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84 Les systèmes informatisés complexes en santé
Le terme « médecine personnalisée », consacré maintenant dans l’univers de
la santé et plus particulièrement dans celui de la cancérologie, fait aujourd’hui son
apparition auprès du grand public[1].
C’est une médecine qui se veut autre dans la prise en charge de la maladie et
plus précisément du cancer, et par conséquent différente de la médecine classique
et universelle.
Elle passe de la médecine symptomatique à une médecine causale, s’appuyant
sur la compréhension fine des mécanismes du processus tumoral.
Ce nouveau concept de la médecine cherche à proposer à chaque patient
un traitement spécifique au vu des caractéristiques distinctes et complètes de sa
tumeur. C’est une médecine devenue de précision, grâce à l’apport de l’informa-
tique.
Informatisée, elle devient au fil des années une nouvelle discipline scienti-
fique et elle se donne un triple objectif, celui d’affiner le diagnostic, de rationa-
liser la prise en charge thérapeutique du patient et d’engager ce dernier dans une
démarche préventive et participative.
II.UNE MÉDECINE PILOTÉE PAR LES DONNÉES
C’est grâce au développement de puissants outils d’analyse de données agrégées:
la bio-informatique et la biostatistique, le séquençage à haut débit maintenant acces-
sible en routine: automatisation du screening génétique, d’où la connaissance précise
du génome tumoral ainsi qu’aux avancées majeures de la recherche en cancérolo-
gie, qu’on peut accepter maintenant l’idée que chaque individu soit unique et que
chaque tumeur ait des particularités dont il faut tenir compte.
En conséquence de quoi, cette « personnalisation » va consister, non plus à
traiter tous les patients atteints d’une maladie donnée, cancer du sein, poumons,
sang… par un traitement/drogue standard qui parfois les met dans une impasse thé-
rapeutique (actuellement, 48 % des malades atteints d’un cancer sont dans cette
situation…[2]), mais à prendre en compte les spécificités moléculaires et biolo-
giques du patient et de sa tumeur, qui vont influencer l’évolution de sa maladie, le
choix et l’efficacité du traitement proposé, et à rechercher, via le séquençage des
cellules cancéreuses, les mutations responsables de la tumeur afin d’appliquer un
« traitement ciblé ». On parlera alors de pharmacogénétique.
Il ne s’agit pas de créer un médicament différent pour chaque patient, mais
bien d’identifier des sous-groupes de personnes qui possèdent des susceptibilités
physiologiques semblables à certaines maladies ou à certaines molécules chimiques
présentes dans les médicaments.
Chaque personne recevrait ainsi des traitements taillés sur mesure pour son
groupe d’appartenance présentant des biomarqueurs communs.