Quelques rudiments de génétique…. Introduction On entend souvent, dans les expositions, les bourses,… des expressions du style : Cet oiseau est porteur de telle couleur…. C’est une mutation récessive…. C’est lié au sexe… Ces formules font appel à une science, la génétique, dont je vous propose ce soir quelques rudiments pour découvrir un peu, de l’intérieur, au niveau cellulaire, ce à quoi ces notions font appel… Et d’abord, (re)découvrons ensemble quelques définitions qui pourront nous servir dans cette petite présentation…. Quelques définitions • Information génétique : Chaque cellule d’un corps vivant possède une information génétique qui permet à la cellule, dans son environnement, ou à l’organe composé de plusieurs cellules, toujours dans son environnement, de travailler et d’effectuer les taches qui lui sont assignées… Cette information génétique est constituée d’une molécule : l’ADN • L’ADN ou Acide DésoxyriboNucléique pour son petit nom : C’est la molécule qui code l’information génétique sous la forme d’une séquence constituée par quatre (cinq) bases qui vont par paire (A – T ou U) et (C – G) et dont le séquençage et le nombre déterminent le génome. Cette molécule d’ADN est le plus souvent condensée sous la forme d’un chromosome…. Définitions…Suite • Le génome : C’est l’ensemble des gènes qui codent l’information génétique s’exprimant… Chaque gène, chez nos oiseaux, s’exprime sous la forme, généralement, de deux allèles…. L’allèle est l’unité de la séquence génétique. Par exemple, l’allèle de la couleur des yeux va correspondre à une séquence ATCG…. dans un ordre et une longueur donnée. • Chromosome : C’est la structure d’ADN présent dans la cellule vivante et qui code l’information génétique. Ces chromosomes, chez les êtres vivants les plus évolués vont par paire dont le nombre est défini par l’espèce. Chez les oiseaux, nous en avons 13 paires. (23 chez les humains). Remarque : De l’information génétique existe aussi en dehors des chromosomes dans certaines structures cellulaires comme les mitochondries (organites intervenant dans la respiration) ! Définitions…Suite • Chromosomes autosomes ou hétérosomes : En général, les deux chromosomes d’une même paire, codent pour le même génome avec des allèles identiques ou différents pour le même gène. Ce sont les chromosomes autosomes, homologues ou non sexuels. Mais, parmi les différentes paires de chromosomes, une paire est spéciale puisque responsable du sexe de l’individu. Ce sont les chromosomes hétérosomes ou sexuels. Ces chromosomes, de la même paire sont différents l’un de l’autre et ne contiennent pas la même quantité, tous les deux d’information génétique. On les note souvent Z et W mais on peut aussi les noter X et Y comme pour l’espèce humaine. Chez les oiseaux, la femelle comporte deux chromosomes différents (ZW) et le mâle deux chromosomes identiques (ZZ), ce qui est l’inverse de l’espèce humaine ! Définitions…Encore ! • Phénotype : Le phénotype, c’est l’expression du génome dans l’apparence de l’individu. Par exemple, pour un gène dont les allèles sont A et a, si l’individu présente l’apparence A, son phénotype sera noté [A], si l’individu présente l’apparence a, son phénotype sera noté [a] • Génotype : C’est l’ensemble des gènes qui, selon les allèles, vont s’exprimer pour donner le phénotype. Dans le cas des espèces qui possèdent des paires de chromosomes, comme nos oiseaux, ce génotype est constitué de deux allèles pour un gène donné et ces deux allèles vont s’exprimer différemment et donner le phénotype…. Par exemple pour un gène dont les allèles sont A et a, on notera le génotype de l’individu (A/A) ou (a/a) ou (A/a). Et le phénotype pourra être [A], [a], ou encore [Aa] selon les règles de dominance, récessivité ou codominance… Définitions… Fin Allèle dominant et allèle récessif : Soit, un allèle domine sur l’autre et ce sera lui qui s’exprimera dans l’apparence de l’individu : Allèle