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RÉSISTANCE AUX
CARBAPÉNÈMES
DU DIAGNOSTIC
À LA GESTION DES ÉPIDÉMIES
TABLE DES MATIÈRES
● RÉSISTANCE AUX CARBAPÉNÈMES
2
● ÉPIDÉMIOLOGIE
6
● ASPECTS CLINIQUES
11
● TRAITEMENT
12
● DIAGNOSTIC
14
● DÉPISTAGE
20
● CONTRÔLE ET PRÉVENTION
DES INFECTIONS
23
● CONCLUSION
25
LISTE DES ABRÉVIATIONS
RÉFÉRENCES
26
27
Nous tenons à remercier le professeur Patrice Nordmann et le
docteur Laurent Poirel pour avoir rédigé le contenu de cette brochure
et partagé leurs précieuses connaissances sur la résistance aux
carbapénèmes
3
INTRODUCTION
La résistance des bactéries aux antibiotiques pose un problème majeur de
santé publique dans le monde. La réalité de cette menace a été récemment
reconnue par l’OMS dans son rapport 2014 sur la résistance aux antibiotiques
(www.who.int/drug resistance/en).
L’augmentation de la résistance est particulièrement préoccupante chez les
bacilles à Gram négatif tels que Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter
baumannii et les entérobactéries, ces dernières étant les pathogènes les
plus importants pour l’homme. Les carbapénèmes sont les derniers
antibiotiques à pouvoir être utilisés pour traiter les infections dues à ces
bacilles à Gram négatif (31).
La résistance aux carbapénèmes chez ces espèces est liée à l’association de
mécanismes de résistance (surexpression des bêta-lactamases à spectre
étendu avec pompes à efflux, imperméabilité ou à l’expression de bêtalactamases hydrolysant les carbapénèmes, connues sous le nom de
carbapénémases (31).
Chez les entérobactéries, les carbapénémases représentent le mécanisme
de résistance le plus important, dans la mesure où les gènes de
carbapénémases sont principalement codés par des plasmides, qu’ils sont
associés aux multirésistances ou aux résistances à tous les antibiotiques et
qu’ils sont très transférables, du moins chez les entérobactéries, ce qui les
rend potentiellement responsables d’épidémies (31, 36, 38).
Cette brochure traite des problèmes liés aux bacilles à Gram négatif
résistants aux carbapénèmes (principalement les entérobactéries
productrices de carbapénèmases), de même que de leur pertinence
clinique, de leur détection, de leur traitement et de leur prévention.
● Prof. Patrice Nordmann ● Dr. Laurent Poirel
Unité de microbiologie médicale et moléculaire, département de médecine,
faculté des sciences, université de Fribourg, Suisse
INSERM U914, Mécanismes émergents de résistance aux antibiotiques
et son homologue
Le Centre National de Référence de la résistance aux antibiotiques,
Hôpital Bicêtre, France
RÉSISTANCE AUX
CARBAPÉNÈMES
Quels sont les mécanismes de résistance aux
carbapénèmes chez les bacilles à Gram négatif ?
La résistance aux carbapénèmes chez les entérobactéries est liée :
• à l’association d’une baisse de la perméabilité de la membrane externe à
une surexpression des bêta-lactamases possédant une activité limitée de
carbapénémase (céphalosporinase [AmpC] ou bêta-lactamase à spectre
étendu (BLSE, principalement CTX-M, inhibée par l’acide clavulanique)
• ou à l’expression de « vraies » carbapénémases.
Les mécanismes de résistance aux carbapénèmes qui ne sont pas liés aux
carbapénémases ne sont pas transférables (31, 36, 38). De plus, si le mécanisme
de résistance implique un déficit des porines, cela pourrait avoir une incidence
importante sur la compétitivité des bactéries, ce qui contribuerait à une
réduction du taux de transmission. Ces propriétés peuvent expliquer pourquoi
on considère que les isolats résistants aux carbapénèmes qui ne produisent
pas de carbapénémases sont moins préoccupants en matière de santé
publique que les producteurs de carbapénémases (31). Les mécanismes de
résistance aux carbapénèmes qui ne sont pas liés aux carbapénémases sont
répandus chez les espèces d’entérobactéries qui produisent naturellement
une céphalosporinase, comme Enterobacter sp. (31).
Quant aux mécanismes de résistance aux carbapénèmes qui sont liés aux
carbapénémases, ils sont principalement codés par des plasmides, ce qui les
rend très transférables, du moins chez les entérobactéries, et donc
potentiellement responsables d’épidémies. Ils sont aussi largement associés
aux multirésistances ou aux résistances à tous les antibiotiques (31, 36, 38).
RÉSISTANCE AUX CARBAPÉNÈMES
Imperméabilité
aux carbapénèmes
Non transférable
V FAIBLE RISQUE de transmission entre patients
Carbapénémase
Transférable via les plasmides
V RISQUE ÉLEVÉ de transmission entre patients
Actuellement, la diffusion de carbapénémases constitue
le problème clinique le plus important en matière de résistance
aux antibiotiques chez les Gram négatifs, en particulier
chez les entérobactéries (49).
2
Les carbapénémases rencontrées chez les entérobactéries se distinguent des
BLSE en ce sens qu’elles hydrolysent les carbapénèmes efficacement (36). Dans
la plupart des cas, la structure protéique des carbapénémases diffère
sensiblement de celle des BLSE, à l’exception notable de plusieurs bêtalactamases de type GES et OXA-48 qui peuvent avoir des analogues porteurs
de mutations ponctuelles avec l’activité des BLSE (31, 36, 39).
Les carbapénémases appartiennent à l’un des trois groupes de bêtalactamases, à savoir les groupes des classes A, B et D d’Ambler (36). Les
différences qui existent entre ces enzymes de type carbapénémase sont
importantes sur le plan clinique, étant donné que leur profil hydrolytique
diffère (Figure 1). La répartition et l’épidémiologie de leurs espèces dans le
monde ne sont pas non plus les mêmes (31, 36).
• Bêta-lactamases de la classe A d’Ambler : pénicillinases
Ce groupe comprend les « pénicillinases inhibées par l’acide clavulanique
». La plus répandue d’entre elles est KPC (Klebsiella pneumoniae
carbapenemase) (6, 29), mais d’autres ont été identifiées, comme SME, NMC,
IMI, GES... (36) Ces enzymes possèdent un large spectre d’activité semblable
à celui des BLSE, avec une activité étendue vis-à-vis des carbapénèmes. Leur
activité est inhibée In Vitro par les inhibiteurs des bêta-lactamases
cliniquement disponibles tels que l’acide clavulanique, le tazobactam et
l’avibactam*, en association à la ceftazidime ou à l’aztréonam.
