Chapitre - Fontaine Picard

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s sésa
sésame
aisir
l'intérêt du thème
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les documents
Chapitre Les domaines
de la politique
économique
Plusieurs approches s’opposent au sujet du
degré souhaitable de l’intervention de l’État :
de la simple mise en place d’un cadre institutionnel assurant un fonctionnement normal
des marchés (conception libérale) à l’exercice d’une régulation active de l’économie
(conception interventionniste).
La politique économique exprime les choix
et les modalités d’action mis en œuvre par
l’État pour produire des effets à long terme
en faisant évoluer les structures (politiques
structurelles) ou pour produire des effets à
court terme pour répondre aux problèmes
de conjoncture (politiques conjoncturelles).
La conception d’une politique économique
suppose la définition d’objectifs et la manipulation d’instruments en vue de leur réalisation.
Notions et contenus à construire
s,ELIB£RALISMELINTERVENTIONNISME
s,APOLITIQUE£CONOMIQUE
les politiques structurelles
et conjoncturelles
s,APOLITIQUE£CONOMIQUE
les objectifs et les instruments
ynthétiser
les notions clés
ppliquer
les méthodes
émoriser
les notions clés
valuer les
connaissances acquises
tocker
les mots-clés
page 103
aisir
l'intérêt du thème
Le chiffre :
1 700 milliards d’euros
C’est le montant
du plan
de sauvetage
des banques
européennes
Les États membres de l’Union Européenne ont consacré en 2008 1 700 milliards d’euros au sauvetage des banques. Ce
plan, décliné au niveau national, s’articule essentiellement autour des deux axes.
Il s’agit d’abord, d’assurer la solvabilité des banques. Pour ce faire, 7 États européens, y compris la Grande-Bretagne qui
ne fait pas partie de la zone euro, ont décidé d’injecter 275 milliards d’euros dans leurs banques. Ainsi l’Allemagne a
consacré 80 milliards pour la recapitalisation d’établissements en difficulté, la grande Bretagne 47 milliards et la France
40 milliards d’euros. Ces nationalisations partielles n’ont cependant pas vocation à durer, les États pourraient revendre
leur participation lorsque la situation sera redevenue normale.
Le second objectif vise à restaurer la liquidité bancaire en garantissant les prêts interbancaires ; les États s’y sont engagés
pour plus de 1430 milliards. Ainsi le Royaume-Uni garantit jusqu’à 589 milliards d’euros, l’Allemagne 400 milliards et la
France 320 milliards.
« Crise financière : le plan de sauvetage des banques européennes redope les places boursières »
14/10/08 – http://www.fenetreeurope.com
Le dessous des cartes
Débat :
Pourquoi les États ont-ils consacré de telles sommes au
sauvetage des banques ? Pourquoi cette action a-t-elle été
généralisée et coordonnée au niveau européen ?
Problématique :
Quelles sont les raisons de l’intervention des États dans
l’économie ?
Hypothèses :
Sélectionnez, résumez et formulez sous forme de 3 ou
4 thèmes les hypothèses que vous avez identifiées en réponse
à la problématique.
Recherche :
Allez sur le site http://www.touteleurope.fr/fr/actions/
economie/politique-economique.html consacré aux politiques
économiques dans l’Union Européenne pour commencer à
répondre aux hypothèses que vous avez posées.
page 104
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les documents
Étude n° 1 :
Le degré d’intervention de l’État
Document n° 1 :
Libéralisme ou interventionnisme ?
En matière économique, le libéralisme est
une doctrine qui défend la libre entreprise
et la liberté du marché. Le principe fondamental du libéralisme est qu'il existe un ordre naturel qui tend à conduire le système
économique vers l'équilibre. La loi de l'offre
et de la demande, par exemple, conduit à
l'équilibre entre la production et la consommation sous réserve de liberté des marchés
et de libre concurrence. S'il peut agir librement, l'homme en tant que premier agent
économique peut atteindre cet ordre naturel. Les intérêts de l'individu et de la société
sont alors convergents.
L’interventionnisme est une politique par laquelle l’État participe à l’économie du pays
quand cela lui apparaît nécessaire pour protéger les intérêts des citoyens ou y développer des aspects de l’économie ou du social.
