SER de Singapour mars 2016
SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE DE SINGAPOUR
Description de la structure de l’économie
Petit pays dépourvu de ressources naturelles, Singapour se situe entre le 5ème et le 7ème rang mondial par son PIB par
habitant mesuré en parité de pouvoir d’achat (82 762 USD). Plate-forme commerciale en raison de sa position stratégique
au cœur de l’Asie du Sud-Est et à l’entrée du détroit de Malacca, l’économie singapourienne est très ouverte (taux
d’ouverture commerciale
de 115% en 2015) et se caractérise par un poids très élevé des réexportations (1/2 des
exportations totales). Ses échanges sont majoritairement intra-asiatiques (76% des exportations en 2015, dont 12,6%
vers la Chine), mais le pays reste dépendant du G3 (zone euro, Japon et Etats-Unis représentent ensemble 21% des
débouchés directs). L’économie repose sur trois piliers : les activités financières et les services aux entreprises (37,5%
du PIB en 2015), l’industrie manufacturière et la construction (28,9%) et les activités de commerce, logistique et
communication (25,6%). Ces secteurs s’appuient sur un système financier moderne (3ème marché mondial des activités
de change, 1ère place financière d’ASEAN, actifs du secteur bancaire équivalents à 575% du PIB), une dynamique
commerciale étroitement liée à la fonction prééminente du port (2ème mondial, à l’origine de 7% du PIB) ainsi que sur
un cadre règlementaire et fiscal attractif conforme aux normes internationales de référence en vigueur.
Eléments d’analyse conjoncturelle
La croissance économique a ralenti de 4,7% en 2013 à 2,0% en 2015, son niveau le plus bas depuis 2009 et qui rappelle
la performance économique des pays du G3. Pays très ouvert, Singapour souffre de la stagnation de l’économie
mondiale, résultat des ralentissements concomitants de la croissance économique de la Chine et de l’Asie émergente,
combinés au manque de vigueur des économies européenne et japonaise. Les exportations nettes, moteur historique de
la croissance, ont faiblement contribué au PIB en 2015 en ne progressant que de 4,6% (contre 6,5% en 2014). Le recul
de 5,1% en 2015 de la production industrielle, majoritairement exportée, est une autre illustration de la forte exposition
du pays au ralentissement des échanges commerciaux mondiaux. Les exportations domestiques non pétrolières ont aussi
diminué de 8,0% en moyenne en 2015, signe d’une dégradation généralisée de la compétitivité prix et des performances
extérieures de la cité-Etat. La bonne tenue de la consommation privée (4,5% après 2,2% en 2014) et publique (+6,6%
après -0,1% en 2014) a toutefois compensé le recul de l’investissement privé (-1,0% après -2,6%).
En termes sectoriels, le faible dynamisme du secteur de la construction (2,5% après 3,5%) et surtout la
contreperformance du secteur manufacturier (-5,2%) expliquent le ralentissement de la croissance. Les activités de
commerce et logistique (+6,1%) et les services (+3,4% dont +5,3% pour les services financiers) l’ont cependant atténué.
Les activités de construction privée ont nettement ralenti mais le secteur a bénéficié des contrats publics de grande
envergure (l’autoroute Nord-Sud et le développement du réseau de métro
). A noter, les commandes aux entreprises des
secteurs parapétrolier (transport, construction de plateformes pétrolières offshores) et pétrochimique (représentant 31%
des exportations singapouriennes) se tarissent. Témoignant de la perception incertaine (voire négative) de
l’environnement économique, l’indice PMI a été inférieur à la barre des 50 points 10 mois sur 12 en 2015.
Le marché immobilier reste déprimé. Si l’offre continue de progresser, la demande est insuffisante et ce malgré la
croissance vigoureuse des revenus des ménages en 2015 (+4,5% en termes nominaux et +4,9% en termes réels,
supérieure à celle du PIB) dont le ratio d’endettement sur le revenu disponible a franchi le seuil de 150% en 2014. Les
prix à la vente dans l’immobilier résidentiel ont chuté respectivement de 4,1% et 3,6% pour les maisons et les
appartements (après -5,4% et -3,5% en 2014)
. Une partie de ce ralentissement résulte aussi des effets de richesse négatifs
enregistrés par les acquéreurs et liés à la forte correction de la bourse de Singapour depuis l’été
ainsi qu’à la dépréciation
du dollar singapourien face au dollar US
. Ce double mouvement de baisse des prix est un risque important pour les
ménages singapouriens dont le patrimoine se compose à 46% de biens immobiliers (soit près de 595 Mds USD) et à
54% d’actifs financiers (soit 700 Mds USD). La part des actifs financiers libellés en devises étrangères n’étant pas
négligeable, la forte volatilité du marché des changes continuera de les affecter
.
Dans ces conditions, le ministère du Commerce et de l’Industrie anticipe une croissance modeste de 1%-3% en 2016
.
La banque DBS projette désormais un taux de croissance de 1,5% pour 2016 en raison de la combinaison d’une récession
dans le secteur manufacturier et du ralentissement des services.
Respectivement, valeur des exportations et importations de biens et services, rapportée à 2 PIB (CNUCED).
L’objectif du ministère des Transports est de faire en sorte que d’ici 2030, 8 singapouriens sur 10 vivent à moins de 10 min à pied d’une entrée de métro.
L’indice des prix des loyers a également reculé pour les maisons et appartements, de -4,5% et -4,6% respectivement en 2015.
L’indice composite de la place de Singapour (STI) a perdu 18,6% de sa valeur entre le pic du 15 avril et le 31 décembre 2015 (-2,9% depuis début 2016).
Le SGD s’est déprécié de près de 7% en 2015 face à l’USD et de 0,6% du 1er janvier au 10 mars 2016.
Crédit Suisse estime que la richesse totale des ménages singapouriens en USD a diminué de près de 6% de mi-2014 à mi-2016.
Pour rappel, le FMI prévoit une croissance du PIB de 2,9% en 2016 et 3,2% en 2017 tandis que la Banque asiatique de développement a revu ses prévisions à la
baisse dans six pays d’ASEAN dont Singapour (+2,5% prévu en 2016 contre +3,4% prévu en mars).