• Bêta-lactamases de la classe B d’Ambler : métallo-bêta-lactamases
Le deuxième groupe est celui des métallo-bêta-lactamases (MBL), qui
comprend les bêta-lactamases de type IMP, VIM et NDM (5, 35, 54). Les MBL
hydrolysent toutes les bêta-lactamines, à l’exception de l’aztréonam.
• Bêta-lactamases de la classe D d’Ambler : oxacillinases
Le troisième groupe comprend plusieurs (mais pas la totalité !) dérivés
d’oxacillinase OXA-48 (42, 43). Ils hydrolysent les pénicillines et les
céphalosporines de première génération. Ils n’hydrolysent pas de façon
significative les céphalosporines de deuxième et troisième génération
comme le céfotaxime et la céftazidime. Enfin, ils hydrolysent les
carbapénèmes, mais faiblement. Ils ne sont pas inhibés par les inhibiteurs
des bêta-lactamases cliniquement disponibles, mais sont inhibés par
l’avibactam.
Aucun des inhibiteurs des bêta-lactamases disponibles
à ce jour ne permet l’inhibition, à lui seul, des trois groupes
de carbapénémases (A, B et D)
* Commercialisation prévue prochainement
3
Chez Pseudomonas aeruginosa, la résistance aux carbapénèmes est
principalement due à l’imperméabilité à l’imipénème, associée à des
modifications qualitatives ou quantitatives de la porine OprD2 (28). La
surexpression de la porine MexXY-OprM peut conduire à une diminution de la
sensibilité au méropénème. Toutefois, des carbapénémases ont également été
reportées chez P. aeruginosa. Il s’agit principalement de MBL (VIM, IMP) (5).
Chez le pathogène associé aux soins Acinetobacter baumannii, la résistance aux
carbapénèmes est aussi largement observée ; elle est associée à différents types
de carbapénémases comme ceux identifiés chez les entérobactéries (NDM, IMP,
VIM) (2). Plusieurs carbapénémases de la classe D d’Ambler sont spécifiques de
A. baumannii : OXA-23, OXA-40 et OXA-58 (mais pas les d’OXA-48 !) (42). Ces
enzymes hydrolysent faiblement les carbapénèmes et ne sont pas inhibées par
les inhibiteurs des bêta-lactamases disponibles sur le marché (42).
Pénicilline du groupe A Amoxicilline
Aminopénicilline
Ampicilline
Carboxypénicilline
Uréidopénicilline
Bêta-lactamines
+ Inhibiteur
Ticarcilline
Pipéracilline
Amoxicilline + Clav. ac
Ticarcilline + Clav. ac
Pipéracilline
Tazobactam
Ampicilline Sulbactam
Céphalosporine 1ère Gén. Céfazoline
Céphalosporine 2ème Gén. Céfuroxime
4
Céphalosporine 3ème
Gén.
Ceftriaxone
Ceftazidime
Céphalosporine 3ème
Gén. orale
Céfixime
Cefpodoxime
Céphalosporine 4ème
Gén.
Céfépime
Cefpirome
Céphamycines
Céfoxitine
Céfotétan
Carbapénèmes
Imipénème
Ertapénème
Méropénème
Doripénème
Monobactame
Aztréonam
Pénicillinase résistante aux
inhibiteurs
Principaux représentants
de la classe d’antibiotiques
Pénicillinase acquise de bas
niveau
Classes
d’antibiotiques
Céphalosporinase naturelle
■ Résistance
■ Sensibilité diminuée
■ Sensibilité
Pénicillinase naturelle
Figure 1 : Principaux profils de résistance observés chez les Gram négatifs
RÉSISTANCE AUX CARBAPÉNÈMES
+
+++
A. baumannii
Souvent les deux simultanément
Carbapénémases de classe D
d’Ambler
Oxacillinases : OXA-48 et autres
P. aeruginosa
Carbapénémases de classe B
d’Ambler
Métallo-bêta-lactamases : VIM,
IMP, NDM
++
Carbapénémases de classe A
d’Ambler
Pénicillinase : KPC, IMI, GES…
+++
Imperméabilité aux carbapénèmes
Pseudomonas
Entérobactéries
Imperméabilité aux carbapénèmes
Enterobacteriaceae
IMPERMÉABILITÉ AUX
CARBAPÉNÈMES
Céphalosporinase de
haut niveau (AmpC)
CARBAPÉNÉMASE
BLSE
Pénicillinase acquise de haut
niveau
La plupart, sinon la totalité, des souches d’A. baumannii résistantes aux
carbapénèmes produisent au moins une carbapénémase qui est souvent
associée à une diminution de la perméabilité et/ou une surexpression des
pompes à efflux (2).
5
ÉPIDÉMIOLOGIE
Quelle est l’étendue de la propagation de la
résistance des bacilles aux carbapénèmes à
travers le monde ?
A) Propagation de la résistance aux carbapénèmes par imperméabilité
Les isolats d’entérobactéries résistants aux carbapénèmes qui ne produisent pas
de carbapénémases sont principalement K. pneumoniae et Enterobacter spp.
Ils expriment habituellement une baisse de la perméabilité de la membrane
externe associée à une enzyme de type CTX-M ou une surexpression d’une
céphalosporinase, respectivement. Bien que les données épidémiologiques
concernant ces isolats résistants aux carbapénèmes soient limitées, leur
prévalence semble varier très sensiblement d’un pays à l’autre.(1-40 %) (31, 38).
IMPERMÉABILITÉ AUX CARBAPÉNÈMES
K. pneumoniae
Imperméabilité et CTX-M
Enterobacter spp. Imperméabilité et céphalosporinases (AmpC)
B) Diffusion des producteurs de carbapénémases
Les données relatives à la distribution mondiale des producteurs de
carbapénémases chez les entérobactéries sont davantage connues.
• Classe A : pénicillinases
Les enzymes de type KPC sont actuellement les plus importantes dans le
monde sur le plan clinique parmi les carbapénémases de classe A (29, 32).
La première bactérie productrice de KPC (une K. pneumoniae KPC-2-positive)
a été identifiée sur la côte est des États-Unis en 1996 (51). En l’espace de quelques
années, des bactéries productrices de KPC ont été identifiées dans la quasitotalité des États du pays où leur prévalence est désormais très forte (29). Elles se
sont répandues à travers le monde et ont été identifiées chez de nombreuses
espèces à Gram négatif, même si on identifie encore presque toujours les
enzymes de type KPC essentiellement chez K. pneumoniae (Figure 2) (6, 29, 32).
