A.J.J YECHIVA THORA WERAHAMIM – 15 rue RIQUET 75019 PARIS
Liens avec Chemini Atséret
Cette Haftara reprend le récit de l’inauguration du Beit HaMikdach, qui était le thème de la
Haftara du second jour de Soukot. Chemini Atséret, le huitième jour après Soukot, y est
mentionné explicitement : « Le huitième jour, il (le Roi Chelomo) renvoya le peuple et ils
bénirent le roi... » (8:66). En ce Chemini Atséret, le peuple fut transporté de joie grâce à «
toutes les bontés conférées par Hachem à son serviteur David et à son peuple Israël » (ibid.).
La Haftara relate les détails de ce qui advint à ce moment-là.
Liens avec Simhat Torah
La Guemara (Méguila 31a) cite comme Haftara pour la Parachat Zot Haberakha la tefila du
Roi Chelomo au moment de l’inauguration du Beit HaMikdach (Melakhim I 8:22-53). Or, la
coutume établie consiste dorénavant à lire le début du Livre de Yéhochoua, qui décrit son
entrée en fonction en tant que dirigeant des Bné Israël. La Haftara suit donc
chronologiquement la fin de la lecture de la Torah, qui décrit le décès de Moché. En outre, la
Parachat Vézot Haberakha nous apprend ceci : « Yéhochoua bin Noun était empli de l'esprit de
sagesse puisque Moché avait placé ses mains sur lui. Les Bné Israël l’écoutèrent et agirent
conformément aux ordres transmis par Hachem à Moché (Devarim 34:9). La Haftara est en
réalité un développement de ce passouk. Enfin, les encouragements réitérés de Hachem envers
Yéhochoua dans la Haftara : « Sois fort et courageux », font écho aux mêmes termes employés
exactement dans la Torah, adressés par Moché à Yéhochoua (Parachat Vayélekh 31:7 et
31:23).
Cette Haftara sied à la conclusion du cycle annuel de la Torah en ce qu’elle véhicule
d’importants messages : bien que le plus éminent des dirigeants, Moché, soit mort, sa Torah se
perpétue. De surcroît, le discours de Hachem adressé à Moché nous renforce dans la croyance
que toute victoire et tout succès de notre peuple dépendent de notre adhésion à la Torah ; son
étude et son accomplissement constituent notre sagesse profonde. À l’instar de Yéhochoua,
nous sommes enjoints à être « hazak véémats », à persévérer, à nous attacher fermement à la
Torah en dépit de tous les obstacles, réalisant ainsi notre mission historique jusqu’à l’arrivée
du Machiah.
En parallèle, la Haftara évoque le passage de la période où Moché dirigea le peuple, marquée
par des miracles manifestes et un contact continu et proche avec Hachem, à celle où
Yéhochoua prit sa relève et au cours de laquelle Sa présence fut plus discrète. Or Yéhochoua
fut semblable à Moché, et la période où il dirigea le peuple peut être considérée comme une
période de transition au cours de laquelle les Bné Israël s’adaptèrent à un mode de vie plus
naturel. Par exemple, bien que leur nourriture provint à présent de la terre et non plus du Ciel,
la manne qu’ils avaient collectée le jour de la mort de Moché dura pendant un mois. Et bien
que la conquête se fit par le biais de batailles, il s’agit de miracles finement voilés, au cours
desquels les ennemis tombaient avec un effort minime de la part des soldats juifs. Il y eut
encore un certain nombre de miracles manifestes, comme la muraille de Yérikho s’enfonçant
dans la terre au cours de la première campagne.
La Torah ordonne au paysan Juif de remettre le dixième de ses récoltes aux Lévites et aux
pauvres. Ce dixième est appelé Maâsser (la dîme). Le jour de Chémini Atzeret, nous lisons
dans la Torah un chapitre célèbre qui commence par les mots « Asser Téasser », ce qui veut
dire: « Il faut que tu donnes un dixième ».
Nous comprendrons la raison pour laquelle ce passage est lu le jour de Chémini-Atzeret, en tenant compte du fait que Souccot est « la fête de la moisson » et
Chémini-Atzeret est le huitième jour de Souccot (bien que Chémini-Atzeret soit une fête à part). C’est donc le temps où tous les produits de la terre sont récoltés
et la part qui était due aux Prêtres et aux Lévites, ainsi qu’aux gens qui ne possédaient pas de terres ou aux pauvres devait alors leur être donnée.
Nos Sages voient dans les mots « Asser Téasser » une promesse que celui qui applique cette loi de Maâsser en profitera au point de devenir riche, car les mots
hébreux Asser (donner un dixième) et Ocher (richesses) dérivent de la même source linguistique. C’est ainsi que la sentence suivante devint célèbre : « Asser
Bichvil Chetitacher » - « Donne le dixième pour devenir riche ».
Dans le Talmud, nous trouvons plusieurs récits relatant comment des gens qui avaient respecté cette loi furent richement récompensés. Nous vous raconterons ici
une de ces histoires.