dominant Soit un allèle est dominé, et donc il ne s’exprimera que s’il est en double exemplaire dans le génome. S’il est associé à l’allèle dominant, il ne s’exprimera pas. On parle d’allèle récessif. Il existe aussi des cas de codominance où les deux allèles vont s’exprimer sans relation de supériorité et on aura un phénotype intermédiaire résultant de la combinaison des deux allèles. Par exemple pour un gène dont les allèles sont A et a, si A domine sur a, alors l’individu qui a le génome (A/A) aura le phénotype [A], celui qui aura le génome (A/a) aura aussi le phénotype [A] et celui qui aura le génotype (a/a) aura le phénotype [a]. En cas de codominance, on aura le phénotype [Aa] pour le génotype (A/a). Tel père…tel fils !! (1) • Au moment de la fécondation, un gamète mâle, le spermatozoïde, va rencontrer un gamète femelle, l’ovule. Ces deux gamètes sont issus d’une division du matériel génétique contenu dans les cellules sexuelles encore indifférenciées de manière à contenir chacun la moitié du patrimoine génétique de l’individu qui les produit. C’est le processus de la méiose. Chaque paire de chromosomes homologues va se séparer de même que les chromosomes sexuels. Tel père…tel fils !! (2) • Au moment de la fécondation, les deux gamètes, en fusionnant, vont mettre en commun le matériel génétique issu des parents ce qui va redonner le même nombre de paires de chromosomes avec un génome appartenant pour moitié au père, pour moitié à la mère. Le nouvel individu sera donc de la même espèce que ses géniteurs avec une information génétique provenant directement de ses parents d’où l’expression tel père tel fils !! Mais…Qui fait un œuf fait du neuf ! • De par la division du matériel génétique lors de la méiose et d’un autre phénomène au moment de celle-ci, le crossing-over, qui permet l’échange d’information entre les chromosomes d’une même paire, et par l’aléas issu de la fécondation avec un gamète provenant d’un autre individu, l’information génétique du nouvel individu ne sera pas rigoureusement la même que celle du père ou de la mère… Des différences vont apparaitre entre le génome de l’enfant et celui de ses parents… D’où l’expression tout aussi véridique que la précédente : Qui fait un œuf fait du neuf !! Cas particulier : Les mutations • Remarque : On parle souvent, en tant qu’éleveurs, de mutations. Ces mutations sont des aberrations du code génétique initial de l’espèce au niveau de l’ADN. Et parfois, ces modifications donnent lieu à une nouvelle couleur, une nouvelle forme, une modification du plumage… Elles sont aussi parfois stabilisées et se retrouvent donc intégrées parfaitement dans le chromosome. Elles se transmettent alors comme n’importe quel autre gène dont elles deviennent un allèle. Quelques cas concrets… Voir figures sur papier • La couleur bleue et la couleur verte chez les perruches ondulées…. Cas 1) Croisons un oiseau vert [V] de génotype pur, c’est-à-dire que les deux allèles du gène sont « vert » ! Génotype (V/V) avec un oiseau bleu [b] de génotype pur c’est-à-dire que les deux allèles du gène sont « bleu » ! Génotype (b/b). On constatera alors que tous les descendants de la première génération sont verts : [V]. Que s’est-il passé ? Les gamètes de l’oiseau verts sont tous V et les gamètes de l’oiseau bleu sont tous b. Lors de la fécondation, les embryons reçoivent donc un chromosome V et un chromosome b. Leur génotype pour la couleur est donc (V/b). L’allèle vert étant dominant, ils ont tous la couleur verte. La couleur bleue est dite récessive, pour qu’elle s’exprime, il faut que les deux allèles du gène soient « bleu ». V/V [V] x b/b [b]= 100 % V/b [V] Cas 2) Croisons maintenant une perruche verte [V] de génotype non pur c’est-à-dire ayant un allèle « Vert » et un allèle « bleu » (V/b), (on parlera d’une perruche verte porteur de bleu), avec une perruche verte [V] de génotype pur, (V/V). Que va-t-il se passer ? Tous les descendants