6
Figure 2 : Distribution géographique des bactéries productrices de KPC
Distribution inconnue des bactéries productrices de KPC
Diffusion sporadique des bactéries productrices de KPC
Épidémies dues aux bactéries productrices de KPC
Endémicité des bactéries productricesde KPC
Adaptation de Nordmann P, Poirel L. Clin Microbiol Infect. 2014;20(9):821-3
En Amérique latine, les bactéries productrices de KPC sont endémiques
dans certains pays tels que la Colombie et l’Argentine (25). En Europe, on
retrouve des bactéries productrices de KPC dans presque tous les pays ;
elles sont le plus souvent liées aux importations en provenance de zones
endémiques (29). En Europe, la Grèce et l’Italie sont des zones endémiques.
En Israël, l’endémicité des bactéries productrices de KPC a été démontrée
dans de nombreux cas associés aux soins, mais aussi visiblement dans des
cas d’infections communautaires (Figure 2).
En Asie du Sud-Est, l’ampleur de la diffusion des bactéries productrices de
KPC n’est pas bien connue, même si la Chine peut avoir à faire face à des
situations endémiques. En Inde, il n’existe que très peu de rapports sur les
isolats produisant des KPC, les carbapénémases le plus souvent identifiées
étant les enzymes de type NDM et OXA-48 like (voir ci-dessous).
Un clone spécifique de K. pneumoniae producteur de KPC-2 ou KPC-3
(ST 258) a été largement identifié au niveau mondial (6).
Bien que NmcA ait été la toute première carbapénémase séquencée à avoir
été identifiée chez les entérobactéries dans les années 1990 (30), d’autres
types de carbapénémases de classe A (NmcA, SME, IMI, GES) ont encore
une diffusion locale, avec des bêta-lactamases de type GES ayant une
diffusion plus spécifique en Amérique du Sud (36).
KPC
K. pneumoniae
Enterobacter spp.
+++
+
Autres entérobactéries
rare
P. aeruginosa
rare
7
• Classe B : métallo-bêta-lactamases
Les métallo-bêta-lactamases (MBL) sont connues pour être intrinsèques à de
nombreuses espèces bactériennes environnementales et opportunistes.
Cependant, depuis le début des années 1990, elles sont également identifiées
comme étant des enzymes acquises, chez Pseudomonas ou chez les
entérobactéries (5, 20, 41, 53).
Les MBL les plus fréquentes identifiées chez les entérobactéries appartiennent
aux familles VIM et IMP, à la famille NDM émergente, tandis que d’autres,
comme GIM-1, SIM-1, SPM-1 ou KHM-1, demeurent sporadiques (4, 25, 35, 46).
Bien que rapportée au niveau mondial, la prévalence des bactéries
productrices de VIM chez les entérobactéries est très forte en Europe du Sud
et dans la région méditerranéenne, tandis que les bactéries productrices d’IMP
restent essentiellement situées en Asie (5, 35, 51).
L’une des carbapénémases les plus importantes sur le plan clinique est
NDM-1 (New Delhi métallo-bêta-lactamase), identifiée par coïncidence en
2009 en Suède dans les isolats de K. pneumoniae et d’E. coli d’un patient qui
avait déjà été hospitalisé en Inde (22, 35). Le principal réservoir identifié
d’entérobactéries productrices de NDM est le sous-continent indien (Pakistan,
Inde, Sri Lanka) (Figure 3) (12, 35). Ces pays font face actuellement à de
nombreuses épidémies de souches productrices de NDM (39). La diffusion des
souches productrices de NDM a été largement identifiée non seulement
parmi les patients, mais aussi dans les sols, du sous-continent indien (54).
La prévalence du portage dans cette région est estimée entre 5 et 15 % (7, 37).
Une diffusion importante de bactéries productrices de NDM a également été
identifiée au Royaume-Uni en raison de ses liens étroits avec l’Inde et le
Pakistan (21, 35). Par la suite, des producteurs de NDM chez les entérobactéries
ont été rapportés presque partout dans le monde, notamment en Asie,
Afrique, Australie, Amérique et Europe (Figure 3) (3).
Figure 3 : Distribution géographique des bactéries productrices de NDM
Distribution inconnue des bactéries productrices de NDM
Diffusion sporadique des bactéries productrices de NDM
Épidémies dues aux bactéries productrices de NDM
Endémicité des bactéries productrices de NDM
Adaptation de Nordmann P, Poirel L. Clin Microbiol Infect. 2014;20(9):821-3
8
ÉPIDÉMIOLOGIE
Les États des Balkans, la péninsule arabique et l’Afrique du Nord constituent
une autre source particulièrement importante de bactéries productrices de
NDM (ou réservoir secondaire établi) (Figure 3) (33, 35).
MÉTALLO-BÊTA-LACTAMASES
Entérobactéries :
K. pneumoniae
E. coli
VIM, IMP, NDM
P. aeruginosa
A. baumannii
VIM , IMP
IMP, NDM (rare)
• Classe D : oxacillinases
En 2003, la première bactérie productrice d’OXA-48 identifiée a été un isolat
de K. pneumoniae venant de Turquie (40). Depuis, des bactéries productrices
d’OXA-48, étant souvent à l’origine d’épidémies associées aux soins, ont été
largement rapportées en Turquie, puis dans les pays d’Afrique du Nord et,
plus récemment, au Moyen-Orient et en Inde (18, 43).
En Europe, dans de nombreux pays comme la France et le Royaume-Uni, la
prévalence de cette carbapénémase est en passe d’être la plus forte.
Actuellement, il est rare d’identifier des bactéries productrices d’OXA-48 en
Amérique du Nord et du Sud (Figure 4) (23, 43).
Il est intéressant de noter qu’une enzyme atypique de type OXA-48, OXA163, a été identifiée à partir d’isolats d’entérobactéries venant d’Argentine
et d’Égypte (43). OXA-163 diffère d’OXA-48 par une seule substitution d’acide
aminé et par quatre suppressions d’acide aminé. Son activité de
carbapénémase est presque indétectable, son profil de substrat comprend
des céphalosporines à large spectre et son activité est partiellement inhibée
par l’acide clavulanique, lui conférant un phénotype de résistance semblable
à celui d’une BLSE (43).
OXACILLINASES AVEC UNE
ACTIVITÉ DE CARBAPÉNÉMASE
Entérobactéries :
K. pneumoniae
OXA-48+++
A. baumannii
OXA-23+++
9
ÉPIDÉMIOLOGIE
Figure 4 : Distribution géographique des bactéries productrices d’OXA-48
Distribution inconnue des bactéries productrices
de type OXA-48
Diffusion sporadique des bactéries productrices
de type OXA-48
Épidémies dues aux bactéries productrices
de type OXA-48
Endémicité des bactéries productrices
de type OXA-48
Adaptation de Nordmann P, Poirel L. Clin Microbiol Infect. 2014;20(9):821-3
Chez P. aeruginosa, le mécanisme de résistance aux carbapénèmes le
plus important est la modification quantitative ou qualitative de la porine
OprD2 (28). La prévalence de ce caractère de résistance est stable, du moins
en Europe, allant de 15 à 20 % (28). Des KPC et des MBL ont été rapportés
chez P. aeruginosa, bien que la vitesse de diffusion des bactéries
productrices de KPC chez P. aeruginosa ne soit pas bien connue (33). Leur
prévalence est très forte dans la partie nord de l’Amérique du Sud, tandis
que l’on rapporte largement des bactéries productrices de VIM en Europe
du Sud et des bactéries productrices d’IMP en Asie. Quant aux bactéries
productrices de NDM, elles restent rares chez P. aeruginosa (5).
