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31 Cardio
&Sport
• n°14
Le point sur...
31
Selon le consensus de la Société
Européenne de Cardiologie,
l’ECG de repos fait partie du
minimum requis du bilan cardiovas-
culaire de dépistage du sportif de com-
pétition, qu’il soit de haut niveau ou
non. On recherche les pathologies
rares mais potentiellement dange-
reuses que sont la cardiopathie hyper-
trophique, la maladie arythmogène du
ventricule droit et les canalopathies.
La majorité des ECG sont normaux,
ou montrent des particularités plus
fréquentes chez le sportif très entraîné
(cœur d’athlète).
>Pauses cardiaques
Les pauses cardiaques (période d’asys-
tolie ou de bloc sino-auriculaire) sont
des constatations fréquentes, lors de
la période nocturne, sur les Holter de
24 heures. Elles ont la même origine
vagale que la bradycardie sinusale du
sportif à laquelle elles sont souvent
associées. Elles sont indépendantes
de l’existence d’un trouble de conduc-
tion atrio-ventriculaire (BAV). Plus fré-
quentes chez les vétérans, elles
dépassent 3 secondes dans un tiers des
cas. Elles doivent toujours être asymp-
tomatiques.
> Blocs
artrio-ventriculaires
Les BAV sont aussi plus fréquents
chez les sportifs. Ils semblent liés à
une susceptibilité individuelle et
dépendre d’une sensibilité du nœud
AV indépendante de celle du nœud
sinusal aux influences du système
nerveux autonome. Ainsi, l’espace PR
est, en règle générale, allongé chez le
sportif et sans relation avec une éven-
tuelle bradycardie. Le BAV de premier
degré, 5 à 10 fois plus fréquent que
dans la population sédentaire, est ren-
contré 3 fois plus souvent chez le
sportif que chez la sportive. Non évo-
lutif dans le temps si l’activité phy-
sique persiste, il disparaît après arrêt
de l’entraînement. Il n’est pas plus fré-
quent chez le vétéran.
Si des BAV de second degré avec
période Luciani-Wenckebach peuvent
aussi être observés, les BAV de plus
haut grade sont beaucoup plus rares
et doivent faire rechercher une patho-
logie sous-jacente avant d’affirmer
leur caractère fonctionnel.
Chez les sportifs asymptomatiques, le
pronostic à long terme de ces troubles
de conduction est bon, même si l’ac-
tivité sportive est poursuivie au même
niveau. Chez des sujets symptoma-
tiques, au repos ou à l’effort, la dimi-
nution de l’entraînement, qui doit
toujours être proposée en première
intention, peut être insuffisante et
une stimulation définitive peut être
nécessaire.
> Troubles de conduction
pariétaux
Troubles intra-atriaux
L’élargissement de l’onde P est beau-
coup plus fréquent que chez le séden-
taire. Défini comme une hypertrophie
auriculaire électrique, il est sans rap-
port, cependant, avec le diamètre
échographique. Il n’a pas de signifi-
cation pathologique.
Une origine extrasinusale du pace-
maker auriculaire, sans caractère
pathologique, est aussi fréquente. En
général, l’influx naît dans l’oreillette
droite. Le wandering pace maker est
plus rare que le BAV du premier degré.
Bloc incomplet droit
D’autant plus fréquent que le rythme
cardiaque est lent, il est considéré
comme une variante de la normale.
Comme chez le sédentaire, il est deux
fois plus fréquent chez l’homme. Pré-
sent chez au moins 15 % des sportifs
et 30 % des endurants, sa fréquence
n’augmente pas avec l’âge, mais avec
l’ancienneté de l’entraînement. Sa
physiopathologie est mal expliquée
mais il semble associé à une hyper-
trophie ventriculaire droite. Il n’évo-
lue pas dans le temps.
Bloc complet droit
Rare, ce n’est pas un signe du cœur d’ath-
lète. Il peut masquer l’hypertrophie
adaptative du sportif en diminuant
Les troubles conductifs
du sportif
Comment interpréter, surveiller, voire explorer, les troubles de conduction asymptomatiques
fréquemment rencontrés chez le sportif ?
Dr Marc Ferrière (Département de Cardiologie, CHU de Montpellier)
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naturellement” le voltage des QRS et
rendant donc les critères de Cornell et
Sokolow moins sensibles. Il est associé
à une hypertrophie ventriculaire droite.
Il peut, parfois, poser, dans cette popu-
lation, des problèmes diagnostiques avec
la dysplasie ventriculaire droite aryth-
mogène et le syndrome de Brugada.
Bloc complet gauche
Exceptionnel au repos, il doit faire
rechercher systématiquement une
cardiopathie qui, dans 70 % des cas,
sera une coronaropathie.
Déviations axiales
Observées dans 5 % des cas et plus
souvent chez les hommes et les spor-
tifs vétérans, les déviations axiales
gauche (
- 30°) ou droite (>110°), ne
font pas partie des signes ECG du
cœur d’athlète et doivent conduire à
un bilan approfondi.
Troubles de conduction
pariétaux à l'effort
Ils sont toujours évocateurs de patho-
logie cardiaque, notamment corona-
rienne. Le bloc gauche d’effort peut être
douloureux lors de son installation,
même sans lésion coronaire signifi-
cative. Son incidence est de
0,17 à 0,5 % des épreuves d'effort tout
venant (10 000 BBG d'effort annuels
aux USA !), y compris chez le sportif.
Des anomalies associées à la scinti-
graphie font parfois évoquer une
ischémie au niveau de la microcircu-
lation. Si le bilan cardiovasculaire
exhaustif est normal, la pratique spor-
tive sous surveillance annuelle peut
être autorisée.
> En conclusion
Les particularités de la conduction du
cœur d’athlète ne doivent être ni
sous-estimées, ni surestimées. Elles
ne se conçoivent que chez des sujets
asymptomatiques. Elles ne s’obser-
vent qu’en cas de haut niveau d’en-
traînement et plus souvent chez les
endurants. Leur découverte chez une
femme doit un peu plus alerter. L’ana-
lyse et la comparaison d’ECG succes-
sifs sont le gage de l’utilité de cet
examen basique de dépistage.
Elargissement
de l'onde P
(D2, VF, V2-3)
chez un sportif
professionnel
de 32 ans.
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MOTS CLÉS
Bloc atrio-ventriculaire,
Bloc incomplet, Bloc complet,
Déviation axiale,
Pauses cardiaques,
Sportif, Trouble intra-atrial
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