L’interventionnisme économique est une stratégie qui cherche à doser la part du marché
et celle de l’État. Les débats sont vifs concernant le niveau de ce dosage, permettant de
compenser notamment les effets pervers de
chacun des systèmes. Ce niveau varie selon
le contexte et selon les objectifs poursuivis.
Wikipédia – 20/12/08
« Toupictionnaire » :
Le dictionnaire de politique
Document n° 2 :
Le grand retournement
Depuis des siècles deux logiques s’opposent : le libre enrichissement privé
et la contrainte collective. (…) En fait, sur de longues périodes, aucune
des deux logiques n’est jamais totalement éliminée. Les années 80 et 90
avaient légitimé le fondamentalisme de marchés autorégulateurs. Les
économies développées viennent d’entrer dans un de ces grands retournements. Les récessions de 1882 et de 1929, les plus fortes qu’ait connues
le monde capitaliste avant l’actuelle, l’avaient déjà illustré (…). Ces crises
provoquent des interventions massives sur la monnaie, les taux d’intérêt, les
taux de change, les charges salariales, etc. ».
Alternatives économiques n° 275 –
Décembre 08
1 - Différenciez libéralisme et interventionnisme.
2 - À l’aide de vos
connaissances acquises en classe de première :
- indiquez à quelle
conception, « libérale » ou « interventionniste », rattacher les
deux termes suivants
« État providence »
ou « État gendarme »,
- indiquez quels sont les
effets pervers de ces
deux systèmes (voir
la phrase soulignée
du document 1).
3 - Expliquez le titre du
document 2.
4 - Indiquez si aujourd’hui les conceptions « libérale » et « interventionniste » sont
réellement opposées.
Les domaines de la politique économique - page 105
Étude n° 2 :
La politique économique
Document n° 3 :
La politique économique
Il existe divers leviers d’intervention économique, appelés politique économique, conduisant à diverses formes d’interventionnisme :
ÿ la politique industrielle (incluant aussi les services) dont les
objectifs et moyens d’actions peuvent être :
sDE FAVORISER LA CRÏATION ET LE DÏVELOPPEMENT DE i CHAMpions nationaux » ou de nouvelles filières (pôle de compétitivité),
sDORIENTER LE BUDGET PUBLIC DE RECHERCHE SCIENTIlQUE VERS
des domaines jugés prioritaires,
La distinction entre politique
conjoncturelle et structurelle
est à nuancer : une politique
conjoncturelle systématique a
des conséquences structurelles et une politique structurelle
impose des mesures conjoncturelles (par exemple des dépenses budgétaires pour accroître l’effort de formation et
de recherche).
Dictionnaire d’économie
et de sciences sociales –
C.-D. Echaudemaison
sDEDÏVELOPPERDESINFRASTRUCTURESTRANSPORTSEAUCONSIdérées utiles à l’activité économique ;
ÿ le protectionnisme défensif (barrières à l’importation) ou offensif (subvention des exportateurs, grands contrats d’exportation négociés d’État à État, etc.) ;
ÿ la politique monétaire et budgétaire dans une optique d’action conjoncturelle ;
ÿ la réglementation commerciale (normes...), du travail (salaires, horaires), environnementale, etc.
Source : Wikipédia
1 - Définissez la politique économique.
2 - Indiquez si les formes d’intervention présentées dans le document 3 ont pour objectif de faire évoluer
durablement les structures de l’économie (politiques structurelles) ou d’orienter l’activité économique
pour répondre aux problèmes de conjoncture (politiques conjoncturelles).
3 - À partir de votre réponse précédente, reproduire le schéma ci-après sur votre feuille et complétez-le :
Politique à long terme :
politique ................................
POLITIQUE
ÉCONOMIQUE
Politique à court terme :
politique ................................
4 - Expliquez pourquoi la distinction entre politique structurelle et conjoncturelle n’est pas toujours évidente.
page 106
Document n° 4 :
Un superfonds
pour les entreprises
L’État français a créé la surprise le
6 novembre dernier en annonçant
une prise de participation de 33 % dans les
« Chantiers de l’Atlantique ». (…) L’accélération de la crise financière l’a poussé à frapper
fort afin d’obtenir rapidement une minorité de
blocage dans le dernier chantier naval français.