Chez A. baumannii, le principal mécanisme de résistance est la production
de bêta-lactamases hydrolysant les carbapénèmes. Des bactéries
productrices d’OXA-23 sont identifiés au niveau mondial tandis que les
bactéries productrices d’OXA-40 et d’OXA-58 sont moins largement
répandues (2, 42). La structure de ces oxacillinases est sensiblement différente
de celle des enzymes OXA-48 provenant des entérobactéries (42). Des
bactéries productrices de KPC et de MBL ont aussi été identifiées. La
prévalence de la résistance aux carbapénèmes chez A. baumannii varie d’un
pays à l’autre, avec un taux de résistance beaucoup plus élevé (40-60 %) en
Europe du Sud, au Moyen-Orient, en Turquie, en Amérique du Sud et en
Asie (2).
10
ASPECTS
CLINIQUES
Quels sont les aspects cliniques des
infections dues aux Gram négatifs résistants
aux carbapénèmes ?
Parmi les infections causées par des isolats d’entérobactéries résistantes aux
carbapénèmes, on retrouve les infections des voies urinaires, la péritonite,
la septicémie, les infections pulmonaires, les infections des tissus mous ainsi
que les infections associées aux dispositifs médicaux (15, 49). Il n’y a pas de
différence selon le sexe et la plupart des cas concernent des adultes (15, 49).
La grande majorité des infections sont des infections des voies urinaires,
comme observé pour toute infection à entérobactéries.
Des infections en milieu hospitalier et en milieu communautaire ont été rapportées.
Aucune manifestation clinique spécifique n’a été associée aux bactéries productrices
de carbapénémases par rapport aux souches sauvages sensibles (15, 49).
Tous les types d’espèces d’entérobactéries productrices de carbapénémases
sont impliqués dans les infections, mais K. pneumoniae et E. coli sont les
principales sources d’infections contractées respectivement en milieu
hospitalier et en milieu communautaire.
SOURCES DES INFECTIONS CONTRACTÉES EN MILIEU HOSPITALIER
ET EN MILIEU COMMUNAUTAIRE (36)
KPC, IMP, VIM
Infections contractées en milieu hospitalier
OXA-48, NDM
Infections contractées en milieu hospitalier et en milieu communautaire
Des isolats d’entérobactéries résistantes aux carbapénèmes qui ne produisent pas
de carbapénémases ont été identifiés comme étant à l’origine d’infections contractées
en milieu hospitalier (principalement K. pneumoniae et Enterobacter spp.) (36).
Comme les isolats sensibles aux carbapénèmes, les isolats de P. aeruginosa et
d’A. baumannii résistants aux carbapénèmes sont le plus souvent à l’origine des
infections contractées en milieu hospitalier comme la septicémie, les infections
liées aux cathéters, la pneumonie, les infections des plaies ou encore les
infections des voies urinaires.
Aucun facteur de virulence spécifique ne semble être associé aux
carbapénémases.
PRINCIPAUX TYPES D’INFECTIONS (15, 49)
Voies urinaires
Péritonite
Voies respiratoires
Tissus mous/Plaies Infections associées aux dispositifs médicaux
Septicémie
11
TRAITEMENT
Comment traiter les infections dues aux bacilles
à Gram négatif résistants aux carbapénèmes ?
La plupart des bacilles à Gram négatif résistants aux carbapénèmes sont aussi
multirésistants aux antibiotiques autres que les bêta-lactamines, sauf les isolats
de P. aeruginosa résistants à l’imipénème (modification de la porine OprD2)
qui peuvent rester sensibles à plusieurs antibiotiques à large spectre.
Il n’existe pas de consensus sur le schéma antibiotique optimal pour traiter
les infections dues aux bactéries productrices de carbapénémases chez les
entérobactéries (13, 14, 15). Les patients infectés doivent être traités, mais pas
les porteurs. Plusieurs études décrivent l’impact de l’emploi intensif de
carbapénèmes et d’autres antibiotiques à large spectre, tels que les
céphalosporines et les fluoroquinolones de troisième et quatrième
génération, comme facteurs de sélection des bacilles à Gram négatif
résistants aux carbapénèmes (14, 49). Une mortalité accrue a été observée
pour les infections dues aux bactéries productrices de carbapénémases en
comparaison de celles dues à des souches sensibles (15).
Le choix d’une antibiothérapie optimale repose en grande partie sur l’analyse
détaillée des résultats de l’antibiogramme. Dans bien des cas, le choix des
antibiotiques reste limité à la Colistine, la Fosfomycine parentérale, la
Gentamicine, l’Amikacine et la Tigécycline (14, 27, 45, 55). Le site de l’infection et la
diffusion des antibiotiques au site infecté sont également des facteurs à
prendre en considération dans le choix de l’antibiotique le mieux adapté. Les
antibiotiques ne doivent pas être administrés en monothérapie pour traiter les
bactéries productrices de carbapénémases afin de ne pas renforcer la
résistance aux antibiotiques et, théoriquement, d’améliorer l’efficacité clinique.
• Traitement des infections dues aux bactéries productrices de
carbapénémases chez les entérobactéries
Récemment, il a été proposé que les carbapénèmes, sous réserve qu’ils
présentent de faibles valeurs de CMI, puissent être administrés pour traiter les
bactéries productrices de carbapénémases à forte dose, selon un schéma de
perfusion prolongée et, de préférence, en association avec un aminoglycoside
ou une colistine (14, 27).
12
Cependant, la plupart des recommandations actuelles s’appuient sur des
études réalisées avec des bactéries productrices de KPC et de VIM, et non
avec des bactéries productrices d’OXA-48 et de NDM. De plus, 20 % environ
des bactéries productrices d’OXA-48 ne produisent pas de BLSE et peuvent
rester sensibles aux céphalosporines à spectre étendu (9).
