donc
E=Sp⊕u(Sp)⊕u2(Sp)⊕Sp−1⊕u(Sp−1)⊕Sp−2⊕ker up−3.
En poursuivant ainsi, on construit des sous-espaces Sp, Sp−1, . . . , S1de Evérifiant
ker uj=up−j(Sp)⊕up−j−1(Sp−1)⊕. . . ⊕u(Sj+1)⊕Sj⊕ker uj−1pour 1≤j≤p.
À ce stade, il faut remarquer un fait important : si 1≤k≤pet j≤k−2, la somme
uj(Sk) + ker uest directe, ce qui implique que
uinduit un isomorphisme de uj(Sk)sur uj+1(Sk).(4)
Finalement, on obtient la décomposition suivante :
E=Sp⊕u(Sp)⊕. . . ⊕up−1(Sp)
⊕Sp−1⊕u(Sp−1)⊕. . . ⊕up−2(Sp−1)
.
.
.
⊕S2⊕u(S2)
⊕S1.(5)
Une fois que l’on dispose de (4) et de (5), la construction d’une base agréable de Eest
alors facile : il suffit de remarquer que si l’on fixe k∈[[1, p]] et x∈Sknon nul, le sous-
espace V=Vect (uk−1(x), . . . , u(x), x)est de dimension ket stable par u. De plus, la
matrice dans la base (uk−1(x), . . . , u(x), x)de u|Vest exactement le bloc de Jordan Jk.
Grâce à ce fait, on peut construire alors une base de Erelativement à laquelle la matrice
de uest une matrice de Jordan, ce qui termine la preuve du théorème 1.
Corollaire 1. Deux matrices nilpotentes Aet Bde Mn(K)sont semblables si et seule-
ment si
rg Ak=rg Bkpour tout k∈N∗.
Démonstration. Le sens direct est clair. Inversement, si la condition sur les rangs est
réalisée, on a dim ker Ak= dim ker Bkpour tout k≥1, de sorte que les réduites de
Jordan de Aet Bsont identiques d’après (1).
Le théorème de Jordan élucide le problème de la classification des matrices nilpotentes
à similitude près. De façon précise, il montre que le cône nilpotent de Mn(K)est union
disjointe d’un nombre fini de classes de similitude. Ce nombre, souvent noté p(n), n’est
autre que le nombre de partitions de l’entier n, c’est-à-dire le nombre de façons d’écrire n
comme somme d’entiers naturels non nuls, l’ordre n’intervenant pas. Par exemple, comme
3 = 2 + 1 = 1 + 1 + 1,
on a p(3) = 3, de sorte qu’à similitude près, il y a exactement 3matrices nilpotentes
d’ordre 3; ce sont :
J1⊕J1⊕J1=
000
000
000
,J1⊕J2=
0 0 0
0 0 1
0 0 0
et J3=
010
001
000
.
5