L’enjeu était de sécuriser la situation financière de l’entreprise, au moment où elle est
en conflit avec l’un de ses principaux clients,
l’armateur américain NCL, qui a suspendu
ses paiements. Mais l’initiative de l’État est
aussi motivée par la volonté affichée par
le Président de la République de garder le
contrôle d’un actif jugé stratégique, car intervenant dans la construction de navires
militaires.
Document n° 5 :
Le carré magique
1 - Citez les quatre
principaux objectifs
économiques poursuivis par les pouvoirs
publics et indiquez par
quels indicateurs ils
sont mesurés.
2 - Positionnez sur le
graphique (page suivante) les points relatifs aux trois pays
(utilisez une couleur
différente pour chaque pays).
3 - Commentez les résultats obtenus : quel
pays se rapproche
le plus de la situation
économique idéale?
Quelles sont les forces
et les faiblesses de
chacune de ces économies ?
4 - Indiquez quel est
l’intérêt du carré magique.
1 - Indiquez les raisons
qui ont poussé l’État à
prendre une participation de 33 % dans les
« Chantiers de l’Atlantique ». Définissez « minorité de blocage ».
2 - Précisez les objectifs de la création du
Fonds stratégique d’investissement national.
3 - Cet interventionnisme relève-t-il de la
politique structurelle
ou conjoncturelle ?
Justifiez.
4 - Citez d’autres
exemples de politiques mises en place
dernièrement par les
États européens et
américains (en matière financière, environnementale, commerciale,…).
L’intervention publique préfigure l’activité du
fonds stratégique d’investissement national.
Ce fonds a vocation aussi bien à apporter des
capitaux aux entreprises françaises en difficulté, quelle que soit leur taille, qu’à protéger
celles qui seraient menacées par le dépeçage
des « prédateurs qui voudraient profiter d’une
sous-évaluation boursière », ou celles détenant des technologies stratégiques.
Cet interventionnisme vise en particulier à
préserver le tissu industriel français des effets non désirés de la montée en puissance
des investissements en provenance des pays
émergents. (…)
Alternatives Économiques n° 275 –
Décembre 2008
Le carré magique, du Britannique Nicholas Kaldor, est une
représentation graphique résumant la situation économique
d’un pays à partir de quatre indicateurs : le taux de
croissance du PIB, le taux de chômage, le taux d’inflation,
le solde des transactions courantes. On retient donc les
indicateurs correspondant aux quatre principaux objectifs
de la politique économique conjoncturelle d’un pays : la
croissance, le plein-emploi, l’équilibre extérieur et la stabilité
des prix. C’est en rejoignant les quatre points, qu’on obtient
un quadrilatère qui représente d’autant mieux une situation
économique favorable que ce quadrilatère est proche
du carré magique. Il est qualifié de magique car il est très
difficilement réalisable, du moins sur le court terme.
La situation économique de la France,
des États-Unis et du Japon en 2007
France
États-Unis
Japon
Taux de croissance, en % du PIB
1,9
2,2
2,1
Taux de chômage, en % de la population active
8,3
4,6
3,9
Taux d’inflation, en % du PIB
1,6
2,9
0,0
- 1,3
- 5,3
4,9
Solde de la balance des paiements courants,
en % du PIB
Les chiffres de l’économie 2009 – AE HS n° 78, 4e trimestre 2008
Les domaines de la politique économique - page 107
Document n° 5 (suite) :
Taux de croissance du PIB
8
6
4
2
0
-2
Solde extérieur
6
5
4
6 4 2 0 -2 -4 -6
3
2
1
0
Taux d’inflation
10
8
6
4
2
0
Taux de chômage
Document n° 6 :
Les politiques de rigueur
et de relance
Le choix d’une politique économique est fait en
fonction de la situation de l’économie nationale
et des objectifs politiques des partis au pouvoir.
En simplifiant, on peut ramener les politiques
conjoncturelles à l’opposition entre politique de
RIGUEURiSTOPwETPOLITIQUEDERELANCEiGOw
Les politiques de relance d’inspiration keynésienne, privilégient les objectifs de stimulation de
la croissance et de lutte contre le chômage ; les
moyens utilisés consistent à développer les revenus des ménages par une politique de salaire
souple et une extension des revenus de transferts ;
par ailleurs, la demande publique tend à s’accroître, le déficit budgétaire étant considéré comme
favorable parce qu’il stimule la demande. La politique monétaire assure une progression des crédits et de la masse monétaire, les taux d’intérêts
sont bas.
