Traditions d’études linguistique non occidentales • Tradition linguistique chinoise : VIème s. av. J.C => très longtemps inconnue de l’occident. N’aura aucune influence directe sur le développement de la linguistique • Hindous : IVème s av. JC Panini, traduction des védas. Les 8 chapitres, texte grammatical permettant la transmission du texte sacré => influence sur l’occident après la découverte du sanskrit et de sa parenté avec langues européennes => indo-européen Sophie Wauquier Université Paris 8 Les grecs et les grammairiens latins • Platon - les mots et les choses / le symbolique et l’arbitraire - le langage et l’essence du monde • Aristote : La Poétique, La Rhétorique • Langage et raisonnement - logos : logique et langage • grammatikè / grammata - Denys de Thrace (II ème siècle av. J.-C.) - Varron (Ier siècle av. J.-C.) - Quintilien, Apollonios Dyscole (Ier siècle ap. J.-C.) - Priscien (Vème siècle ap. J.-C) => La réflexion sur le langage et la grammaire élaborées dans l’Antiquité = socle de la tradition occidentale et de la linguistique moderne • Grammairiens arabes : VIIIème s ap. J.C Stabilisation d’une koyne liée aux conquêtes arabes. Etudes et analyses de la langue arabe et de ses structures. Al Kitāb (Sībawayhi) , premier traité historiquement attesté, haut niveau théorique. Tradition érudite. Rôle dans transmission de l’héritage antique en occident => influence jusqu’au aujourd’hui sur études sémitiques XIXème • Typologie / taxinomie : espèces, cultures et langues - l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Linné • Le Romantisme (allemand) - l’origine des langues et du langage (Rousseau, Herder) - la métaphore organique (Goethe, Von Humbolt) • La découverte du sanscrit et l’indo-européen - Sir Jones (1786), Bopp (1816, 1833) • Le comparatisme (Bopp, Frères Schlegel, Grimm, Schleicher) • Les néo-grammairiens et la linguistique historique • Dictionnaires et Atlas linguistiques La linguistique historique et comparée La linguistique historique et comparée • La double métaphore organiciste et généalogique => reconstitution des familles de langues, histoire et filiation linguistique • Domaines - phonétique historique (premier domaine étudié) ‘hospitale(m) > hôtel / hôpital ripa > rive ; chevals > chevaux - changements grammaticaux / changements lexicaux - classes de mots, l’ordre des mots / renouvellement lexical => ex en AF. - étymologie, onomastique, toponymie - etymons, racines primitives La linguistique historique et comparée Ferdinand de Saussure 1857-1913 1857-19131857-191 1 1857-1913 Synchronie / diachronie : le jeu d’échec • Genève : Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indoeuropéennes (1878) • Les textes - Le cours de linguistique générale (1916, Bailly / Sechehaye) - Ecrits de linguistique générale (2002) • Les concepts fondateurs - Synchronie / diachronie - Le signe linguistique : signifiant / signifié - Langue et parole La langue est un jeu d’échec • La métaphore du jeu d’échec Si j’interviens à un moment M d’une partie d’échecs, je peux comprendre ce qui se passe (l’état de la partie) de deux manières 1- en reconstituant la partie en retournant aux coups précédents M-1, M-2, M-3 etc) pour comprendre comment la partie s’est déroulée et qui a joué quoi => diachronie : l’évolution de la partie est déterminante 2- en regardant la position des pièces les unes par rapport aux autres au moment M (quelles pièces restent, quels sont les coups possibles pour les deux joueurs) => synchronie : la structure de la partie est déterminante les possessifs en français : diachronie • Je peux observer une langue à un moment M selon ces deux points de vue 1- en reconstituant toutes les étapes de sa formation, son origine, les contacts avec d’autres langues etc => diachronie : l’évolution de la langue est l’objet d’étude 1- Latin classique ma rose (sujet) : rosa mea ma rose (objet) : rosam meam mon cheval (sujet) : equus meus mon cheval (objet) : equum meum 2- en regardant la position des objets linguistiques de cette langue (mots, sons, combinaisons, règles) les