• Traitement des infections dues aux isolats de P. aeruginosa
résistants à l’imipénème avec modification de la porine OprD2
Les choix thérapeutiques peuvent comprendre des céphalosporines à
spectre étendu, des aminoglycosides et des fluoroquinolones – des
antibiotiques auxquels de nombreuses souches restent sensibles. Il convient
de privilégier un traitement par une association d’antibiotiques plutôt que
par monothérapie, même si ces derniers temps cette thèse a été
controversée (28, 52). À ce jour, aucune étude n’a rendu compte de l’évaluation
des traitements des infections dues à la bactérie P. aeruginosa productrice
de carbapénémases. Le choix de la meilleure association d’antibiotiques
doit reposer sur l’analyse des résultats de l’antibiogramme. Le Méropénème,
la Colistine et la Fosfomycine parentérale ou encore la Rifampicine
parentérale peuvent entrer dans l’association d’antibiotiques, sous réserve
que P. aeruginosa soit naturellement résistant à la Tigécycline (48, 52).
• Traitement des infections dues à A. baumannii résistant
aux carbapénèmes
La Tigécycline et la Colistine sont proposées, mais l’antibiothérapie la
mieux adaptée reste inconnue (2, 44, 48).
ASSOCIATION POSSIBLE D’ANTIBIOTIQUES EN
FONCTION DES RÉSULTATS DES ANTIBIOGRAMMES
ET DE LA DÉTERMINATION DE LA CMI
Entérobactéries
• Colistine, Fosfomycine parentérale, Gentamicine et
Tigécycline en bithérapie ou trithérapie
• Carbapénème (si la CMI est faible), à forte dose
et perfusion prolongée + aminosides ou Colistine
P. aeruginosa
• Imperméabilité :
Céphalosporines à spectre étendu, aminosides ou
fluoroquinolones
• Carbapénémase :
Méropénème, Colistine, Fosfomycine ou Rifampicine
en parentéral
A. baumannii
• Tigécycline et Colistine
13
DIAGNOSTIC
Quels sont les critères qui définissent la
résistance aux carbapénèmes ?
La pertinence du choix d’isolats suspectés d’être de sensibilité diminuée aux
carbapénèmes est cruciale pour permettre d’identifier les isolats producteurs
de carbapénémases (24).
La détection d’isolats producteurs de carbapénémases dans des
prélèvements cliniques repose d’abord sur une analyse minutieuse des
résultats d’antibiogramme. Récemment, les valeurs critiques du CLSI (ÉtatsUnis) et de l’EUCAST (Europe) retenues pour les carbapénèmes ont été
largement abaissées pour permettre une meilleure détection des isolats
résistants aux carbapénèmes (www.clsi.org ; www.eucast.org).
Des valeurs seuils de dépistage pour les bactéries productrices de
carbapénémases sont préconisées par l’EUCAST (Figure 5) et le
Méropénème a été proposé comme étant l’indicateur avec le meilleur
rapport sensibilité/spécificité (26).
Figure 5 : Concentrations critiques, valeurs de CMI et valeurs seuils
de dépistage des carbapénèmes pour les entérobactéries et
A. baumannii, mises à jour en 2014.
CONCENTRATIONS CRITIQUES (mg/L)
SEUIL DE DÉPISTAGE
EUCAST
EUCAST
CLSI
®
R>
S≤
R≥
S≤
Imipénème
8
2
4
1
>1
Méropénème
8
2
4
1
> 0,12
Ertapénème
1
0,5
2
0,5
> 0,12
Doripénème
2
1
4
1
P. Nordmann, communication personnelle,
adaptation de Wayne, PA. M100-S24, CLSI, 2014 / www.eucast.org
14
Pourquoi rechercher l’activité des
carbapénémases plutôt que la résistance aux
carbapénèmes ?
Les raisons de détecter les gènes de carbapénémases acquises sont multiples.
• Comme ils sont principalement localisés dans les plasmides, en particulier
chez les entérobactéries, ils sont diffusés plus facilement (8).
• Les trois principaux types de gènes de carbapénémases, à savoir les gènes
blaKPC, blaNDM et blaOXA-48, sont capables de diffuser au sein des
espèces d’entérobactéries.
• Les gènes blaKPC et blaNDM ont été identifiés chez les entérobactéries,
P. aeruginosa et A. baumannii, ce qui montre leur capacité à franchir la
barrière des espèces.
• Les bactéries productrices de carbapénémases sont également associées
à d’autres caractères de résistance qui ne sont pas liés d’un point de vue
structurel.
Par conséquent, il est important d’identifier ces souches multirésistantes,
voire résistantes à tous les antibiotiques, afin de prévenir leur diffusion et
d’orienter la stratégie de l’antibiothérapie.
En revanche, la résistance due à l’imperméabilité n’est pas transférable et
ne présente pas la même aptitude à diffuser chez les patients. Il n’est donc
pas nécessaire de prendre des mesures de contrôle des infections aussi
rigoureuses. De plus, la résistance par imperméabilité pourrait entraîner un
retour de la sensibilité lorsque la pression de sélection des antibiotiques
s’arrête, ce qui n’est pas le cas pour les carbapénémases.
Comment détecter les bactéries productrices
de carbapénémases comme agents infectieux ?
Toute suspicion d’activité des carbapénémases doit reposer sur l’analyse des
résultats d’antibiogramme (33). Dans un laboratoire clinique, la détection de
l’activité des carbapénémases sur un isolat en culture peut être effectuée à
l’aide de l’une des deux méthodes suivantes :
• Technologie de spectrométrie de masse MALDI-TOF (4-5 heures)
La détection de l’activité des carbapénémases repose sur la détermination du
spectre modifié d’un carbapénème suite au contact avec un lysat de la culture
bactérienne (19, 33). Cette technique nécessite le développement et la validation
d’un protocole spécifique, une période d’incubation (3 à 5 heures), des étapes
de centrifugation supplémentaires, un instrument MALDI-TOF et un personnel
formé (19).
15
• Détection colorimétrique rapide d’un changement de pH
(0,5 à 1,5 heure)
(test RAPIDEC® CARBA NP ou Carba NP « développé par le laboratoire »)
Ce test est basé sur la mise en évidence de l’hydrolyse du noyau ß-lactame
d’une molécule de carbapénème (imipénème). Cette hydrolyse acidifie le
milieu, entraînant le changement de couleur de l’indicateur pH (solution de
rouge de phénol). Aucun appareil de lecture n’est nécessaire : le résultat
peut être lu directement sur la galerie de test. (Figure 6).
Les deux techniques sont très sensibles et spécifiques, et toutes deux
détectent l’hydrolyse des carbapénèmes, et non un nombre spécifique et
limité de gènes de résistance. Elles peuvent détecter n’importe quel type
d’activité de carbapénémases, y compris l’activité résultant de la diffusion et
de l’expression de nouveaux gènes de carbapénémases, avec des résultats
disponibles rapidement (10, 34). Ces techniques détectent l’activité des
carbapénémases chez les entérobactéries, P. aeruginosa et A. baumannii (10, 34).
La détection de la production in vivo d’une carbapénémase à l’aide du test
de Hodge modifié est utilisée depuis des années (49). Cette méthode doit
désormais être abandonnée parce qu’elle demande du temps (les résultats
sont obtenus dans les 72 heures) et qu’elle n’offre pas une spécificité et une
sensibilité suffisantes.
