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Ce Dvar Torah est dédié aux victimes israéliennes et à la paix
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Chemoth
La compassion est une notion essentielle de notre
tradition. Comme Moché rabbénou, prince héritier
d’Égypte, a ressenti la douleur de ses frères juifs
devenus esclaves, chacun devrait ressentir la
souffrance de l’autre comme la sienne propre.
Leur souffrance est la
mienne
Parachat
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Dans notre paracha, nous découvrons
le personnage de Moché rabbénou,
l’épisode du berceau dans le fleuve, et
son enfance dans le palais de Pharaon,
élevé comme le prince héritier de l’Égypte
toute-puissante. Nous allons découvrir
également son « élection » par D.ieu
comme dirigeant du peuple juif. Il fut
désigné comme le sauveur qui organise
et permet la sortie d’Égypte et la fin de
l’esclavage, celui par qui tous ces Juifs
délivrés recevront le plus beau des
héritages : la Torah au Mont Sinaï.
Pourquoi Moché fut-il choisi pour devenir
le libérateur du peuple juif d’une part, mais
également l’homme qui fut le plus proche
de D.ieu, lui qui parla au Créateur et reçut
de Lui la Torah, avec pour mission de la
transmettre à tous les Juifs ?
Décrets terribles
Au XIXème siècle, dans la Russie blanche,
le tsar Nicolas 1er, animé par un
antisémitisme farouche et une volonté de
voir s’éteindre la foi juive et le peuple juif
en général, décréta que tous les jeunes
garçons, à partir de douze ans, devaient
être enrôlés, de gré ou de force, dans
l’armée rouge, pour un service militaire
d’une durée de vingt-cinq ans.
Ce fut la terrible époque que l’on nomma
celles des décrets des Cantonistes,
car tous ces jeunes garçons étaient
« cantonnés », selon le terme pudique
des Russes, terme qui cachait en réalité
des conversions forcées au christianisme
et des assassinats maquillés, car les
conditions de vies étaient si terribles que
plus de la moitié de ces jeunes mourraient
durant leur service. Ainsi, Nicolas 1er
espérait voir disparaître la foi juive,
détruisant toute notion de judaïsme.
Bien souvent, les agents du Tsar se
rendaient dans les villes juives pour
repérer des jeunes garçons qui n’auraient
pas encore été enrôlés, afin de les enlever.
Ainsi, un jeune homme fut un jour
kidnappé par les soldats du Tsar de
Russie. Il fallait agir vite pour payer une
rançon afin de libérer le jeune homme.
Peu après son enlèvement, sa mère vint
à la synagogue, qui était celle de Rabbi
Israël Salanter, géant de Torah, maître
et initiateur de l’étude quotidienne du
Moussar (principes moraux).
Elle demanda qu’on retarde la lecture
dans le rouleau de la Torah (kriath-
hatorah) et que l’on fasse une quête afin
de rassembler de l’argent, pour négocier
la libération de son fils. Plusieurs fidèles
essayèrent de l’empêcher d’interrompre
la lecture de la Torah. Mais Rav Israël
Salanter s’approcha d’eux et leur dit :
- N’entendez-vous donc pas la douleur de
cette femme ? Ne comprenez-vous pas sa
préoccupation ?
C’est ainsi qu’elle put collecter des fonds.
Puis la prière reprit son cours. Mais Rav
Israël Salanter ne put continuer de prier.
Il sortit de la synagogue, laissant tous les
fidèles dans le doute : pourquoi le Rav
avait-il quitté la salle ?
En fait, Rav Israël Salanter considérait
qu’il était impossible de prier avec des
personnes qui ne compatissaient pas à la
douleur de cette femme.
Une sensibilité à toute épreuve
La Torah prend soin de nous raconter la
jeunesse de Moché rabbénou. « Et le jeune
homme grandit, il sortit voir ses frères. Il vit
leur douleur. »
Le commentaire fameux de Rachi sur ce
verset nous dit : Il plaça leur douleur sur
son cœur et ses yeux, ce qui lui permit de
considérer leurs souffrances.
Cette prise de conscience de Moché
rabbénou, pourtant élevé comme le
prince héritier égyptien, l’a poussé à voir
de lui-même la situation du peuple juif,
de souffrir avec lui. Et c’est cet acte de se
sensibiliser à l’autre qui annonça le début
de la délivrance.
Moché rabbénou fut, par la suite, choisi
par D.ieu pour mener le peuple juif vers la
liberté. Car Moché rabbénou avait cette
capacité toute particulière, et plus que
tout autre, qui lui permettait de considérer
la douleur de l’autre comme étant la
sienne propre, de la ressentir comme s’il
souffrait lui-même.
Un sentiment qui ouvre toutes les portes
Rav Sim’ha-Zissel, le Saba de Kelem,
développe cette idée très profondément
et explique que la compassion, ce n’est
pas savoir que l’autre souffre, et en être
triste. C’est bel et bien considérer que
lorsque l’autre souffre, c’est moi-même
qui ressent une douleur, et faire tout ce
qui est en mon pouvoir, comme je le ferai
pour moi-même, pour mettre fin à cette
douleur.
Une mère voit son fils préparer un examen
important : il étudie tous les jours avec
sérieux, tard dans la nuit, lutte contre la
fatigue et la difficulté. Chaque jour, elle
voit ses efforts, ses espoirs, ses difficultés.
Malheureusement, il échoue.
Une autre mère sait que son fils prépare
un examen important. Mais il se trouve
à l’étranger. Même si elle lui parle au
téléphone tous les jours, si ce jeune
homme échoue, sa mère, aussi peinée
soit-elle, ne ressentira pas la même
souffrance que la mère qui a vu, qui a
palpé physiquement les efforts de son fils.
Car ces efforts, ces espoirs sont devenus
les siens. Son fils faisait littéralement
partie d’elle-même, et la souffrance qu’il
va ressentir deviendra la sienne, au sens
propre du terme.
Nous devons ressentir la souffrance de
l’autre comme étant la nôtre propre.
C’est ce que l’on appelle arvouth dans
les termes de la Torah pour décrire cette
solidarité et cette compassion qui relie
chaque juif l’un à l’autre.
Cette compassion est ce qui, jadis,
permit notre libération d’Égypte, et c’est
ce sentiment qui amènera, bimhééra
béyaménou la délivrance finale, Amen vé
Amen.
Par le Rav Morde’haï Bendrihem
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