Document 4
Le simple rapprochement entre l'évolution du taux d'intérêt et celle de l'investissement ne permet
pas de conclure sur le lien entre ces deux variables, car il néglige les autres déterminants de
l'investissement. ( ... )
Les variations de taux d'intérêt ont également un impact sur l'offre. Par exemple, une hausse
durable du taux d'intérêt réel ralentit l'accumulation de capital productif des entreprises puisque
celles-ci investissent moins. La croissance potentielle s'en trouve ralentie.
Parce que le taux d'intérêt affecte à la fois la demande à court terme et l'offre à moyen terme, la
politique de taux d'intérêt est nécessairement délicate à mener. Il est logique de relever le taux
d'intérêt pour freiner la demande et ainsi empêcher la hausse des prix lorsque les entreprises
subissent des tensions sur leurs capacités de production. Mais il faut l'abaisser lorsque les
entreprises ont des capacités de production inemployées, car une réduction des capacités affecterait
la croissance à terme.
A. Bénassy-Quéré, L. Boone, V. Coudert, Les Taux d'intérêt, La Découverte, coll. « Repères », 1998.
Document 5
Il reste à estimer l'impact du policy mixl en introduisant à la fois les instruments monétaire et
budgétaire. L'effet de la politique budgétaire pourrait être taxé d'antikeynésien », mais on pourrait
tout aussi bien interpréter ce changement comme résultant d'un changement de régime de politique
économique: une impulsion budgétaire expansionniste conduit à une anticipation de hausse des taux
d'intérêt, ce qui suffit à en inverser l'effet sur la croissance et l'emploi. Tout se passe comme si
depuis la « fin de l'inflation », la politique monétaire devenait l'instrument dominant de la politique
économique et partant le plus efficace. Il faut aussi prendre en compte le fait qu'en certains pays
européens, la politique budgétaire fut plus expansionniste que nécessaire, car elle cherchait à
compenser, au moins partiellement, l'effet d'une politique monétaire trop restrictive. Le vrai
changement de régime est que, alors que la politique budgétaire était sans conteste le « leader » du
policy mix jusqu'à la fin des années soixante-dix, c'est depuis la politique monétaire qui l'est
devenu.
J.-P. Fitoussi, « La politique économique conjoncturelle est-elle encore efficace? », Conseil d'analyse économique, repris dans
PrProblèmes économiques n° 2680, 20 septembre 2000.
1. Le policy mix est une expression anglo-saxonne qui désigne l'utilisation conjointe de la politique budgétaire et de la
politique monétaire à des fins de stimulation de la croissance.
Document 6
Effet d'une politique monétaire expansionniste
Source : J. Généreux, Introduction à la politique économique, Editions du Seuil, coll. Points, 1993