12 Pharmacien Manager n° 155 - mars 2016
O
n estime à 400 le nombre d’officines
présentes sur le marché de la PDA
en EHPAD. Des officines qui ont investi
dans des robots, des équipes formées, et
des process qui permettent de garantir
la sécurisation de la délivrance et la tra-
çabilité des médicaments. Forts de leur
expertise, certains titulaires commencent
à tester la PDA pour les patients ambu-
latoires, un marché qui potentiellement
pourrait se révéler prometteur comme
l’explique Jean-Luc Fournival, président
du syndicat UNPF.: « 60% des patients
qui entrent à l’officine sont atteints de
pathologies chroniques, et pourraient
donc être intéressés par ce type de dis-
pensation. Et si l’on considère, comme les
études le montrent, que la PDA contribue
à améliorer l’observance thérapeutique
et à diminuer le risque d’iatrogénie médi-
camenteuse, il y a là un marché à saisir
pour les pharmaciens.»
Titulaire de la Pharmacie Gambetta à
Nice, Alain Levy a été l’un des premiers
pharmaciens en France à investir dans
la PDA, dès 2004. Il a commencé à pro-
poser la PDA ambulatoire à ses patients
il y a maintenant deux ans. « Nous ne
communiquons pas sur ce service dans
l’officine. Nous le proposons simplement
aux patients chroniques que l’on connaît
depuis longtemps, qui nous font confiance,
et qui ne sont plus en capacité de prendre
les différents traitements prescrits par leurs
médecins.»Titulaire de la Pharmacie de
Julien Tromeur – Fotolia
NEWS ÉCLAIRAGE
APRÈS AVOIR INVESTI LE CHAMP
DE LA PDA (PRÉPARATION DES DOSES
À ADMINISTRER) EN EHPAD,
CERTAINS TITULAIRES, PIONNIERS, LA PROPOSENT
AUX PATIENTS AMBULATOIRES. SI LES PREMIERS
RÉSULTATS SONT MODESTES, LE POTENTIEL DU MARCHÉ
DE LA DÉLIVRANCE À L’UNITÉ EST PROMETTEUR...
la Gare à Troyes, Patricia Gatouillat a, elle,
opté pour un mode de communication
original afin de mettre en avant la PDA
qu’elle pratique depuis 2009.«Lorsque
j’ai fait des travaux dans la pharmacie
en 2014, j’ai installé l’atelier PDA dans
un coin du point de vente, de manière à
ce que l’équipe de préparation soit vue
depuis la rue et dans la pharmacie.» Un
parti pris qui suscite du questionnement
chez les patients. « Beaucoup nous
demandent ce que les collaborateurs font,
et c’est l’occasion pour l’équipe de parler
de la PDA et de ses vertus.»
SÉCURISATION au top. Patricia
Gatouillat et son équipe évoquent la PDA
ambulatoire avec les patients qui doivent
prendre des traitements polymédicamen-
teux, qui commencent à perdre la
mémoire, qui ont du mal à sortir leur carte
bancaire, ou qui sont déjà venus il y a
trois jours pour la même ordonnance.
«Pour les sensibiliser, nous leur expliquons
que la PDA permet d’éviter les erreurs
dans la prise de médicaments, et d’éviter
des accidents qui peuvent les conduire à
l’hôpital.» Titulaire à Angers,Christophe
Le Gall met aussi en avant dans son argu-
mentaire le côté professionnel, pharma-
ceutique et pratique de la PDA :«Quand
les patients sont amenés à se rendre
quelques jours chez leurs enfants, il est
beaucoup plus sécurisé et rassurant de
mettre un sachet qui contient le nombre
de médicaments prévus pour le déplace-
ment, plutôt que d’avoir à emporter cinq
ou six boîtes volumineuses sans certitude
du traitement à administrer.» Côté process,
les patients en PDA ambulatoire sont trai-
tés exactement comme ceux des EHPAD.
« Il n’y a aucune différence dans la
méthode de travail, l’équipe s’occupant
de la PDA assurant le service, confirme
Christophe Le Gall. Lorsque nous recevons
une ordonnance, nous préparons le pilulier
pour la semaine avec le même circuit de
saisie, de fabrication et de contrôle. La
seule différence, c’est que les patients vien-
nent chercher leur sachet à la pharmacie,
et que le contrôle effectué par l’infirmier à
l’EHPAD avant la délivrance est réalisé à
l’officine par un pharmacien.»
PATIENTS réticents. Malgré tous ces
arguments qui devraient militer en faveur
du développement de la PDA ambula-
toire, les chiffres avancés par les titulaires
montrent que la pratique reste anecdo-
PAR YVES RIVOAL
La PDA en a m
démarre l e