Les politiques de rigueur, d’inspiration plutôt libérale, privilégient la lutte contre l’inflation, l’assai-
page 108
nissement financier et la réduction du déficit extérieur. Elles impliquent le plus souvent le freinage
de la croissance et donc de la demande.
En matière de revenu, c’est la rigueur salariale qui
doit permettre un partage de la valeur ajoutée
plus favorable aux entreprises et un ralentissement
de la hausse des coûts et de la demande. La politique budgétaire recherche l’équilibre ou l’excédent du budget afin de limiter l’effet inflationniste
du déficit et le poids de la dette publique. Une politique monétaire restrictive se traduit par une limitation du crédit et une hausse des taux d’intérêt.
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales –
C.-D. Echaudemaison
Document n° 7 :
Cas pratique :
la Grande-Bretagne et l’Allemagne
Exemple n° 1
La Grande-Bretagne
Gordon Brown, le Premier ministre britannique, veut être celui qui amenuisera les
conséquences de la récession, comme l’a
fait en son temps le New deal de M. Roosevelt (…)
‹ Emploi
C’est aujourd’hui sa principale préoccupation alors que le nombre de chômeurs, de 1,86 million fin novembre,
pourrait dépasser les 3 millions d’ici
à la fin 2009. Le Premier ministre, malgré l’ampleur du phénomène et une
dette publique en forte hausse, veut se
montrer actif. Il a annoncé que l’investissement de l’État permettrait de créer
100 000 emplois dans un horizon relativement proche : des écoles seront
rénovées, des hôpitaux modernisés, la
couverture ADSL étendue et des projets
écologiques lancés (…)
‹ Crédit
Le Premier ministre veut également relancer le crédit avec, aujourd’hui, un
succès très relatif. Les milliards investis
en octobre dans le système bancaire
britannique ont permis de le sauver de
la faillite généralisée, mais ne se sont
pas accompagnés du maintien du volume des crédits aux entreprises et aux
acheteurs immobiliers. La baisse du taux
directeur par la banque centrale d’Angleterre, qui l’a ramené de 5 % à 2 % entre septembre et décembre, n’a pas non
plus permis d’enrayer la contraction des
crédits (…)
‹ Épargnants et retraités
Le gouvernement veut aussi protéger les épargnants et les retraités, qui ont vu leurs revenus
se réduire ces derniers mois, en
baissant l’impôt sur l’épargne
ou encore en augmentant les
franchises d’impôts pour les
plus de 65 ans.
Exemple n° 2
L’Allemagne
L’Allemagne devrait être en mesure de respecter les exigences de Bruxelles en 2009.
En revanche, la situation risque de se compliquer en 2010, notamment en raison du
plan de relance historique adopté lundi
12 janvier par l’Allemagne. « Nous serons
bien en dessus de 4% du PIB en 2010 », a
confirmé le ministre des finances allemand.
« Pour 2009, je m’attends à ce que nous
puissions limiter tant bien que mal les nouvelles dettes à 3% du PIB », afin de respecter
les critères du pacte de stabilité européen.
Lundi, le gouvernement allemand de coalition a adopté le plus important plan de
relance du pays depuis 1945, d’un volume
de 50 milliards d’euros, comprenant outre
un lourd programme d’investissements rénovation d’écoles, construction de routes),
des baisses d’impôt et de cotisations.
www.lemonde.fr - 14/01/09
1 - Indiquez les objectifs suivis par les
gouver nements britannique et allemand
(document 7).
2 - En vous aidant du
document 6, indiquez
le type de politiques
(de relance ou de rigueur) menées par ces
deux gouvernements.
Justifiez en expliquant
quels sont les effets attendus sur l’économie
de ces deux pays.
3 - Présentez quels sont
les instruments choisis
par l’un et l’autre des
pays (politique monétaire ou budgétaire) ?
4 - Expliquez la phrase
soulignée. Indiquez qui
détient le contrôle de
la politique monétaire.
Quels en sont, d’après
vous, les avantages et
les inconvénients ?
5 - Précisez à quelle
contrainte est soumise
l’Allemagne contrairement à la Grande-Bretagne. Expliquez.
