Médecine du Maghreb 1998 n°72
III - RESULTATS
Les suites post-opérat o i r es immédiates ont été simples
pour les 34 patients opérés. Aucun décès post-opératoire.
Nous n’avons noté aucune complications pour les 29 mala-
des ayant subi l’anastomose cholédocoduodénale.
Parmi les malades opérés, seul 5 sont revus à la consulta-
tion 2 mois plus tard avec disparition de l’ictère mais ag-
gravation de l’état général et augmentation de la masse
abdominale les douleurs sont devenues rebelles aux antal-
giques habituels.
IV - DISCUSSION
Le cancer du pancréas se situe au 5ème rang des cancers
digestifs chez l’homme après le cancer du côlon, du rectum
de l’estomac et de l’œsophage. Chez la femme, il occupe le
4ème rang après le cancer du côlon du rectum et de
l’estomac (7).
Il est considéré comme la première cause de néoplasie de
l ’ i c t è re (60%) et la deuxième cause pour l’ensemble des
ictères chirurgicaux (27%).
Le recrutement est en augmentation constante quelque soit
le niveau économique du pays. Ce cancer apparaît surtout
au delà de 60 ans, le risque augmente avec l’âge, 4 fo i s
plus élevé à 80 ans qu’à 40 ans (6). Une prédominance
masculine est notée, le sex-ratio varie selon les auteurs de 1
à 3 (6). Résultats comparables à ceux trouvés dans notre
série.
Le cara c t è re mu l t i fa c t o riel de l’étiologie de ce cancer est
évoqué, ainsi on a incriminé le rôle du tabac, de l’alcoolis-
m e, la consommation du café décaféiné, l’état diab é t i q u e
antérieur, certains facteurs chimiques et exposition profes-
sionnelle : les employés du papier et du bois la pétro -
chimie, les travailleurs de l’industrie métallurgique (5). Ces
éléments constituent les patients à haut risque qui nécessi-
teront un programme de dépistage précoce
L’ictère est le signe le plus fréquent (96,5%), et constitue le
motif d’hospitalisation. La fréquence du syndrome doulou-
reux est variable 36 à 60% (7) 60% dans notre série. Typi-
quement, la douleur est intense siégeant dans l’épigastre ou
dans l’hypochondre gauche transfixiante à irradiation pos-
térieure. L’altération de l’état générale, l’anorexie, l’asthé-
nie, la fièvre peuvent accompagner le cortège clinique. La
grosse vésicule biliaire palpable dans un contexte ictérique
peut être retrouvée dans 47% des cas (37% dans notre sé-
rie). La tumeur abdominale palpable est rarement retrouvé
(12%, 10% dans notre série).
Le bilan biologique montre un syndrome de ch o l o s t a s e .
Les marq u e u r s tumoraux tel que l’antigène C A 19-9,
l’antigène onco- fœtal pancréatique et les protéines fœto-
acineuses pancréatiques ne sont pas de pratique coura n t e
dans notre contexte.
L’antigène C A 19-9 a une sensibilité de 87%, et une spéci-
ficité de 86% (9). Les taux sériques sont proportionnels à la
masse tumorale, l’exérèse chirurgicale est souvent associée
à une chute du taux sérique.
Le taux sérique de l’antigène onco-fœtal pancréatique est
s u p é rieur à 14U/ml dans 60% des cancers pancréat i q u e s ,
combiné aux dosages du C A 19-9 il devient pratiquement
s p é c i fique du cancer du pancréas avec une sensibilité de
100% (9).
L’échotomographie pancréatique est l’examen demandé en
p re m i è r e intention, il ne permet de détecter que des
t u m e u rs pancréatiques supéri e u res à 2 cm de diamètre, et
d’apprécier l’extension locale et à distance.
Cet examen, qui dépend de l’opérateur, peut être gêné par
les gaz, parfois difficile en cas d’obésité. Il peut montrer la
d i l at ation des voies biliaires intra et ex t ra hépatique ainsi
que l’état de la vésicule biliaire.
La T. D.M. examen de référence peut montrer la tumeur
pancréatique dans 89% des cas, permet de classer la tumeur
pancréatique en 3 stades et de détecter les métastases.
La cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique et
la cholangiographie trans-hépatique peuvent être demandé
dans le cadre du diagnostic étiologique des ictères par cho-
lestase extra hépatique.
L’écho-endoscopie permet la détection des petites tumeurs
mesurant moins de 20 mm de diamètre avec une sensibilité
de 90%, mais ne peut différencier le cancer p a n c r é at i q u e
d’une pancréatite focale chronique.
Sur le plan thérapeutique, l’exérèse radicale d’une tumeur
i c t é r igène du pancréas est ra rement possible (5 % de
l’ensemble des patients). Dans la majorité des cas, seul un
t raitement palliatif est env i s age abl e, il vise à lutter contre
l’ictère responsable d’un prurit invalidant. La mise en place
des prothèses biliaires par voie endoscopique ou perc u t a -
née permet d’éviter une lap a ro t o m i e , mais le taux d’ob-
struction secondaire reste élevé nécessitant des hospitalisa-
tions et des manœuvres répétées mal supportées par le
patient (3).
CANCER DE LA TETE… 7