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deux agents hospitaliers. L’information prise en compte
à l’arrivée est basée sur un document manuscrit com-
prenant un courrier du médecin du CH d’origine et les
coordonnées erronées de la patiente, celle-ci ne portant
ni pièce d’identité ni carte Vitale sur elle. En l’absence
de personnel administratif la nuit, son admission est
réalisée par les soignants de l’unité d’hospitalisation.
L’enregistrement se fait a minima (selon l’expression du
personnel) à partir des traits d’identication suivants :
nom, prénom, date de naissance, sexe et adresse, pro-
venant des données fournies par l’établissement d’ori-
gine. La patiente n’est pas en état d’avoir un échange
avec le personnel.
Le surlendemain, le lundi, le personnel du bureau des
admissions reprend les données pour établir un dossier
encore provisoire dans l’attente des papiers d’identité. Il
prend contact avec l’établissement adresseur pour obte-
nir des informations complémentaires mais sans suspi-
cion d’erreur d’identité.
Les jours suivants, à plusieurs reprises, la patiente signale
à l’équipe soignante que la date de naissance mention-
née sur les documents administratifs est erronée. Au
bout de quelques jours, le service de soins en informe
le bureau des admissions qui reprend alors contact avec
l’établissement adresseur.
Treize jours après l’arrivée de la patiente en psychiatrie et
après des recherches et vérications, l’erreur d’identité
sera comprise puis corrigée.
Conséquences
Cette erreur d’identité n’a pas eu de conséquence par-
ticulière pour la patiente mais elle en a eu pour l’homo-
nyme en raison de l’apparition, dans son dossier, d’une
décision administrative (hospitalisation d’ofce) ne la
concernant pas.
L’analyse approfondie des causes
Les causes immédiates
L’analyse a permis d’identier cinq causes immédiates
de l’erreur en lien avec la patiente et les professionnels :
• état d’ébriété et d’agitation, troubles du comporte-
ment de la patiente ;
• absence de pièce d’identité, de carte Vitale de la
patiente et de coordonnées de membres de sa famille ;
• enregistrement de la patiente dans le dossier d’une
homonyme aux urgences de l’établissement adresseur
(collision) ;
• absence de vérication des traits d’identication de la
patiente par les admissionnistes et lors des soins ;
• identication tardive de l’erreur malgré les dires de la
patiente.
Les causes profondes identifiées
dans le CH spécialisé et les mesures correctives
Elles représentent les facteurs latents ou terrains favo-
rables à l’erreur d’identité. Elles sont classées par catégo-
La recherche des défaillances a été réalisée à l’aide d’une
grille d’entretien semi-directif adaptée de celle d’ENEIS.
Les causes profondes ont été retrouvées à partir des
causes immédiates en remontant aux causes qui leur
ont préexisté ou qui en sont éloignées.
La grille d’entretien a été structurée de façon à recueillir
des informations démographiques et médicales concer-
nant la patiente, comprendre les circonstances et les
conséquences de l’erreur, rechercher la chronologie des
faits, analyser les causes immédiates et profondes de l’er-
reur, les barrières contre les risques d’erreurs existantes
ou manquantes, étudier l’évitabilité de l’événement, hié-
rarchiser les causes profondes, discuter des actions cor-
rectives et préventives déjà mises en œuvre ou de nou-
velles actions.
Les résultats de cette analyse ont ensuite été transmis au
chef de projet du Comité de coordination de l’évaluation
clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA) sous la
forme d’une che de synthèse anonymisée reprenant la
description de l’événement, l’analyse des causes et les
actions correctives et préventives proposées par l’éta-
blissement. Le soutien et l’apport méthodologique du
CCECQA ont aidé l’établissement dans la réalisation de
l’analyse approfondie et de sa synthèse. Cette démarche
pouvait être valorisée dans le cadre de l’évaluation des
pratiques professionnelles pour les médecins qui ont par-
ticipé à l’analyse.
Les faits
Une patiente de 51 ans est admise à 0 h 40 dans la nuit
du vendredi au samedi, au centre hospitalier (CH) de
Montpon. Elle est adressée par le service des urgences
du CH général, selon une procédure d’hospitalisation
d’ofce1. Elle arrive, identiée par erreur sous l’identité
d’une homonyme. Cette identité erronée sera utilisée
pendant treize jours.
Chronologie des faits
Quelques heures auparavant, le vendredi, cette femme a
été retrouvée sur la voie publique dans un état d’ébriété
et d’agitation avancé, engendrant des troubles du com-
portement. La patiente a été amenée par les pompiers
au service des urgences du CH. Au moment de son
admission, elle est enregistrée par erreur dans le dossier
d’une patiente homonyme dont le nom et le prénom
sont identiques aux siens, mais pas la date de naissance,
ni l’adresse. Une collision a ainsi été engendrée, les don-
nées concernant deux personnes différentes se retrou-
vant dans un même dossier patient de l’hôpital.
Le samedi, à la suite de la décision d’hospitalisation
d’ofce, elle a été accompagnée au CH de Montpon par
1- L’hospitalisation d’ofce est une décision d’hospitalisation prise
par le préfet du département subordonnée à trois conditions : l’exis-
tence d’un trouble mental, la nécessité de soins de ce trouble et une
atteinte grave à l’ordre public. Le maire de la commune et les com-
missaires de police des grandes métropoles peuvent signer un arrêté
provisoire sur lequel le préfet statue sous 24 heures.
RISQUES & QUALITÉ • 2010 - Volume VII - N°3
170
Leçon pour la sécurité des soins