Virginie Malingre –
Le Monde 07/01/09
Les domaines de la politique économique - page 109
ynthétiser
les notions clés
C Chapitre 8
Les domaines de la politique économique
I/ Le degré d’intervention de l’État dans l’économie
Le degré d’intervention de l’État souhaité par les libéraux et les keynésiens n’est pas
le même.
A – Le libéralisme* :
La doctrine libérale considère que la concurrence exercée sur les marchés garantit la meilleure efficacité économique possible. Dès lors que les individus sont laissés libres de poursuivre
leurs intérêts personnels sur les différents marchés (meilleure satisfaction possible des consommateurs et plus grand profit possible pour les producteurs), il en découle la réalisation de
l’intérêt général.
Pour eux, l’intervention de l’État doit être minimale (État gendarme). L’État doit rester cantonné
dans ses fonctions régaliennes (armée, police, justice) avec toutefois un devoir de prise en
charge des activités non rentables (biens collectifs et externalités) et de création d’un cadre
institutionnel qui permette au marché de fonctionner sans entrave.
B – L’interventionnisme* :
Les keynésiens sont pour un interventionnisme plus poussé (État providence). L’intervention de
l’État doit s’étendre :
- au domaine économique : les dysfonctionnements durables de l’économie de marché et
son incapacité à s’autoréguler conduisent à la mise en œuvre de politiques économiques
dont le but est de solutionner les crises et d’atteindre le plein-emploi ;
- au domaine social : l’État est aussi légitimé à intervenir, d’une part, pour corriger les inégalités de revenu et, d’autre part, pour sécuriser les individus confrontés à un certain nombre de
risques sociaux (vieillesse, maladie et chômage).
II/ La politique économique
A – La notion de politique économique
Les pouvoirs publics interviennent dans l’économie via des politiques économiques* (conjoncturelles ou structurelles) c’est-à-dire en concevant et en mettant en œuvre un ensemble d’actions pour atteindre les objectifs économiques et sociaux qu’ils se sont fixés.
ÿ Une politique conjoncturelle* vise à orienter, sur du court terme, l’activité économique dans
le sens souhaité par les pouvoirs publics afin de maintenir ou de rétablir les grands équilibres
macroéconomiques. Les deux composantes essentielles de la politique conjoncturelle sont
la politique budgétaire et la politique monétaire.
ÿ Les politiques structurelles* ont une action à long terme. Elles visent une modification profonde du fonctionnement de l’économie. Il s’agit par exemple des politiques de nationalisation
ou de privatisation, des politiques industrielles, des politiques de recherche et formation, des
politiques de réglementation de l’environnement ou encore des politiques de déréglementation des marchés financiers.
B - Les objectifs et les instruments de la régulation conjoncturelle
Pour la conduite de la politique macroéconomique, les décideurs se dotent d’objectifs et
choisissent les instruments à mettre en œuvre de façon à réaliser au mieux ces objectifs.
1 - Les objectifs
Les objectifs des politiques
économiques conjoncturelles ont été schématisés
par l’économiste Kaldor
sous la forme d’un carré
magique. Il retient les
quatre indicateurs correspondant aux quatre principaux objectifs :
page 110
La croissance économique
(évaluée par le taux de croissance du PIB)
Le plein-emploi
(mesuré par le taux
de chômage en %
de la population active)
Objectifs des politiques économiques
La stabilité des prix
(mesurée par le taux d’inflation en %)
L’équilibre des comptes
extérieurs (mesuré
par le solde de la balance
des paiements courants
en % du PIB)
Ce carré est qualifié de magique car il est très difficile d’atteindre les quatre objectifs en même
temps, du moins sur le court terme. Ex : Une politique de relance de l’activité économique destinée à réduire le chômage risque fort d’avoir des conséquences inflationnistes et d’induire un déficit du commerce extérieur.
2 - Les instruments
Pour réaliser leurs objectifs, les pouvoirs publics disposent de nombreux moyens. Les deux principaux instruments utilisés dans le cadre des politiques contra-cycliques sont :
ÿ les instruments budgétaires : contrôlée par les gouvernements, la politique budgétaire* a
pour objectif d’orienter l’activité économique grâce au budget en jouant sur le montant et
la nature des dépenses et des recettes de l’État ;
ÿ les instruments monétaires : contrôlée généralement par les banques centrales, la politique
monétaire* a pour objectif de maintenir les grands équilibres économiques par le contrôle
de l’évolution de la masse monétaire et de celle des taux d’intérêt.