uns par rapport aux autres au moment M => synchronie : la structure de la langue est l’objet d’étude 2- Ancien français • réduction des cas mea / meam > ma ; meae / meas > mes ; meus, meum > mon ; mei / meos > mes • neutralisation du genre par le nombre meos / meas > mes • Démarches complémentaires mais séparées pour raisons méthodologiques et cognitives (un locuteur de 2013 n’a pas la mémoire de tous les états de sa langue depuis son apparition, un bébé né en 2013 apprend l’état actuel du français) mes roses (sujet) : rosae meae mes roses (objet) : rosas meas mes chevaux (sujet) : equi mei mes chevaux (objet) : equos meos 3- français contemporain : mon / ma /mes => déterminants possessifs en français contemporain comprennent par leur formation et leur évolution se les possessifs en français : synchronie 1- mon / ma / mes 2- qui s’opposent à ton / ta / tes son / sa / ses le / la / les un / une / des ce / cette / ces notre / notre / nos certain / certaine / certains / certaines => déterminants possessifs en français contemporain se comprennent par la place qu’ils occupent et les relations qu’ils entretiennent avec d’autres déterminants dans la structure que constitue la grammaire 2 du français Le signe linguistique • Deux faces indissociables la métaphore du découpage dans la feuille de papier • Toujours un signifiant / un signifié ? Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches (Verlaine) Elle est mignonne cette fille, une jolie petite fleur La fleur de sa jeunesse Femmes de chef de gare , c’est vous la fleur des pois (Brassens) La fine fleur de la chevalerie française C’est passé comme une fleur A fleur de peau une fleur de coin Radis à la fleur de sel • Evolution du signifiant / évolution du signifié peuvent être indépendantes Le signe linguistique • Le signe linguistique : signifiant / signifié vs référent Objet mental Langue Objets physiques monde extra-linguistique Objets signifiant / signifié catégories du langage => référents catégories du monde Arbitraire du signe linguistique • Le signe est arbitraire - Arbitraire de relation : arbitraire entre le signifiant et le signifié => aucune caractéristique intrinsèque du siant ou du sié impose qu’il réfère à telle ou telle réalité - Arbitraire de convention : arbitraire résulte d’une convention dans une langue donnée => appartenance du signe à un système qui fixe sa valeur - cheval / vache, chien, cochon, mouton, poule - cheval / étalon / jument - cheval / destrier / haquenée / palefroi - pou / boue / toux / doux / mou / goût /coût / sous / chou Arbitraire du signe linguistique ? Signes, symboles, icônes • • Les onomatopées : pourquoi les chiens aboient en langue étrangère ? • Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes (Racine, Andromaque, V,5) • Le cratylisme (Platon / Mallarmé) Langue et parole • Langue - Système de signes : connaissance abstraite qui existe dans la conscience de tous les membres de la communauté linguistique indépendante de l’individu et de ses usages particuliers somme d’empreintes déposées dans chaque cerveau somme des images verbales emmagasinées chez tous les individus un trésor déposé par la pratique de la parole dans les sujets appartenant à une même communauté la langue ne peut être ni créée, ni modifié par un individu • Parole - Usage singulier, idiosyncrasique de la langue partie individuelle du langage => préfigure la dichotomie chomskyenne : compétence / performance Linéarité du signe linguistique • Le signe est linéaire « Le signifiant étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractéristiques qu’il emprunte au temps : a) il représente une étendue, et b) cette étendue est mesurable dans une seule dimension : c’est une ligne. […] Par opposition aux signifiants visuels (signaux maritimes, etc.), qui peuvent offrir des complications simultanées sur plusieurs dimensions, les signifiants acoustiques ne disposent que de la ligne du temps ; leurs éléments se présentent l’un après l’autre ; ils forment une chaîne. Saussure, CLG • La « chaîne parlée » Y Y Y Y XXXXX XXXXX XXXXX XXXXX