Figure 6 : Principe de la détection colorimétrique de
l’activité des carbapénémases
16
DIAGNOSTIC
Comment identifier le type de carbapénémase ?
La détermination du type exact de carbapénémase (identification des
gènes) est actuellement obligatoire dans deux situations cliniques.
• Dans le cas d’une épidémie en cours : pour dépister les patients contact
proches du patient source et pour identifier rapidement les porteurs de
bactéries productrices de carbapénémases identiques afin d’empêcher que
l’épidémie ne continue de se propager.
• À des fins épidémiologiques : pour surveiller la diffusion des bactéries
productrices de carbapénémases au niveau local, régional ou national.
DÉTECTION PHÉNOTYPIQUE DE CARBAPÉNÉMASES SPÉCIFIQUES
• KPC
La détection phénotypique de l’enzyme KPC est basée sur les effets inhibiteurs
de l’acide boronique et de ses dérivés (acide phénylboronique et acide
3-aminophénylboronique) (19, 26). L’inhibition de l’activité de KPC basée sur
l’acide boronique est fiable, du moins avec K. pneumoniae chez laquelle elle
a été largement évaluée, et lorsque KPC est la seule carbapénémase produite
dans un isolat clinique donné.
• MBL
La détection de l’activité de MBL repose sur l’inhibition par les inhibiteurs
des MBL : l’EDTA, l’acide dipicolinique, la phénanthroline 1.10, l’acide
mercaptopropionique et l’acide mercaptoacétique. Ces chélateurs inactivent
les MBL en les privant des ions divalents Zn++.
Le test de synergie avec double disque et la bandelette Etest® MBL avec ou
sans EDTA sont basés sur le même principe (19, 26, 53). Une supplémentation
du milieu de culture en zinc a permis d’améliorer la sensibilité de la
détection des MBL. La détection phénotypique des MBL est fiable lorsque
l’on a affaire aux entérobactéries et à P. aeruginosa, ce qui n’est pas le cas
avec A. baumannii chez laquelle on a observé des résultats faux positifs.
• Oxacillinases
Aucun des tests mentionnés ci-dessus ne peut détecter les carbapénémases
de type OXA chez les entérobactéries ou chez A. baumannii dans la mesure
où l’activité enzymatique de la carbapénémase de type OXA n’est pas inhibée
par l’acide clavulanique, le tazobactam, le sulbactam ou les chélateurs de zinc.
Une forte résistance à la témocilline et à l’association pipéracillinetazobactam chez les entérobactéries présentant une résistance ou une
sensibilité réduite à une carbapénème peut présager de la production de
carbapénémases de type OXA-48.
L’identification préliminaire de la production de
carbapénémases (classes A, B et D d’Ambler) peut être réalisée
rapidement grâce au test RAPIDEC® CARBA NP ou au test
Carba NP « développé par le laboratoire (11).
17
CARACTÉRISATION MOLÉCULAIRE DES GÈNES DE
CARBAPÉNÉMASES (26, 27, 33)
Les techniques moléculaires majoritairement basées sur la technologie PCR
peuvent être suivies d’une étape de séquençage de la totalité de la région
codante (Figure 7). Les méthodes de PCR comprennent les essais simplex,
multiplex et en temps réel. Il est également possible de recourir à
l’hybridation et aux biopuces.
Les résultats obtenus grâce aux techniques moléculaires sont très fiables.
Plusieurs techniques moléculaires peuvent également être utilisées
directement sur des prélèvements cliniques comme les selles, bien que la
corrélation entre l’identification moléculaire d’un gène et l’expression des
carbapénémases pour des espèces bactériennes cliniquement pertinentes
n’ait pas encore fait l’objet d’une évaluation.
Les principaux inconvénients des techniques moléculaires utilisées comme
techniques de dépistage sont un prix élevé, un équipement coûteux et, pour
certaines techniques, la nécessité de faire appel à des microbiologistes
formés (33).
En outre, le séquençage de la totalité du gène peut être nécessaire pour
plusieurs gènes de carbapénémases, tels que les dérivés d’OXA-48, afin de
différencier par exemple OXA-163, qui est une « vraie » BLSE n’ayant pas
une importante activité carbapénémase, d’OXA-48 qui est une « vraie »
carbapénémase (43).
Enfin, les gènes de carbapénémases émergents, totalement nouveaux,
peuvent échapper à la détection par des techniques moléculaires
disponibles sur le marché qui ne détectent que des gènes connus.
Par conséquent, l’utilisation d’une méthode moléculaire de détection des
carbapénémases comme première approche peut actuellement se
cantonner à :
- l’identification de porteurs pendant une épidémie en réalisant un dépistage
directement à partir des selles des patients
- des fins épidémiologiques (Figure 9).
18
DIAGNOSTIC
Figure 7 : Stratégie de détection et d’identification des bactéries
productrices de carbapénémases à partir de culture
Détermination de la CMI : détection d’une
sensibilité réduite aux carbapénèmes
TEST DE DIAGNOSTIC RAPIDE *
(ou MALDI-TOF)
<2h
-
+
NONPRODUCTEUR DE
CARBAPÉNÉMASES
PRODUCTEUR DE
CARBAPÉNÉMASES
Adaptation
thérapeutique
Mise en place de
mesures d’hygiène
PCR simplex pour les gènes
blaKPC, blaVIM, blaNDM,
et blaOXA-48
Biopuce à ADN
3-5 h
+
8-24 h
-
+
PCR simplex pour d’autres
gènes de carbapénémases
blaIMI, blaSME, blaSFC-1,
blaIMP, blaGIM, blaAIM,
blaKHM
24-48 h
+
24-48 h
3-5 h
-
24-48 h
Nouvelle carbapénémase
(Essais de clonage)
Séquençage
Adaptation de Dortet L, et al. Antimicrob Agents Chemother. 2014;58(4):2441-5.
* Ce test de diagnostic rapide peut aussi être effectué directement sur des prélèvements cliniques.
19
DÉPISTAGE
Quels sont les patients chez lesquels le
portage des bactéries productrices de
carbapénémases doit être réalisé ?
La détection des porteurs est obligatoire : en effet, elle représente les réservoirs
invisibles de la diffusion ultérieure des bactéries productrices de carbapénémases.
Aucun consensus mondial n’existe sur le type de patient devant subir un dépistage.
Plusieurs recommandations ont été émises afin de dépister
les bactéries productrices de carbapénémases chez les
entérobactéries (1, 33, 47):
• En cas d’épidémie, les patients en contact avec le cas index doivent être
dépistés. Dans la plupart des cas, ce dépistage concerne au minimum
l’ensemble des patients hospitalisés au sein de la même unité
d’hospitalisation. Les patients transférés depuis n’importe quel pays
étranger et les patients hospitalisés à l’étranger au cours de l’année
précédant l’hospitalisation doivent également être dépistés.