3 - L‘adéquation des instruments aux objectifs
Les politiques conjoncturelles oscillent généralement entre politique de rigueur (lutte contre
l’inflation et retour à l’équilibre extérieur), d’inspiration plutôt libérale, et politique de relance (relance de l’activité économique et réduction du chômage), d’inspiration plutôt keynésienne.
Politique monétaire
Politique budgétaire
Politique de rigueur
(STOP) (1)
- Hausse des taux d’intérêt
- Contraction de la masse
monétaire
- Baisse des dépenses publiques et/ou hausse
des impôts
- Réduction des déficits budgétaires
Politique de relance
(GO) (2)
- Baisse des taux d’intérêt
- Accroissement de la masse
monétaire
- Hausse des dépenses publiques et/ou baisse
des impôts
- Creusement des déficits budgétaires
(1) Exemple d’une politique de rigueur monétaire : les banques centrales fixent les taux d’intérêt directeurs. Une hausse de ces taux accroît le coût de refinancement des banques qui
répercutent la hausse sur leurs clients. Alors, la demande de crédit diminue ce qui ralentit
la création monétaire et permet de diminuer l’inflation.
(2) Exemple d’une politique de relance budgétaire : une hausse du déficit public vise à accroître la demande globale (demande publique, demande des ménages et investissements)
et donc à stimuler l’activité économique et réduire le chômage.
C - Les contraintes de la politique économique dans le cadre de l’Union Européenne
La création de l’euro a modifié les contours de la politique économique des États membres
de l’Union Européenne :
ÿ les participants à la zone euro se sont engagés à respecter un certain nombre de critères
macroéconomiques qui conditionnent fortement leur liberté d’action. En imposant une dette publique inférieure à 60 % du PIB et un déficit public inférieur à 3 % du PIB, le pacte de stabilité réduit considérablement les marges de manœuvre budgétaires des gouvernements ;
ÿ la politique monétaire, du fait de la mise en place de l’Euro, n’est plus du ressort des États,
mais de la Banque Centrale Européenne.
La mise en place des politiques économiques européennes est difficile puisque la politique
monétaire est unique alors que les politiques budgétaires sont différentes pour chaque pays
(d’où l’importance de la coordination des États).
Les politiques monétaires et budgétaires sont complémentaires et doivent donc être cohérentes (ex. : un plan de relance budgétaire doit être accompagné par une baisse des taux
d’intérêt).
Les domaines de la politique économique - page 111
ppliquer
les méthodes
Méthode 1
Rechercher une information économique, en apprécier la validité et son actualité
Le budget de la France
2EPORTEZVOUSÌLAi-ÏTHODOLOGIEn2ECHERCHERUNEINFORMATIONÏCOnomique, en apprécier la validité et son actualité » située à la fin du livre.
À partir de l’adresse
Inter net de l’INSEE :
http://www.insee.fr,
présentez un tableau
(de type « Excel ») retraçant le budget de
l’État français pour
cette année et le
comparer avec celui
de l’année précédente. Concluez sur les
grandes orientations
de l’État français et
sur les éventuelles politiques économiques
mises en œuvre.
Méthode 2
Lire et interpréter des données économiques présentées sur
différents supports
Infarctus libéral
Le libéralisme économique n’est pas mort en octobre 2008. Déjà bien affaibli depuis quelques années, il a connu une nouvelle et forte crise. Mais il est encore trop tôt pour dire si
elle emportera définitivement le malade. Quelques signes peuvent le laisser penser.
Le premier d’entre eux est la montée en puissance des pays émergents. De la Corée du Sud
à la Chine en passant par l’Inde, les réussites économiques de ces dernières décennies ont
été le fait de pays qui ont échappé au consensus libéral. Politique industrielle, contraintes
sur les mouvements de capitaux, etc., l’action des États mise au service du développement
a montré toute son efficacité. (…)
De la même façon, la mise en œuvre de nouvelles politiques industrielles (pôles de compétitivité) à côté des anciennes (Airbus...) n’est plus taboue. Sans oublier les interventions
visant à lutter contre les pandémies internationales et, bien entendu, contre le réchauffement climatique. Bref, les États, au Sud mais aussi au Nord, ont de moins en moins honte
d’afficher leurs interventions dans l’économie.
