
Le développement économique de Singapour et de l’Ile Maurice
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SYNTHESE
Selon de nombreux travaux réalisés sur les économies ultramarines, les départements d’Outre-Mer ne
suivent pas la même dynamique économique que celle de la métropole. Leurs handicaps structurels
(insularité, éloignement de l’hexagone, étroitesse du marché, dépendance vis-à-vis d’un nombre limité
d’activités) les ont empêchés d’atteindre un niveau de vie comparable à celui des autres départements
français. La politique de rattrapage économique menée par le gouvernement depuis la
départementalisation a toutefois permis à de nombreux ménages ultramarins de sortir de la pauvreté,
en créant un véritable marché interne et en offrant à tous l’accès aux services sociaux. Toutefois, les
économies domiennes se caractérisent encore par un taux de chômage élevé, un niveau de vie
inférieur à celui de la métropole et un manque de visibilité économique.
La croissance du PIB, supérieure à celle de la France par effet de rattrapage, est impulsée par la
consommation et soutenue par les transferts publics, qu’ils soient nationaux ou européens. Cependant,
les fonds structurels en provenance de Bruxelles sont attribués aux régions à la condition que leur
niveau de richesse par habitant soit inférieur à 75 % de celui de la moyenne communautaire. L’entrée
des nouveaux pays dans l’Union a eu un effet mécanique à la baisse sur cette moyenne et la croissance
économique des DOM devrait conduire ces deniers, dans un avenir proche, à atteindre un niveau de
richesse supérieur au seuil d’éligibilité aux fonds structurels.
Dès lors, les économies ultramarines doivent trouver de nouveaux chemins de croissance. Une
meilleure intégration régionale permettrait une diversification des activités et donc une nouvelle
dynamique économique. Dans ce cadre, les Accord de Partenariats Economiques (APE), qui mettent en
situation de libre-échange les DOM avec leurs voisins immédiats, doivent être perçus comme une
opportunité et non comme une menace.
La présente étude a pour objet de donner des pistes de réflexion quant à la problématique du
décollage économique de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion en termes
macroéconomiques et environnementaux, en se basant sur la stratégie de hub économique adoptée
par Singapour et, dans une moindre mesure, par l’Ile Maurice.
Le développement de Singapour constitue en effet l’un des plus grands succès économique du
XXe siècle. En l’espace de 40 ans, ce petit territoire politiquement isolé et sans ressources naturelles est
devenu une véritable plate-forme commerciale et financière d’envergure internationale. Le pays, dont le
marché domestique est trop étroit pour soutenir un véritable développement économique, s’est
rapidement tourné vers l’extérieur. En effet, ayant dû faire face à la concurrence trop forte des pays de
la région sur le secteur de l’industrie manufacturière, la cité-Etat a adopté une stratégie de hub dans
tous les secteurs de l’économie : transports, finance, environnement, éducation, recherche, etc.
L’Ile Maurice a quant à elle adopté des politiques économiques proches de celles de Singapour afin de
s’insérer dans le commerce international. Ainsi, malgré des handicaps similaires à ceux des DOM, le
gouvernement a su impulser un véritable décollage économique, faisant ainsi sortir sa population de
l’extrême pauvreté.
Cette étude n’a pas pour objet d’établir une comparaison directe entre les économies
singapourienne, mauricienne et domiennes. De tels travaux ne seraient pas pertinents tant
les conditions économiques sont différentes entre ces territoires. Les DOM ne constituent
notamment pas des Etats indépendants et ne sont donc pas tenus d’avoir une balance
commerciale équilibrée. L’application directe de l’expérience singapourienne dans l’outre-
mer français serait donc inappropriée, mais les politiques économiques menées dans la