
Les métastases synchrones sont le plus souvent multiples et
associées à une volumineuse tumeur. En cas de métastase[s]
unique ou peu nombreuses, surtout en cas de cancer résé-
cable, le diagnostic peut requérir une biopsie.
En cas de métastases métachrones, la surveillance voyant
apparaître une ou plusieurs lésions hépatiques, le diagnos-
tic est souvent évident. Cependant, en cas de délai long
entre la gastrectomie et l’atteinte hépatique, surtout après
cinq ans, une preuve histologique est nécessaire.
Le caractère isolé ou non des métastases hépatiques étant
un élément déterminant de la prise en charge, on peut
compléter le scanner par un PET-scanner afin de chercher
des localisations extra-hépatiques, sachant que nous
n’avons pas de données de la performance de ce dernier
dans cette indication spécifique.
Anatomopathologie
Il s’agit d’une prolifération glandulaire authentifiée par la
coloration PAS + plus ou moins différenciée. Des glandes
de plus petite taille qu’en cas de métastases d’origine colo-
rectale feront évoquer des métastases d’adénocarcinome
gastrique, surtout s’il existe des cellules indépendantes en
bague à chaton. Leur profil immuno-histochimique est
ACE +, CK7 +, CK20 +, ce qui n’est cependant pas spéci-
fique, les adénocarcinomes d’origine pancréatico-biliaire
ayant le même profil.
Les armes thérapeutiques
et leurs résultats
Chimiothérapie
Pour la majorité des adénocarcinomes gastriques métasta-
tiques, la chimiothérapie reste le traitement de référence.
Elle permet un allongement de survie de six mois et une
amélioration de la qualité de vie. Toutefois, la médiane de
survie reste médiocre, le plus souvent inférieure à un an,
avec quelques espoirs venant de la thérapie ciblée.
Ces polychimiothérapies doivent être réservées aux
patients dont l’état général le permet (stade OMS < 3).
Plusieurs schémas de chimiothérapie associant le 5 fluorou-
racil et les sels de platines sont validés :
–le schéma ECF, associant épirubicine, cisplatine et
fluorouracil (5FU), comparé au fluorouracil-adriamycine-
méthotrexate (FAMTX), améliore la survie, qui passe de
5 à 9 mois, avec une moindre toxicité hématologique
[10]. L’inconvénient de ce schéma est l’administration du
5Fu en perfusion continue dans cette situation palliative ;
–l’association cisplatine et 5FU en perfusion continue
sur 5 jours ou selon le schéma LV5FU2-cisplatine est
largement répandue : le taux de réponse objective est de
40 % et la survie médiane de huit mois. Ces schémas
n’ont pas été directement comparés à l’ECF ;
–- Récemment, l’étude Réal2 a montré la non-infériorité
de l’oxaliplatine en remplacement du cisplatine et de la
capécitabine à la place du 5FU continu dans le schéma
ECF, nous permettant la prescription d’ECX ou EOXs
[11]. En termes de toxicité, il n’y a pas de différence
entre le 5FU et la capécitabine, et l’oxaliplatine entraîne
moins de neutropénie, d’insuffisance rénale que le cispla-
tine. La médiane de survie dans le bras EOX est de
11,2 mois.
Le docétaxel est venu enrichir cet arsenal thérapeutique.
Comparé au 5FU et cisplatine, le schéma DCF (docetaxel
plus cisplatine et fluorouracil) améliore la médiane de survie
passant de 8,6 à 9,2 mois. En revanche, sa toxicité hémato-
logique majeure (neutropénie grade 3-4 : 82 vs 57 %, et
neutropénie avec fièvre 29 % vs 12 %) implique la prescrip-
tion de facteurs de croissance en prévention primaire [12].
Ce nouveau standard améliore la qualité de vie et le béné-
fice clinique [13].
Plus récemment, l’espoir d’améliorer le pronostic des
patients est venu de la thérapie ciblée par le trastuzumab,
déjà utilisé dans le cancer du sein. Environ 20 % des
tumeurs gastriques surexpriment HER2. Dans cette étude,
584 patients HER2-positifs ont été inclus et recevaient du
5FU, cisplatine ou 5FU, cisplatine et trastuzumab. Dans le
bras trastuzumab, la survie globale était améliorée de
façon significative : 13,8 versus 11,1 mois, sans augmenta-
tion significative de la toxicité en dehors d’une augmenta-
tion asymptomatique de la fraction d’éjection ventriculaire
gauche [14].
Il existe donc, en cas de cancer métastatique, plusieurs dro-
gues et plusieurs protocoles permettant d’espérer une
réponse objective et surtout une amélioration de la survie,
mais ce bénéfice reste modéré. Ces protocoles ne permet-
tent pas d’espérer une guérison.
Chirurgie de résection
Aujourd’hui, devant des métastases hépatiques, la pre-
mière question à poser est celle de la résécabilité des
lésions, car la chirurgie est un outil thérapeutique qui a
prouvé son efficacité de façon incontestable dans les
métastases d’origine colorectale et également dans cer-
tains cas de MH non colorectales. Dans le cas du cancer
de l’estomac, cette résécabilité, bien que rare (moins de
10 %) [15] existe et, dans la littérature, d’assez nombreuses
données concernant la chirurgie des MH de cancer de
l’estomac sont disponibles.
La revue de la littérature permet de trouver environ
380 résections hépatiques de métastases de cancer de
l’estomac. Beaucoup sont rapportées dans des séries
globales de résections de métastases hépatiques non
115
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 17 n
o
2, mars-avril 2010
Métastases hépatiques des cancers de l’estomac
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.