• En fonction de la prévalence des bactéries productrices de carbapénémases
dans un pays, un dépistage régulier des patients à risque, tels que les patients
hospitalisés en unités de soins intensifs, dans les services de transplantation et
les patients immunodéprimés, peut être recommandé (1, 33, 47).
Le dépistage des bactéries productrices de carbapénémases chez
P. aeruginosa et A. baumannii doit au moins inclure les patients hospitalisés
au sein de l’unité d’hospitalisation dans laquelle se déclare l’épidémie. Il convient
de remarquer que les producteurs de carbapénémases chez A. baumannii sont
toujours associés aux multirésistances. Par conséquent, la production de
carbapénémases peut être considérée comme un marqueur indirect de la
multirésistance (P. Nordmann, L. Poirel, communication personnelle).
Dépistage des bacilles à Gram négatif résistants aux carbapénèmes
qui ne sont pas liés aux carbapénémases : aucune recommandation
spécifique n’a été émise. Cependant, il semble logique de dépister les patients
hospitalisés au sein de l’unité dans laquelle s’est déclarée l’épidémie.
PATIENTS À RISQUE (LISTE MINIMALE) JUSTIFIANT LE DÉPISTAGE
DES CARBAPÉNÉMASES (Entérobactéries, P. aeruginosa, A. baumannii)
■ Patients contact en cas d’épidémie
■ Patients transférés directement depuis n’importe quel hôpital étranger
■ Patients hospitalisés à l’étranger au cours de l’année précédant leur admission à l’hôpital
20
Comment dépister les porteurs de bacilles à
Gram négatif résistants aux carbapénèmes ?
La flore intestinale constitue le principal réservoir d’entérobactéries. Par
conséquent, les écouvillons rectaux et les selles sont les échantillons
cliniques qui conviennent le mieux au dépistage des isolats producteurs de
carbapénémases et des isolats résistants aux carbapénèmes (Figure 8).
Dans le cas de P. aeruginosa, le dépistage environnemental peut également
s’avérer utile lorsque la source de l’épidémie est identifiée comme hydrique.
Dans le cas de A. baumannii, des échantillons d’écouvillons cutanés ou
nasaux peuvent s’avérer utiles à la détection des isolats résistants aux
carbapénèmes (49).
IDENTIFICATION DIRECTE DES CARBAPÉNÉMASES À PARTIR
D’ECHANTILLONS CLINIQUES
MÉTHODES MOLÉCULAIRES
Il est possible d’identifier directement plusieurs gènes de carbapénémases à
l’aide de techniques de biologie moléculaire (voir page 19). À l’heure actuelle,
les techniques de biologie moléculaire sont privilégiées en cas d’épidémie en
raison de leur coût (Figure 9). En cas d’utilisation de techniques de biologie
moléculaire, l’identification d’isolats producteurs de carbapénémases ou d’isolats
résistants aux carbapénèmes par culture demeure obligatoire afi n de comparer
les génotypes des souches en cas d’épidémie et déterminer le profil de sensibilité
aux antibiotiques autres que des bêta-lactamines (Figures 8, 9).
IDENTIFICATION PHÉNOTYPIQUE
Les tests MALDI-TOF ou enzymatiques peuvent être utilisés mais ils ne
peuvent pas être appliqués directement à partir des selles en raison du
faible niveau d’activité des carbapénémases.
MÉTHODES DE CULTURE
Les échantillons cliniques peuvent être ensemencés sur des milieux de
dépistage, soit directement, soit après une étape d’enrichissement dans un
bouillon contenant 0,5 à 1 µg/mL d’Imipénème ou 0,5 µg/mL d’Ertapénème.
Cette étape d’enrichissement est particulièrement recommandée en cas
d’épidémie (Figure 9) (1, 49). Elle peut augmenter la sensibilité et par
conséquent réduire le nombre de résultats potentiellement faux négatifs
en augmentant l’inoculum de la souche suspectée. Il a déjà été prouvé
qu’elle permet d’améliorer la détection des bactéries productrices de KPC
chez les entérobactéries (1).
Seul inconvénient : le temps supplémentaire (12 à 24 h) requis pour
détecter la production de carbapénémases. L’efficacité de cette étape
d’enrichissement n’a pas été évaluée pour les entérobactéries productrices
de carbapénémases de type NDM et OXA-48, ni chez les isolats de
P. aeruginosa et A. baumannii résistants aux carbapénèmes.
21
DEPISTAGE
Les échantillons doivent être ensemencés sur un milieu sélectif, idéalement
un milieu chromogénique pour une plus grande facilité d’utilisation et une
meilleure spécificité (16, 17, 19, 26, 33). Certains de ces milieux peuvent sélectionner
des isolats résistants aux carbapénèmes qui ne produisent pas spécifiquement
de carbapénémases et sont par conséquent moins spécifiques et moins
adaptés aux besoins de contrôle des infections. Il convient également de
dépister l’ensemble des carbapénémases, parmi lesquelles OXA-48, dont la
diffusion se poursuit actuellement à un rythme croissant (16, 17, 19, 26, 33).
Par conséquent, l’utilisation d’un milieu de culture chromogénique
dans le cadre du dépistage des carbapénémases, suivi d’une
confirmation phénotypique (test colorimétrique), constitue
actuellement la meilleure stratégie de dépistage des entérobactéries
À ce jour, aucune évaluation comparative des milieux de détection n’a été
effectuée afin de détecter des bactéries productrices de carbapénémases
ou des isolats P. aeruginosa et A. baumannii résistants aux carbapénèmes.
Figure 8 : Stratégie de détection des porteurs d’entérobactéries
productrices de carbapénémases EN DEHORS des cas d’épidémies
J0
J1
Identification
des espèces
bactériennes
par Maldi-TOF
ou par méthode
biochimique
J2
Entérobactéries résistantes
aux carbapénèmes
< 2h
Confirmation de phénotype
par méthode colorimétrique rapide
Antibiogramme
P. Nordmann, communication personnelle
Figure 9 : Stratégie de détection des porteurs d’entérobactéries productrices de carbapénémases PENDANT une épidémie
J0
J1
Détection des gènes de résistance
Identification
des espèces
bactériennes
par Maldi-TOF
ou par méthode
biochimique
J2
Génotypage
des souches
P. Nordmann, communication personnelle
22
+12-24h
Etape d’enrichissement
(optionnelle)
Entérobactéries résistantes
aux carbapénèmes
< 2h
Confirmation de phénotype
par méthode colorimétrique rapide
Antibiogramme
puis caractérisation moléculaire
CONTRÔLE
ET PRÉVENTION
DES INFECTIONS
Quelles sont les mesures recommandées
pour le contrôle des infections ?