Et le climat idéologique est lui aussi en train de changer. L’attribution récente du prix de la Banque de Suède à l’Américain Paul
Krugman, après celui décerné à Joseph Stiglitz, tous les deux assez circonspects face aux vertus du marché, souligne combien la
théorie économique dominante s’est transformée. On peut autant
la mobiliser aujourd’hui pour justifier l’intervention de l’État qu’on le
faisait hier pour donner davantage de place aux marchés.
Bref, les politiques et les idées libérales ne sont pas au mieux de
leur forme. La crise financière va-t-elle leur porter le coup de grâce ?
Les libéraux qui nous juraient que la déréglementation financière
permettrait une meilleure allocation de l’épargne mondiale et un
meilleur contrôle des risques (!) doivent revoir leur copie. Surtout,
les dirigeants américains, britanniques, mais aussi de tous les
autres pays qui leur avaient emboîté le pas pour vanter les mérites
du tout-marché ont compris l’ampleur des menaces que fait peser
une finance non régulée sur la bonne marche de leur économie.
Une fenêtre de tir politique semble désormais s’ouvrir en faveur de sa remise au pas.
Mais rien n’est acquis. C’est tout l’enjeu des mois qui viennent que de savoir si le quasinaufrage du système bancaire et les risques pour la croissance mondiale qui en résultent
suffiront à faire basculer les élites dirigeantes vers la recherche d’un capitalisme régulé,
laissant moins de place à un fonctionnement débridé des marchés et au lot d’inégalités
qui l’accompagnent.
Christian Chavagneux – Alternatives économiques n° 274 – Octobre 2008
page 112
À partir des conseils
donnés dans la méthodologie 2 et plus
particulièrement la
méthodologie 2.1 –
,IRE ET INTERPR£TER UN
texte, analysez ce texte en construisant un
schéma heuristique.
Méthode 3
Analyser des faits, des situations, des mécanismes économiques et en mesurer leur portée
Étude de cas économique :
L’Europe et les États-Unis à l’heure de la récession
2EPORTEZVOUS Ì LA i -ÏTHODOLOGIE n!NALYSER DES FAITS DES SITUATIONS
des mécanismes économiques et en mesurer leur portée », située à la fin
du livre.
Politique monétaire : la BCE en retard
Taux d’intérêt des Banque centrales américaine et européenne, en %
7
6
Réserve fédérale américaine (Fed)
5
4
Comparez et analysez
les politiques budgétaires et monétaires
des États-Unis et de
l’Europe en appliquant la démarche
QQOQCP présentée
dans la méthodologie
3 de votre livre.
Présentez une synthèse de votre travail.
Banque centrale européenne (BCE)
3
Source : OCDE
2
1
0
2001
2002
Source des deux graphiques :
Alternatives Économiques n° 275 –
Décembre 2008
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Politique budgétaire : l’Europe à la traîne
Impulsions budgétaires, en milliards d’euros
97,3
92
Union européenne
65,1
50,9
Zone euro
- 4,5
Allemagne
Espagne
40,5
15,7
9
10,9
Italie
14,6
3,5
Royaume-Uni
* Prévisions
4,9
France
- 4,8
Pays-Bas
2008*
2009*
3,6
22,5
24,8
234,5
260,6
États-Unis
- 6,1
Japon
33,9
Source : Commission européenne, calculs, Alternative Économiques
2000
Méthode 4
Développer une argumentation économique structurée
« Quel est le rôle des politiques économiques ? »
2EPORTEZVOUS Ì LA i -ÏTHODOLOGIE n $ÏVELOPPER UNE ARGUMENTATION
économique structurée » située à la fin du livre.
Rédigez une argumentation structurée à partir du sujet ci-contre.
Les domaines de la politique économique - page 113
émoriser
les notions clés
C Chapitre 1
Le problème économique
Les libéraux prônent la liberté
individuelle et la libre concurrence
sur les marchés. Pour eux, l’intervention
de l’État doit être minimale
(État gendarme).
Pour les keynésiens l’intervention
de l’État est nécessaire pour réduire
les déséquilibres économiques
et sociaux de l’économie de marché
(État providence).