seront verts [V] mais avec deux génotypes différents : En effet, le premier oiseau donnera des gamètes (V) et (b) statistiquement à part égale. Le second ne donnera que des gamètes (V). La réunion des deux à la fécondation donne donc ce qui est à 50 % statistiquement : (V/V) et 50 % (V/b). Cas 3) Croisons maintenant deux perruches vertes [V] porteuses de bleu : Génotype identique : (V/b). Que va-t-il se passer ? Les gamètes de nos deux oiseaux seront V1 et b1 pour l’un et V2 et b2 pour l’autre. A la fécondation, on aura (V1/V2), (V1/b2), (b1/V2) et (b1/b2) à 25% chacun, ce qui donnera 25 % [V] pur (V/V), 50 % [V] mais porteurs (V/b) et 25 % [b] (b/b) Cas 4) Croisons maintenant deux perruches bleues [b]. Elles ne peuvent être que pures c’es-à-dire portant deux allèles « Bleu » sur leurs chromosomes. (b/b). Que va-t-il se passer ? Elles ne donneront que des gamètes porteurs de l’allèle « bleu ». A la fécondation, nous aurons donc 100 % d’oiseaux bleus [b] de génotype (b/b) Oiseau 1 : (b1/b1) Gamètes 1 : (b1) et (b1) Oiseau 2 : (b2/b2) Gamètes 2 : (b2) et (b2) Les enfants sont tous (b1/b2) donc bleus !! • Mutation ou allèle liée au sexe : Exemple de la couleur lutino chez la perruche ondulée Dans ce cas de figure, l’allèle responsable de la couleur jaune n’est pas porté sur un des chromosomes parmi les 12 paires de chromosomes homologues mais sur le chromosome sexuel noté Z. Pourquoi est-ce différent des autres cas ? Parce que dans la paire de chromosomes sexuels, Z et W, il y a très peu d’allèles sur W. (En gros, l’ADN contenu sur ce chromosome ne code que pour le sexe et les caractères sexuels secondaires.). De ce fait, en cas d’oiseau ayant la paire de chromosomes sexuels ZW, tous les allèles présents sur Z vont pouvoir s’exprimer même s’ils ne sont pas dominants du fait de l’absence d’un allèle « concurrent » sur W. Chez les oiseaux, la femelle porte deux chromosomes sexuels différents: ZW Le mâle porte deux chromosomes sexuels identiques : ZZ (C’est l’inverse chez les humains : Homme XY et Femme XX) Cas 5) Croisons un mâle lutino [l] avec une femelle verte [V]. Que va-t-il se passer ? L’allèle lutino, l, est lié au sexe, sur le chromosome Z. Pour qu’il s’exprime, il faut, chez le mâle (Z/Z) qu’il soit porté par les deux chromosomes Z : (Zl/Zl). La femelle, verte, dans notre cas, n’a pas l’allèle responsable de la couleur lutino sur son chromosome Z. On dira qu’elle est « normale », de génotype (ZN/W) Le mâle va fournir des gamètes qui seront tous (Zl). La femelle va fournir des gamètes qui seront pour moitié (ZN) et pour moitié (W) A la fécondation, on aura donc des oiseaux : (ZN/Zl) et (Zl/W) soit 50 % de mâles verts porteurs lutino [V] (ZN/Zl) et 50 % de femelles lutino [l] (Zl/W). Vous remarquez que dans un allèle lié au sexe, la femelle ne peut jamais être porteuse sans que le gène ne s’exprime ! Autrement dit, un oiseau vert porteur de lutino ne peut être qu’un mâle !! Cas 6) Croisons maintenant un mâle vert [V] non porteur (V/V et ZN/ZN) avec une femelle lutino [l], (Zl/W). Que va-t-il se passer ? Le mâle va nous donner des gamètes (ZN) et la femelle, des gamètes pour moitié (Zl) et pour moitié (W). A la fécondation, on aura donc des oiseaux : (ZN/Zl) et (ZN/W) à part égale statistiquement. C’est-à-dire que l’on aura 50 % de mâles verts mais porteurs [V] (ZN/Zl) et 50 % de femelles vertes, [V] (ZN/W). Cas 7) Croisons maintenant un mâle vert [V] porteur de lutino (Zl/ZN) avec une femelle lutino [l] (Zl/W). Le mâle va nous donner des gamètes moitié (Zl) et moitié (ZN) et la femelle va nous donner des gamètes pour moitié (Zl) et pour moitié (W). A la fécondation, on aura donc des oiseaux : (Zl/Zl), (ZN/Zl), (Zl/W) et (ZN/W) Soit statistiquement 25 % de mâles lutino [l] (Zl/Zl), 25 % de mâles verts porteurs [V] (ZN/Zl), 25 % de femelles lutino [l] (Zl/W) et 25 % de femelles vertes [V] (ZN/W), bien sûr non porteuses ! Désolé pour les maux de crâne !!