La mise en oeuvre des mesures de dépistage et d’isolement est plus efficace
si le diagnostic de colonisation est effectué très tôt dans le processus. Les
recommandations actuelles du CDC afin d’empêcher la dissémination des
souches productrices de carbapénémases dans les établissements de santé
ont été publiées et sont pour la plupart issues de l’expérience des épidémies
de KPC chez les entérobactéries (www.cdc.gov).
Ces recommandations peuvent également s’appliquer à la prévention de la
diffusion des souches d’entérobactéries productrices de NDM ou d’OXA-48,
étant donné que la transmission d’une personne à une autre par l’intermédiaire
des mains du personnel infirmier et médical est la principale cause de
dissémination de ces bactéries résistantes. Le rôle de l’environnement
contaminé est probablement moins important.
Les mesures de prévention générales sont basées sur des
précautions standard (hygiène des mains) ainsi que sur des précautions
contact qui s’appliquent à n’importe quelle bactérie multirésistante (47).
Les précautions contact visent à empêcher la transmission en minimisant
la contamination des professionnels de santé en contact avec le patient ou
l’environnement du patient.
Le respect des précautions contact requiert :
• l’utilisation appropriée d’une blouse et de gants par le personnel de santé
pour toutes les interactions impliquant un contact avec le patient ou
l’environnement du patient.
• l’isolement des patients porteurs dans des chambres individuelles ou, par
manque de place, le regroupement en cohorte des patients porteurs des
mêmes bactéries productrices de carbapénémases.
• un usage unique de l’équipement médical non critique ou du matériel médical
jetable (par exemple brassards de tensiomètre, stéthoscopes jetables).
Dans les unités de soins intensifs à court séjour ou dans les unités
d’hospitalisation de longue durée, certaines précautions contact doivent
être prises lors du contact avec les patients colonisés ou infectés par les
carbapénémases.
23
CONTRÔLE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS
Dans les établissements de soins de longue durée (par exemple les
maisons de retraite, les maisons de convalescence), l’utilisation des
précautions contact pour les résidents est plus complexe et requiert de
prendre en compte l’impact potentiel de ces interventions sur leur bien-être
et leur potentiel de réadaptation (47).
Dans les établissements de soins intensifs et de soins de longue durée
• Afin de faciliter la mise en œuvre rapide des précautions contact, une
surveillance informatisée doit être mise en place pour identifier les patients
qui possèdent un historique de colonisation ou d’infection par une
carbapénémase lors de leur réadmission.
• En plus de placer les patients colonisés ou infectés par une carbapénémase
dans une chambre isolée, il est recommandé de regrouper les patients en
cohorte dans la même unité.
• Dans la mesure du possible, une partie du personnel doit être
exclusivement dédiée au soin des patients porteurs de carbapénémases
afin de limiter les risques de transmission.
Des recommandations similaires peuvent également s’appliquer aux
entérobactéries, à P. aeruginosa et à A. baumannii résistantes aux
carbapénèmes (49).
Le rôle de la chlorhexidine dans l’interruption de la transmission des
bactéries productrices de carbapénémases n’est pas encore établi. De la
même façon, la décontamination des carbapénémases de la flore intestinale
reste hautement hypothétique.
Bien qu’il soit logique qu’une diminution de la consommation de
carbapénèmes entraîne une diminution dans la sélection de bactéries
résistantes aux carbapénèmes, la politique de bon usage des autres
antibiotiques à large spectre est tout aussi susceptible de jouer un rôle
significatif dans la diminution de la pression de sélection (14).
SIX MESURES DE BASE DESTINÉES À LA PRÉVENTION DES
ENTÉROBACTÉRIES RÉSISTANTES AUX CARBAPÉNÈMES DANS LES
ÉTABLISSEMENTS DE SOINS INTENSIFS ET DE LONGUE DURÉE
1. Hygiène des mains
2. Précautions contact
3. Regroupement des patients et du personnel en cohorte
4. Limitation de l’utilisation de pratiques invasives
5. Promotion de la politique de bon usage des antibiotiques
6. Dépistage
Pour en savoir plus :
CDC 2012 CRE Toolkit: http://www.cdc.gov/hai/organisms/cre/cre-toolkit/
24
CONCLUSION
Bien que très peu connus il y a encore dix ans, les bacilles à Gram négatif
résistants aux carbapénèmes sont de plus en plus identifiés dans le monde.
L’évolution de ces organismes à Gram négatif d’une multirésistance à une
résistance à tous les antibiotiques représente la menace future.
Une relation clairement démontrée entre la résistance aux antibiotiques et
l’augmentation de la mortalité due à une infection a été établie (14). De plus,
le vieillissement des populations, le développement des soins intensifs, les
greffes d’organes et les traitements anti-cancéreux, ainsi que l’utilisation
massive d’antibiotiques à large spectre, constituent tous des facteurs
conduisant à une augmentation du nombre de patients immunodéprimés,
qui représentent des cibles idéales pour les infections dues à des pathogènes
résistants aux carbapénèmes (33).
Ces pathogènes sont désormais en train de passer de l’état de bactéries
purement hospitalières à celui de bactéries communautaires. Compte tenu
de la taille du réservoir des bactéries résistantes aux carbapénèmes et de
leur localisation dans le monde, la réversion vers une sensibilité des isolats
résistants aux carbapénémases ne surviendra pas, du moins chez les
entérobactéries.
Il est donc indispensable de dépister à la fois les porteurs et les
patients infectés par des bactéries résistantes aux carbapénèmes.
Il s’agit de la seule façon de préserver l’efficacité des derniers antibiotiques, les
carbapénèmes, et la seule option en attendant la commercialisation de
nouveaux antibiotiques à large spectre.
25
LISTE DES
ABRÉVIATIONS
BLSE
Bêtalactamases à spectre étendu
CDC
Center for Diseases Control and Prevention
(Centres de contrôle et de prévention des maladies)
CLSI
Clinical Laboratory Standards Institute
CMI
Concentration minimale inhibitrice
EDTA
Ethylene Diamine Tetraacetic Acid
(Acide éthylène diamine tétraacétique)
EUCAST
European Committee on Antimicrobial
Susceptibility Testing
IMP
Imipénémase
KPC
Klebsiella Pneumoniae Carbapenemase
MALDI-TOF
Matrix Assisted Laser Desorption Ionization Time
MBL
Métallo-bêta-lactamase
NDM
New Delhi métallo-bêta-lactamase
OMS
Organisation mondiale de la santé
OXA-48
Oxacillinase de type OXA
PCR
Polymerase Chain Reaction
(Réaction en chaîne par polymérase)
VIM
Verona Integron-encoded Metallo-ß-lactamase
26
RÉFÉRENCES
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