Il y avait en Eretz-Israël un fermier dont la terre produisait, tous les ans, mille boisseaux de blé. Comme c’était un Juif religieux, il respectait les lois de la Torah
et dès que la récolte était terminée, il en donnait un dixième comme Maâsser. Etant donné la quantité produite, il devait donner 100 boisseaux, ce qui était toute
une fortune. Mais le fermier les remettait de bon cœur aux officiants du Temple et aux indigents. Les 900 autres boisseaux étaient largement suffisants pour
subvenir à tous ses besoins et lui permettaient même de faire des économies. L’homme devenait de plus en plus riche.
Lorsque le jour de sa mort approcha, il fit venir son fils unique et lui dit : « Mon cher fils, D. me rappelle et je suis heureux de m’en aller, car j’ai vécu une bonne
vie conformément aux commandements de notre Sainte Torah. Tout ce que je possède sera à toi et tu pourras en disposer comme tu voudras. Cependant, je te
donne un conseil. Notre propriété donne plus de 1000 boisseaux par an. N’oublie jamais de remettre le Maâsser et tu ne seras jamais déçu ».
A la mort du vieux fermier, son fils devint propriétaire du patrimoine. A la saison de moissons, la terre donna comme auparavant 1000 boisseaux de blé. Comme
l’avait fait son père, le fils mit à part 100 boisseaux. Douze mois passèrent et le temps vint de rendre à nouveau le Maâsser. La richesse avait exercé une mauvaise
influence sur le fils. Il estimait qu’il était honteux de se départir d’une si grande fortune et ne donna, cette fois-ci, que 90 boisseaux, au lieu de 100.
L’année suivante, la terre ne produisit plus 1000 boisseaux mais seulement 900. S’apercevant que son bénéfice diminuait, le jeune homme décida de couvrir cette
perte en réduisant le Maâsser. Cette année, il ne donna que 80 boisseaux. Il attendit avec impatiente la nouvelle récolte et à sa grande consternation, / la terre ne
produisit que 800 boisseaux. Pensez vous que le jeune homme se rendît compte du jeu dangereux qu’il jouait ? Pas du tout. Il s’entêta et continua à réduire le
pourcentage du Maâsser. Il arriva donc à un point où la terre ne produisit que 100 boisseaux, juste la quantité remise en Maâsser du vivant de son père.
Ce jeune homme peu intelligent, en colère et peiné, alla voir un Rav pour le consoler de son malheur. Mais au lieu de prendre une attitude sympathisante et
d’essayer de le consoler, il se conduisit comme si c'était à une fête. Le jeune homme eut du mal à retenir son courroux : Etes vous la pour m’insulter et pour vous
moquer de moi ? Lui demanda-t'il avec un air de regret.
Pas du tout, répondit joyeusement le rav. Je veux célébrer avec toi le transfert de tes terres de tes mains aux mains de D. Vois-tu, tu étais le propriétaire de tes
terres et tu donnais un dixième de leur produit à D. Maintenant, c’est D. qui est le propriétaire de cette terre et c’est toi qui reçois un dixième de ce que la terre
peut produire. Tu as ainsi rejoint le rang des Lévites et je t’en félicite… Le jeune homme comprit bien la leçon du Rav. Il décida de changer ses mauvaises
habitudes. Ainsi la sentence de nos sages s’avérait juste : « Asser Bichvil Chetitacher ».
Le pécheur habituel
On n'est pas tenu de juger favorablement une personne
qui pèche régulièrement et néglige totalement une cer-
taine mitsva et on peut interpréter un acte sur lequel
plane un doute comme une transgression du comman-
dement en question. "Juge ton prochain favorablement"
demande de l'équité, pas de la naïveté.
Lorsqu'on a conclu qu'elle a réellement fait cette faute,
on doit s'efforcer de comprendre pourquoi elle récidive.
C'est peut être par ignorance ־peut-être ne sait-elle pas
vraiment que ce qu'elle fait est défendu, ou n’est-elle
pas consciente de la gravité de cette faute. Si c'est le
cas, il faut trouver un moyen de lui ouvrir les yeux sans
la blesser. Parler de sa conduite à d'autres gens serait du
lachon hara. (Ce cas se retrouve fréquemment parmi les
gens qui viennent de communautés où on néglige large-
ment certaines mitsvoth et considèrent à tort ceux qui
les respectent comme des mahmirim, des gens plus
stricts que la loi ne l'exige).
Extrêmement sévère
Rabbi Yehochoua ben Lévi dit : Lorsque quelqu'un dit
du lachon hara, ses fautes montent jusqu'aux cieux,
comme il est dit (Tehilim 73,9) : "Leur bouche se dirige
vers les cieux, leur langue promène ses ravages sur la
terre" (Àrakhin 15b).
Comme nous l'avons déjà vu, la médisance équivaut
aux trois fautes capitales, non seulement par sa gravité
mais aussi par son châtiment. Comme l'enseigne le Tal-
mud Yerouchalmi : "Quatre fautes sont sanctionnées
dans ce monde mais le capital [la punition principale]
demeure pour le monde à venir. Ce sont l'idolâtrie, l'im-
moralité, le meurtre ־et le lachon hara, qui vaut toutes
les autres" (Péah 1,1).
Le Tana debei Eliyahou dit : "Ceux qui frappent leurs
voisins [par la médisance] en secret, qui profanent le
nom de D. en public, dont les propos rabaissent leurs
prochains et qui poussent à la discorde, auront la même
fin que Korah, dont il est dit : 'La terre les englou-
tit' (Bamidbar 16,33)