
Ambassade de France à Singapour - Service économique régional de Singapour
emplacements commerciaux, en assignant de nouveaux emplacements aux sièges d’entreprises et de nouvelles
industries, et offrir des espaces d'incubation pour les startups, les PME et les industries créatives. Le Comité a
aussi réfléchi à une meilleure occupation de l’espace, nécessairement restreint, de la cité-Etat (dont 20% sont
réservés à la défense nationale), en envisageant notamment la création d’un système d’optimisation de la
logistique urbaine pour réduire la congestion dans la ville. Le Comité souhaite que la préservation de
l’environnement ne soit pas sacrifiée sur l’autel du développement économique.
2. Que faut-il retenir des conclusions du rapport ?
Après des décennies de croissance économique rapide, caractéristique d’une économie en phase de
rattrapage, Singapour est confrontée depuis quelques années à un ralentissement de sa croissance, passée à 1-
2%. L’objectif affiché d’une croissance de 2-3%, s’il a le mérite d’être réaliste, peut néanmoins être
considéré comme modeste puisqu’il correspond à la croissance potentielle de Singapour. Cet objectif semble
suggérer que la perspective, encore évoquée il y a quelques années, d’une croissance de la population jusqu’à
10 millions d’habitants, est désormais écarté. La cité-Etat semble donc s’engager sur la voie de gains de
productivité générés par une meilleure utilisation des facteurs de production, et une croissance plus endogène
fondée sur l’innovation, les infrastructures et le capital humain.
Les réactions à la sortie du rapport ont été contrastées. Si certains saluent la couverture d’un large
spectre d’enjeux, le rappel de l’attachement au libre-échange ainsi que des contraintes liées à sa taille et à sa
dépendance vis-à-vis de l’extérieur, d’autres sont plus critiques.
Les critiques sur la forme sont les suivantes :
- Les recommandations sont très générales et sans doute insuffisamment précises et spécifiques.
- La plupart des axes stratégiques ne correspondent qu’à la poursuite ou à l’intensification de ceux
existants dans le plan de transformation économique lancé en 2010.
- Les cibles à atteindre, formulés en termes de taux de croissance du PIB, sont moins précises que celles
des précédents exercices de prospective, qui étaient formulées en termes de croissance annuelle de la
productivité du travail. Face à l’incapacité à atteindre cette cible ces dernières années, le Comité a fait
le choix de l’abandonner plutôt que de la réviser voire en discuter la pertinence. De façon plus
générale, les indicateurs qui permettraient de suivre la réalisation des recommandations du rapport
font défaut. Aussi existe-t-il un risque, certes assez classique dans ce type d’exercice, que les
recommandations ne fassent pas l’objet d’un suivi adapté et restent lettre morte.
- La méthode est également critiquée : l’approche planificatrice, centralisée et descendante qui consiste
à réunir un panel de haut niveau pour prescrire des mesures essentiellement portées par les pouvoirs
publics a certes permis à la cité-Etat d’atteindre des résultats impressionnants en 50 ans mais semble
désormais atteindre ses limites dans le contexte d’une économie mature et confrontée aux
technologies disruptives. Même si le caractère général des recommandations pourrait justement
s’expliquer par la prise de conscience des limites de la planification, une économie mature requiert
davantage d’innovation et donc d’initiative individuelle, de liberté d’entreprendre, ainsi qu’un état
d’esprit plus créatif que ce que le rapport semble suggérer.
Trois critiques sur le fond du rapport qui portent sur l’absence d’ancrage des recommandations
dans un diagnostic centré sur des contraintes et des risques clefs bien connus :
- S’il est nécessaire de se livrer à des exercices de prospective, aucun réel diagnostic de la situation
actuelle de l’économie singapourienne ne figure dans le rapport, sinon en filigrane. Ainsi, le rapport
ne remet pas en cause le modèle économique singapourien très largement fondé sur les exportations,
les capitaux étrangers (sous la forme d’implantations de firmes multinationales, à l’origine de 75%
des dépôts de brevets d’innovation dans la cité-Etat), et sur la main-d’œuvre étrangère à bas coût. Un
certain nombre de problèmes structurels ne sont pas traités : la perte de compétitivité prix notamment
(exemples : échec de la tentative de créer un hinterland à coûts plus faibles en Malaisie comme à
Iskandar en raison de la mainmise des développeurs immobiliers sur cette zone, rôle du secteur
immobilier dans la perte d’attractivité coût de l’économie singapourienne et dans l’effet d’éviction de
l’épargne privée détournée des investissements productifs et d’avenir), la vulnérabilité de la
prééminence de hub régional de Singapour, ou la difficulté à générer de l’innovation en dépit des
importants montants de dépense publique qui y sont consacrés. Or ce modèle, qui n’a notamment pas