujours un acte d’obéissance libre à notre conscience
10 - Le rétablissement de l’individu comme sujet autonome, conscient, responsable et libre
11 - Le devoir de désobéissance, une liberté intérieure aboutissant à une liberté extérieure
V LES DIFFÉRENTES EXPRESSIONS DE CE DEVOIR DE DÉSOBÉISSANCE
1 - Désobéissance divine ou destinale
2 - Désobéissance naturelle
3 - Désobéissance familiale
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4 - Désobéissance sociologique, contre la norme sociale
5 - Désobéissance politique, dont un exemple est la désobéissance politique
6 - Désobéissance militaire, contre les ordres militaristes
7 - Désobéissance mercantile (consumérisme, monopoles...)
8 - Désobéissance économique
9 - Désobéissance culturelle
10 - Désobéissance intellectuelle
11 - Désobéissance insurrectionnelle, stade ultime de la désobéissance
VI CONCLUSION
1 - La résistance à l'oppression est un droit naturel, un droit humain élémentaire
2 - Le devoir de désobéissance est un devoir philosophique
3 - Autant qu’un devoir démocratique
4 - Un des éléments moteurs de la libération de l’Humanité et de son progrès
ORA ET LABORA
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Document 1 : Dans les traditions judéochrétiennes, les logiques d’obéissance et de désobéissance
s’inscrivent dans les mythes cosmogoniques fondateurs de la genèse avec l’épisode d’Adam et Eve qui
désobéissent au premier commandement de Dieu leur ordonnant de ne pas manger de l’arbre du fruit de la
connaissance. Ce premier rapport sera ensuite renouvelé par d’autres désobéissances des hommes aux
commandements divins : déluge, tour de Babel, le veau d’or de Moïse, etc. Dans ces idéologies, la
désobéissance est assimilée au mal, l’obéissance au bien.
Document 2 : Si l’obéissance est si facile, c’est aussi parce qu’elle possède ses joies.
L'obéissance a ses peines. Peine du libre arbitre individuel limité ou contrarié ; peine de
l'effort, de l'anonymat dans l'effort, de l'effort méconnu, et tenu pour allant de soi ; peine
des reproches mérités ou non, des sanctions ; peine de se savoir l'artisan ignoré des
succès, et le coupable des échecs et des revers. - Mais l'obéissance a ses joies. Joie de
l'éloge et de la récompense. Joie de l'insouciance enfantine, et joie de la retrouver
adulte ; joie de la confiance, de la sécurité plénière procurée par le père ou par le chef.
Joie de s'identifier à lui, et par d'être puissant en lui, de triompher avec lui, d'être fier de
soi parce que fier de lui. Joie d'être nous, grâce à lui. Joie paisible de la soumission à la
règle et du conformisme collectif. «Peu de gens croient avec Xénophon au bonheur de
Sparte. Quelle triste occupation, disent-ils, que des exercices militaires, que le perpétuel
exercice des armes ! Sparte, ajoutent-ils, n'était qu'un couvent ; tout s'y réglait par le
coup de la cloche. Mais, répondrai-je, le coup de la récréation ne plaît-il pas à l'écolier ?
Est-ce la cloche qui rend le moine malheureux ? Lorsqu'on est bien nourri, bien vêtu, à
l'abri de l'ennui, toute occupation est également bonne, et les plus périlleuses ne sont pas
les moins agréables» (Helvétius). Joie de marcher du même pas que le voisin, et que
tous les autres, joie d'être une des pattes d'un mille-pattes énorme et terrifiant, joie d'être
figurant dans un ballet ou un drame bien réglé promis à la gloire. Maurice Marsal
L'autorité, 1982
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