La Lettre du Cardiologue - n° 398 - octobre 2006
Mise au point
Mise au point
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Si le cœur est “sain”, les arythmies asymptomatiques, ne s’aggravant
pas à l’eff ort à type d’extrasystoles, de rythme idioventriculaire
accéléré ou de TV non soutenue (> 2 ESV et < 30 s avec FC >
100 bpm), en particulier monomorphe et peu rapide (< 150 bpm),
ne contre-indiquent pas la poursuite du sport en compétition (3,
4). Les TV mal tolérées hémodynamiquement et/ou malignes,
c’est-à-dire soutenues, polymorphes, à type de torsades de pointe,
de fi brillation ou de fl utter ventriculaire, imposent la prescription
de bêtabloquants le plus souvent associée à l’implantation d’un
défi brillateur automatique. Parfois, et en cas de diagnostic formel
de myocardite, de commotio cordis ou de troubles électrolytiques
majeurs, le sport pourra être autorisé après un traitement effi cace
et contrôlé de la cause (3, 4).
SYNDROMES GÉNÉTIQUES ARYTHMIQUES
En cas de canalopathies, l’attitude actuelle vis-à-vis de la pratique
sportive intense reste très restrictive. En cas d’épisode syncopal
ou équivalent chez un sportif porteur de l’aff ection, seuls les
sports de type IA sont autorisés (3, 4).
Le syndrome du QT long (LQT) peut se compliquer d’arythmies
à type de torsades de pointes. Bien que les classiques formules
de correction de la durée du QT (QTc) soient inadaptées en cas
de bradycardie profonde, il est exceptionnel qu’un réel problème
diagnostique se pose chez le sportif. L’hypokaliémie et la prise
de produits interdits doivent être éliminées. L’exercice physi-
que et son environnement peuvent favoriser le déclenchement
d’une arythmie, en particulier la natation (LQT1) et les sports
générateurs de stress auditifs (LQT2). Pour la forme LQT3, le
risque rythmique prédomine au repos. Seuls les sports de type
IA sont autorisés en cas de LQT1 et de LQT2, même asympto-
matiques (3, 4). L’attitude peut être moins restrictive en cas de
LQT3 (3). Le sport n’est pas obligatoirement contre-indiqué chez
les porteurs asymptomatiques de la mutation génétique sans
traduction phénotypique, mais la natation est à déconseiller en
cas de LQT1 (3).
Le syndrome du QT court (< 300 ms) reste rare et mal connu,
et seuls les sports de type IA sont actuellement autorisés chez
les porteurs de cette aff ection (3).
Les TV polymorphes catécholergiques surviennent essentiel-
lement à l’eff ort et réclament l’implantation d’un défi brillateur.
Seuls les sports de type IA sont autorisés chez les porteurs de
la mutation asymptomatiques avec troubles du rythme lors de
l’épreuve d’eff ort (3). Une attitude moins restrictive est discutée
en l’absence d’anomalie à l’épreuve d’eff ort (3).
Le syndrome de Brugada entraîne une majoration du risque
arythmique lors d’une stimulation vagale. Chez le sportif, ce
risque pourrait être présent chez certains sujets très entraînés
en cas d’hypertonie vagale prononcée accrue et/ou pendant
l’eff ort à cause de l’hyperthermie associée, et/ou après l’eff ort à
cause du “coup de frein” vagal. Seuls les sports de type IA sont
actuellement autorisés en compétition. L’attitude à respecter
chez les porteurs de la mutation sans traduction ECG peut être
moins restrictive (3, 4).
CONCLUSION
La découverte d’une arythmie chez un sportif ou lors d’une visite
de non contre-indication à la pratique sportive ne doit jamais
être banalisée. Ce n’est qu’au terme d’un bilan cardiovasculaire
ciblé qu’une attitude individualisée diff érenciant le sport de
loisir et de compétition pourra être proposée. La diffi culté est
de garder un équilibre entre une attitude systématiquement
restrictive et une permissivité acceptable vis-à-vis du risque
éventuel encouru. ■
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