Le libéralisme
L’interventionnisme
Le degré d’intervention
de l’État dans l’économie
I
,%3$/-!).%3
$%,!0/,)4)15%
³#/./-)15%
II
La politique économique
Définition
et classification
Objectifs
et instruments
Contraintes
Ensemble des interventions des
pouvoirs publics sur l’économie pour orienter à court terme
l’activité économique (politique
conjoncturelle) ou pour modifier
à long terme le fonctionnement
de l’économie (politique structurelle).
Les quatre grands objectifs (plein
emploi, croissance économique,
stabilité des prix et équilibre extérieur) sont atteints grâce à la mise
en place de politique de relance ou
de rigueur qui utilisent différents
instruments, notamment des instruments monétaires et budgétaires.
Le cadre de l’Union Européenne
contraint les politiques économiques des États membres car :
- la politique monétaire est détenue par la BCE,
- la politique budgétaire doit respecter les règles du pacte de
stabilité.
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valuer les
connaissances acquises
1 - Indiquez, pour les exemples ci dessous, s’il s’agit de politiques structurelles
ou conjoncturelles.
Nationalisation
d’une
banque
Privatisation
d’un grand
groupe producteur
d’énergie
Déréglementation
des marchés
financiers
Réduction
du temps
de travail
2 - Précisez si les politiques présentées à la question précédente sont plutôt
d’inspiration libérale ou interventionniste.
3 - Indiquez si les instruments présentés ci-dessous relèvent de la politique
budgétaire ou monétaire.
La BCE a décidé
de relever ses taux
directeurs
de 0,5 point
L’État américain
lance une politique
de grands travaux
notamment par
la création
de nouvelles
infrastructures (ponts,
routes, écoles…)
La FED a ramené
ses taux d’intérêt
à court terme
de 5,25 % à 1 %
Le gouvernement
français souhaite
réduire le nombre
de fonctionnaires :
un départ à la retraite
sur deux ne sera pas
remplacé
4 - Expliquez, pour chacun des moyens présentés à la question précédente,
l’effet attendu sur l’activité économique. Concluez en indiquant s’il s’agit
d’une politique de relance ou de rigueur.
5 - Mettez en lien les termes suivants :
s+EYNÏSIANISME
s²TATGENDARME
s0OLITIQUEDERELANCE s0OLITIQUEBUDGÏTAIRE
par la demande
expansive
s,IBÏRALISME
s²TATPROVIDENCE
s0OLITIQUEDERELANCE s0OLITIQUEMONÏTAIRE
par l’offre
stricte
Les domaines de la politique économique - page 115
tocker
les mots-clés
Libéralisme
Doctrine qui est fondée sur l’affirmation première du principe de liberté et qui prône un État
minimal c’est-à-dire limité aux domaines de l’armée, de la justice et de la police (fonctions
régaliennes). L’État ne doit pas intervenir en matière économique et sociale. Le rôle de l’État se
limite à celui d’État gendarme.
Interventionnisme
Conception selon laquelle l’État doit jouer un rôle actif dans la recherche du progrès économique et social. L’État a un rôle important à jouer, c’est l’État providence.
Politique économique
Ensemble des interventions des pouvoirs publics dans l’économie caractérisées par la hiérarchie
des objectifs poursuivis et le choix des instruments mis en œuvre pour les atteindre.
Politique structurelle
Politique à long terme, qui tend à modifier les institutions et les comportements des agents économiques en visant une transformation profonde du fonctionnement de l’économie.
Politique conjoncturelle
Politique à court terme menée en vue d’orienter l’activité dans un sens jugé souhaitable. Elle
vise le rétablissement des grands équilibres (emploi, stabilité des prix, croissance, équilibre extérieur) sans pour autant avoir la prétention de les atteindre tous.
Politique monétaire
Volet de la politique économique visant à influer sur l’évolution de la masse monétaire et les
taux d’intérêt et, par ce biais, sur l’inflation, la croissance, l’emploi et le taux de change.
Politique budgétaire
Compartiment de la politique économique qui se définit par son moyen : le budget de l’État.
Elle a pour objectif principal d’orienter l’activité économique en jouant sur l’importance et la
nature des dépenses et des recettes de l’État.
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