MAPAR 200250
1. CARACTERISTIQUES ET PROPRIETES DES ATNC
1.1. COMPOSITION CHIMIQUE DES FRACTIONS INFECTIEUSES SEMI-
PURIFIEES
Les propriétés physico-chimiques des ATNC sont telles qu’elles rendent toute puri-
fication de l’agent infectieux quasi-impossible à ce jour, quel que soit le protocole de
purification mis en jeu. Seules des préparations très impures ont pu être obtenues, et
leur analyse a montré que l’agent est associé aux structures lipidiques ; ces expériences
ont néanmoins permis de montrer que l’infectiosité est associée majoritairement à une
glycoprotéine de l’hôte de 27 à 30 kD partiellement résistante à la protéinase K : la
protéine du prion ou PrP [1], sans qu’aucun acide nucléique spécifique de l’infection
n’ait pu être isolé. La protéine PrP est donc le constituant majeur et spécifique des
fractions infectieuses. Ce résultat, ainsi que le spectre d’inactivation des ATNC ont
suggéré que l’ATNC pouvait être d’origine exclusivement protéique : S.B. Prusiner, en
1982, a proposé le concept de «prion» pour «proteinaceous infectious particle», pour
lequel la pathogénicité est exclusivement lié à la structure tridimensionnelle de la pro-
téine PrP [1, 2]. Chez le sujet non infecté, la protéine PrP (PrPc) est sensible à la
protéinase K [3, 4], alors que, chez le sujet infecté, la protéine acquiert une résistance
partielle à la protéinase K (PrPsc ou PrPres) et s’accumule proportionnellement au titre
infectieux. La PrPres est capable, dans certaines conditions physico-chimiques, de
polymériser sous forme de fibrilles dont l’aspect en microscopie électronique est
pathognomonique des ESST : les scrapie associated fibrils (SAF) [5, 6].
La séquence en acides aminés de la PrP est maintenant déterminée : elle possède 253
résidus chez l’homme, et le degré d’homologie entre les espèces est le plus souvent supé-
rieur à 85 % [7]. La protéine contient deux sites de N-glycosylation et, à son extrémité
C-terminale, possède une séquence qui permet la fixation d’un glycosyl phosphatidyl
inositol (GPI) [8], qui assure l’ancrage aux structures membranaires de la protéine matu-
re. La différence entre PrP-c et PrP-res ne réside pas dans des différences de structure
primaire, puisque leurs séquences en acides aminés sont rigoureusement identiques, mais
fort probablement dans des modifications conformationnelles. Il existe des différences
dans la teneur en hélices alpha et en feuillets ß entre PrPc et PrPres : la PrPc contient
3 hélices alpha et deux petits feuillets bêta plissés anti-parallèles, délimitant un core
hydrophobe C terminal (acides aminés 121-231) avec une longue queue N-terminale
flexible, sans structure pré-définie identifiable [9, 10], alors que la PrPres présenterait
un excès notable de structures en feuillets bêta plissés [11, 12], attribuable, pour cer-
tains, à une transconformation de la protéine mature initialement repliée correctement,
et, pour d’autres, à l’acquisition par la portion flexible de la protéine d’une structure en
feuillet bêta.
Deux problèmes majeurs restent aujourd’hui à régler dans le domaine des ESST :
1. L’agent infectieux est-il bien composé uniquement de PrP sous une conformation
anormale ? De nombreux faits expérimentaux soutiennent l’hypothèse séduisante
du prion ; toutefois, la démonstration formelle n’est pas encore apportée.
2. Dans l’hypothèse du prion, la PrP pathologique résistante à la protéinase K est-elle
la forme infectieuse ? En effet, des cas exceptionnels d’ESST en absence de PrP-res
ont été rapportés dans la littérature [13-15], ce qui suggère que soit les méthodes de
détection de la PrPres ne sont pas suffisamment sensibles pour mettre
en évidence les
petites quantités de PrPres présentes dans ces situations expérimentales, soit que la
PrP pathologique associée à l’infectiosité est une forme anormale distincte de la
PrPres, la résistance à la protéinase K dérivant alors de l’oligomérisation donc de
l’agrégabilité intrinsèque de la protéine anormale.